GUILDE : Héritage

Von sonigusto

2.5K 417 2.8K

Quatre Familles ancestrales dotées chacune de capacités surnaturelles vivent parmi nous en harmonie. Non. C'e... Mehr

Portraits des personnages
PROLOGUE
CHAPITRE 1 - Le Métamorphe
CHAPITRE 2 - La dernière nuit
CHAPITRE 3 - L'Empathe
CHAPITRE 4 - La Guilde
CHAPITRE 5 - L'étrange héritage
CHAPITRE 6 - Dany
CHAPITRE 7 - ἄγγαρος
CHAPITRE 8 - Le pouvoir du loup
CHAPITRE 9 - Les conseils du Traqueur
CHAPITRE 11 - Le message
CHAPITRE 12 - Les mystères de Sara
CHAPITRE 13 - Honneur, courage et loyauté !
CHAPITRE 14 - Première épreuve : l'éveil des sens
CHAPITRE 15 - Ensemble
CHAPITRE 16 - Les Templiers
CHAPITRE 17 - CODEX
CHAPITRE 18 - Duels
CHAPITRE 19 - Le classement
CHAPITRE 20 - Aveux
CHAPITRE 21(1) - Deuxième épreuve : flammes ardentes

CHAPITRE 10 - Retrouvailles

83 15 117
Von sonigusto

Mon esprit remuait dans tous les sens pendant ma descente aux étages inférieurs. La veille, je défilais les schémas possibles qui pouvaient se produire en contre-bas, dans les sous-sol de la Guilde. Qu'allaient-ils me demander de faire ? Trop tard, j'oubliai déjà tous mes scénarios préalablement inventés.

Je pensais à ma sœur, à ma place, quelques années plus tôt. Stressait-elle aussi, au point d'avoir les mains moites ? Non. C'était une battante, une intrépide, pas comme moi.

Ça va aller, murmura-t-elle dans un lointain souvenir, baignée d'un halo rayonnant.

Je n'avais qu'une seule chose à faire. Leur montrer qu'à travers mon nom, ma famille ne représentait plus une menace. Je m'investissais de cette mission comme un prétexte, une excuse pour supporter ces événements dramatiques. Le destin me plaçait peut-être là pour cette raison, pour redorer le blason de cette famille déchue et dénigrée pour les atrocités d'un seul.

Oui, je refusais catégoriquement qu'on me blâme personnellement pour un acte que je n'avais jamais commis.

Ding.

J'atterris dans un lieu étrange. L'orée d'une grotte aux roches sombres, assez étroite. Remarquable tout de même, à quel point le siège de la Guilde s'étendait au-delà d'un simple building. Une brève pensée pour ces humains, là-haut, qui ne soupçonnaient même pas cette immensité fantastique juste sous leurs yeux.

On m'attribuait une heure de passage bien précise pour mon test et dans le doute, je venais en avance. Le lieu de rendez-vous se situait dans la salle du Grand Conseil, supervisée ce jour par le conseiller Destrier, le chef de Famille des Templiers, et cette fameuse capitaine tant redoutée par Dany.

Je m'avançai sur le sol, terreux, éclairé par des torches accrochées par-ci par-là. Je m'engouffrai avec détermination, quand je rencontrai sur mon chemin un homme adossé contre la roche.

Il portait cet uniforme pourpre. Un costard soigné, avec sa cravate assortie aux couleurs de sa tenue. Il arborait l'insigne du Rempart et celui des Angaros.

Un type de la Garnison, remarquai-je.

Une motivation supplémentaire pour ne pas terminer à sa place. Hors de question de passer mes jours et mes nuits, comme lui, à patienter éternellement dans ce lieu sombre et lugubre.

– C'est quoi ton nom ? me demanda-t-il toujours adossé sur la paroi.

– Hernandez, répondis-je.

Il me scruta de la tête au pied, puis extirpa un petit parchemin de sa veste.

– T'es en avance, souligna-t-il après avoir jeté un coup d'œil à son document.

Evidemment que je suis en avance, pensai-je. Il s'agissait de mon avenir que je jouais dans quelques minutes.

– Oui, répondis-je finalement par bienséance.

Il se gratta la tête.

– Bon, reprit-il. Tout au fond, patiente à côté de la porte. Mais t'attends bien qu'on t'appelle, d'accord ?

J'acquiesçai et repris ma route, plus tranquillement cette fois.

