Mon Alpha à moi !

By kakikoala

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Et si vous rencontriez votre âme-sœur mais que ce dernier en aimait une autre que feriez-vous ? C'est le résu... More

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By kakikoala

Moi : Qu'est-ce qu'il y a ?

Émile : Je viens de me souvenir et je crois qu'il y a de l'alcool dans cette boisson.

Moi : Pas de problème, ça ne me dérange pas.

Émile : Je croyais que tu ne buvais pas ?

Soudain, je me souviens alors du mensonge que je lui avais dit la veille et j'essaie comme je peux de me rattraper.

Moi : Oui, c'est vrai, mais je fais une exception, puisque c'est toi qui me l'as proposé !

Il me sourit l'air amusé par ce que je viens de dire sans doute parce qu'il ne me croit pas une seule seconde mais tant pis !

Émile : Je voulais te demander, est-ce qu'il se passe un truc entre toi et...

Moi : NON !

Je lui coupe la parole avant qu'il ne finisse sa phrase, voulant mettre les choses au clair. Sa question est trop directe mais je n'aurais peut-être pas dû répondre si rapidement. Je me donne sans le vouloir un air suspect alors que c'est vrai, il ne se passe rien entre mon âme-sœur et moi ce qui est déjà assez triste comme ça.

Émile : Ah bon ? Je croyais que...

Moi : Pas du tout, je ne pourrais jamais sortir avec une personne aussi aigri !

Je ne sais pas du tout ce qui me prend d'exagérer de cette manière mais je veux juste être honnête...bon, peut-être pas complètement mais en partie. Élias n'est pas la personne la plus joyeuse que je connaisse et ça c'est la vérité !

Émile : Attends, on parle bien de Sacha là ?

...

Je perds toute contenance et affiche une expression confuse en me demandant pourquoi est-ce que c'était une évidence pour moi qu'il parlait d'Élias ? Il ne nous a jamais vu ensemble, mais j'étais chez lui la dernière fois alors mon cerveau s'est juste contenté de faire le rapprochement et voilà !

Moi : Sacha ?

Émile : Oui, celui avec qui t'étais hier, tu le fuyais je crois.

Je me souviens alors qu'en effet, Sacha me poursuivait après que j'ai "emprunté" son téléphone. Ça doit être pour cela qu'il se soit mit cette idée dans la tête.

Moi : Alors là, pas du tout ! Lui et moi, impossible !

Je rigole comme une idiote avant de me rendre compte que j'en fais un peu trop. Émile semble perplexe tandis qu'une question me vient en tête maintenant.

Moi : Comment est-ce que tu le connais ?

Émile : Nos parents sont de vieux amis.

Cette coïncidence me surprend mais je ne m'attarde pas plus dessus pour le moment.

Moi : C'est fou comme le monde est petit !

Sortir une bonne vieille expression cliché me permet de me détendre, je ne sais pas pourquoi mais je stresse !

Émile : Tu pensais que je parlais de qui ?

J'hésite à lui dire la vérité, mais finit par me lancer.

Moi : Je croyais que tu parlais d'Élias, comme on était chez lui...enfin bref, tu veux bien me servir un verre d'eau. Ce que j'ai bu m'a donné soif !

Je change de sujet, mon sport favori en ce moment, pour ne pas approfondir plus que ça. Alors qu'il se retourne pour attraper un autre verre dans un placard, je suis bousculé par un enfant qui court beaucoup trop vite. Il est suivi de près par la fille que j'ai rencontrée à l'entrée de la maison. Après m'avoir dépassé, le petit Usain Bolt fait demi-tour et s'apprête de nouveau à passer à côté de moi. Pour rendre service à la fille au cheveux rose qui essaie de l'attraper, j'ai le mauvais réflexe de tendre mon pied juste avant qu'il ne s'enfuit de nouveau. La petite crapule trébuche mais se rattrape bien vite tandis qu'il se fait finalement capturer par la fille.

? : Merci !

Enfant : Elle m'a fait un croche-pied !

Émile : Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je me rends soudain compte que je n'aurais peut-être pas dû...du moins avec lui juste à côté !

? : Ton amie a rattrapé Tom. Il a encore pris mon téléphone !

L'inconnue me sauve d'une explication que je ne saurais donner. Comment expliquer que j'ai fait un croche-patte à un gamin de sa famille ? Elle lui arrache le téléphone des mains avant que l'enfant ne parte en courant et n'en dise plus sur ce que je viens de faire.

Émile : Aria, je te présente Irène, ma cousine.

Je suis quelque peu étonnée, cette fille ne lui ressemble pas beaucoup physiquement. Elle a le teint pâle alors que lui est mâte de peau, ses yeux sont d'un bleu aussi clair que ceux d'Émile sont d'un brun foncé et leur personnalité semble être aux antipodes l'une de l'autre.

Irène : On s'est déjà vu il y a quelques minutes, quand elle s'est introduite sans pression ici.

J'allais pas me gêner ! Et puis elle n'a pas fait grand-chose pour m'en empêcher.

Moi : "Introduite", carrément ? Je suis pas une cambrioleuse, enfin pas encore à ce que je sache !

Ma dernière remarque dite, je souris en essayant de paraître un peu moins agacée que je ne le suis vraiment.

Irène : Pourquoi tu dis ça, c'est dans tes projets ?

J'essayais juste de détendre l'atmosphère mais je vois qu'elle préfère le garder aussi tendu que possible ! Son sarcasme ne m'intimide absolument pas, bien au contraire, je rentre directement dans son jeu.

Moi : Oui, je me suis toujours demander ce que ça ferait de voler en plein jour et dans une maison remplie d'inconnus !

Elle me lance un regard étonné sans doute de ma réponse mais elle s'attendait à quoi ? Que je me taise face à son ton peu chaleureux. J'ai limite l'impression que ma présence la dérange.

