Juste une nuit

By AllisonRiley67

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Juste une nuit. J'ai peur. Il me fait peur. Depuis bien longtemps, j'ai éradiqué tout sentiment quelconque à... More

Prologue: Cinq ans plus tôt
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10

Chapitre 1

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By AllisonRiley67

Je me réveille en sursaut et trempée de sueur. A côté de moi, Kelly remue avant de se tourner.

Elle se redresse en position assise et me frotte tendrement le dos.

- Encore ce foutu cauchemar ? me demande-t-elle.

Ayant la gorge trop sèche pour répondre de vive voix, je me contente de hocher la tête. Ce n'est pas vraiment un cauchemar, c'est plutôt un souvenir. La réminiscence de la pire période de ma vie. C'était il y a cinq ans et pourtant j'ai l'impression que ça s'est passé hier. Je me lève en dépit de mes jambes flageolantes. Il faut que je boive. Et que je me rafraîchisse, j'ai la sensation d'être complètement asséchée. Je descends l'escalier en colimaçon pour rejoindre la cuisine, à l'autre bout de ma maison. Je me sers un grand verre d'eau et me tourne vers la grande baie vitrée juste à côté. Ma maison de cent cinquante mètres carrés est en plein travaux. En effet, j'ai décidé de la faire agrandir un peu en y faisant construire une véranda. Hélas, l'entreprise qui devait s'en charger m'a planté la semaine dernière, je me retrouve donc avec une véranda à peine commencé, seulement soutenues par des étais et le sol jonché par des bâches transparentes. Je n'ai encore trouvé personne depuis pour continuer la rénovation. Je m'en serais bien occupée mais je ne suis pas du tout bricoleuse. Je suis avocate, pas maçon. Et ça m'agace au plus haut point de voir ma demeure dans cet état. Des bras m'enlaçant la taille me tirent de mes pensées. Kelly me dépose un doux baiser dans le cou.

- Tu me manques, Lana, me dit-elle. Depuis trois jours, je ne te reconnais plus, tu as l'air absente.

Je sors avec Kelly depuis un peu plus de cinq mois. Depuis que j'ai quitté Max, j'ai complètement éradiqué tous sentiments envers les hommes. Je les hais. Tous autant qu'ils sont, je les vois comme des bourreaux, des requins, des démons. Je me suis alors mise à regarder les femmes d'un autre œil. J'ai eu quelques aventures sans grand succès avant Kelly, mais je ne maîtrisais pas encore mon homosexualité pour leur donner tout ce dont elles voulaient. Après tout, je n'avais vécu qu'avec un seul homme et je ne m'étais alors jamais posé la question quant à mon orientation sexuelle. Mais lorsque cette magnifique blonde pulpeuse aux grands yeux verts a croisé mon chemin dans ce bar pour gays, j'ai su que je pouvais être lesbienne sans avoir honte de moi. Nous avons dansé ensemble, bu des verres, nous avons attendu quelques jours avant de nous embrasser et elle m'a donné confiance en moi quant à notre première nuit ensemble. Je n'avais encore jamais fais l'amour avec une femme. J'avoue que j'étais très réticente, au début. Mais Kelly a été douce et patiente et depuis, j'adore chaque nuit passées avec elle. 

Nous sommes toutes les deux très féminines. Au premiers abord, personne ne se doute que nous sommes en couple. Mais nous assumons totalement notre homosexualité, aujourd'hui. Je pose mon verre vide sur l'îlot centrale de ma cuisine avant de me tourner face à ma copine. Je prends son visage de poupée en coupe dans mes mains et lui dépose un baiser tendre et amoureux sur ses lèvres parfaites.

- Je sais, lui murmuré-je en collant mon front au sien. C'est juste que je stresse de ne pas trouver quelqu'un pour finir cette fichu véranda. C'est un vrai désastre.

Et un vrai mensonge que je viens de proférer. Bon, ça s'agace un peu de ne pas parvenir à trouver une seule entreprise de libre pour me monter la pièce, mais ma véritable angoisse est loin de ce contexte. Depuis trois jours - trois nuits, plutôt -, je vois quelqu'un rôder autour de ma maison. Je crois que c'est un homme, à en juger par sa démarche, mais il est bien trop loin pour que je puisse le confirmer, à chaque fois. Je l'ai remarqué alors que je regardais par la fenêtre. Au début j'ai eu peur et le temps de prendre ma lampe torche dans le tiroir, il avait disparu. J'ai alors cru que j'avais tout simplement rêvé. Que je voyais Max partout. Mais la seconde fois, avant-hier, je l'ai bien vu. J'en ai lâché mon verre. Il se tenait toujours au même endroit, plongé entre les arbres qui entourent ma maison isolée, devant ma pseudo-véranda. Cette fois, je ne l'ai pas lâché du regard et il est resté là pendant plusieurs minutes. Je crois qu'il me regardait, lui aussi, mais je n'en suis pas sûre. Ou elle, je n'ai pas encore deviné de quel sexe est cette mystérieuse personne. Ce qui est sûre, c'est qu'elle me fait peur. 

