Je me réveille avec la lumière du jour qui filtre très légèrement par les rideaux. Je m'étire tel un chat le ferait après une bonne sieste au coin du feu. Cinq minutes plus tard, je suis toujours allongée dans mon lit dans une position des plus confortables. Je suis sur le ventre une jambe repliée et mes bras enfouis sous l'oreiller avec une impression d'être Blanche Neige et de me réveiller lors d'une belle journée de printemps chez les sept nains où je m'attends à ce que d'une minute à l'autre toute sorte d'animaux de la forêt pénètrent dans ma chambre et que nous nous mettons à siffloter tous en chœur... Oh merde, qu'est-ce qui me prend ? La maison de sept nains, sérieux ! Est-ce que c'est possible que ce soit mon coup à la tête qui me joue encore des tours ? Probablement. Et c'est là que je comprends que c'est la première fois depuis cinq ans que j'ai réussi à dormir sans cauchemarder ! Voilà la raison d'où provient ce bien être que je sens au plus profond de moi. Une seule petite nuit sans ses putains de cauchemars qui m'ont fait d'eux leur prisonnière me pourrissant la vie. Qui à force de me réveiller en plein sommeil me procure petit à petit une fatigue extrême. Sauf que cette fois, pas de réveil en panique avec une impression d'étouffer et de ne pas pouvoir différencier le faux du réel et cela chaque nuit sans aucun répit... Heureusement, même si nous ne vivons pas officiellement ensemble, j'ai ma femme près de moi la plupart du temps qui arrive à me calmer. Kelly sait m'apaiser avec sa voix, ses caresses... Merde, Kelly ! Comme un réflexe, je regarde sa place du côté du lit, mais elle est vide. Elle ne peut pas être là, elle est partie hier pour le Botswana.
Cette nuit de répit me perturbe parce qu'une toute petite voix au fond de moi a envie de me convaincre que c'est lui, sa présence dans cette chambre à l'autre bout du couloir, qui m'a permise de dormir comme un bébé et même si je n'ai pas envie d'y croire, ça ne peut être que la seule raison logique.
Tout cela me taraude bien trop de bon matin, il me faut de la caféine. Après une bonne tasse de café, j'arriverais sûrement à expliquer le fait que je n'ai pas paniquer dans mon sommeil. Je me glisse hors du lit et je m'apprête a sortir de ma chambre quand ma bonne conscience me rappelle que sortir en pyjashort licorne devant Alex n'est pas une très bonne idée. Même si l'idée qu'il puisse m'admirer dans ce mini caleçon qui couvre à peine mes fesses m'excite. Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Il me faut vraiment ma dose de café, je ne suis plus lucide. Mon peignoir enfilé, je souris en enlevant la chaise que j'ai coincée hier soir. Jamais je ne pourrais refaire confiance aux hommes. Une partie de moi est morte en même temps que...Et puis, merde. Je décide de chasser toutes les pensées noires de ma tête au moins pour ce matin. J'ai l'impression qu'en une seule nuit, j'ai récupéré au moins une année de sommeil, autant en profiter et ne pas gâcher ça.
J'ouvre la porte de ma chambre et marche sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Alex qui doit probablement dormir encore. L'imaginer à même le sol de la cabane du jardin me touche. La perspective qu'il était là pendant tout ce temps alors que je profitais du luxe de ma maison me fait culpabiliser, bien que je ne fusse pas au courant. Surtout que sans Alex, ce connard aurait pu arriver à ses fins. Je me glisse dans la salle de bain pour un brin de toilette et alors que je m'apprête à descendre les marches, de la musique attise ma curiosité. Elle provient de la cuisine aussi j'avance sur la pointe des pieds et m'arrête derrière le mur de séparation. J'ai de la chance, car j'aperçois directement Alex qui se trouve pile en face de l'entrée de la pièce et d'après ce que je peux voir, il s'affaire derrière les fourneaux. Mais ce qui me fait sourire, c'est de le voir se dandiner sur le rythme de la chanson qui passe à la radio, Alex est uniquement vêtu de son jeans qui lui descends agréablement sur les hanches. Il bouge ses fesses sur Bruno Mars, the Lazy Song et je peux même l'entendre siffloter. Mes yeux s'attardent sur son dos nu et musclés, ses épaules larges et tatouée. Je ne peux pas voir distinctement à cause de la distance mais je jurerais qu'il a des cicatrices. Le contraste de sa peau bronzée avec celles-ci sont à l'origine de mes soupçons. La cuillère en bois vole dans les airs avant qu'il la rattrape avec habileté et autant vous dire que cela en vaut vraiment le détour. Je suis envahie par une telle pulsion que je dois me retenir de réduire l'espace entre Alex et moi pour lui sauter dessus.
