Trois hommes ayant un style que je qualifierai de négliger entre dans la pièce. L'un est un brun dans la trentaine, avec une dégaine d'homme d'affaires trop sérieux, le second est son contraste, habillé d'un jean et d'un t-shirt troué, avec des cheveux dont la teinture rouge vire à l'orange déjà bien fatigué se battant devant ses yeux et enfin le dernier entrant est un homme des plus banal, crâne rasé et portant un ensemble de jogging noir.
Ils nous salue rapidement avant de prendre place en face de nous.
Chroniqueur : Et oui ! Nous sommes bien en présence des trois membres du célèbre groupe Revengers : Samy, notre batteur préféré, Jojo, à la guitare parfois un peu trop présente sur l'intro et enfin la puissante voix nasillarde, Cameron !
Je commence à me demander si nous ne nous trouvons pas dans le studio d'une radio dont les chroniqueurs n'ont qu'un seul but : se moquer de leurs invités ? Ces derniers le prennent plutôt bien et en rigolent même, ça n'aurait clairement pas été mon cas. Je lui aurais sans doute renvoyer le "compliment".
Chroniqueur : Avant de parler de la récompense que ses jeunes ont gagnés, je DOIS vous poser l'ultime question ! La fin de votre groupe n'est dû qu'au départ de Cameron ou vous nous cachez autre chose ?
Cameron : Et bien, ça va faire bientôt quelques années déjà que nous pensions à prendre des chemins différents mais je pense que mon voyage nous a permit de mettre un terme au groupe de façon définitive.
Le businessman gigote sur son siège avant de prendre la parole.
Jojo : Oui, enfin il faut surtout reconnaître que c'est toi la voix du groupe donc si tu pars, on est bien obligé de suivre le mouvement...
Leur conversation semble prendre un tournant plus intéressant.
Chroniqueur : Ah oui, quand même ! Je vois que les supposées querelles n'étaient pas un mythe !
Cameron : Bien sûr qu'elles l'étaient, nous sommes comme des frères, et...
Samy : Jojo n'a pas tort, sans Cameron, il est plus difficile de continuer.
Jojo : Ne m'appelle pas... maintenant que nous ne sommes plus un groupe je penses qu'il est temps de nous appeler par nos vrais prénoms. C'est vrais quoi ! Je ne suis plus un gamin, appelez-moi John.
Chroniqueur : Et bien, que de révélations ! Cette animosité est-elle apparue avant, pendant ou après que...
Cameron : Il n'y a aucune animosité comme vous le dites, nous serons toujours comme une famille et dans une famille il y a toujours quelques... différents, c'est tout.
Chroniqueur : Cameron, votre calme serait-il dû au fait que se soit vous le responsable de la dissolution de votre groupe ?
Cameron : Comme je l'ai déjà dit, nous avons décidés tous ensemble d'y mettre un terme.
Chroniqueur : Jojo ne semble pas du même avis.
Jojo : Une fois encore, c'est John maintenant, et au final on sait tous que Cameron veut se la jouer solo au retour de son voyage "spirituel".
Il mime les guillemets en levant les yeux aux ciels d'une manière bien agacé. Depuis le début de leur conversation, ils ne ressemble à rien d'un groupe.
Cameron : Qu'est-ce que tu veux dire par là "Jojo" ?
Jojo : Moi, JOHN, je veux dire que personne n'y crois à ton voyage, on sait tous très bien se que tu vas faire !
Le jeux de mime continue, il fait semblant de se piquer le bras avec une seringue imaginaire...ok. Je ne pensais pas assister aujourd'hui à la dispute d'un ancien groupe de rock mais c'est plutôt divertissant !
Chroniqueur : À mes chers auditeurs qui ne peuvent pas voir se qui se passent, Jojo, vient de se faire un shoot imaginaire en parlant de Cameron ! Nous enchaînons la découverte des petits secrets des Revengers pour mon plus grand plaisir !
Jojo : Sérieusement ? Jojo ? Vous êtes tous des bouffons, au service de sa majesté : le roi des drogués !
Cameron : Tu devrais te calmer, de nous deux on dirait pas que c'est moi qui ai prit quelque chose.
Jojo : Tu t'es quand même rasé le crâne après un bon coup dans le nez juste pour faire croire après que c'était une idée de ton gourou qui, entre nous est le chef d'une secte bien connue !