Émile : Je crois que tu devrais te mettre à chercher Tom avant que...

Irène : Non, ça va, je préfère rester ici, avec vous.

La tentative d'Émile afin de l'éloigner de nous échoue mais je ne peux pas lui en vouloir, cette fille est tenace !

Irène : Et si on rejoignait les autres dans le jardin, tu pourras faire goûter le plat traditionnel de notre famille à ta petite-amie, je suis sûr qu'elle va adorer...

Son petit sourire mesquin me ferait presque oublier la façon dont elle vient de m'appeler : sa "petite-amie". Non pas que ça me dérange...enfin peut-être un peu puisqu'on n'est pas encore arriver à ce stade et pour le moment cela ne me semble pas gagner avec Irène à nos côtés.

Émile : C'est pas ma petite-amie, Aria et moi on vient à peine de se rencontrer.

Irène : Et pourtant t'as l'air déjà complètement piqué !

Émile rougit, ce qui étonnement ne me dérange pas, et pourtant je ne suis d'habitude pas attiré par le genre de mec aussi facilement déstabilisé mais quand c'est lui, ça ne le rend que plus charmant ! Le voyant hésiter, je le devance en prenant la parole.

Moi : Alors il faut croire qu'on est deux !

Je regrette dans la seconde ce que j'ai osé dire. Pourquoi est-ce qu'il faut à tout prix que je provoque les gens ? Je ne sais même pas si c'est vrai, est-ce qu'il me plaît ? Oui, mais en même temps comme je n'arrête pas de me le rappeler, je ne le connais pas assez ! Et malgré cet énorme laque d'informations le concernant, sa seule présence me suffit. Quelque chose cloche et je le sais mais je fais fît de ce pressentiment pour me concentrer sur ce que je ressens lorsque je suis avec lui comme à cet instant précis.

Avec sa cousine à nos côtés, j'aurais très bien pu être mal à l'aise et surtout après tout ce qu'elle vient de dire mais le simple fait d'être proche de ce mec que je ne connais que depuis la veille me procure une sensation pareil à une sorte d'anesthésiant contre les énergies négatives et je ne peux qu'apprécier !

Émile me sourit assez mal à l'aise par la situation. Qu'est-ce que je viens de faire ??? J'ai juste dit à un garçon que je l'aimais bien, c'est pas la mort...n'est-ce pas ? Je n'arrive même plus à soutenir son regard tant je suis gênée ! Et si je ne lui plaisais pas autant que ça, ce serait carrément encore plus embarrassant ! En fait non, pourquoi est-ce que je devrais me sentir mal pour ce que je viens de dire, si vraiment je ne lui plais pas et bien tant pis, il ne sait pas ce qu'il rate et au pire...

Émile : Tu viens ?

Je sors de mes pensées pour un retour à la réalité des plus agréable. Le sourire d'Émile est bien plus détendue et me semble contagieux. Son regard est aussi plus confiant alors que je me demande ce dont il parlait. En voyant ma mine confuse, il me tend sa main que j'attrape avant même qu'il ne m'explique la situation. Au contact de la douceur de sa peau, je fond ! Sa main est d'une chaleur agréable, voire réconfortante.

Émile : T'es prête à affronter notre plat familial ?

Moi : Bien sûr ! J'ai l'estomac solide alors ça devrait aller !

Irène : Tu pars directement du principe que c'est dégueulasse c'est ça ?

Oui, je préfère m'attendre au pire comme ça je ne peux qu'être agréablement surprise !

Moi : J'ai pas dit ça, bon on y va ?

Être honnête maintenant me paraît un peu trop grossier, surtout si c'est à propos d'un truc de famille, je ne veux pas le vexer dès maintenant. Je tire donc légèrement sur la main d'Émile en me mettant en marche en direction de la porte d'entrée avant qu'il ne fasse de même ainsi que sa cousine...

Une fois dans le jardin, nous nous dirigeons tous les trois vers une table de pique-nique où se trouvent de nombreux plats qui me semblent à première vue délicieux ! Il y a un peu de tout, des merguez un peu trop grillées, une salade de pommes de terre tout droit sortie d'un livre de cuisine, des hot-dogs et même un gâteau au chocolat qui me donne particulièrement envie.

? : Vous vous êtes finalement décidé à venir !

Celui que je pense être son père nous sourit chaleureusement avant de se lever et de venir à notre rencontre. Il tient entre ses mains un bol de soupe dont l'odeur parvient jusqu'à moi mais étrangement, elle semble mélanger à une effluve que je n'arrive pas à reconnaître.

Moi : Qu'est-ce que c'est ?

? : Juste une soupe de radis, tu veux goûter ?

Je me tourne vers Émile hésitante et surtout surprise.

Moi : C'est ça votre plat familial ?

Irène : Tu t'attendais à quoi ? Une bouillie immonde peut-être ?

Sa question lui vaut un regard noir de la part d'Émile alors que je suis un peu déçue. Je pensais à un plat plus complet qu'une simple soupe !

Moi : Non, je croyais juste que c'était un truc plus...original...non pas que ça ne l'ai pas mais...

Enfin si, il n'y a rien d'extraordinaire dans une soupe. À moins que ce soit extraordinairement bien cuisiné et encore, mais ça je ne pourrais le savoir qu'en y goûtant. J'attrape toujours peu sûr de moi le bol avant de me lancer devant leurs regards qui me paraissent soudainement trop impliqués pour une simple dégustation. La façon dont ils m'observent tous me stresse légèrement avant que je ne me rende compte, une fois la cuillère en bouche, que c'est délicieux !

? : Alors ?

Moi : J'aime bien.

Émile et son père semblent soulagés, une réaction de leur part que je trouve assez exagérée.