Je suis consciente que ça ne peut pas être Max, à moins que les fantômes existent réellement. Pourtant, mon subconscient ne cesse de me ressasser l'image de son visage de démon et son sourire narquois dont il me gratifiait chaque fois qu'il me mettait une raclée. J'en frissonne d'angoisse encore aujourd'hui. Ce soir, je ne vois personne. Je n'ai pas envie d'appeler la police tant que je ne suis pas sûre de qui est cette personne mystérieuse et ce qu'elle me veut. Si ça se trouve, ce n'est qu'un promeneur nocturne ou tout simplement un effet d'optique en fonction de la position de la lune qui me fait voir une ombre mais qu'en fait, il ne s'agit que la juxtaposition des ombres des arbres. Pff, quelle idée d'habiter quasi au milieu de la forêt ? Lorsque j'ai appris qu'une grand-tante américaine dont je ne connaissais même pas l'existence est morte et qu'elle m'avait légué sa maison, il y a quatre ans, c'était presque une ruine. Mais avec l'aide d'un architecte et de l'entreprise qui était censée me faire ma véranda mais qui a soudain mis la clé sous la porte, j'ai réussi à faire de ce taudis un cocon douillet et fonctionnel en cet hiver plutôt glacial. En parlant d'hiver, c'est bientôt Noël et je n'ai toujours pas de trouver de cadeau à offrir à Kelly. Si j'ai découvert que je préférais les femmes aux hommes, je n'ai pas encore trouvé ce que l'on offrait à quelqu'un qui soit plus qu'une amie mais pas une épouse. Du même sexe que moi, de surcroît. L'amour, c'est bien compliqué...

Après un dernier baiser, Kelly remonte se coucher tandis que je décide de me passer un coup d'eau fraîche sur le visage pour me remettre les idées en place. Au moment de me relever pour aller la rejoindre, mon regard croise la vitre de ma fenêtre et ce que je vois à travers me glace d'effroi aussi je fais un bond en arrière. L'homme se tient beaucoup plus près de ma maison. Cette fois, je suis certaine qu'il s'agit d'une personne. Les effet d'optique ne peuvent pas se déplacer sur vingt mètres. Et il est grand et plutôt musclé, ça ne peut pas être une femme. Mon cœur devient fou dans ma poitrine et mon cerveau fait clignote le visage de Max dans ma tête. Max, Max, Max.... J'ai beau me dire qu'il est mort mais mon subconscient ne veut rien entendre. Je me rend compte que je tremble. De peur. Une peur que j'ai subi durant huit longues années. Une peur que je ne veux plus jamais ressentir. Je ne suis plus Lucie Abbot. Aujourd'hui, je m'appelle Eleanore Jenkins. Et la Lana que je suis devenue n'a plus peur de rien. Elle hait les hommes, elle ne les craint pas. C'est en me répétant ce mantra tout en contrôlant ma respiration que je relève des yeux déterminés à affronter cet individu. Mais l'homme a disparu. Je ne pourrais dire si je connait ce rôdeur. Après out, ça peut-être Damien ou Luc... ou pire, Julien. Je ne flanche pas pour autant et me dirige derrière l'escalier pour m'emparer de la batte de base-ball que je cache en cas d'urgence. Ce soir, c'est un cas d'urgence. Si je ne me défends pas, qui sait ce que pourrait faire cet inconnu ? Autant lui en coller une tout de suite. Avec un peu de chance, je ne ferais que l'assommer et j'appellerai les urgences et la police ensuite.

