Juste une nuit

By AllisonRiley67

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Juste une nuit. J'ai peur. Il me fait peur. Depuis bien longtemps, j'ai éradiqué tout sentiment quelconque à... More

Prologue: Cinq ans plus tôt
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10

Chapitre 5

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By AllisonRiley67

  Ma tête me fait affreusement mal, comme si elle pesait une tonne. Mais ce n'est rien comparé à la douleur en moi que ce gros pervers a fait remonter à la surface. Je n'ai jamais pu oublier toutes ces années emprisonnée auprès de Max. J'essaie seulement de vivre avec. Cinq putains d'années d'enfer. Heureusement, avec Kelly j'essaie peu à peu de me reconstruire, cette femme si douce et attentionnée qui me pousse à aller de l'avant. Dire que ce salopard vient tout remettre en question. J'ai beau tenté de me souvenir, tout ce qui me revient à l'esprit, c'est seulement cette haleine puante et ces grosses pattes poilues qui s'immiscent partout sur moi sans aucune gêne et surtout sans mon consentement. 

  La douleur est vive,comme une migraine, mais puissance mille. Ce serait tellement plus simple de me laisser aller dans les profondeurs des ténèbres qui m'appellent... Je sais que si je lâche prise maintenant, je serais enfin libérée de toute cette merde. Pourtant, une voix me donne envie de me raccrocher, de repousser ses ombres qui planent autour de moi comme des charognards autour d'une bête crevée. Cette voix, je l'ai entendue pendant que cet homme essayait de me violer. Pour une raison que j'ignore encore, elle me rassurait. Ce qui me terrifie le plus, en fait, est de ne pas savoir si cet enfoiré a réussi à aller jusqu'au bout de son opération. Je n'arrive plus à penser, c'est beaucoup trop dur, je me laisse une nouvelle fois partir dans cet abîme qui se dresse entre moi et le monde des vivants sans savoir si j'ai été à nouveau salie. 

 Cet endroit est sombre et je me sens glacée, mais pourtant je m'y sens bien. C'est comme si mon esprit était enfin libéré de mon corps que je déteste tant et que je pouvais à nouveau respirer. 

  –Bébé, il faut que tu te réveilles, maintenant. Fait un effort, s'il te plait. 

C'est la voix de Kelly que j'entends au loin, elle résonne en écho dans ma tête. 

  –Lana, essaye d'ouvrir les yeux, je t'en prie, me supplie-t-elle à présent.

 Sa voix est cassée par la tristesse. Je peux ressentir tout l'espoir qu'elle met dans sa demande et j'ai beau essayé d'ouvrir les yeux, mes paupières refusent de coopérer, je n'y arrive pas. Pourtant, je sais que si je pouvais ne serais-ce qu'apercevoir ses yeux, je trouverais la force qu'il me manque. Quand je cherche son visage dans mes souvenirs, je n'y parviens pas non plus. À la place, ce sont des images que je voudrais enterrer à tout jamais qui me reviennent. Des horreurs à la hauteur de la souffrance que j'ai ressentie. Comme si on prenait une poupée de chiffon et qu'on la secouait dans tous les sens telle une vulgaire merde. Voilà ce qu'il a fait de moi. Il m'a réduite en un stupide déchet. Je peux même ressentir mon corps craquer à plusieurs endroits sous ses coups, sous sa bite qu'il introduit en moi sans que je ne lui en donne la permission... Je sens que je sombre une nouvelle fois. C'est plus profond que les précédentes, je suis attirée vers le bas sans que je ne puisse réagir. Soudain, je sens un poids sur ma poitrine, comme des à-coups. Des décharges électriques me parcourent également le corps mais je les ressens à peine. Une nouvelle fois, c'est la voix de Kelly que j'entends, au loin. Elle a l'air affolé                     

 –Bon sang, faites quelque chose, je vous en prie, sauvez-là ! Bébé, tu ne peux pas me laisser, je t'aime. 

