Ils diront que je suis devenue mauvaise, que je me suis engagée dans la mauvaise voie, que je suis devenue insensible, une bad bitch, une profitard... Et bien, ils auront raison.
Même si tout cela ait commencé avec la trahison de Khalil, j'ai toujours su que tous les hommes étaient pareils, qu'ils étaient de vrais players et que c'était leur nature profonde de trahir: ils ne s'intéressent qu'à toi que quand tu ne les calculais pas. Et dès qu'ils réussiront à te faire tomber amoureux, ils disparaissent...
Khalil, Khalil Djamil, comment on peut aimer et détester en même temps une personne ? Je n'arrive pas à l'oublier. Serai-je capable d'aimer de nouveau ?
Ce matin, je suis particulièrement pensive ou bien c'est ma nouvelle villa qui est en train de me monter à la tête ?, ai-je dit dans ma petite robe de nuit en soie toute blanche et en train de siroter une tasse de chocolat chaud sur ma nouvelle terrasse avec vue sur mer.
Ngor est tellement beau, et cette villa, un vrai bijou. Je ne peux le croire. C'est pour l'instant ma plus grande acquisition et je ne compte pas m'en arrêter là...
Le ministre Papa Sidy n'était pas du tout ravi de m'octroyer cette villa mais il n'avait pas vraiment le choix.
Mon fidèle avocat Mourtalla a fait un bon boulot, et je suis officiellement la propriétaire légale de cette magnifique villa de deux étages, avec vingt pièces dont huit chambres, piscine au rais de chaussée et avec deux terrasses avec vue sur mer.
Aujourd'hui était ma première nuit ici. Rien de plus agréable que de se faire réveiller par la douce brise du matin qui te chatouille délicatement le visage.
Qui a dit que l'argent ne faisait pas le bonheur ?
Je fis un petit sourire tout discret, toujours en tenant ma tasse de chocolat chaud, lorsque je me souvins des dernières paroles de Papa Sidy après m'avoir remis et signé tous les documents nécessaires à la cession de sa villa.
Papa Sidy : J'ai fait ma part du deal, à toi d'honorer ta promesse, efface puis détruit tous les enregistrements que tu as sur moi
Moi : Relax bébé, trinquons d'abord. Après chaque bonne affaire, l'on se doit de trinquer
Il s'approche de moi puis me tint brutalement le bras.
Papa Sidy : Je ne trinque pas avec les sales petites garces et effaces tout de suite les enregistrements
Mourtalla qui était témoin de cette petite scène de violence a voulu tenir tête au ministre, mais je lui ai fait signe de se calmer.
Papa Sidy : C'est ça, dis à ton sous-fifre de se calmer
Moi : De une, ne t'avises plus jamais de me toucher encore une fois sinon tu le regretteras amèrement, et de deux, ton secret ne risque rien avec moi, tu as ma parole, disons pour l'instant 😏 ajoutai-je en souriant
Inutile de vous dire que visage du ministre bouillonnait de rage. Il me fit un long regard de dédain avant de furieusement battre en retraite.
J'étais tellement contente de moi que sous l'excitation j'eus fait un gros câlin à Mourtalla. Mais il a voulu en profiter pour me voler un bisou. Encore les hommes, toujours aussi faibles !!!
_Qu'est-ce que tu fais ? Dis-je en le repoussant
_Excuse-moi, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris, dit-il maladroitement
_Ce n'est rien, répondis-je
Je ne pouvais pas le réprimander parce qu'il m'était utile et surtout très fidèle. Mes intérêts d'abord....
Deux mois plus tard...
Le jour-j est arrivé, Sandra vient à l'instant de perdre les eaux. J'étais un peu étourdie car je ne savais pas quoi faire et la panique n'était pas d'une grande aide.
Sandra : Appelles un taxi, un taxi, vite, vite, essayait-elle de me crier en respirant profondément
J'appelle alors Bouba qui n'a pas tardé à se montrer. Et contrairement à moi, il s'y connaissait. Il soutint Sandra à entrer dans la voiture, à la banquette arrière puis me demande de monter avec elle pour l'assister, ce que je fis instantanément.
