~ Écrit pendant : Before the storm de Miley Cyrus et Nick Jonas. ~
Peyton était devant son armoire depuis plus d'une trentaine de minutes et elle n'avait pas bougé d'un millimètre. Elle n'était pas satisfaite des vêtements qui s'y trouvaient. Je n'ai rien à me mettre, se disait-elle depuis tout ce temps passé le nez dans ses fringues. Quand elle bougea enfin, elle entendit la sonnette de la porte d'entrer se faire entendre. Pas déjà !, pensa la jeune fille tandis que la peur prenait place en elle.
-Peyton, c'est pour toi, annonça la voix de sa mère après avoir frappé deux coups contre la porte de la chambre.
-Maman..., dit-elle ouvrant la porte à la volée.
-Mais qu'est-ce que tu fais encore en peignoir ? IL est là, la coupa sa mère en désignant le jeune homme qui l'attendait dans le couloir.
-Fais-le patienter. Je t'en supplie, lui demanda-t-elle comme une faveur.
-Très bien, je m'en charge, lui répondit sa maman en souriant alors que Peyton refermait la porte de sa chambre avec angoisse.
C'était son tout premier rancard et elle stressait comme ce n'était pas permis. Et s'il se rendait compte qu'elle n'était qu'une fille banale ? Et s'il se rendait compte qu'il n'avait rien à faire avec elle ? Elle, Peyton, dix-sept ans, grande rousse, pas particulièrement jolie, et encore moins sexy. Il y avait des centaines de filles au lycée qui avaient craqué pour lui. Toutes plus belles les unes que les autres. Plus sexy. Plus pour lui, pensa-t-elle. Pourtant c'est toi qu'il a invité. C'est toi qu'il a vu. Personne d'autre, lui dit une petite voix dans sa tête. Tu ne vas quand même pas le faire attendre trois plombes ? Pourtant Peyton s'était un peu trompée là-dessus. Certes, il ne laissait pas indifférentes les filles qui le croisaient dans les couloirs du lycée mais il n'était pas populaire. Il n'était pas reconnu en tant qu'individu mais dans un ensemble. Si elle aurait demandé à une fille au hasard au lycée qui était ce jeune homme, elle lui aurait très certainement répondu quelque chose comme ça : « C'est un terminal qui conduit une voiture toute pourrie. » Elle n'aurait pas eu plus.
Peyton retourna en hâte dans son armoire et attrapa les deux premiers cintres. Un jean et une chemise. Parfait ! De toute façon, elle n'avait rien de mieux dans son dressing. Elle s'enferma dans sa salle de bain et passa rapidement sa tenue. Elle se sécha les cheveux, qu'elle coiffa en queue de cheval et ressortit en courant de la pièce. Elle se stoppa devant sa commode et mit quelques bijoux. Elle se maquilla très légèrement, un soupçon de gloss et un peu de noir sous ses yeux émeraude avant de mettre ses lunettes. Elle sortit de sa chambre, dévala les escaliers et courut jusqu'à la salle à manger où ses parents discutaient avec Liam.
-Hey, lui souffla-t-il en la voyant arriver légèrement essoufflée. Ça va ?
-Salut, lui dit-elle en prenant deux secondes pour reprendre son souffle. Désolée de t'avoir fait attendre.
-Pas de problème. Dix minutes de plus pour te préparer, c'est rien du tout, lui assura-t-il en souriant.
-Dix minutes pour me préparer, lui avoua-t-elle. Quand tu es arrivé, je venais de sortir de la douche.
-Eh bien, cela ne t'empêche pas d'être splendide. On y va ?, demanda-t-il quand il vit qu'elle était mal à l'aise suite à son compliment.
-Bien sûr, dit-elle alors qu'il se levait.
-Peyton, lui dit sa mère.
-Je serais rentrée au plus tard pour vingt-trois heures, ne te fait pas de souci, lui assura la rousse alors qu'elle s'asseyait sur les marches de l'escalier et en enfilant ses converses.
-Parfait dans ce cas. Bonne soirée, lui dit sa mère en lui embrassant la joue après que la jeune fille ait enfilé sa veste en jean.