D'habitude, c'est pour Kelly que je ressens ça. Mais surtout, je croyais ne plus jamais être capable de ressentir du désir pour un homme. D'un côté, je me déteste d'éprouver ça. Seulement, il y a quelque chose chez ce type qui fait que je me sens inapte de résister. Du coup, j'en viens à me demander si c'est vraiment une bonne idée que nous cohabitions ensemble, juste tous les deux... Une autre chanson s'enchaîne à la radio, et Alex commence à fredonner. Putain quelle voix ! Il ne chante pas fort, mais seulement assez pour que je puisse l'entendre d'où je suis et les paroles de Fix you qu'il commence à fredonner me donne des frissons. Je me retrouve figée et sans que je ne comprenne ce qui m'arrive, des larmes affluent au bord de mes yeux et lentement, glissent une à une jusqu'à venir me donner ce petit goût salé dans ma bouche que je ne connais que trop bien.
Quand tu fais de ton mieux, mais que tu n'arrives à rien, Quand tu as ce que tu veux, mais pas ce dont tu as besoin, Quand tu es si fatigué, mais que tu n'arrives pas à dormir. Coincé derrière... Et les larmes viennent à couler sur ton visage, Quand tu perds quelque chose que tu ne peux remplacer, Quand tu aimes quelqu'un, mais que c'est jeté aux ordures, Ce pourrait-il que ce soit pire ? ...
Waouh, les paroles de cette chanson me percutent de plein fouet comme une gifle. S'il y a à peine quelques minutes, je me sentais bien comme je ne l'avais plus été depuis longtemps, en quelques secondes, je reviens à cet état de mal être profond. Je crois que je suis condamnée à vivre avec ce poids tout le long de ma vie. Après tout, est-ce qu'une fleur fanée peut reprendre vie ?
- Eleanore ?
Je sors de mon état léthargique et sursaute en entendant la voix d'Alex. Il ne se trouve plus dans la cuisine, mais juste à côté de moi. Tout près. Trop près. Il va falloir que j'instaure un périmètre de sécurité entre lui et moi tout le temps qu'il se trouvera sous mon toit sous peine de devenir trop dangereux.
Depuis Max, plus aucun homme n'avait réussi à rallumer cette flamme qui brûlait en moi et il suffit qu'Alex se trouve à quelques centimètres de moi pour qu'elle se réanime de nouveau. Le sexe avec Kelly est torride - voire même carrément hot - mais ce n'est pas pareil, j'ai comme une impression qu'il manque un petit quelque chose. Je ne sais pas si c'est parce que c'est à cause de Max que je me suis tournée vers les femmes et presque par obligation que par choix, mais je suis certaine que j'aime Kelly et rien ne pourra enlever ça, même pas cet inconnu qui se tient près de moi, si tentant soit-il !
- Eleanore, est-ce que ça va ? Vous êtes toute pâle.
– Oui, oui, ça va, ne vous inquiétez pas, réponds-je en évitant son regard, gênée qu'il puisse y voir les larmes qui ont coulé.
Je passe devant lui et pénètre dans la cuisine. Une bonne odeur de pancakes ainsi que de café envahit mes narines.
- Vous avez bien dormi ? lui demandé-je en me retournant pour lui faire face.
Il se tient à quelques mètres de moi, les mains posées sur l'îlot de la cuisine et soudain, je me retrouve perdue dans ma propre maison. À force de me dire que je pourrais me noyer dans ce regard bleu azur, ça va vraiment arriver, je vais couler à pic jusque dans les profondeurs d'Alex.
Ça ne te dérangerais pas que sa bite, elle, coule à pic dans tes profondeurs, me susurre ma conscience d'une voix coquine et à laquelle je fait une prise de karaté pour la faire taire avec ses conneries à deux balles.
– Vous m'offrez bien plus que vous ne l'imaginez en me laissant dormir chez vous.
– J'en déduis que c'est un oui. Si vous voulez, je vous montrerais l'étendue des travaux après le petit-déjeuner, lui proposé-je.
– Rien ne me ferait plus plaisir... enfin presque rien. Je suis là pour ça après tout, me dit-il et le ton de sa voix m'indique qu'il pourrait y avoir un sous-entendu dans ce qu'il vient de me dire.
Il rêve s'il pense pouvoir se vider les couilles avec moi. En tout cas, je ferai tout pour que cela n'arrive pas. Avec mon boulot au cabinet, le travail qu'il doit effectuer ici, nous devrions arriver à nous éviter le plus possible. Alex dépose devant moi une assiette remplie de pancakes, une tasse de café et un verre de jus d'orange fraîchement pressé. Je me sens bizarre. Me faire servir le petit-déjeuner par un homme est inhabituel pour moi. Cette petite attention me touche énormément mais me perturbe en même temps. Max ne m'a jamais fait ça. Je grogne intérieurement tout en me mettant des gifles. Alex n'est pas Max. Ils n'ont rien à voir tous les deux, je n'ai pas à les comparer. Max est un loser alors qu'Alex... enfin c'est Alex, quoi. Je ne le connais pas assez bien pour juger sa personnalité. Tout vient à point à qui sait attendre. Elle peut pas fermer sa grande gueule deux seconde cette foutue conscience ?!