Sandra criait de douleurs et je paniquais ne sachant pas quoi faire.
Moi : Bouba, que puis-je faire pour l'empêcher de crier
Bouba : Tiens-lui juste la main. Tu ne peux que l'assister émotivement car c'est normal qu'elle ait mal. Ce sont les contractions.
Je fis alors ce qu'il m'a dit.
Moi : On arrive bientôt ?
Bouba : Oui dans cinq minutes !
_Tu devrais peut-être mettre au courant le papa car c'est un moment important autant pour Sandra que pour le papa, ajouta Bouba
Moi : Oui tu as raison
Arrivés à l'hôpital, Bouba et moi aidions Sandra à sortir de la voiture. Puis deux médecins accoururent vers nous avec une chaise roulante avant de prendre le relais.
Je m'apprêtais à les suivre quand une sage-femme m'en empêchait.
La sage-femme : Vous ne pouvez pas entrer madame, votre amie est en plein travail
Moi : Mais je veux être présente pour l'assister
La sage-femme : Seul le père a le droit d'entrer
Puis elle s'en va avec précipitation.
Bouba : Je crois qu'il est temps de prévenir le papa
Moi : Oui tu as raison
Je fis un coup de fil à Moussa Sy, Claude Bernard et Meissa Diégane Sarr pour qu'ils me rejoignent à l'hôpital. De toute façon, il faut qu'on sache une bonne fois pour toute qui est le père du bébé.
Contrairement à Claude Bernard et Moussa Sy qui était plutôt réceptifs à la nouvelle de la grossesse de Sandra, Meissa Diégane Sarr m'a donné du fil à retordre.
« Un week-end en allant à KMF chez moi, j'ai décidé d'aller lui rendre visite dans son bureau. Je m'étais assurée que Rokya n'était pas à KMF à ce moment.
Le papa de Rokya comme d'habitude a été très désagréable avec moi. Au début, il a refusé de me recevoir mais lorsque j'ai demandé à sa secrétaire de lui dire que je suis là pour lui transmettre un message de la part de Sandra, il m'a reçu.
Moi : Bonjour Mr Sarr, comment allez-vous ?
Lui : Qu'est-ce que tu me veux ?
Je pris une grande inspiration.
Moi : Je me suis toujours demandé pourquoi vous étiez aussi désagréable avec moi alors que je suis la meilleure amie de votre fille et que je ne vous ai rien fait
Lui : Je suis très occupé mademoiselle, dis-moi juste ce qui t'amène ici et qu'on en finisse
Je pris une longue pause puis,
Moi : Sandra est enceinte et il se peut que vous soyez le père de son enfant et inutile de nier la connaître, je sais tout...
Il se retourne vers la fenêtre, fit une petite marche le long de son bureau avant de se positionner face à moi tapotant ses doigts sur la table.
Lui : Rokya est-elle au courant ?
Moi : Je ne lui ai pas dit pour l'instant mais...
Lui : Ne lui dites pas. Je vais m'en charger
_Si c'est tout alors vous pouvez disposer, ajouta-t-il
Mais qu'il est désagréable. Je sortis ainsi de son bureau. Au moins, je pourrai compter sur lui pour tout raconter à Rokya ai-je pensé. »
Meissa Diégane Sarr était le premier à arriver à l'hôpital.
Moi : Alors, vous avez tout raconté à Rokya ?
Lui : Quand on y est crie cela devant toutes les portes me répondit-il froidement. Je lui dirai quand je serai prêt et peut-être même que je ne suis pas le père
Moi : Même si vous n'êtes pas le père, je lui dirai tout de votre relation avec Sandra Gomis avant qu'elle ne l'apprenne chez quelqu'un d'autre
Claude Bernard et Moussa Sy sont arrivés dans cet ordre avec cinq minutes d'écart. Ils ont tous les deux demandé l'état de Sandra.
Claude Bernard était très stressé mais pas autant que Moussa Sy qui faisaient des va-et-vient sans arrêt. On aurait cru qu'il attendait un résultat de baccalauréat.
Après des heures d'attentes, la sage-femme revint.
Nous nous levons automatiquement et allons la rejoindre.