Peyton suivit Liam jusqu'à sa voiture qui était garée devant la maison et elle sourit en reconnaissant la vieille voiture française avec laquelle il venait chaque jour en cours. Les autres élèves, même les moins fortunés, avaient des voitures récentes, mais lui avait toujours son "tas de boue" comme l'appelaient les autres élèves du lycée. Mais Peyton aimait beaucoup cette voiture. D'ailleurs, c'était grâce à elle, qu'elle l'avait vu la première fois. Quand elle était arrivée dans ce nouveau lycée, elle avait rapidement repéré la voiture qui faisait, il faut quand même l'avouer, un peu tâche dans le décor avec les citadines qui remplissaient le parking. Pourtant, elle avait l'impression d'avoir un bout de son pays avec elle. Quitter son pays pour s'installer dans un autre, parlant une langue différente et ayant une autre culture n'était jamais facile. Peyton avait donc essayé de cacher ses origines, faisant croire qu'elle était anglaise et fraîchement débarquée à Londres. Quand elle était ressortie ce soir-là, elle avait remarqué que la voiture était encore là. Elle s'était donc installée sur un banc et avait attendu pour découvrir l'identité du mystérieux propriétaire. Elle, qui pensait voir un professeur ou une personne âgée, fut surprise quand elle vit que le propriétaire était un jeune homme brun, à peine plus vieux qu'elle. Elle avait alors sourit et avait tourné les talons pour rentrer chez elle.
-J'ai jamais compris pourquoi tu avais cette voiture, lui avoua-t-elle alors qu'il lui ouvrait la portière.
-C'était la voiture de mes grands-parents, dit-il en prenant place derrière le volant, et quand j'allais en vacances chez eux, on se promenait avec. Dis-moi, tu n'as rien contre ça ?
-Non, sourit-elle. J'adore cette voiture. Mes grands-parents aussi en avaient une, mais elle a fini à la casse. Elle était trop abîmée.
-J'ai passé un nombre d'heures inimaginables pour la restaurer avec mon grand-père, dit-il en mettant le contact et en faisant ronronner le moteur.
Peyton ferma les yeux, juste le temps qu'un souvenir avec sa grand-mère lui revienne. Le jeune homme posa les deux mains sur le volant et regarda la jeune fille en souriant. Quelques personnes avaient déjà eu la chance, ou le malheur pour eux, de monter dans cette voiture et aucune n'avait réagi comme elle. Il était surpris mais très content.
-Ça me rappelle tellement de merveilleux souvenirs, dit-elle en écoutant le bruit du moteur. Je me rappelle un jour avec ma grand-mère, je devais avoir cinq ans, elle m'avait emmené au marché du village et j'avais fait une colère parce que je ne voulais pas monter dans sa voiture. Le bruit du moteur et les secousses me faisaient peur. Pourtant, maintenant je donnerais n'importe quoi pour rester toute ma vie dans cette voiture.
-Ne te fait pas souci, lui dit-il en prenant la route, je préférais me couper une jambe plutôt que de changer de voiture.
-Ça ne t'embête pas que le volant soit à gauche ?, lui demanda-t-elle.
-Pas le moins du monde. J'aurais plus de problème avec le volant à droite.
-Tu n'aurais pas des origines françaises ?, lui demanda-t-elle en souriant.
-Pas du tout. Mon grand-père a travaillé un an en France quand il était jeune, il a acheté cette voiture pour pouvoir se déplacer et la ramener en Angleterre quand il est rentré. Tes grands-parents aussi ?
-Non. Pourquoi ?, demanda-t-elle surprise.
-Tu as dit qu'ils avaient aussi cette voiture.
-Ah oui, et non. Je suis française. Je suis à Londres que depuis trois mois.
-Tu n'as aucun accent, c'est impressionnant.
-Ma mère est professeur d'anglais donc elle me l'enseigne depuis que je suis toute petite. Elle a toujours rêvé de s'installer ici. L'anglais, c'est ma deuxième langue maternelle.
-Dans ce cas, j'adorais que tu m'apprennes à parler français, lui répondit-il en se garant.
-Si tu veux, lui dit-elle en descendant de voiture après qu'il lui est ouvert la porte.
