Le soleil se levait à peine sur Séoul et la ville encore endormie baignait dans la lueur de l'aube. Mais dans le parking souterrain des bureaux du siège de la police national de Séoul, Leïla au volant de sa voiture garée, le téléphone accroché à l'oreille, ne pouvait pas admirer ce spectacle.
- Donc si je résume bien, il était trois heures du matin, près de la zone démilitarisée entre les deux Corées et il y avait six véhicules. Plus exactement des lands rover noires blindées. Il y avait une quinzaine de personnes dont Arsyn, qui avait une mallette à la main. Quatre d'entre eux ont prit la fuite. Vous êtes intervenus à trois heures et quatre minutes précises. Et bilan final, Arsyn est saine et sauve, de notre côté il y a deux blessés puis dans l'autre camp juste un... C'est bien ça ?
Concentrée sur la conversation, elle prit quelques notes tandis que son interlocuteur lui répondait :
- Oui, c'est bien ça, par contre on a perdu la mallette qu'avait Arsyn...on pense qu'elle contenait des informations sur ce que ces salauds lui ont fait pendant sa captivité ! Tu pourrais essayer de la repérer ?
Leïla soupira.
- Je vais essayer Oppa mais je ne garantis rien... tout ce que l'on trouve lors d'une enquête devient automatiquement une propriété des forces de la police et indirectement du gouvernement !
Il y eut un silence.
- Je sais... Mais je suis sûr que tu y arriveras ! Je sais que tu veux faire ça pour les Bangtan !
Leïla soupira avec un faible sourire
- Bon je dois te laisser... je vais y aller.
- Ne t'inquiète pas, la rassura la voix, dès qu'on raccroche je supprime toutes les données de mon téléphone et quand on se retrouvera ce soir chez toi, j'en ferait de même.
Leïla qui s'apprêtait à sortir s'arrêta.
- Comment ça chez moi ? Tu as perdu la clé, je te rappelle !
- Pas besoin de clés ! rétorqua l'homme. Tu oublies qui je suis ?!
- Pffff ! Un gros frimeur...
Son interlocuteur lui répondit d'une voix douce.
- À ce soir, je t'aime.
Sur ce, il raccrocha. Leïla avait un grand sourire et elle se disait à elle-même qu'elle avait de la chance de l'avoir à ses côtés. Elle arriva à l'entrée du grand bâtiment où elle travaillait. Dès qu'elle fut rentrée, toutes les personnes s'inclinèrent afin de la saluer. La jeune femme d'origine algérienne connaissait les coutumes et mœurs coréennes par cœur et les saluts asiatiques étaient devenus habituels maintenant. Un jeune policier s'approcha d'elle.
- Bonjour agent Hamdi, Commissaire Kim vous attend.
Il s'inclina et repartit aussitôt. Leïla savait très bien de quoi allait lui parler son supérieur, son contact lui avait déjà tout raconté. Elle était toujours la première à être au courant mais devait faire semblant de ne rien savoir afin qu'elle ne trahisse les Bangtan et elle-même. Si une telle chose arrivait, les conséquences pour son informateur et elle seraient désastreuses. Elle prit l'ascenseur et appuya sur un bouton. Au 10ème étage se trouvait le bureau de son chef : Kim Seok Jin, le directeur des forces de polices nationales de Corée du Sud. Au 4ème étage son coéquipier la rejoignit. Un bel homme d'une vingtaine d'années aux traits fins et à la peau très pâle qui en disait long sur son exposition au soleil.
- Salut Leïla ! Comment ça va aujourd'hui ?
- Salut Suga ! Assez intriguée à vrai dire. Dès que je suis rentrée un agent de l'accueil est venu me dire que Mr. Kim devait nous parler d'une affaire importante.
- Oui, moi aussi. Tu penses que c'est à propos de cette Gajog, Snake, dont on a plus tellement de nouvelles ?
- Je ne sais pas, mais leur leader, BoA a été blessée lors de leur dernière bagarre, Snake ne peut que se faire petit.
Les deux coéquipiers arrivèrent à destination. Le couloir était toujours aussi chaleureux et lumineux. Dès qu'ils entrèrent dans la première salle, Lizéa, la secrétaire de Kim SeokJin se leva de son bureau et prit Leïla dans ses bras.
- Unnie, ça me fait plaisir de te revoir, lui murmura Leïla.
- Oui, à moi aussi !
Lizéa embrassa son amie puis se retourna et s'inclina.
- Bonjour agent Min YonGi comment va votre jambe ?
Suga s'inclina à son tour :
- Je ne boîte plus du tout maintenant, je suis parfaitement remis ! et le coréen lui fit un sourire.
- Quelle bonne nouvelle !!
À peine avait-elle terminé sa phrase que le sourire de Lizéa se fana :
- En parlant de ça... les nouvelles ne sont pas bonnes. Venez, entrez, Jin vous expliquera.
Elle ouvrit la grande porte qui donnait sur le bureau du supérieur. Les deux agents pénétrèrent et s'inclinèrent.
- Bien le bonjour. Leïla, Yoongi, asseyez vous, je vous en prie.