Moi : Qu'est-ce que vous avez mis là-dedans ? Du poison ?

Je pose ma question d'une façon rhétorique, sur le ton de l'humour mais leur absence de réponse ne me rassure pas. Seule Irène prend la parole.

Irène : Non, de la mort aux rats.

Le père d'Émile se met à rire alors que moi je n'en ai aucune envie, et si ce n'était pas une blague ?

Émile : Arrête Irène, c'est pas drôle.

Irène : C'est juste une blague ! Je suis sûr qu'Aria comprend, j'ai l'impression qu'on a le même sens de l'humour pas vrai ?

Absolument pas !

? : Irène, tu devrais rejoindre ta mère, elle te cherche depuis un moment.

Son sourire hypocrite en guise d'au revoir n'était pas nécessaire mais je n'y fais pas plus attention que ça.

Moi : Qu'est-ce qu'elle a contre moi ?

J'essaie de trouver une réponse en posant mon regard dans celui d'Émile mais il l'évite ce qui ne fait que m'angoisser encore plus. Est-ce que j'ai vraiment bouffée du poison ? Et si jamais c'était le cas, juste pourquoi ???

Émile : Ne le prends pas personnellement. Irène se comporte tout le temps comme ça avec les gens qu'elle vient de rencontrer, un trait de caractère qu'elle a hérité de sa mère d'ailleurs !

J'apprécie le fait qu'il essaie de me rassurer mais ça ne marche pas. Cette fille m'a laissé une drôle d'impression. Je ne regrette finalement pas d'avoir laissé l'araignée se nicher dans ses cheveux, en espérant qu'elle ponde pleins d'œufs et qu'au passage elle se fasse piquer !

? : Ne parles pas comme ça de ta tante Émile.

Son ton réprobateur a pour réaction un Émile qui lève négligemment les yeux au ciel d'un air agacé. J'aimerais bien lui demander pourquoi mais j'aurais l'impression de dépasser les limites et je ne préfère pas, pour le moment en tout cas.

? : On devrait rentrer, il commence à se faire tard.

Je suppose donc que la petite fête n'est pas finie et en entrant de nouveau dans cette immense maison, un regroupement des membres de la famille et sans doute de leurs amis me le confirme. Ils se sont tous rassemblés dans le salon où se trouve en plein milieu une table basse sur laquelle j'aperçois des jeux de sociétés...

Émile : Tu peux encore t'enfuir si tu veux ?

En me tournant vers lui, j'hésite une fraction de seconde puis me dit qu'une activité comme celle-ci est peut-être plus sympa que ce que je peux bien penser.

Moi : Tant que tu reste avec moi ça devrait le faire !

Alors que je me demande si je n'en fais pas trop, mes derniers mots semblent lui faire plaisir au vu du sourire absolument adorable qu'il m'offre !

Nous nous plaçons donc assez difficilement sur l'une des rares places qu'il reste du seul canapé présent. Ce dernier est plutôt grand mais avec autant de monde dessus, nous nous retrouvons un peu, voire très à l'étroit. J'ai la chance de me trouver entre l'accoudoir et Émile, l'un est plus confortable que l'autre et dégage d'ailleurs un délicieux parfum à la vanille que je tente d'humer en toute discrétion. Waouh, je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais il faut vraiment que je me réfrène, en même temps...il sent tellement bon !

Émile : Je ne t'écrase pas trop j'espère.

Pas assez à mon goût... Je me reprends en éloignant légèrement mon visage du sien. Seuls nos bras sont en contact et ça ne me gêne pas le moins du monde !

Moi : Non, ça va.

La couleur brune de ses iris me captive toujours autant et encore plus maintenant que je suis aussi proche. Sa façon de me regarder ne m'aide pas non plus, Émile paraît m'observer avec une infinie tendresse qui me réchauffe le cœur. Nôtre échange visuel est malheureusement interrompu par son père. Il s'est placé devant tout le monde aux côtés d'une femme brune aux yeux bleus du même âge que lui à peu près pour prendre la parole. Je devrais peut-être demander à Émile son prénom parce que je ne l'ai toujours pas fait.

? : Pour cette soirée on va commencer par un rapide Time's up !

Tout le monde semble enthousiaste pour ce premier jeu tandis que je suis un peu perdue, ne connaissant pas les règles. En un regard de ma part, Émile comprend mon désarroi et m'explique rapidement les bases.

Moi : C'est un jeu de mime en gros ?

Émile : Oui, mais au début on peut parler et puis au fur et à mesure ça devient plus compliqué.

Moi : Je vois.

Pas vraiment mais dès que je verrais les autres jouer, je suis certaine que je comprendrais mieux.

? : On va faire seulement deux groupes pour simplifier les choses, tous ceux sur la partie gauche du canapé vous êtes avec moi !

Il se chamaille gentiment avec la femme qui se trouve juste à côté de lui avant qu'elle ne prenne la parole.

?? : Et tous ceux qui n'ont pas trouvé de place où s'asseoir ainsi que ceux à droite du canapé, vous serez dans mon équipe !

Émile n'a pas pris le temps de me présenter à sa famille et honnêtement ça ne me dérange pas, cela rendrait les choses trop sérieuses mais je suis maintenant un peu perdue.

Moi : Qui c'est ?

Émile : La femme d'Eduardo, Felicity.

Moi : Eduardo, celui que tu m'as déjà présenté, ton père c'est ça ?

Émile : Oui.

Le ton qu'il prend pour me répondre ne donne pas l'envie d'approfondir mais je veux savoir.

Moi : Pourquoi est-ce que tu l'appelles par son prénom ?

Émile : Parce que...

Le dit-concerné nous interrompt en reprenant la parole alors qu'un brouhaha s'était installé.