Ils se dirigèrent tous les deux vers le restaurant et entrèrent dans le fast-food avant de rejoindre l'une des longues files qu'il y avait aux caisses. Ils regardèrent le menu, choisissant ce qu'ils allaient commander. Peyton fit un rapide calcul, pour savoir si elle avait assez pour un menu et une glace et se rendit compte qu'elle avait pile poil le compte. La file avança doucement mais sûrement et les deux jeunes discutèrent comme toutes les autres personnes.
-Bonsoir, leur dit la caissière avec un sourire forcé.
Liam passa la commande et commanda pour eux deux. La caissière indiqua le prix à payer tandis qu'elle réunissait sur le plateau ce qui avait été commandé.
-Je paye ma part, annonça Peyton.
-On verra après, lui répondit le jeune homme en tendant un billet violet de vingt livres sterling à la caissière.
Il récupéra sa monnaie tandis que Peyton prenait le plateau et après voir salué la caissière, ils se frayèrent un chemin vers une table libre, dans un coin tranquille.
-Tu me dis combien, je te dois, s'il te plaît, lui dit-elle.
-Tu ne me dois rien Peyton. Je t'ai invité. Je paye, lui répondit-il.
-Je préférais payer.
-Pourquoi ?
-Parce que si ça ne marche pas, je ne veux rien te devoir.
-Peyton, dit-il en rigolant, si ça ne marche pas, comme tu dis, tu me rembourseras.
La rousse acquiesça en souriant et attrapa une frite dans laquelle elle mordit. Ils passèrent ainsi la soirée à discuter de tout et de rien, parlant de leur vie, de leurs envies, de leurs passions...
-Tu envisages de faire quel métier ?, lui demanda le jeune homme alors qu'ils mangeaient leur glace.
-Je ne sais pas encore. Je n'ai pas trop réfléchi. Peut-être professeur de français.
-Tu comptes rester ici alors ?
-Ouep. Je dois t'avouer que je m’étais promis de me trouver un travail me permettant de rentrer en France mais j'ai l'impression que je ne pourrais jamais quitter l'Angleterre, dit-elle en lui souriant. Et toi ?
-En quoi me verrais-tu ?, lui demanda-t-il sur un ton joueur.
-Hum, dit-elle en réfléchissant. Je te verrai bien dans la justice. Pourquoi pas avocat ? Ou policier ?
-Ce n'est pas vraiment ça. C'est pas du tout ça, à vrai dire.
-Vraiment ? C'est quoi alors ?
-Chanteur.
Voilà, c'était le moment. Celui du test. Il lui avait avoué à quoi il espérait consacrer sa vie. Il attendait d'avoir sa réponse pour savoir si elle pouvait être celle qui partagerait sa vie. Si elle n'acceptait pas ça, il n'avait rien à faire avec elle. Il la raccompagnerait, et ils resteraient sûrement amis. Dans ses yeux, il avait compris qu'elle allait rire. Qu'elle allait se moquer de son rêve. Il allait devoir être fort et ne pas monter à quel point ça le blessait.
-Chanteur ?, lui demanda-t-elle en souriant.
Et voilà, ce qu'il avait redouté était arrivé. Elle se moquait de lui. Chanteur ? N'importe quoi, allait-elle lui répondre. Elle le fixa une dizaine de secondes en souriant. Elle devait sûrement s'attendre à ce qu'il lui dise qu'il blaguait et qu'il voulait devenir avocat comme elle l'avait suggéré quelques minutes plus tôt.
-Pourquoi pas, dit-elle en souriant de plus belle. Tu ferais une super star. Je te souhaite d'y arriver, lui dit-elle sans une once de moquerie.
-D'ailleurs, j'envisage de m'inscrire à la prochaine saison d'X-Factor pour passer le casting.
-Waouh ! Mais ça serait super. Sache que si tu le fais, je serais derrière toi pour t'encourager.
Elle était sincère et il en était ravi. Elle était la première à ne pas se foutre de sa gueule. Même ses plus proches amis c'était royalement foutus de lui quand il leur avait révélé qu'il voulait devenir chanteur.
Ils se levèrent, débarrassèrent leur plateau et rejoignirent la voiture en discutant. Ils firent le chemin comme à l’aller. Liam déposa la jeune fille devant sa maison et la raccompagna jusqu'à la porte.