Le directeur de la police assis derrière son bureau avait un air grave qui collait mal avec sa tête. Il faut dire que Kim Seok Jin est la définition même du « beau gosse » pensait Leïla ... Mais il est surtout quelqu'un de sérieux et de trop important pour faire attention à son propre visage ou tout du moins ce n'est pas quelque chose qu'il se permettait d'afficher publiquement.
- Les nouvelles ne sont pas bonnes. Ce matin vers trois heures, un échange à mal tourné entre des Gajogs près de la frontière, je n'aime pas vraiment ce qui peut venir de la Corée du Nord.
Leïla sourit intérieurement et s'employa à ne laisser aucune émotion transparaître sur son visage.
- Nous n'avons pas plus de renseignements. Je voudrais avoir un rapport ce soir. Allez sur place et récoltez le plus d'informations. Bien évidemment pas besoin de vous rappelez que vous n'avez pas accès à la zone démilitarisée ! Votre équipe vous attend.
À ces mots, Leïla et Suga se levèrent, ils étaient prêts à quitter la salle quand Jin les arrêta.
- Ah oui j'allais oublier ! Les deux agents français arrivent demain matin. Je ferai une annonce officielle dès leur arrivée, donc si vous pouviez être à l'heure pour une fois, ça m'arrangerai.
Leïla grimaça. L'idée de voir des français lui faisait horreur. Quand elle fut sortie, elle se dirigea vers l'ascenseur et glissa à Suga entre ses dents :
- Faudra avoir un œil sur ces deux nouveaux agents !
Suga la regarda inquiet, elle n'avait pas changée. La jeune algérienne détestait par dessus tout les français.
- Leïla, soupira Suga, arrête de faire une fixation sur eux, passe à autre chose !
Leïla le devança et se retourna.
- Très bien... Si tu ne veux pas m'aider je m'en occuperai seule.
Dans le bureau du directeur de la police, Lizéa apporta les dossiers dont elle avait fini de s'occuper.
- C'est bien la première fois que des français vont venir travailler avec nous ! Je suis impatiente de les rencontrer !
- Mmh ... Mais tu sais ils ne seront pas vraiment sous mes ordres ... Ils viennent pour une affaire particulière. Ils sont en relation avec nous mais je ne peux pas vraiment exiger d'eux la même chose que mes agents normaux... alors j'espère vraiment qu'ils vont coopérer.
- Oh je vois... Mais est ce que je pourrais aller les chercher à l'aéroport s'il-vous-plaît ?! J'aimerais beaucoup les accueillir !
Jin leva les yeux de son dossier et regarda la jeune femme. Il n'était pas vraiment ravi qu'elle sorte, elle est tellement fragile mais il ne peut pas non plus la tenir enfermée. Il soupira.
- Bon d'accord, mais un agent comme escorte au cas où ...
- Oh merci !! et elle lui fit un sourire radieux tout en se demandant de quoi il pouvait avoir peur.
Pendant ce temps, Suga et Leïla sortirent tous les deux en silence du bâtiment. Leur équipe était déjà prête à partir, trois d'entre eux les attendaient sur le parking. Les cinq membres restants étaient déjà sur place. Suga monta dans la voiture avec l'un d'eux et Leila prit le volant du deuxième véhicule avec les deux derniers. Une fois qu'ils furent partis, Suga prit son téléphone et appela ceux de l'autre voiture afin d'expliquer aux autres membres de l'équipe le but précis de la mission. Alors que Suga s'expliquait dans le haut parleur du téléphone, la jeune algérienne était perdue dans ses pensées. Elle n'arrivait pas à croire que des français allaient venir, ici, en Corée ! Le pire serait qu'elle soit obligée de refaire équipe avec eux... ils l'avaient déjà trahie une fois ! Elle frappa sur le volant.
- PUTAIN MERDE !!
Les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Youra la regarda anxieuse.
- Arrêtons-nous, le temps que je prenne le volant.
- Ça va aller ne t'inquiète pas, lui répondit-elle en séchant ses larmes.
Taemin assis à côté de Leïla lui attrapa l'épaule.
- Leïla, ce n'est pas dans cet état que tu seras en mesure de te concentrer sur la mission ou ne serait-ce même que sur la route, répliqua-t-il sur un ton ferme, alors pour une fois accepte ce qu'elle te dit !
Elle se gara quelques mètres plus loin. Les autres firent de même et Suga sortit de sa voiture.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Leïla ne va pas très bien...expliqua Youra, donc je prends le volant.
Suga s'approcha de la place arrière de leur voiture et ouvrit la portière. Leïla était toute pâle, tremblait et semblait en colère contre elle-même. Il essuya ses larmes et plaça sa veste sur ses épaules.
Elle murmura un petit merci mais ne croisa pas son regard.
Après cet événement le voyage se déroula en silence sans problème majeur, les coéquipiers de Leïla n'osèrent pas lui demander ce qui la mettait dans cet état... Et dans la fin de la matinée ils arrivèrent au lieu où s'était déroulé l'échange.
A SUIVRE