Eduardo : Je sais qu'on est nombreux mais je vais vous demander de remettre à plus tard vos petites discussions !

Felicity : Qui sera le premier à commencer ?

Elle balaye son regard dans notre direction tandis que je prie intérieurement pour que ce ne soit pas moi.

Irène : Pourquoi pas la petite copine d'Émile ?

Sa voix me parvient difficilement mais je l'ai entendue et Felicity aussi malheureusement. Elle se met d'ailleurs à me fixer puisque je suis assise juste à côté d'Émile alors que tout ce que j'aimerais, là, tout de suite, serait d'avoir le pouvoir de me rendre invisible ou de tuer par la pensée une certaine personne !

Felicity : Seulement si elle se sent prête d'être la première à commencer ?

J'arbore un sourire gêné avant de me tourner vers Émile.

Émile : Tu n'es pas obligé si tu ne veux pas tu sais.

Oui, je sais mais je me verrai mal refuser devant toutes ces personnes que je ne connais pas. C'est donc avec beaucoup de stresse que je me lève et ne me dirige en direction de Felicity, soit au centre de la pièce et devant tout ce beau monde. Je ne suis pas du genre timide mais là je n'arrive pas du tout à être à l'aise. Le sourire sournois d'Irène que j'aperçois remplace ce sentiment de gêne par un autre bien moins agréable, celui de la colère mais je me calme en me détournant de son expression mesquine.

Felicity : Je te laisse piocher dans les cartes et surtout pas de pression !

Facile à dire !

Dès qu'elle rejoint ceux face à moi, je respire un bon coup avant de me lancer et de prendre une carte. Il y est juste écrit "sorcière". Bon, pour un début ça me paraît plutôt facile.

Moi : Je peux dire quelques mots n'est-ce pas ?

Felicity : Oui, mais dépêche-toi, le temps est limité !

Elle pointe du doigt le sablier qui s'écoule sur la table basse, ce qui me fait me presser.

Moi : Blanche-Neige ?

Je n'ai pas trouvé mieux comme référence alors je dis la première chose qui me passe par la tête.

Émile : Princesse ?

Moi : Non...méchante ?

? : Belle-mère ?

Des rires suivent la réponse de la personne qui vient de donner cette réponse et que je ne connais pas, ce qui détend autant l'atmosphère que moi-même. D'autres personnes se mettent alors à parler en même temps mais se taisent peu à peu lorsqu'une idée me vient en tête.

Je lance un regard en direction d'Irène comme si quelqu'un d'autre que moi pouvait comprendre avant de mimer un chapeau de sorcière et un nez crochu.

Moi : La belle-mère dans Blanche-Neige !

Felicity : Une sorcière !

Je saute littéralement de joie quand elle a trouvé tant je suis pressée que mon tour ne se termine !

Moi : C'est ça !

Un rapide coup d'œil vers Irène me permet d'admirer sa réaction quand elle a compris que je la visais bel et bien et je peux affirmer que sa tête en valait le coup !

Eduardo : À qui le tour dans mon équipe ?

Irène : Moi !

Elle se lève et se place devant nous assez vite avant de me lancer un regard que je comprends très rapidement : elle va se venger ! Mais il n'y a pas de quoi, je n'ai rien fait de grave et personne d'autre qu'elle n'a dû s'en rendre compte !

Irène : Celle-ci est super facile !

Honnêtement je n'ai pas envie de lui donner la satisfaction de me rendre la pareille. Je me tourne donc vers Émile avec l'intention d'engager la conversation mais ce dernier traîne sur son téléphone. Je fais donc l'impensable : je regarde ce qui attire tant son attention. Son écran affiche une conversation entre un certain Yaros et lui. Je fais fi de l'originalité de son prénom et me demande pourquoi est-ce que ce dernier le supplie presque de retourner chez eux et ne le bombarde de "quand est-ce que tu rentres" ou encore "tu me manques"... Attendez, comment ça ?! Je rêve où il se passe un truc entre eux ? J'essaie de ne pas commencer à me faire des idées mais c'est difficile surtout avec le message qu'Émile est en train d'écrire. Il lui dit qu'il a hâte de le retrouver pour pouvoir le...le quoi ? Pourquoi est-ce qu'il s'arrête en plein milieu de sa phrase ???

Émile se retourne brusquement ainsi que quelques personnes assises à côté de lui...Est-ce que j'aurais pensé à voix haute ? Au vu de son regard, je crois que la réponse est oui. Et merde ! Les autres recentrent leur attention sur le jeu alors qu'Émile éteint son téléphone en m'observant avec une expression indescriptible sur son visage. Est-ce qu'il est en colère ? Sans aucun doute. Mais qui lit les messages des autres de cette façon ??? Beaucoup de gens en réalité mais pas d'une manière aussi flagrante ! J'aurais dû être plus discrète, ou ne pas du tout le faire. La dernière option est la plus raisonnable, ce qui n'est malheureusement pas mon cas... Pourquoi est-ce qu'il ne dit rien, est-il en train de se demander à quel point je suis impolie ou quand est-ce que je partirais ? Ouais, je devrais peut-être partir parce que j'ai franchi une limite, je le reconnais et je le regrette même !

Émile : Il parlait de ma ville natale.

Moi : Pardon ?

Je viens de réaliser qu'il me parlait mais j'étais trop occupée à penser que j'avais tout gâchée et à me demander comment me sortir de cette impasse.

Émile : Tu voulais savoir de quoi on discutait pas vrai ?

Moi : Oui, mais je...

Émile : Tiens.

Il me tend son téléphone comme s'il voulait me prouver qu'il disait vrai et évidemment comme toute personne normale je devrais refuser et lui présenter mes excuses...mais je finis par l'attraper et me mets à lire leur conversation.