-Merci pour cette soirée, lui dit-elle en embrassant la joue du garçon.
-De rien. Ça m'a fait plaisir, dit-il en lui souriant.
Il tourna les talons, alors qu'elle refermait la porte. Elle déposa sa veste sur le portemanteau et se retourna, prise d'une impulsion soudaine, pour ouvrir la porte de la maison à la volée. Peyton courut dans l'allée pour rejoindre Liam qui ouvrait la portière de sa voiture. Il allait prendre place sur le siège quand elle cria son prénom. Il se tourna vers le bruit et vit Peyton arriver vers lui en souriant.
-Tu as oublié quelque chose ?, lui demanda-t-il en faisant le tour de sa voiture pour la rejoindre sur le trottoir.
-Je crois, lui dit-elle en respirant difficilement à cause de son sprint et de son cœur qui battait la chamade.
Elle n'arrivait pas à le calmer. Son cœur tambourinait à ses oreilles telle une batterie. Peyton n'était pas le genre de fille à faire le premier pas et encore moins avec un garçon. Mais cette nuit-là, une peur l'avait envahie quand la porte s'était refermée. Un sentiment de manque s'était emparé de tout son être. Elle n'était à Londres que depuis trois mois et il avait été le tout premier à lui adresser la parole au lycée, alors qu'il n'était pas dans sa classe. Elle était en première et lui en terminale. Mais quand il l'avait vu manger toute seule depuis ses longs mois, il avait fait le premier pas. C'était maintenant au tour de Peyton de le faire.
-Qu'est-ce que c'est ?, demanda-t-il surpris car elle n'avait rien sortit et la seule chose, qui manquait, était sa veste mais il se rappelait qu'elle la portait quand elle était rentrée chez elle.
-Ça, dit-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
D'abord surpris, Liam lui rendit tout de même son baiser. C'est ainsi que Peyton et Liam étaient passés directement dans la case des "amoureux" sans même passer par celle des "amis".
Trois ans plus tard.
Aujourd'hui était un jour spécial pour Peyton. Elle fêtait ses trois ans de relation avec son petit ami, Liam. Comme il lui avait dit, lors de leur premier rendez-vous, il s'était inscrit à l'émission et avait passé les castings. Malheureusement pour lui, il avait échoué en "solo" mais suite à une idée d'un des jurés, il était revenu avec quatre autres garçons, aussi évincés en "solo", et ils avaient retentés leur chance dans la catégorie "groupe". Ça avait mieux marché car ils étaient arrivés jusqu'à la finale. Le groupe était arrivé troisième mais avait tout de même signé avec une maison de disques. Ils avaient donc sorti un album et étaient devenus des stars internationales.
Seulement depuis deux ans, Peyton devait supporter les quatre copains, un peu stupide, de son petit ami, les séances de dédicaces, les tournées, les enregistrements d'émissions et les fans qui harcelaient le groupe. Elle l'avait fait car elle l'aimait de tout son cœur et il lui avait toujours promis qu'elle était la seule et l'unique. Que jamais il ne la tromperait. Que jamais il ne l'oublierait. Et surtout que jamais sa célébrité ou ses fans ne se mettraient entre eux. Elle y croyait. Dur comme fer. Seulement, aujourd'hui était un jour spécial pour Liam. Il fêtait ses trois ans de relation avec sa petite amie, Peyton.
Elle était prête, joliment parée dans sa robe de soirée et chaussée d'escarpins, tous deux cadeaux de Liam. Avec, il y avait joint une carte, lui demandant d'être prête pour dix-huit heures car il lui réservait une surprise. Pourtant, Peyton n'était pas heureuse. Il allait être vingt heures et il n'était pas venu la chercher. Elle avait tenté au moins cent fois de l'appeler mais elle tombait directement sur le répondeur.