En poursuivant mon chemin un peu plus loin, je perçus des bruits de pas allant à ma rencontre. Je me figeai, reconnaissant entre mille la silhouette qui se dessinait progressivement devant moi. C'était une jeune femmes à la longue tignasse blonde, qui me scrutait de ces pupilles enveloppées par cette couleur bleu saphir.

– Ariana ! m'exclamai-je avec une immense stupéfaction.

Était-ce... un fantôme ? Pourtant, non. Elle stoppa net sa marche, effleurant un long pommeau de katana accroché à sa fine ceinture en cuir. J'entrouvris la bouche, déconcertée, et me hâtais à chercher son pin's rattaché à sa veste en tailleur beige.

Son insigne indiquait son appartenance à la Famille des Templiers.

– Mais qu'est-ce que tu fais là ! fis-je, médusée.

Elle restait de marbre, et ne semblait pas surprise de ma présence. Une connexion s'établit soudainement entre plusieurs neurones dans les fins fonds de mon cerveau.

Ariana Destrier.

C'était ce nom de famille que j'entendais tous les matins à l'appel de la classe, au lycée. Ce nom, que portait également le chef de Famille des Templiers. Une avalanche d'incompréhension m'envahit.

Ariana releva le menton et me toisa un instant.

– Bonne chance Kara, dédaigna-t-elle. Apparemment, ça porte malheur de le souhaiter.

Sur ces mots tranchants, elle me bouscula l'épaule, forçant le passage.

– Mais..., balbutiai-je.

Je restai immobile, éberluée, à contempler sa silhouette disparaître avec grâce dans ce tunnel rocailleux.

Impossible. Depuis tout ce temps...Mais pourquoi ? Et ce regard, remplit d'un mépris profond... Ses souvenirs s'immiscèrent dans mon esprit ; son éclat de rire, sa légèreté... Son mensonge. Je secouai ma tête, chassant cette nostalgie passagère. Je m'interdis toutes déstabilisations, surtout pas maintenant. Je repris ma marche déterminée, tentant de faire abstraction à ces courtes retrouvailles singulières.

Le plafond de la grotte s'agrandit petit à petit, au fur et à mesure de mes pas. Se dressait face à moi une gigantesque porte en bois usée par le temps et par l'humidité des lieux. Incrusté dans cette dernière se dessinait l'encadrement d'une autre porte, plus petite, à taille humaine.

– Suivant ! scanda une voix lointaine derrière cette porte.

J'ai bien fait de venir en avance, me rassurai-je.

J'essuyai rapidement mes mains transpirantes sur la chemise blanche qui appartenait à Carl. Je possédais toujours peu de vêtement, et il n'y avait rien de convenable dans mon dressing, à l'étage. Certes, la chemise était plus grande. J'avais donc retroussé les manches et rentré ce qui dépassait dans mon pantalon. Elle paraissait moins ample ainsi, mais ce qui me dérangeait dans ma tenue, c'était ces baskets blanches à mes pieds qui se couvraient de cette terre poussiéreuse. À vrai dire je ne savais pas trop comment m'habiller ce jour-là. Dans tous les cas, j'étais présentable, et aussi opérationnel si on me demandait de faire... le poirier par exemple.

Je tournai la poignée métallique. Je poussai la petite porte en bois qui grinça longuement à l'ouverture.

Quelle démesure ! La salle du Grand Conseil, sphérique, se creusait sous une voûte sombre et énorme. Des lanternes en papier flottaient dans les airs éclairant faiblement le lieu aux allures gothiques. Des immenses colonnes corinthiennes noires jouxtaient le long de la paroi circulaire. Le marbre, d'une opacité totale, ne scintillait que brièvement à la réverbération des flammes qui voltigeaient par-dessus.

Je m'avançai lentement, l'écho de mes pas résonnants sous ce haut plafond.

Trois grands pupitres verticaux en pierre brute surplombaient les lieux. Une gravure incrusté dans le marbre se plaçait face à ces présentoirs. C'était un cercle d'or qui reliait au travers de trois lignes distinctes chaque pupitre.

Et ceux-là étaient tous occupés.

Je reconnus aussitôt les protagonistes qui siégeaient. À droite, Hélène Ourbos, resplendissante, qui observait avec attention le moindre de mes gestes. Au centre, avec ces yeux saphirs familiers, le conseiller Destrier.