Ils parlent de son départ et d'à quel point il va manquer à ses amis...rien de plus et étonnamment ça me déçois, il faut que j'arrête de vouloir à tout prix penser le pire tout de suite !

Moi : Je suis vraiment désolé !

Je lui rends son téléphone assez gênée d'avoir été aussi indiscrète et d'avoir jouer le rôle de la petite amie toxique.

Moi : Mais ton dernier message était assez ambiguë...

Je devrais apprendre à ne pas pousser ma chance, il est déjà trop calme pour une personne qui vient de me passer son téléphone juste après que j'ai joué les espionnes.

Émile : En m'apercevant que t'étais en train de regarder, je me suis dit que ça serait amusant !

Cette facette de lui me surprend autant qu'elle me plaît. Je le trouvais un peu trop sérieux à vrai dire.

Irène : Au tour d'Émile maintenant !

Notre discussion est interrompue par sa cousine. Émile se lève en faisant tomber son téléphone sur le canapé mais je ne fais pas la même erreur cette-fois-ci et n'y prête pas attention.

Son imitation d'un robot déjà bien rouillé par le temps me distrait du fait que son portable vient tout juste de s'allumer sans doute à cause d'une notification. C'est fou comme je ne me suis jamais sentie aussi curieuse à propos d'un mec dont ma première rencontre avec lui date de la veille !

La vision d'Émile s'efforçant de mimer un cœur avec ses mains me fait sourire, il affiche constamment ce faux air innocent voire même naïf que je trouve charmant mais un poil hypocrite. Je sais bien que depuis la première fois qu'on s'est vu, il ne m'a jamais donné une quelconque raison de douter de lui mais...j'ai cette voix intérieure qui me murmure que le masque qu'il porte est à deux doigts de tomber. Ok, il faut que j'arrête de voir le mal partout !

Eduardo : C'était beaucoup trop facile !

Je sors de ma torpeur une fois de plus pour vraiment m'immerger dans cette séance de jeu. Quand Émile prend place à mes côtés, je me mets à participer avec plus d'entrain. C'est donc ainsi que je passe l'heure suivante : à essayer de deviner ce que peuvent bien mimer les membres de cette famille que je découvre au fur et à mesure. J'ai pu assister à un remake du Titanic assez drôle de l'oncle Cornelius utilisant la table basse comme objet de décor, la grand-mère Théodora qui a fait du mieux qu'elle pouvait pour nous faire deviner le mot "marathon" ce qui aurait été plus facile sans son fauteuil roulant...et plein d'autres. Mais la prestation la plus admirable selon moi revient à Felicity, elle a réussi à nous faire deviner le mot "anticonstitutionnellement" alors que j'ai moi-même encore des doutes sur son orthographe ! C'était plutôt impressionnant, mais toute chose à une fin, et vient celle de ce jeu en même temps que mon envie de rentrer. Je suis fatiguée et il se fait vraiment très tard. Je profite donc de la pause qu'accepte d'accorder Eduardo à la famille avant le prochain jeu, pour leur dire au revoir. Au moment de partir, Felicity me retient juste devant la porte d'entrée alors qu'Émile est partie chercher son manteau avant de m'accompagner jusque chez moi.

Felicity : On a tous passé un super moment avec toi Aria, dommage que tu ne sois pas venue plus tôt, on aurait pu te faire goûter le gâteau au chocolat d'Eduardo, je suis sûr que tu aurais adoré !

Je vois très bien à quel gâteau elle fait référence et ça me frustre encore plus car il me faisait de l'œil depuis que je l'avais vu mais je n'ai pas osé demander... J'ai déjà bu la boisson bizarre que m'avait donnée Émile et leur soupe familiale qui n'a rien d'extraordinaire. Ingurgitée de la nourriture de gens que je ne connais pas suffisamment n'est clairement pas la meilleure idée que j'ai eu donc je n'allais pas continuer sur ce chemin-là.

Felicity : Et je voulais aussi m'excuser pour Irène, elle est très protectrice en ce qui concerne Émile, mais je suis sûr qu'avec le temps vous apprendrez à vous connaître et que vous deviendrez de très bonnes amies !

Dans une autre vie peut-être mais pas dans celle-ci ! Irène ne m'apprécie pas et tant que ça n'impact pas ce qu'il peut se passer avec Émile et moi, je m'en fiche.

Felicity : En tout cas, tu peux passer quand tu veux !

Je suis à la fois touchée et étonnée, cet élan de gentillesse ne m'est pas familier alors je ne sais pas trop comment réagir.

Moi : Merci, j'y penserai !

Felicity : Et surtout...

Elle marque une pause avant de s'approcher de moi pour envelopper ses mains des miennes. Son geste me surprend mais je la laisse faire en sentant s'émaner d'elle une aura incroyablement chaleureuse. Felicity est une humaine, j'en suis certaine mais elle dégage malgré tout une bienveillance et une douceur presque irréelle.

Felicity : Je sais bien qu'on vient de se rencontrer mais si jamais tu ressens le besoin de parler, sache que je suis là d'accord ?

L'étrangeté de la situation ne m'atteint pas autant que je l'aurais pensé. Je ne pense pas me confier à elle dans un futur proche mais ces mots ont quelque chose de rassurant et ont un effet instantanément apaisant. C'est comme si elle avait lu dans mes pensées et qu'elle s'était rendu compte de tout le stresse que je ressentais pour pouvoir me sortir les bons mots au moment adéquat.

Moi : Merci.

C'est tout ce que j'ai trouvé à répondre mais ça ne la dérange pas plus que ça, son regard semble me transmettre toute la compréhension dont elle fait preuve face à mon mutisme.

Émile choisit ce moment pour arriver. Je lâche les mains de Felicity qui me tenaient jusque-là pour ouvrir la porte.