Elle pleure, beaucoup. Je l'entends dans ses paroles. J'aimerais tellement la consoler, mais je ne peux rien faire, je ne peux pas lutter. Je suis vraiment désolé, lui dis-je silencieusement. 

 –On la perd, elle est en état de choc. Chargez à 300.

Nouvelle décharge. Je voudrais tellement remonter à la surface, mais je me noie dans mes propres souvenirs. Ils me happent, je n'arrive pas à m'en défaire. Pourquoi j'ai si mal ? Je suis si fatiguée... je me laisse aller encore une fois. 

 Quand je reviens à moi, je ne sais pas où je suis. Est-ce que je suis morte ? J'ai beaucoup moins mal à la tête à présent j'ai même l'impression que je peux sentir mes doigts bouger. Je tente d'ouvrir les yeux et cette fois, mes paupières coopèrent, mais elles se referment aussitôt et je repars dans un sommeil profond. 

C'est une chaleur dans ma main qui me réveille et me faire revenir à moi. J'ouvre les yeux et c'est plus facile que la dernière fois. J'arrive à distinguer des formes, mais je pense qu'il fait trop sombre pour que je puisse voir quelque chose. Je voudrais parler, mais j'ai comme une sorte de tuyau dans la gorge et ça me fait souffrir. Quand mes yeux s'acclimatent enfin à ce qui m'entoure, un mouvement sur ma gauche me fait tourner la tête. 

C'est lui, je le reconnais. Il est là dans ma chambre et c'est sa main que je sens dans la mienne. L'homme de l'autre nuit dans mon jardin. La peur s'empare de moi. Je m'apprête à crier à l'aide lorsque sa voix qui m'est si familière m'en empêche.

–Merci mon dieu, vous êtes réveillée. 

Bordel de merde. Tout me revient à présent. L'homme qui essaye de me violer et cette voix qui intervient pour me sauver. Il allume ma lampe de chevet et ses yeux croisent les miens. J'y aperçois une lueur, comme celle que j'ai aperçu le soir où nous nous sommes retrouvé allongés dans la neige.

 – Comment... 

Je tente de lui demander comment il a fait. Comment m'a-t-il trouvée ? Comment savait-il où j'étais ? Mais la douleur me brûle tellement la gorge que j'abandonne. 

 –Chut, vous avez un tuyau dans la bouche, vous venez de sortir d'un coma artificiel. Il ne faut pas que vous parliez. Reposez-vous, vous avez besoin de récupérer, dit-il et je peux sentir une légère pression dans ma main, comme s'il voulait me faire comprendre que je pouvais me rendormir et qu'il serait là pour me protéger.

Et c'est ce que j'ai envie de croire. Je lui montre le calepin et le stylo poser près de la lampe. Il faut absolument que je lui dise quelque chose. Il comprend et me met le crayon en main tandis qu'il me tient le bloc-note. Cette manoeuvre est un supplice pour mes doigts. Mais je dois le faire. Je ne reconnais pas moi-même mon écriture mais j'espère qu'il saura déchiffrer le message. Il esquisse un sourire en lisant à voix haute.

- Merci mon Miracle.

Je lui rend son rictus, puis  je me rendors avec son visage gravé dans ma mémoire. 

 Je me réveille plusieurs fois après cela et il n'y a plus personne dans ma chambre. Je ne sais pas si j'ai rêvé sa présence ou s'il était vraiment là avec moi. J'ai l'impression d'avoir l'esprit embrumé et je passe tellement de temps à m'endormir et me réveiller que je ne sais même plus faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. 

  Il fait jour à présent et plusieurs infirmières se sont succédé. J'ai appris que j'étais restée quarante-huit heures endormie. Elles ont vérifié mon électrocardiogramme et changé ma perfusion. Elles ont ensuite procédé à un examen gynécologique et c'est avec soulagement que j'ai appris que je n'ai pas été violée. Un médecin est venu me voir pour m'examiner et m'a expliqué qu'il a dû m'opérer d'urgence car il y avait une hémorragie interne au niveau de ma boîte crânienne d'où le pansement qui m'entoure la tête. Pour l'instant, le médecin est rassurant, mais comme je me suis cogné assez violemment et que l'hémorragie était importante, ils me gardent en observation pour surveiller que l'hématome se résorbe bien. 