La sage-femme : le stade du travail vient de se terminer, le bébé est prêt à sortir. Je demande juste au père de venir l'assister s'il le souhaite bien sûr
Tous les trois hommes se sont regardés.
Je fis savoir à la sage-femme que Sandra ne savait pas vraiment qui était le père et que nous souhaiterions faire un test de paternité dès la naissance du bébé.
La sage-femme comprit et s'en alla. Et après quelques minutes, un médecin de laboratoire vint vers nous.
Le médecin : Bonjour, je demande aux présumés papas de bien vouloir me suivre pour les prélèvements nécessaires au test
Meissa Diégane, Claude Bernard ainsi que Moussa s'apprêtaient à accompagner le médecin quand une voix familière nous fasse paniquée, Meissa Diégane et moi. C'était Rokya...
_Je ne crois pas, alors tout était vrai, dit-elle en criant. Alors l'appel anonyme disait vrai, ajouta-t-elle toujours avec la voix haute.
Tous les regards se pointèrent vers elle alors qu'elle avança furieusement vers moi et sans m'y attendre elle me fit une grosse claque.
_Je croyais que nous étions sœurs, mais tu n'es qu'une sale menteuse
_Attends je peux tout t'expliquer, je voulais te le dire mais je ne savais pas comment ?
_Fermes là ! Je ne veux plus te voir, dit-elle d'un ton sec
Elle se dirige ainsi vers son père, toujours en furie.
Meissa Diégane : Je peux tout t'expliquer ma chérie, dit-il pathétiquement
Rokya le regardait longuement avec dégout sans dire un mot, les larmes aux yeux avant de s'en aller furieusement sans dire un mot
Son père que je voyais tout le temps froide et insensible s'est transformé en un être vulnérable. Il s'asseyait et semblait ne pas entendre les appels du docteur qui n'attendait que lui pour le prélèvement.
J'étais à la fois triste, en colère, en panique. Rokya était très fâchée et je dois avouer que je ne l'ai jamais vu ainsi.
Rokya
Je ne savais vraiment pas quoi penser de cette situation. Comment j'ai pu être trahie par les seules personnes qui me restent dans ma vie ? Je n'arrive toujours pas à y croire.
... : Mademoiselle, ça va ? Pourquoi pleurez-vous ?
Je me retourne en essuyant mes larmes quand je me suis figée sur place. Je vis la dernière personne à qui j'attendais.
Rokya : Al...fr...ed !!!!!
Lui : Donc c'est vous Rama, c'est ça. Dit-il ayant l'air étonné
Rokya : C'est Rokya
Lui : Oh oui, je suis navré. Mais ne vous inquiétez pas, je me souviens très bien de vous
Il me tendit ensuite un mouchoir à jeter me demandant de sécher mes larmes, ce que je fis avec méfiance.
Rokya : ça fait un bon moment qu'on n'a pas entendu parler de toi ni de ton frère
Lui : J'étais interné en Russie et à mon retour, mon frère était introuvable. Personne ne sait où il a pu se cacher
Rokya : je ne sais pas pourquoi, mais tu m'as l'air différent
Il me fit un très beau sourire.
Lui : Je crois que ce sont mes yeux qui ne sont plus de la même couleur
Rokya : Oui c'est ça mais aussi je te trouve plus posé. J'ai l'impression de parler à un autre Alfred, pas du salop que l'on connaissait. Oups je suis désolée.
Lui : Non ce n'est rien, dit-il en souriant. C'est vrai que j'étais un salop, connard et une pourriture. Mais toute cet épisode de ma vie est derrière moi maintenant et j'aspire à devenir une meilleure personne.
Rokya : C'est vrai que j'ai remarqué ce changement, même au niveau de l'accoutrement
Lui : Merci. Mais Rokya, je ne veux pas être indiscret, mais pourquoi pleurais-tu ? As tu +un proche malade dans cet hôpital ?
Rokya : Non !!! C'est juste que je viens d'apprendre que je serais peut-être bientôt grande-sœur
Lui : Mais ça c'est une bonne nouvelle ? Non ?