Felicity : Au revoir Aria !

Moi : Au revoir.

Elle me sourit une dernière fois avant que je ne sorte de cette maison avec Émile sur mes talons. Une fois dehors, je suis encore enveloppée de l'éclat si solaire de Felicity. Une agréable sérénité envahit mes pensées alors que je me tourne vers Émile qui, contrairement à moi, est d'une froideur inquiétante.

Moi : Quelque chose ne va pas Émile ?

Lorsque ses iris s'accrochent aux miens, je crois déceler de la...peur ? Je dois me tromper, qu'est-ce qui pourrait bien l'effrayer ?

Émile : Ça va, je me demandais juste comment tu te sentais après cette soirée ?

Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir avant de me dire qu'il doit peut-être juste stresser un peu de l'impression que m'a donnée sa famille.

Moi : Je me sens plutôt bien, ta famille est vraiment sympa !

Je me retiens difficilement de mentionner Irène mais préfère ne pas gâcher l'ambiance.

Émile : Tu m'inclus dedans ?

Le voir retrouver son sourire me procure un sentiment vraiment très réconfortant qui commence à devenir familier. Il pose cette question avec une intonation peu sûre de lui, comme si la réponse n'était pas évidente !

Moi : Pas encore.

Émile affiche alors un air confus avant de s'arrêter en plein milieu du trottoir ce qui m'oblige à faire pareil.

Émile : Pourquoi ?

Ses yeux sont emprunts d'une appréhension que je ne me presse pas de dissiper.

Moi : À vrai dire...on ne se connait pas tant que ça !

Il ne voit pas où je veux en venir et m'observe toujours dans l'attente d'une explication de ma part.

Moi : Ta famille est géniale mais on a pas vraiment eu le temps de discuter...rien que tous les deux...

Son regard s'accroche soudainement au mien d'une façon bien plus profonde que les précédentes fois. Mon cœur prend alors l'initiative de se mettre à battre à une allure dangereusement élevée.

Émile : Et de quoi est-ce que tu veux discuter ?

Une inattendue prise de confiance s'empare de moi et me pousse à réduire la distance qui nous sépare.

Moi : On pourrait commencer par...je sais pas moi, ta couleur préférée ?

Ma question est vraiment nulle mais je n'ai rien trouvé de mieux à dire.

Sans même que je ne le vois venir, ses yeux qui jusque là ne quittaient pas les miens, se mettent à dériver un peu plus bas...

Émile : Bleu...

Ma main était à deux doigts de rencontrer "malencontreusement" sa joue mais sa réponse m'en dissuade. Il ne faisait que regarder ma robe qui est, par un étrange hasard, bleue !

Moi : Quelle coïncidence !

Émile : C'est fou !

Notre rire est simultané et candide, cet instant est alors d'une douceur presque irréelle.

Moi : À ton tour !

Je le vois hésiter quelques secondes, semblant redouter la question qu'il n'ose pas encore me poser.

Émile : Tu veux bien me parler de ta famille ?

Surprise, je recule, n'ayant pas vraiment envie de lui répondre mais je me force malgré tout. Il vient quand même de me présenter une grande partie de sa famille alors je veux bien faire un effort.

Moi : Mon père, ma sœur et moi venons d'emménager ici, et...je crois qu'il n'y a rien de plus à dire.

Émile : Et ta mère ?

Je perds instantanément mon sourire tandis que l'ambiance se fait plus lourde, voire oppressante. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai cette étrange impression qu'il connaît déjà la réponse et honnêtement j'espère que ce n'est qu'une impression car ça serait carrément tordu de sa part de me poser cette question en connaissant la vérité.

Je me remets à marcher en gardant le silence.

Émile : Qu'est-ce qu'il t'arrive Aria ?

Il me rattrape après une rapide petite course qui ne me freine pas dans ma marche. J'accélère même un peu, toujours déroutée par sa précédente question.

Émile : J'ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû ?

Son ton me paraît sincère mais évoquer ma mère ravive cette même colère que je ressens constamment depuis sa mort.

Émile : Je suis vraiment désolé si c'est le cas, je...

Moi : Elle est morte.

Pas besoin de me tourner vers lui pour savoir qu'il doit sans doute arborer maintenant un air complètement surpris. Je n'y suis pas allée de mains mortes ! Mais je ne me voyais pas le ménager, c'est la vérité après tout.

Émile : Je...pardonne-moi, je ne savais pas. Ça fait longtemps ?

Il me prend de court à son tour, je ne m'attendais pas à ce qu'il rebondisse aussi vite sur ce que je venais à peine de dévoiler.

Moi : Non.

J'installe entre nous un silence gênant à travers ma réponse assez froide mais je veux essayer de me rattraper.

Moi : C'est pour ça qu'on est venus ici, mon père ne nous l'a pas dit mais il ne supportait plus de devoir rester dans notre...ancienne ville sans elle.

J'ai failli dire "meute" mais si je l'avais fait, il me prendrait pour une fille encore plus bizarre qu'il ne doit déjà le penser.

Émile : Pourquoi ? Si c'est pas trop indiscret.

L'entendre faire attention à ce qu'il dit me touche et me fait culpabiliser. Émile est comme je l'ai déjà remarquée, quelqu'un de sincère, je me promets donc de ne plus douter de cela et de l'être tout autant que lui...quand nous sommes ensemble du moins.

Moi : Tout le monde la connaissait là-bas, on y a passé littéralement toute notre vie avec ma petite sœur alors je suppose que ça devait être trop dur pour lui...

Émile : Et pour toi aussi n'est-ce pas ?

Je sais bien que je viens de faire la promesse d'être aussi sincère que lui en sa présence mais j'aimerais à cet instant lui dire que non. Que contrairement à mon père je le gère très bien et que ça ne m'aurait pas dérangé de rester dans cette ville où je suis née mais ce serait faux.