 Je suis enfin libérée du tuyau qui m'irrite la gorge et l'infirmière m'a informé que j'allais ressentir une gêne à ce niveau-là. Je lui ai dit que ça va aller. Ce n'est rien comparé à ce que Max me faisait subir quand il m'obligeait à le sucer de force, enfonçant sa queue dans ma gorge sans ménagement et rien que d'y penser, je sens la nausée me prendre avec violence. J'ai juste le temps de prendre le petit récipient prévu à cet effet et je vomis tout ce que je peux. Mais comme je n'ai rien avalé depuis un moment, c'est tout simplement atroce ! On me débarrasse du petit bol en carton et on me donne de l'eau pour me rincer la bouche quand la porte de la chambre s'ouvre avec fracas et Kelly entre pour se jeter littéralement sur moi. 

  -Bon dieu, tu m'as fait tellement peur, Lana. J'ai eu si peur de te perdre, me dit-elle en me prenant la main. 

Les larmes coulent sur ses joues, je pense que ce sont des larmes de bonheur et je suis tellement heureuse de la voir, moi aussi ! 

–Je vais bien à présent, répondis-je en caressant sa joue. 

Elle pose sa main sur la mienne et incline son visage pour se blottir contre ma paume. Le fait de la toucher me réchauffe instinctivement. L'avoir près de moi me rassure. 

  –Merde, regarde-moi. C'est toi qui es sur un lit d'hôpital et c'est moi qu'il faut consoler. 

Elle me sourit et enfin quand les infirmières sortent pour nous laisser seules, elle me dépose un léger baiser sur les lèvres, recule et me sourit. 

 –Je suis vraiment contente de te voir. Tu m'as manqué, avoué-je. 

Et je sais que c'est complètement ridicule puis-ce qu'apparemment, j'étais endormie, mais c'est la vérité. J'ai l'impression que nous avons été séparées pendant une éternité. 

 –Si tu savais comme je m'en veux de t'avoir laissée ce soir-là. J'aurais dû te ramener à la maison, mais heureusement qu'il y a eu ce type, m'explique-t-elle. 

 – Ce type ? Demandé-je en comprenant soudain que ce n'étai pas un songe, que je l'ai réellement vu.

 – Oui, l'infirmière qui t'a accueillie à ton arrivée a expliqué que c'était un homme qui t'avait déposé ici après t'avoir trouvée comme...comme ça, murmure-t-elle et je peux voir ses yeux s'humidifier. 

Je tente de me lever sur mes coudes mais je n'y parviens pas.

 – Il a dit son nom ? 

  - Non, apparemment il est parti sans leur donner. Ce type t'a probablement sauvé la vie et nous ne savons même pas qui il est. 

Je garde le silence. Si, moi je sais qui il est. Enfin, je ne connais pas son nom, mais je sais qu'il est l'homme qui pourrait bien me redonner confiance en la gente masculine.

Enfin confiance est un bien grand mot. Je me rends compte maintenant que les hommes ne sont pas tous des démons.


Kelly reste encore un peu avant qu'elle ne soit appelée pour une césarienne d'urgence.

- Je reviens te voir après ma garde, d'accord ?

Je hoche la tête puis elle me dépose un baiser sur les lèvres avant de s'en aller. Je repense à ce qui s'est passé même si c'est encore un peu flou dans ma tête. Comment savait-il ? Cette question me taraude l'esprit et je suis frustrée de savoir que je n'aurais sans doute jamais de réponse.

Quelque chose attire soudain mon attention et je regarde par la fenêtre. Mon cœur fait un bond. Il est là.

Mon miracle est en bas et ses yeux sont levés vers moi. Je lui souris et des larmes de joie roulent sur mes joue.

Sans cet homme, je serais probablement morte, à l'heure qu'il est.

Il me fait un signe de la main avant de tourner les talons et s'en aller, les mains dans les poches.

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