Chroniqueur : Je n'en reviens pas ! Jojo et Cameron se détestent ! Nombreux de mes auditeurs avaient donc vu juste ! Et moi qui croyait que ce n'était qu'une rivalité de plus dans un groupe déjà dépassé par le temps !
Jojo : Si on m'avait pas payé pour venir ici, dans ton studio de merde, je t'aurais déjà bien fait comprendre que tu devrais la fermer !
Dès qu'il a finit sa phrase des agents de sécurité apparaissent et ce dernier les devance même en sortant avant de nous faire un joli doigt d'honneur en guise d'au revoir.
S'ils étaient là cela veut dire que ce genre de chose arrive souvent mais pas étonnant vu le chroniqueur du studio.
Chroniqueur : Quel agressivité ! On en apprend tous les jours sur les célébrités démodées ! Et vous Samy, est-ce que vous aussi, vous voulez qu'on vous appelle par votre vrai prénom ?
Samy : Je m'en fiche, par contre vous êtes une belle ordure, je pensais que les journalistes people étaient les pires mais enfaite c'est le genre de personne comme vous !
Chroniqueur : Samy semble être atteint de la même colère que son ami ! Il est peut-être temps pour notre batteur de reprendre le piano, vous étiez je me rappelle, l'un des prodiges de...
Samy : Je vous arrête tout de suite ! Je m'en vais.
Il se lève et se dirige vers la porte mais se retourne d'abord vers nous pour nous dire une dernière chose.
Samy : Je suis vraiment désolé, j'aurais aimé que notre rencontre se passe autrement.
Nous le saluons rapidement d'un geste de la main avant que le dernier membre ne prenne la parole.
Cameron : Beaucoup de chose ont été dite et nombreuses sont fausses mais je suis sûr que nos fans comprendront que la fin de notre groupe a malheureusement donné lieu à quelques états d'âmes plutôt virulents.
Chroniqueur : Merci à vous Cameron, c'était RadioMatin, votre radio préférée avec les anciens membres de Revengers ! Retrouvez-nous juste après la pub !
Il éloigne le micro de sa bouche avant de prendre son téléphone en oubliant notre présence. Je crois bien que nous sommes tous les trois gênés par la situation.
Chroniqueur : T'as vraiment pas su gérer Jojo, ce crétin a complètement pété les plombs.
Ah ouais...ils ont vraiment oublié qu'ont été là...
Cameron : Comment est-ce que j'aurais pu savoir qu'il allait dire toutes ses conneries ?!
Chroniqueur : Ses "conneries" c'est la vérité, et moi ça ne me dérange pas mais...
Sacha : On pourrait récupérer notre album ?
Les deux hommes se retournent vers le seul d'entre nous qui a osé les interrompre et je l'en remercie intérieurement.
Chroniqueur : Cameron va vous donné l'album et on fera une belle photo juste devant le logo de la radio. Je reviens !
Aucun d'entre nous ne veut faire de photo, je le vois assez bien dans le regard de Sienna et Sacha.
Cameron : Je vous présente mes excuses, je suppose que vous deviez être des fans alors voir ça, c'est pas la meilleure première impression que vous auriez voulu de votre groupe préféré.
Moi : Personnellement, vous n'êtiez pas mon groupe préféré mais vous venez de le devenir !
Sienna : Aria...
Moi : C'est vrai, je pensais pas autant m'amuser en venant ici !
Sienna : Et bien, je dois avouer que moi je suis plutôt déçue, je ne m'attendais pas à se que vous soyez aussi proche que dans vos clips ou dans les précédentes interviews mais je n'aurais jamais imaginé que vous vous détestiez.
Sacha : Vous jouez plutôt bien la comédie.
Cameron : On ne jouait pas, nous nous sommes disputer récemment donc...
Chroniqueur : Dépêchez-vous de vous levez !
Il est entrer rapidement avec un logo en carton de la radio et un photographe.
Nous nous exécutons en traînant des pieds.
Chroniqueur : Cameron, fait comme si tu leur donnait l'album en les regardant, les enfants : souriez !
Il se place à côté de ce Cameron en fixant l'appareil photo tandis que nous sommes toujours aussi gênés. En trois prise, nous avons terminé.
Chroniqueur : Tenez, quatre billets pour le dernier concert des Revengers. Vous pouvez y aller maintenant.
C'était donc ça la surprise...
Sienna : Vous allez, malgré...ce qu'il vient de se passer, performer ensemble ?