Moi : Oui. Mais au fond je crois que c'était la meilleure chose à faire, rester là-bas aurait été trop douloureux...

Je le dis en le pensant à moitié, le soutien de notre meute nous aurait aidé à surmonter notre deuil malheureusement nous sommes partis bien trop tôt.

Émile : Aria...

Sa main se pose délicatement sur mon bras, je m'arrête donc de nouveau tout comme lui. La peine que je lis dans son regard m'attriste plus que je ne le suis déjà mais j'essaie de le rassurer à travers un léger sourire forcé.

Moi : Je vais mieux.

Il paraît lire en moi à travers ses yeux couleur auburn dont je n'arrive plus à me détacher. C'était comme s'il savait que je le disais plus pour moi que pour lui, que je tente de me le faire croire sans y parvenir réellement.

Moi : Enfin, ça ira mieux avec le temps je suppose...n'est-ce pas ?

Ma voix se brise sans que je ne le veuille mais je me retiens de pleurer, il en est hors de question ! Pas maintenant et encore moins devant lui !

Émile : Oui, je suis sûr que ça ira mieux.

Sa compassion me va droit au cœur. J'aimerais le remercier mais mes mots restent bloqués au fond de ma gorge tout comme mes sanglots que je commence à retenir avec peine. Encore une fois, Émile me comprend en un regard, ses bras viennent soudainement m'encercler sans que je ne m'y attende. Je reste alors immobile quelque secondes avant de me décider à lui rendre son étreinte. Mes mains se posent lentement sur lui avant de le repousser gentiment. Une fois notre contact rompu, je ressens le manque immédiat de sa chaleur corporelle ce qui me rappelle mon choix de vêtement : une robe retenue uniquement par de petites bretelles qui mettent à nues mes épaules. Je croise mes bras en me remettant à marcher, Émile sur mes pas.

Moi : J'ai froid.

Ma remarque n'est pas anodine, je change de sujet pour alléger l'ambiance et au passage le mener à me donner son manteau.

Émile : C'est vrai qu'il commence à faire frais, t'aurais dû prendre une veste.

Je me tourne en une fraction de seconde dans sa direction, n'en revenant pas de son manque de déduction.

Moi : Je n'y ai pas pensé mais toi, on dirait bien que si.

Émile : Oui, d'ailleurs mon manteau est super confortable, je t'enverrais la référence par message si tu veux.

Un rire forcé m'échappe alors que je me convainc qu'il doit sans doute se foutre de moi. Mais je crois malgré tout hallucinée en l'entendant me dire ça, ce qui me pousse à être beaucoup plus directe.

Moi : Ou alors tu pourrais me le passer ?

Émile : Je pourrais mais...

Attendez, je rêve ou il hésite ???

Moi : Mais ?

Émile : T'es bien plus jolie sans.

Je ne sais pas si je dois trouver ça adorable ou carrément nul de sa part ! Mon cœur à bien évidemment déjà décidé pour moi, je le sens littéralement fondre à vue d'œil face aux mots d'Émile.

Il enlève le dit manteau pour me le poser sur les épaules en toute délicatesse. Je suis contente d'être parvenue à mes fins mais mon égo prend le dessus !

Moi : Ne te force surtout pas !

Je fais mine de le retirer mais Émile m'en empêche et tant mieux !

Émile : Garde-le. Au fait, tu préfères conduire une voiture ou une moto ?

Sa question me fait me rendre compte que nous avons la même tendance à changer de sujet à des moments assez aléatoires. J'aime bien !

Moi : Aucun des deux, je sais pas conduire.

Émile : J'aurais dû m'en douter.

Comment ça ?! Est-ce que c'est écrit en gros sur mon front que j'ai pas passé le permis ? Et pourquoi est-ce qu'il l'a dit aussi vite, comme si c'était évident ?

Moi : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Émile : La première fois qu'on s'est rencontré tu m'as quand même foncé dessus.

Moi : Je vois pas du tout le rapport !

Émile : Ton sens de l'orientation est à revoir.

Moi : Je me suis orientée dans la bonne direction...

L'envie de sortir une disquette toute pourrie me vient, et cette fois-ci je ne me retiens pas.

Moi : ...puisque je suis littéralement tombée sur toi.

C'était carrément stupide ! J'aurais pu faire mieux mais je suis sûr que mon inspiration me reviendra très rapidement même si je dois admettre qu'avec une certaine autre personne c'est beaucoup plus facile, voire naturelle...

Émile : Elle était pas mal celle-là !

Du coin de l'œil, je l'aperçois se forcer à embellir la vérité et s'empêcher de rire tant ce que je viens de dire est nul.

Moi : Pas besoin de me mentir, je te vois essayer de ne pas te foutre de moi, mais vas-y, je suis pas du genre susceptible...

Dès que j'ai fini ma phrase, il ne se cache même plus et rigole sans gêne.

Moi : Tu trouves pas que t'exagère un peu là ?

Émile : Et toi tu trouves pas que susceptible n'est vraiment pas le bon mot pour te décrire ?

Sa répartie me fait sourire et je ne le prends étonnement pas aussi mal que d'habitude !

Moi : Peut-être... On peut revenir aux questions-réponses ?

Émile : D'accord, mais je commence.

Moi : T'as déjà posé ta question entre les voitures et les motos, à mon tour ! Quel style de...

Je ne réussis pas à finir ma question en voyant que nous sommes arrivés. L'idée de continuer à marcher pour ne pas avoir à arrêter cette conversation me vient puis je me rappelle qu'il se fait tard et que j'ai envie de dormir. En ralentissant, je regrette de ne pas lui avoir posé encore plus de questions mais je me décide à le faire malgré tout.