- Merci, lui souris-je en croquant dans un pancakes. Mmh à la confiture de myrtilles en plus, mes préférés !
- Moi aussi je les adore, confie-t-il en contournant l'îlot central pour venir s'asseoir sur le tabouret à côté de moi.
Mon cœur rate un battement. Est-ce qu'il ne peut pas mettre une chemise, sérieux ! La vue de son torse nu ne m'aide pas à avoir les idées claires, aussi je m'arrête de mâcher. Et l'odeur de noix de coco qui émane de sa peau... Attendez. Pause.
- Vous vous êtes servi de mon gel douche ?
Il me sourit timidement. Sérieux, qui résisterait à ce sourire à fossettes ?!
- J'ai fini le mien avant-hier, se justifie-t-il. Je suis désolé, je ne pensais pas que cela vous dérangerait...
- Oh non, ça ne me dérange pas, je... je suis surprise, c'est tout.
Je tente de cacher cette envie de le toucher qui s'intensifie en moi en buvant une gorgée de café. J'adorerais faire glisser ma bouche sur sa peau. Je commencerai par sa bouche que je picorerais sensuellement, sa barbe de trois jours, ensuite son cou, puis je descendrais lentement en prenant soin de ne pas oublier ses abdos si bien dessinés, cette petite parcelle de poil juste au-dessous de son nombril et qui disparaît dans son jean délavé. Ce qui m'amènerait à devoir déboutonner un par un les boutons et...
- Eleanore, baisez avec moi.
Je manque de recracher ma boisson. Il vient réellement de me demander une partie de baise ou je rêve ?
- Pardon ?
Mon sexe se met à brûler de désir et mes tétons durcissent sous l'excitation qui me submerge quand des images d'Alex et moi, nus, dans des positions pas très catholiques envahissent mon cerveau. Mon invité se racle la gorge avant de répéter en rougissant.
- Dansez avec moi.
Je soupire de soulagement – et de déception ? Oh putain la vache, le délire que je viens de me faire toute seule ! La preuve qu'il ne faut absolument pas que j'accepte son invitation... Trop tard ! Sa main se referme sur la mienne et avant que je ne comprenne ce qui se passe, je me retrouve debout, plaquée contre son torse à l'odeur enivrante.
Je ne sais pas si l'on peut appeler ça danser, mais nous tourbillonnons sur place au rythme de la musique à la radio. Bizarrement, je ne me sens pas en danger d'être aussi proche d'un homme. Il y a encore deux jours, j'aurais refuser tout contact physique avec une personne du sexe opposé au mien. Or, là... je ne sais pas, je me sens bien. C'est bizarre. Surtout pour moi.
– Vous vous rendez compte que nous sommes en train de danser au milieu de ma cuisine et en pyjama sur Nothing else matters de Metallica, lui fais-je remarquer en me retenant de rire.
- Je dois dire que votre pyjama est très...original, rigole-t-il.
J'ai toujours mon peignoir, mais je réalise que la ceinture s'est dénouée et qu'il est ouvert. Super...
– Hey attention ! On ne plaisante pas avec les licornes, c'est un sujet sérieux, pouffé-je à mon tour en lui donnant une petite tape sur le bras.
– Je vous promets de ne plus me moquer à l'avenir. Je deviendrai un fervent défenseur des licornes, me sourit Alex.
– Je vous en serais en effet reconnaissante, merci, plaisanté-je.
Décidément, cet homme- si inconnu soit-il - me fait ressentir des sentiments que je croyais enterrés à tout jamais pour les individus masculins et ce n'est vraiment pas une bonne chose. Je m'étais juré de ne plus jamais me laisser avoir. Je ne veux plus jamais être cette fille faible que j'étais à l'époque. Je ne suis plus Lucy. À présent, je suis Lana, je gère ma vie comme je le veux et Alex semble arriver à passer au travers des murs que j'ai battis autour de mon âme pour me protéger. Avec un peu de chance, la souffrance que j'ai enduré et les cris qui résonnent encore en moi arriveront à fortifier ma protection et empêcher Alex de pénétrer plus profondément dans mon esprit. Surtout pas dans mon cœur.
Enfin, je l'espère...
NOTE DE L'AUTEURE
Coucou tout le monde !!!!! Pour ceux et celles qui ne font pas partie de mon groupe facebook, je vous informe que Passionnément sort le 18 mars prochain (J-7 aaaaaaah) au Salon du Livre de Paris où je serai présente pour les dédicaces !!!! :D Et bien évidemment, vous êtes les bienvenu(e)s au stand V-43 avec Erato Editions :P Et je vous informe aussi que un chapitre sur deux est écrit par Tinkerbell-bb, dont celui-là :) Bisous bisous <3