Elle commençait à en avoir vraiment marre de tout ça. Qu'est-ce qu'elle regrettait leurs six premiers mois de relation, juste avant qu'il ne fasse le tout premier casting. Il était simple comme elle. Et maintenant il était une star et il lui posait plus de lapins que jamais personne n'en avait eu. Elle le voyait très peu, et quand il lui promettait une soirée ensemble, il arrivait soit en retard, soit il ne venait tout simplement pas, oubliant complètement Peyton. Il avait changé et Peyton le voyait bien. Il n'était plus le jeune homme qui lui avait parlé dans la cafétéria du lycée, ni celui qui l'avait invité au fast-food pour leur premier rendez-vous et encore moins celui avec qui elle faisait de longues balades dans sa vieille voiture, profitant seulement de la présence de l'autre. Non, maintenant, il était Liam la superstar et il se comportait comme tel. Le pire était qu'il fallait toujours qu'elle soit au top, comme il aimait dire, car ils allaient être suivis, épiés, critiqués dans la presse et sur internet, dès qu'ils sortiraient ou qu'elle sortait d'ailleurs. Adieu, la belle voiture ancienne, il s'était payé une Porsche avec son premier cachet. Adieu le fast-food quand ils sortaient en amoureux, il réservait toujours dans les plus grands restaurants où un verre d'eau devait coûter dix fois plus cher qu'un menu dans un fast-food. Adieu les jeans et les vestes pour elle, il fallait qu'elle porte des marques et des vêtements féminins, sinon elle se retrouvait épinglée dans la presse dans la catégorie "Fashion faux-pas". Qu'elle sorte chercher le pain ou qu'elle soit sur un tapis rouge, il fallait qu'elle fasse gaffe à sa tenue. Adieu "Peyton", bonjour "la petite amie d'une star". Voilà comment elle était vue par tous. Ils ne pouvaient pas faire un pas dehors sans que des flashs crépitent, sans qu'une bande de filles ne les harcèlent, sans qu'elle ne se fasse insulter car elle sortait avec l'un de leurs "boys".
Sans qu'elle s'en rende compte, des larmes coulèrent sur ses joues. L'horloge sonna vingt heures trente et Peyton se leva pour monter dans sa chambre. Elle enleva ses vêtements luxueux en colère et passa son pyjama composer d'un t-shirt trop grand, appartenant à Liam, et d'un leggings et enfila ses chaussons avec Catwoman dessus. Elle se sentait plus à l'aise dans cette tenue que dans l'autre. Un saut dans sa salle de bain pour enlever la couche de maquillage qu'elle s'était mise sur le visage pour cacher les imperfections de sa peau et ses lentilles de contacts. Elle remit ses lunettes de vue sur son nez et elle redescendit dans le salon avec son ordinateur portable. Quand elle se connecta sur Twitter, elle remarqua qu'elle avait encore été insultée par les groupies de son copain, qu'elles lui demandaient de le laisser tranquille car elle n'était pas une fille pour lui et pleins d'autres trucs dans le même genre. Les larmes de Peyton redoublèrent et elle allait fermer la page quand le titre d'un article, qu'une personne lui avait envoyé, la retenue. "Liam, qui fête aujourd'hui ses trois ans avec sa petite amie, préfère passer la soirée dans les bras d'une inconnue." Elle cliqua sur le lien et se retrouva sur un des sites people les plus connus. Elle fit défiler les photos qu'elle avait sous ses yeux et dû se rendre à l’évidence. Son copain préférait passer sa soirée avec une autre. Elle aurait aimé pensé que c'étaient de vieilles photos qu'ils avaient ressortis mais non, il portait la chevalière, gravée à leurs initiales « LP » qu'elle lui avait envoyé par coursier le matin même. Elle referma l'ordinateur et le balança sur la table du salon, avant de se mettre en boule sur le canapé pour pleurer tout son saoul.
Elle se sentait tellement seule. Ses parents n'étaient pas là. Ils avaient prévus de repartir en France pour quelques jours et Peyton avait préféré rester à Londres pour pouvoir voir son copain pour leur anniversaire. Quelle connerie, se dit-elle. Elle pourrait être entourée de sa famille. Elle pourrait rire avec ses cousins, chanter avec ses cousines, papoter avec ses oncles et tantes et jouer aux échecs avec ses grands-parents. Mais non, elle était restée ici pour lui et il s'en fichait.