Et à gauche, lui. Le père.

Mario Borgia.

Avachi derrière son pupitre, il semblait las. Je remarquais qu'il portait sur ses épaules une large et imposante cape en fourrure animale. Sa main maintenait sa tête penchée sur le côté. Il avait des cheveux noirs de jais, longs, coiffés en arrière et qui s'attachaient en chignon. Son épaisse barbe sombre était minutieusement soignée, et ses yeux, qui exprimaient un désintéressement total, se parsemaient de paillettes d'or.

Mais Mario Borgia ne me regardait pas.

Je me crispai, songeant à Julian. Une phrase me vint en tête, cette expression qui disait tel père, tel fils. Mais je refusais d'affirmer la véracité de cette phrase, comme pour apaiser mes craintes. À ce sujet, mon regard se posa sur le père d'Ariana, au milieu.

Outre ces yeux reconnaissables, il avait une imposante moustache grisonnante et une courte chevelure. Son visage marquait son temps, à l'inverse de Borgia qui semblait plutôt bien se conserver. Le conseiller des Templiers portait une armure étrange, semblable à ces chevaliers que l'on retrouvait dans les films fantaisistes. Je ne distinguais que son buste, le pupitre cachant le reste de son corps. Mais je discernais un plastron en métal bleu clair, frappé par un blason étranger. Il revêtait des épaulières de ce même métal, et ses mains se croisaient sur son pupitre. Il me regardait intensément, avec une mine stricte et sérieuse.

Un pommeau de katana dépassait de son dos. Son poignet, recouvert de lanières, exposait un diamant bleu à son extrémité. Ce dernier scintilla à la lueur d'une lanterne non loin.

Un sentiment frustrant de déjà-vu me frappa violemment. J'ai vu ce katana quelque part...

Je ne montrais pas mon désarroi, pourtant il était bel et bien présent. La capitaine devait assurer l'examen pourtant, elle n'était pas présente. Je n'étais pas censée effectuer mon test devant le conseil au grand complet.

Ils étaient tous là. Les représentants de la Guilde, puissants et solennels. Ils m'écrasaient par leur magistralité qui se renforçait avec ces pupitres surélevés, ce qui me rendait inférieur en tout point.

– Nous sommes tous ouïe, exprima Destrier. Présentez-vous.

Il me fixait ardemment de ses grands yeux, dans ce silence pesant.

– M-messieurs les conseillers, madame...

Ma langue fourcha faute de ce tourbillon d'émotions qui déferlait dans mon crâne. Heureusement, ce sentiment se rompit par le bruit grinçant de la petite porte loin derrière moi. Je me tournai, apercevant la silhouette de cet homme de la Garnison rencontré un peu plus tôt. Il resta dans l'entrebâillement, guettant la conseillère. Cette dernière l'invita à le rejoindre de la main.

En un instant, il se retrouva auprès d'elle. Son déplacement fut si rapide qu'il en était tout débraillé ; sa cravate était par-dessus son épaule, et sa coupe de cheveux s'ébouriffait complètement. Je comptais deux secondes entre son départ de la porte et son arrivée au pupitre. L'homme de la Garnison remit spontanément un objet dissimulé à la conseillère, et repartit aussitôt dans une traînée pourpre.

– Excusez cette intrusion impromptue, glissa doucement Ourbos. Reprenez.

Je remarquais qu'elle n'affichait plus son sourire éclatant, à l'inverse de notre brève rencontre. Son visage démontrait une impassibilité absolue.

Malgré tout, ce bref entract suffit à me détendre. Je passai mes mains derrière le dos, rectifiant la position et me tins droite.

– Je suis Kara Hernandez, annonçai-je sur un ton un peu plus assuré. Et je me présente face à vous pour le test du Rempart. J'aimerais plus particulièrement me spécialiser chez les Traqu...

– Bien, déclara Destrier. Mais pourquoi choisirions-nous une jeune recrue comme vous ?

– Parce que..., commençai-je en réfléchissant à toute vitesse. J'ai une bonne connaissance du terrain, j'ai vécu toute ma vie auprès des hum...

– Et en quoi cela est un avantage pour nous ? souleva Destrier.

Il me coupait volontairement dans mes réponses, peut-être pour me déstabiliser. Sa sévérité se renforçait à chaque question et je n'arrivais pas terminer mes phrases.