Rokya : Le problème en est que tout le monde était au courant sauf moi. Et si ce n'était pas l'appel anonyme que j'avais reçu, peut-être que je ne l'aurai même jamais su
Lui : Ah oui je comprends ce que tu ressens, les pères peuvent nous décevoir facilement. Le mien n'était pas un sain non plus
Rokya : Alfred !
Lui : Oui
Rokya : Au fait, je ne t'ai jamais dit que c'est de mon père qu'il s'agissait
Lui : A...Ah b...bon ? Alors il s'agit de ta mère ? Dit-il en bégayant. C'est que d'habitude c'est les pères qui nous déçoivent le plus
Je fis une longue pause.
Rokya : Oui tu as raison. Je n'ai jamais connu ma mère. Et, je n'aurai jamais pensé que mon père me trahirai de la sorte, ma meilleure amie encore pire. Et dire qu'elle savait tout et ne m'a rien dit
Lui : Ta meilleure amie, tu parles de Karou ?
Rokya : Oui
Lui : c'est avec elle que ton père a eu une relation ?
Rokya : Nonnnnn, dis-je en sursaut, mais il a osé voir cette pétasse de Sandra, l'ex de ton frère.
Il fut choqué par cette révélation que je venais de lui faire.
Lui : Je ne veux pas dire du mal de Sandra mais elle a toujours était une trainée
Rokya : Pas besoin de me le dire car je le sais déjà. Je ne sais toujours pas pourquoi Karou l'a accueilli chez elle
Lui : Karou l'a vraiment accueilli chez-elle ?
Rokya : Oh oui
Lui : Je croyais qu'elles se détestaient
J'hausse les épaules.
Lui : Mais pour dire vrai, j'ai toujours trouvé Karou très manipulatrice et ne pense qu'à ses intérêts et à personne d'autre. Elle a tout fait pour me séparer de mon frère qui m'a envoyé en Russie et n'a plus jamais pris de mes nouvelles. Et c'est à cause de mon admission dans ce centre qui était très traumatisant que j'ai failli perdre la vue de mon œil droit, je ne te parle même pas des nombreuses blessures que j'ai sur le corps. Désormais, je ne peux voir avec mon oeil droit qu'avec une lentille.
Rokya : Je suis navrée que tu ais vécu tout ça. Même si tu n'étais pas ce que l'on qualifierait de bonne personne, je pense que nul ne mérite de telles atrocités. Et pour le cas de Karou, je pense que tu as raison et en y repensant, c'est moi qui ai toujours été là pour elle et pas l'inverse. Je crois qu'elle me montre petit à petit son vrai visage...
Lui : Je ne vais pas abuser de plus de ton temps d'autant plus que j'ai rendez-vous avec l'ophtalmologue. Ce fut un plaisir de te revoir Rokya et j'espère que nous allons nous revoir bientôt, dit-il en me faisant un doux regard
J'acquiesce de la tête et détourne instantanément le regard pour pas qu'il voit que j'étais en train de rougir, puis je l'ai regardé partir. Qu'il est parfait !!!
_Reconcentrons nous Rokya dis-je en me tapotant les joues
Karou
L'attente devenait de plus en plus longue, d'autant plus que j'étais préoccupée par le comportement de Rokya de tout à l'heure.
Des cris de nouveau-né m'ont fait revenir à la réalité. Elle a enfin accouché.
Je me relevai alors instantanément, coupant le chemin à la sage-femme qui venait à l'instant de sortir du bloc.
_Sandra et sa petite fille se portent à merveille, dit la sage-femme
_Je peux les voir ? Demandai-je
_Oui vous pouvez, répondit-elle
_Messieurs, il est préférable que vous restiez ici jusqu'à la sortie des résultats du test, ajouta la sage-femme lorsque les trois hommes s'apprêtaient à nous suivre
Je fus émue quand je fus entrée dans la salle. Sandra tenait entre ses bras son bébé et avait les larmes aux yeux.
Quand j'ai pu enfin voir le bébé, nous nous sommes regardées Sandra et moi.
Moi : On est d'accord qu'on connait maintenant le papa du bébé ?
Sandra : Oui, y'a aucun doute, dit-elle. Le portrait craché de son père, ajouta-t-elle...