Elle devait pleurer depuis presque une heure quand elle entendit la sonnette de la porte d'entrée retentir dans toute la maison. On aurait pu croire que quelqu'un venait de tirer un boulet de canon, tellement le son se répercuta dans la maison silencieuse. Peyton se leva et rejoignit la porte en traînant les pieds. Elle avait envie de ne voir personne et elle comptait expédier l'indélicat le plus rapidement possible. Elle s'arrêta devant le miroir de l'entrée et sécha rapidement ses joues. Elle ne voulait pas que quiconque sache qu'elle avait pleuré à cause d'un garçon.
La sonnette se fit entendre une deuxième fois et la rousse grommela dans ses dents avant d'ouvrir la porte. Quel ne fut pas le choc quand elle vit Liam, portant un costume italien et hors de prix, lui sourire de toutes ses dents.
-Mais tu n'es pas habillée, remarqua-t-il alors qu'il s’apprêtait à entrer.
-Je t'interdis de faire un pas de plus, lui dit-elle en le regard méchamment. C'est fini. Retourne jouer les stars avec tes amis et fiche-moi la paix !, ajouta-t-elle avant de claquer la porte.
-Peyton, ouvre !, dit-il au travers de la porte. S'il te plaît ! Il faut qu'on discute.
-Qu'on discute ?, demanda-t-elle en ouvrant la porte à la volée ce qui fait reculer le jeune homme de surprise. Bien, ajouta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, discutons. Je t'écoute !
-C'est possible de le faire en privé ?, demanda-t-il mal à l'aise car il savait que des paparazzi étaient en planque.
-Absolument pas. Plus rien n'est privé. Depuis deux ans, notre vie s'étale dans les torchons de la presse. Pour une fois, ils diront la vérité !
-Tu n'as pas reçu mon cadeau ?, lui demanda-t-il en essayant de faire abstraction du reste du monde.
-Si, c'était très joli d'ailleurs. Et tu l'aurais vu si tu étais arrivé à l'heure !
-Je suis désolé.
-Désolé de quoi ? D'être en retard ? De jamais me voir parce que tu préfères passer plus de temps avec les mecs qu'avec moi ? D'être mon petit ami ? D'être ici plutôt que roucouler avec une fille plus canon que moi ? Dis-moi, Liam. Dis-moi pourquoi tu es désolé !, s'écria-t-elle à bout de nerfs.
Il resta pétrifié devant elle. Il n'arrivait pas à parler. Jamais il ne l'avait entendue crier. Jamais elle n'avait haussé la voix. Jamais il n'avait lu autant de colère dans ses yeux.
-Tu vois, reprit-elle. Tu ne sais même pas pourquoi. Je te déteste, lui dit-elle en pleurant. Je déteste le fait que tu es participé à cette foutue émission. Je déteste tes fans. Je déteste le fait que je t'aime. J'en ai marre de passer après tout le monde. Après le groupe. Après les fans. Après ta carrière. J'en ai marre de plus pouvoir être moi ! Depuis deux ans, je me déguise, mais je ne le supporte plus. Tu vois, aujourd'hui, pour la toute première fois depuis deux ans, je suis moi, dit-elle en montrant son pyjama. Je ne veux plus porter des déguisements. Si tu m'aimes vraiment, tu aurais dû le voir que je n'étais pas heureuse. Mais comment l'aurais-tu vu ? Tu ne fais plus attention à moi. Tu m'as changé pour que je rentre dans le moule de la magnifique petite amie d'une star. Mais ce n'est pas moi ! Je ne veux plus porter des robes hors de prix ! Je ne veux plus manger dans des restaurants cinq étoiles ! Je ne veux plus me maquiller comme un camion volé ! Je ne veux plus monter dans des voitures hors de prix ! Je ne veux plus de Liam la superstar ! J'aimerais que tout redevienne comme lors de notre premier rendez-vous. Ou durant nos six premiers mois. Manger au fast-food, aller au cinéma, porter un jean, se promener dans ta vieille voiture. Même elle, tu l'as abandonnée. Tout ce qui faisait ta vie avant tu l'as lâché, il fallait bien que moi aussi je dégage.
-Non, dit-il perdu. Jamais je n'ai voulu que tu ne fasses plus partie de ma vie.