– Je pourrais facilement me fondre dans la masse, lançai-je.

Il haussa un sourcil.

– Savez-vous au moins de quelles missions sont investis les Traqueurs ?

Au risque de me couvrir de honte et de reproches, je me tus. En effet, je ne connaissais pas vraiment les véritables agissements des Traqueurs à l'extérieur de la Guilde.

– Nous appliquons la loi, poursuivit sèchement Destrier. Nous combattons les rebelles de nos propres Familles, les malfrats, les assassins. Nous protégeons nos existences et répandons la justice à travers le pays. Voilà les prérogatives d'un Traqueur, mademoiselle Hernandez.

Il remporta la bataille par mon silence.

– Je ne savais pas, ne pus-je m'empêcher d'ajouter.

Destrier souleva son deuxième sourcil.

– Vous ne... savez pas ?

– Non.

Je l'avoue, ma réponse se remplissait d'insolence, et ça n'avait pas l'air de plaire à Destrier. Ce dernier reprit sa mine sérieuse.

– Dans ce cas, poursuivit-il. Vous savez peut-être ce qu'est ceci. Hélène, je vous en prie.

Cette dernière s'exécuta, apposant sur son pupitre l'objet précédemment remis.

J'étais en rogne, je lâchai mes mains derrière mon dos et serrais les poings le long de mon corps. Je reconnus instantanément le cube hérité de mon père.

Ils ont fouillé dans ma chambre, fulminai-je.

– Alors ? insista Destrier. Qu'est-ce ?

– Je ne sais pas, lâchai-je entre mes dents.

– Pourtant, c'est bien votre père qui vous a légué cet étrange objet, objecta le conseiller.

Je gardai le silence, contenant cette colère qui circulait dans mes veines. Ce n'était pas un test pour le Rempart que je passais. Je compris très rapidement l'objet de cette mascarade. Cette mise en scène n'était qu'un prétexte pour évoquer les agissements macabres de mon géniteur. C'était indéniable.

– Je ne connais pas mon père, ajoutai-je en épelant chaque mot.

– Pourtant, nous étions tous là ce soir-là.

Une voix rauque, hautaine, pleine de puissance. Mario Borgia se manifesta enfin dans ce débat insensé, me dévisageant avec mépris.

– Je..., commençai-je en bafouillant. Je ne me souviens pas...

Vous étiez-là, réitéra durement Borgia.

Je rencontrais un mur, à la frontière de ma mémoire. Une part de moi me criait qu'en effet, j'étais présente cette fameuse nuit. Mais pourquoi je n'arrivais pas à me souvenir de quoi que ce soit...

– Je...

Je ne savais plus quoi dire. Mon sang pulsait plus vite dans mes veines et mon cœur s'emballait. J'effleurai du bout de mes doigts ma tempe. Une barre, douloureuse mais supportable, se manifestait dans mon front.

– Assez, clama Ourbos. Messieurs, vous en avez assez vu pour aujourd'hui. Jeune Métamorphe, récupérez votre bien et disposez. Mon confrère va délibérer avec discernement au sujet de votre candidature.

_____________________

message de l'auteure :

10 chapitres, ça se fête ! Je ne pouvais pas m'empêcher de poster ce chiffre symbolique pour marquer le coup ! Alors tous mes remerciements, pour parvenir jusque-là. Vos étoiles m'encouragent et vos commentaires me boostent !

Est-ce que Kara va s'en sortir ? Eh bien, j'ai beaucoup de chapitre sous le coude, mais je me délecte de ce suspens haha.

à bientôt

sonigusto

Weiterlesen

Das wird dir gefallen

227K 24K 14
Pastabox renversé, pantalon déchiqueté, front tapé, lèvres percées, bêtises et carrosse. Ça résume assez bien ce qu'a vécu Charlie avec Amalia, fran...
8.7K 588 36
-INSCRIPTIONS FERMEES- Gagnants de cette 1ère Edition 2024 : @Mitsuru_Sana avec -La Terreur de l'Anti-Couilles- ; @Azurapennydra avec -Old and New Wo...
1.9K 634 7
C'était un de ces soirs d'été à vous faire tomber amoureux si jamais l'amour décidait d'étendre son voile.
574K 40.9K 90
« - Il y a les caméras, souris. - Mais je saigne... - Je t'ai dit de sourire. » Fiancée depuis toute petite à un homme violent et qui ne l'aime pas...