Le plus silencieusement possible, je marche lentement jusqu'à ma porte d'entrée que j'ouvre délicatement. Il n'y a personne sur le perron. Mon cœur tambourine tellement fort que l'individu doit sûrement l'entendre. Je sais que je ne devrais pas me trouver là, à l'affût. J'ai vu assez de films d'horreur en deux ans pour savoir que c'est une très très mauvaise idée. Mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas aller tranquillement me coucher en attendant que ce psychopathe vienne nous tuer, Kelly et moi. Je marche à pas de velours jusqu'au porche, mais aucune trace du rôdeur. Soudain, j'entends un craquement qui me fait sursauter. Il provient de mon atelier situé dans une petite cabane un peu en retrait de la maison. Faisant appel à toute ma témérité, je rentre dans la maison pour enfiler ma doudoune et mes bottes avant de sortir affronter la neige et le froid. Et surtout ce tueur potentiel. Courage, Lana, tu l'attends au tournant et tu l'assommes.

Je me poste discrètement dos à l'un des murs de la cabane tout en surveillant de chaque côtés, au cas où. Le bruit d'un pot de peinture qui tombe me fait de nouveau sursauter. Putain, niveau courage, je peux aller me coucher ! Il est à l'intérieur de mon atelier. Je vais le prendre par surprise. Brandissant ma batte, bien décidé à en finir avec ce truand, j'attends qu'il sorte. Puis, grâce au reflet de la lune sur le sol blanc, je peux voir l'ombre du mec avancer vers la sortie. Il arrive. Mon cœur fait des montagnes russes. Et si je le rate ? Et si je m'assomme ? Non, non, je suis adroite, je vais l'avoir. Il va morfler. Il va devoir ramasser ses dents avec le coup que je m'apprête à lui envoyer dans la tronche. Au moment propice, je me jette à l'eau et la batte fend l'air avant qu'elle ne soit interceptée par une main. Sa main. Merde, il a prévu le coup ! En une seconde à peine, je me retrouve le dos plaqué contre un torse dur. Mais je ne relâche pas. Je lui écrase le pied avec le mien et tente de m'échapper. Mais il est très fort, aussi il me fait un croche-pied et je me retrouve sur le dos, tête dans la neige... le psychopathe juste au-dessus de moi. 

Ses yeux bleus limpides transpercent le noir de la nuit. Il est magnifique, putain. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. Il est essoufflé. Moi aussi, je crois. Les coups assourdissant de mon cœur dans ma poitrine me font mal à la tête. Nous restons un moment ainsi, sans bouger, encore en proie au choc. Une multitude de questions me taraudent l'esprit, défilant à vitesse grand V. Qui est-il ? En tout cas, ce n'est ni le fantôme de Max, ni l'un de ses larbins de l'époque. Que me veut-il ? Pourquoi ne parle-t-il pas ? Pourquoi il reste là sans bouger alors qu'il pourrait me tuer ? C'est quoi la chose dure que je sens contre ma cuisse ? Pourquoi je ressens cette sensation étrange et agréable dans mon bas-ventre ? Il faut que j'agisse, je sais pertinemment qu'il faut que je me libère et que je m'enferme dans ma maison pour appeler la police. Seulement j'en suis tout bonnement incapable. Et pas seulement parce que cet homme sur moi est plus fort que moi... Mon cœur redouble d'allure quand sa main vient effleurer la peau de mon visage. Je ne sens plus le froid de la glace dans mon dos. Maintenant, j'ai l'impression d'être dans un bain de feu. C'est étrange comme les sensations peuvent être multiples et simultanées. Tu sais que tu dois te barrer, mais bizarrement, tu te sens bien là où tu es alors que tu risque sûrement ta vie. Je dois être folle à lier. 

La main de l'homme s'arrête dans mon cou, là où mon pouls bat le plus fort. Puis dans un souffle à peine audible, il murmure de sa voix rauque et virile.

- Une femme.

Il n'a pas prononcé cette phrase d'une façon simple et anodine. Non. On aurait dit qu'il venait de découvrir un trésor juste sous ses yeux. Un trésor, le St Graal ou la huitième merveille du monde. En tout cas, quelques chose de merveilleux et d'idyllique. Et ses yeux bleus topaze me le confirment par leur brillance incroyable. Puis tout à coup, sans que je ne puisse le repousser, ses lèvres charnues viennent se plaquer contre les miennes. Il ne m'embrasse pas, cependant. Sa bouche se colle juste sur la mienne, comme si c'était la première fois qu'il rencontrait une femme depuis longtemps. Très longtemps...

Je ne sais pas combien de temps notre baiser dure. J'ai perdu toute notion du temps à l'instant où je l'ai senti contre mon corps. Mais l'homme finit par l'interrompre pour me regarder une dernière fois de ses yeux pétillants avant de se relever et de s'en aller en courant pour se fondre dans la nuit noire, me laissant allongée dans la neige, brûlante de désir et à bout de souffle.

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