Moi : On vient d'arriver juste devant chez moi alors je vais faire vite. T'es plutôt du genre musique classique ou RnB ? Science-fiction ou fantaisie ? Badminton ou football ?

Je me place face à lui, pressée d'entendre ses réponses. Émile me lance un regard assez perplexe avant de se prêter au jeu.

Émile : Alors je dirais...pour la première question, les deux, pour la seconde : fantaisie et enfin la dernière je vais choisir le f...

Il analyse mon regard qui l'indique très clairement que ce n'est pas la bonne réponse, enfin celle que j'attends !

Émile : Le badminton !

Moi : Moi aussi j'aime bien le badminton mais tu sais ce que j'aime encore plus ? Les mecs honnêtes.

Émile : Là t'es injuste ! Tu m'as lancé un regard qui voulait tout dire !

J'adore le déstabiliser, il affiche tout le temps un air jovial sans jamais se mettre en colère alors que je dois admettre qu'il y a de quoi parfois.

Moi : Ah oui ? Alors devine ce que veut dire celui-ci.

Je m'adonne donc à ma nouvelle obsession préférée, observer ses iris dont la couleur me captive toujours autant. J'ai la sensation d'y voir cette fois, un sentiment que je partage : l'impatience... Mes yeux quittent alors avec difficulté les siens, attirés par la vue de ses lèvres, des lèvres qui d'ailleurs se rapprochent dangereusement des miennes. Lorsqu'elles ne sont plus qu'à quelques millimètres de ma bouche, l'effleurant presque, leur trajectoire dévient complètement à mon plus grand malheur pour atterrir sur ma joue... La déception est immense mais je ne laisse rien paraître en me délectant de la douceur de son geste. Aussi proche de lui, je ferme les yeux en sentant de nouveau les effluves de vanille que dégage son parfum auquel je commence à devenir accro ! Quand il se sépare de moi, je regrette de ne pas avoir pris les choses en mains tout en me disant qu'au final j'ai bien fait. Son baiser était parfait ! Peut-être pas à l'endroit parfait mais il l'était en lui-même.

Nous nous retrouvons donc tous les deux à sourire bêtement en attendant que l'un de nous deux ne prenne la parole.

Émile : J'ai bien deviné ?

Mon sourire s'agrandit face à sa question.

Moi : Je crois bien que oui.

Émile : Tant mieux alors, à un moment j'ai hésité mais on dirait que j'ai fait le bon choix.

Moi : Sur quoi est-ce que t'as hésité exactement ? À si tu devais le faire ou...

Émile : À l'endroit où je devais t'embrasser.

Prise de court, je suis un instant décontenancée et n'arrive pas à me reprendre suffisamment rapidement.

Émile : Je ne voulais pas tenter le diable.

Son sourire en coin est pourtant diaboliquement charmant !

Moi : Tu aurais peut-être dû...

Je le vois étonné par les mots qui viennent de sortir de ma bouche, tout autant que moi d'ailleurs.

Émile : Est-ce que je peux encore changer de...

Moi : Bonne nuit Émile.

Je préfère en rester là, ce moment était très bien comme ça. Je ne veux pas le gâcher et rejoins directement ma porte d'entrée sans un regard en arrière pour ne pas prendre le risque d'être tentée.

En entrant chez moi, je fais le moins de bruit possible, espérant que mon père soit déjà plongé dans un sommeil profond dans sa chambre. Les lumières du rez-de-chaussé sont toutes éteintes ce qui me rassure, je marche sur la pointe des pieds, mes chaussures en mains, sur le qui-vive, prête à tomber sur mon père à tout moment. Heureusement pour moi, mon trajet jusqu'à ma chambre se fait sans problème. Ce n'est d'ailleurs qu'une fois à l'intérieur que je remarque la présence du manteau d'Émile toujours sur mes épaules. Il est hors de question que je fasse demi-tour, je suis sûr qu'il est déjà parti alors autant le garder ce soir. C'est donc en pensant à Émile et à cette agréable soirée que je m'apprête à m'endormir mais juste avant, un invité surprise fait son entrée dans ma chambre : une araignée !!!

Moi : PAPA !!!

La petite bête parcourt une bonne partie de ma chambre avant de se poser sur le col du manteau d'Émile que j'avais posé sur mon bureau. Mon père débarque à cet instant-là alors que je suis à l'autre bout de la pièce, ma lampe en main comme seule arme et ma couette comme protection.

Papa : Pourquoi est-ce que tu cries comme ça Aria ?!

Moi : Il y a une araignée ! Juste là, regarde !

Je pointe l'araignée avec la lampe tout en essayant de reprendre mon calme. Mon père me lance un regard exaspéré avant d'attraper l'objet de ma peur à mains nues...et de le jeter par la fenêtre.

Moi : Qu'est-ce que tu fais ??? Elle peut revenir pendant que je dors !

Papa : Par où veux-tu qu'elle rentre, je viens de fermer ta fenêtre et je ne crois pas qu'elle puisse l'ouvrir. Mais pourquoi est-ce que tu as eu aussi peur, je croyais que ce genre d'insectes ne t'effrayaient pas.

Une fois mon effroi passé, je remets la lampe en place avant de rejoindre de nouveau mon lit.

Moi : Je sais pas, j'ai juste été surprise.

Alors qu'il est sur le point de partir, j'en profite pour le remercier rapidement.

Moi : Merci papa.

Il se retourne et s'approche de moi pour m'embrasser brièvement le front avant de s'en aller sans un mot. Je suppose que je devais avoir l'air vraiment effrayée pour qu'il se risque à ce geste en sachant que j'ai été une vraie peste ces derniers jours et je lui en suis reconnaissante. Maman avait elle aussi l'habitude de m'embrasser à cet endroit pour me rassurer...

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