Quand je me suis réveillée ce matin mon coeur était rempli de remord. Ruben a été la pour moi toute la soirée et une bonne partie de la nuit.
Je ne peux plus lui mentir.
Il faut que je dise à Ruben qu'il a deux enfants de cinq ans mais je ne sais absolument pas comment lui annoncer et j'ai peur de sa reaction.
Néanmoins il le faut pour moi, pour lui mais aussi et surtout pour les jumeaux qui pourront enfin connaître leur père. Enfin je l'espère.
Je me dirige vers sa chambre la boule au ventre, je suis dans un horrible état de stress, je crois que la seule fois où j'ai eu aussi peur depuis mon accouchement.
J'inspire profondément avant de frapper à sa porte.
- Oui ? Entendis-je derrière la porte mais ce n'est pas la voix de Ruben.
Quand j'ouvre la porte je découvre Mathilde la belle grande brune sexy. Tout le courage que j'ai tenté de rassembler s'évapore en l'espace de quelques secondes.
- Je peux vous aider ?
Je ne sais pas pourquoi mais rien qu'entendre sa voix m'énerve.
Bien sûr que tu sais pourquoi ma belle...
- Ruben n'est pas là ?
- Si, mais nous venons de prendre une douche.
La façon qu'elle avait d'insister sur le « nous » me donne un pincement au cœur. En la regardant de plus près je remarque qu'elle n'a pas les cheveux humides, alors que moi quand je prends une douche avec mon copain, enfin prenais, mes cheveux sont forcément mouillés.
Enfin bref, elle essaie juste de me rendre jalouse. Ce qui n'a aucun intérêt. Je ne vais pas lui piquer son mec, surtout avec ce que je m'apprête à lui dire.
- Je repasserai.
- Qui est-ce Mathilde ?
La voix de Ruben se fait entendre dans toute la chambre. Il sort de la salle de bain vêtu d'une simple serviette blanche accroché autour de sa taille, le corps encore humide. Mon Dieu qu'il est musclé !
- J'ai quelque chose d'important à te dire mais je repasserai plus tard.
Je suis prêtre à sortir en courant mais Ruben m'interpelle.
- Aurore attend, Mathilde tu veux bien nous laisser s'il te plait ?
Vu son regard elle n'a pas l'air de me porter dans son coeur.
- Ah bon ? Mais pourquoi je devrais partir, puis qui est-ce cette fille ? Hier tu as déjà été la consoler quand son mec l'a quitté en me laissant seule dehors pendant plus d'une demi-heure, et ensuite tu es resté avec elle jusqu'à une heure du matin ! Qui est-ce pour toi ?!
- Bon je vous laisse.
- Non. Aurore reste. Mathilde je n'ai pas de compte à te rendre je vois qui je veux alors s'il te plait.
Mathilde soupir profondément et sort de la chambre résignée mais surtout très en colère contre son petit ami, en me lançant un regard terrifiant au passage.
- J'enfile un pantalon et j'arrive.
Je ne peux qu'acquiescer. Ça m'aidera sûrement à me concentrer.
- Qu'est-ce qui t'arrive Aurore ? Me demande-t-il en revenant dans la chambre, toujours torse nu.
Concentré à moitié
J'inspire profondément en essayant de prendre mon courage à deux mains.
- J'ai quelque chose à t'avouer. Promets-moi qu'un jour tu essayeras de me pardonner je t'en prie.
Je chuchote cette dernière phrase en le voyant soucieux.
- Qu'est-ce qui se passe tu m'inquiètes Aurore ?
Une larme coule sur ma joue.
- Mais dis-moi ! Aurore ?! Dit-il en s'approchant de moi pour m'étreindre.
Je le repousse car je sais que dans quelques minutes il ne voudra plus jamais m'adresser la parole.
Je n'ai jamais arrêté de penser à ce moment depuis la naissance des jumeaux mais je ne sais toujours pas comment m'y prendre.
Il faut que je me lance.
- Tu te souviens à l'aéroport il y a presque trois semaines... il y avait un petit garçon et une petite fille avec moi.
Il semble réfléchir. Il fini par opiner.
- Tu... tu as pensé que c'était qui pour moi ?
- Je ne sais pas ... tes neveux et nièce ou ... ton frère et ta sœur.
- Un frère et une sœur ?! Tu te fiches de moi ? Tu ne réfléchis vraiment pas !
- Excuse moi, c'est vrai, je n'y pensais plus, je suis désolé, mais... je ne vois vraiment pas.
Il faut que je lui dise.
- Quand je t'ai quitté il y a six ans j'étais... enceinte...
Son visage se décompose, littéralement. Il fait plusieurs pas en arrière, il ne me regarde plus.
- Dis-moi que ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible ?!
Je ne lui répond pas et continu de réciter ce que je dois lui dire et que j'ai préparé depuis des années.
- ... j'ai voulu te le dire à la rentrée de première mais tu avais déménagé et tu n'as jamais répondus à mes appels ou même à mes e-mail.
Son regard est glacial, rempli d'incompréhension, mon cœur se serre à chaque fois qu'il le pose sur moi.
- Tu voudrais me faire croire que j'ai deux... deux enfants de ... six ans ?!
- Cinq. Je suis désolée Ruben mais c'est la vérité.
- Évidement que c'est la vérité ! Tu ne me mentirais pas là dessus, n'est ce pas ?
Son ton de doute et accusateur me fait l'effet d'un poignard en plein dans le ventre.
- Évidement comment peux tu douter de moi sur quelque chose d'aussi important ? Tu me prends pour une profiteuse !?
- Ce n'est pas impossible !
Voilà le deuxième coup de poignard...
- Comment as-tu pus me cacher cela aussi longtemps ?!
- Tu ne répondais pas au téléphone et...
- Tu le savais le jour où tu m'as quitter ?!
Mes yeux me trahissent.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dis à ce moment là ? Bordel Aurore pourquoi ?!
- Je n'en sais rien ! J'avais l'intention de te le dire après la final et... ensuite j'étais... j'étais tellement en colère contre toi j'étais...
- Est ce que tu te rends compte de ce que tu as fait !?
Son incompréhension c'est transformé en colère purement et simplement. Les mots qu'il me crache à la figure me font trop de mal pour que je reste sans rien dire.
- Tu crois que je ne m'en veux pas ? Que je ne culpabilises pas d'avoir priver mes enfants de leur père sans le vouloir ? Tu crois que ça a été simple de t'envoyer tous ces mails pendant des mois sans recevoir jamais aucune réponse ? Il y avait peut être mon frère pour m'épauler mais la personne dont j'avais le plus besoin c'était toi ! Et tu n'as fait que jeter mes messages à la poubelle. C'est aussi de ta faute si tu ne l'apprends que maintenant ! Je n'ai pas besoin que tu rajoute une couche à mes regrets. Mais le pire dans tout ça c'est que tu me crois capable de te mentir ! Et pour quoi je ferai ça ? Pour profiter de ta tune ? Tu penses vraiment que je suis ce genre de femmes ?
- Je ne sais plus qui tu es ! Sors !
- Avec plaisir !
Je me retourne et claque la porte de sa chambre au moment où j'entends du verre brisé à travers celle ci. Je part me réfugier sur mon lit. Des larmes de colère criblent mon visage.
Je me doutais bien qu'il n'allait pas bien le prendre. Mais les horreurs qu'il m'a dite jamais je ne pourrais les oublier.
Résultat, je viens de priver ma fille et mon fils de leur vrai père.
J'ai tout gâché.