Cameron : Tout à déjà été préparé alors on est bien obligé.
Sacha : Et vous croyez que John va accepter ?
Cameron : Oui, et n'en parler pas encore sur les réseaux sociaux, c'est un concert surprise.
Nous partons tous surpris par cet inattendu rencontre. Je vois bien que Sienna est assez triste et Sacha, même s'il essaie de ne pas le montrer, semble sincèrement déçu.
Sienna : Tu nous ramène ?
Sacha : On devait pas aller chez toi écouter le CD de Tears and Love ?
Sienna : Après tout ça je n'en ai plus vraiment envie...
Sacha : Alors je vous ramène.
*
Le second trajet se fait moins silencieux, surtout après notre singulière rencontre avec leur groupe préféré. Nous en parlons encore lorsque je me rends compte que Sacha prend une direction bien différente de là où je vis mais je me dis qu'il doit vouloir d'abord aller chez Sienna. Mauvaise hypothèse, il se dirige vers l'immense manoir de mon âme-sœur.
Moi : Attends ! Qu'est-ce que tu fais ?!
Sacha : Je vais récupérer ma voiture, je ne vais pas la laisser chez cet imbécile, il pourrait la faire emmener à la fourrière !
Moi : Et du coups, tu ne pouvais même pas nous ramener avant ?
Sacha : Sienna, est-ce que ça te dérange ?
Moi : Parce que mon avis ne compte pas c'est ça ?
Sacha : Exactement, alors Sienna ?
Sienna : Ça va.
Moi : Mais moi ça ne vas pas du tout ! Je n'ai aucune envie d'aller chez lui !
Sacha : T'en a pas marre d'être aussi égoïste ?
Alors que je comptais lui donné la réponse qu'il méritait, Sienna ne m'en laisse pas le temps.
Sienna : Pourquoi est-ce que tu ne veux pas aller chez Élias ?
Je cherche mes mots alors que je vois à côté de moi Sacha sourire comme un idiot.
Sacha : Dis-nous pourquoi Aria. C'est vrai, pourquoi est-ce que tu veux éviter le petit ami de Summer ?
Moi : Pour rien, c'est juste que...enfin...vous savez hier...il était pas vraiment d'humeur sympathique alors...
Sacha : Waouh ! Tu mens de moins en moins bien.
Moi : Je prends ça comme un compliment.
Il s'arrête sur une parcelle de fleurs comme si de rien était avant de descendre de la voiture et que nous ne fassions pareille.
Moi : T'étais vraiment pas obligé de maltraité ses fleurs tu sais ?
Sacha : Je ne les avais même pas vus.
Mais bien sûr...
Sienna et moi le suivons jusqu'à une épave, je n'exagère absolument pas ! Ce reste de pièces détachées d'une ancienne Aston Martin visuellement déglinguée par le temps m'arrête un instant.
Moi : T'es vraiment pas possible, ta voiture elle est à l'article de la mort !
Sacha : Elle est très bien ! Tant qu'elle démarre...
Moi : Non, il ne suffit pas qu'elle démarre ! Je refuse de mourir dans une voiture aussi moche !
Il me sourit sans en me fixant comme s'il attendait que je change d'avis et que je ne finisse par monter.
Moi : On pourrait juste reprendre la voiture de Summer non ?
Sacha : Sienna, je penses que je vais te laisser lui parler, j'ai la flemme d'essayer de convaincre une fille aussi têtue.
Il monte alors que je commence à sentir une étrange odeur se dégager de l'entrée de la maison.
Sienna : Sa voiture ne me paraît pas si dangereuse que ça, aller, viens !
Mes sens sont en alerte, je me concentre sur cette odeur que je parviens finalement à reconnaître. C'est celle du sang.
Moi : Tu sens rien ?
Elle me regarde l'air de se demander si je vais bien mentalement et la question est évidemment non mais se n'est pas le sujet.
Sienna : Qu'est-ce que tu veux dire ?
Mon attention est bien trop centrée sur cette odeur pour que je ne lui réponde dans l'immédiat. Je cède à ma curiosité et suis l'effluve de la mort, celle-ci me mène à la porte d'entrée que j'ouvre. Passé la surprise du fait que la porte ne soit même pas fermée à clé, j'entre dans la maison d'Élias pour y découvrir une scène dont je me rappellerai sans aucun doute toute ma vie.