-Pourtant, c'est la réalité. Je t'ai tant donné mais je n'ai rien eu en retour à part les insultes de tes fans. Je t'ai soutenu durant tes castings. J'étais dans les coulisses pendant les émissions. Je t'ai remonté le moral quand tu doutais de toi. J'ai toujours été là pour toi, au détriment de ma vie. Combien de fois j'ai loupé les cours car tu voulais que je t'aide à répéter ? Combien de fois j'ai raté un contrôle parce que j'étais avec toi plutôt que de réviser mes leçons ? Combien de fois je t'ai poussé à dépasser tes limites ? Sans moi, tu ne serais pas là aujourd'hui. Sans moi, tu aurais tout plaqué. Et quand tu as signé, qui était là pour te féliciter ? J'ai tout accepté. Ta célébrité, tes fans, leurs insultes, l'intrusion des journalistes dans ma vie, le fait que tu serais moins présent pour moi. Je ne te demandais pas grand-chose en retour. Juste que notre relation suive son cours. Que tu me consacres un peu de ton temps. Ce soir, tu serais arrivé en t'excusant, je t'aurais encore pardonné. Sans te demander pourquoi tu étais retard, sans te prendre la tête avec ton groupe. Je serais monté me changer et on aurait été dîner. Mais tu ne me vois pas depuis presque trois mois et la première chose que tu me dis c'est que je ne suis pas habillée ? Non, Liam, je t'assure que j'en ai supporté beaucoup, mais je ne peux plus. Je n'en peux plus. J'aimerais que tu redeviennes le Liam de notre premier rancard.
-C'est impossible, lui dit-il. Je ne suis plus le même.
-Je le sais, dit-elle en mettant un papier dans la main de Liam qu'elle ferma. Félicitations, tu as laissé ta célébrité et tes groupies nous séparer. Adieu, Liam. Je te souhaite tout le bonheur du monde avec ton groupe, ajouta-t-elle en reculant, et elle ferma la porte après son dernier mot.
Le jeune homme regarda la porte se fermer sans dire un mot. Il ouvrit sa main pour découvrir qu'elle y avait mis un billet de dix livres sterling. Elle venait de lui rembourser le tout premier repas qu'ils avaient partagés. C'était définitivement terminé entre eux et elle ne voulait rien lui devoir. Il tourna les talons et remonta dans sa voiture hors de prix. Il avait perdu sa petite amie mais il lui restait ses potes, sa célébrité et son groupe. Peyton l'avait vu. Depuis deux ans, il changeait mais lui se préférait maintenant qu'il était adulé, qu'il était reconnu et considéré comme l'une des stars de la nouvelle génération. Un jour, un de ses copains lui avait dit : « Une de perdue, dix de retrouvées. », il espérait de tout cœur qu'il disait la vérité.
Peyton, quant à elle, était meurtrie et elle avait senti son cœur tomber en miettes dans sa poitrine. Voilà, elle lui avait déballé ce qu'elle avait sur le cœur et il s'en fichait. Il aurait très bien pu essayer de se défendre, lui promettre de faire plus attention à elle ou même la contredire. Mais non, il n'avait rien fait pour la retenir. Absolument rien. Comme la jeune fille l'avait compris, il voulait se débarrasser de ce qui faisait sa vie avant et maintenant que Peyton était hors-jeu, il avait réussi.
Le lendemain, Peyton était dans le premier train en direction de Paris, alors que l'annonce de leur rupture s'étalait à la Une de toutes les presses people du monde et bien sûr, c'était elle la méchante. Elle lui avait dit qu'elle ne voulait pas repartir en France, qu'elle ne voulait pas quitter Londres, mais plus rien ne la retenait ici. Plus rien. Elle avait tout perdu car elle l'avait soutenu dans son rêve, mais lui ne l'avait pas soutenue pour faire face à tout ça. Il avait été égoïste et Peyton ne le supportait plus. Elle avait tenté tellement de fois de réparer son cœur après chaque lapin qu'il lui avait posé, après chaque critique vu dans la presse, après chaque injure lut sur internet. Mais elle n'y arrivait plus, aujourd'hui. À quoi bon vouloir tenter de réparer les choses si elles sont vouées à casser à chaque tempête.