Un an plutôt, en Arabie
Après 14h30 de voyage, mon avion atterrit à l'aéroport d'Arabie, heureusement que les services de la première classe soient impeccables.
Un homme de la trentaine, grand, barbu, de teint noir, vêtu d'un qamis (une longue tunique portée par les hommes) et tenant une pancarte où il était inscrit mon nom complet, m'attendait devant l'aéroport : c'était l'homme qui venait me chercher.
Khalil : Bonjour monsieur, je suis Khalil Djamil
L'homme : Enchanté Khalil Djamil, je suis Omar Ndao, mon père m'a demandé de venir vous chercher à l'aéroport
Khalil : J'aurai dû me douter que l'Imam Amar était votre père, vous vous ressemblez beaucoup
Omar : Oui c'est que tout le monde dit
Après quelques minutes à sympathiser, nous primes la route pour se rendre dans leur village avec le taxi qu'Omar avait commandé.
Nous avons beaucoup parlé en route, et avec l'aide du chauffeur de taxi, il m'a servi de guide touristique, lorsqu'on passait dans une ville : il me donnait le nom et l'histoire.
Après plus de 2h de route, nous fîmes enfin arrivés, le village était très loin de la ville, et cela se ressentait même au niveau de l'apparence des maisons construites d'argile et de l'absence d'infrastructures : on était très loin de la vie citadine
Omar : Bienvenue dans notre village, Khalil
Je sortis de la voiture et y'avait quasiment personnes dehors, juste quelques hommes vêtus de qamis, qui passaient
Khalil : Merci Omar
Omar : comme tu peux le voir, nous avons un tout petit village et nous ne sommes pas très nombreux, c'est la raison pour laquelle nous nous connaissons tous ici
Je fis un petit sourire.
Khalil : Quand tu dis tous, cela veut dire qu'il n'y a que des hommes dans votre village
Omar : Non, dit-il en riant
_Nous vivons aussi avec nos mères, sœurs et épouses, mais ici en Arabie, les femmes n'ont pas le droit de sortir seules, c'est pourquoi, il est rare de les croiser dehors
Khalil : Ah oui, je vois répondis-je nerveusement
Il va me prendre maintenant pour un charo, bravo Khalil
Il m'aide ensuite à porter mes bagages et nous entrâmes dans la maison.
C'était une petite maison, très simple, le genre de maison dont on a pas grand-chose à dire, pas de carreaux, pas de peintures etc.
Omar me conduit ensuite vers une pièce de la maison.
_Voici ta chambre et installe toi bien, je vais dire à papa que t'es arrivé
La chambre était une petite pièce, avec un lit construit en argile surmonté d'un matelas et un petit seau d'eau dans un coin et d'un tabouret sur lequel était posé un tapis de prière. Il n'y avait pas d'armoire, ni de placard où je pourrai ranger mes affaires. J'ai dû alors laisser mes affaires dans mes valises que j'ai mises dans un autre coin de la pièce.
... : Toc toc, puis-je entrer
Khalil : Oui bien sûr
Imam Amar : Bienvenue en Arabie, mon cher Khalil Djamil Diop
Khalil : Merci Imam, et c'est grâce à vous, vous m'avez aidé avec ma demande de visa
Imam Amar : Je n'ai pas fait grand-chose mon cher. Tu as beaucoup de connaissance, tu devais être très influent dans ton pays
Khalil : A vrai dire, c'est mon père qui l'était
Imam Amar : Que Dieu lui accorde son pardon et l'accueille dans son paradis
Khalil : Amine
Imam Amar : J'espère que t'as fait bon voyage et que tu t'es bien installé ?
Khalil : Le voyage a été long mais par la grâce de Dieu je suis arrivé sain et sauf et oui je me suis bien installé
Imam Amar : Allhamdoulilah (Louange au seigneur tout puissant). Notre modeste village est loin d'être aussi commode que les quartiers résidentiels dans lesquels tu as l'habitude de vivre mais j'espère que tu t'y sentiras à l'aise
Khalil : Au contraire Imam, je trouve votre village parfait
Imam Amar : Tu me rassures alors
_Que Dieu te guide dans ta quête de devenir un homme meilleur et qu'il t'allège des sacrifices que t'es prêt à faire pour cette rédemption
Khalil : Amine
Imam Amar : En parlant de sacrifices, j'aimerai te parler de quelques une des habitudes qu'il est préférable d'abandonner pour que tu puisses mieux te concentrer sur ton objectif.
_Ce ne sont pas des exigences mais je les considère comme des formes de distraction, mais c'est à toi de voir
Khalil : Dites-moi en plus s'il vous plaît ?
Imam Amar : Reposes toi d'abord puis nous allons faire le tour de la maison et du village et je te dirai tout en chemin.
Quelques heures plus tard...
Imam Amar : Comme tu peux le voir Khalil, ici c'est la maison où je vis avec ma famille : mon épouse Halima, mon fils Omar, c'est lui qui était venu te chercher à l'aéroport, son épouse Rouguiétou et ma fille Safiétou.
_Je vais vous les présenter à leur retour, s'il plaît à Dieu, parce qu'actuellement, mon épouse et ma belle-fille sont allées au marché, accompagnées d'Omar et Safiétou est à l'école coranique.
_Comme tu l'as sans doute entendu, ici en Arabie, les femmes n'ont pas le droit de sortir seules
Khalil : Oui avant de venir, je me suis permis de faire quelques recherches
Imam Amar : C'est bien. D'ailleurs, c'est grâce à certaines règles (chartes islamiques) qu' il n'y a pas beaucoup de tentations ici
_Allons à présent visiter le village et vais par la même occasion te montrer notre mosquée
Nous sortîmes alors de la maison.
Khalil : Vous n'allez pas fermer la porte ?
Imam Amar : Ici il y'a la sécurité, personne ne vole pour ne pas risquer une lourde sentence
Khalil : Quelle lourde sentence ?
Imam Amar : Se faire couper la main
Il me fit un petit sourire, puis nous y allions.
_Ici c'est notre mosquée dont je suis l'Imam et à côté, il y'a une école coranique pour garçons et derrière, se trouve la morgue, dit-il
_Vous allez à la mosquée pour tous les heures de prières ? Demandai-je
_Oui, c'est un peu l'idéal, mais par exemple lorsqu'on se trouvera aux champs, nous serions obligés de prier là bas
Nous avançons ainsi dans une autre ruelle.
_C'est là où vit ma fille ainée Coura Ndao, avec son mari et ses enfants
Nous avons ensuite fait un autre quartier.
_Imam, qu'est-ce que tu voulais me dire à propos des habitudes qu'il est préférable d'abandonner, demandai-je
_Je faisais référence au téléphone portable, je pense qu'il te fera perdre du temps et te dévier de ton objectif. Essaie juste d'être en contact seulement avec ta famille et personnes d'autres, dis-t-il
_De toute façon, je n'ai plus de famille, je n'ai que mon frère Alfred et je ne pourrai pas le joindre avant deux années, répondis-je
_Et ta tante ? Me demande t-il
_Oui, je suis obligé d'être en contact avec elle de temps en temps pour le bien de mon entreprise, mais elle n'est pas obligée de savoir où je suis exactement, répondis-je
_Alors je pense que ça ira, parce que tu as beaucoup à apprendre avant de retourner au Sénégal, tu n'auras pas besoin de distraction, dit l'Imam
A ce moment-là je ne voulais qu'appeler Karou et tout lui expliquer mais elle ne doit en aucun cas connaître mes objectifs avant de les avoir atteints.
L'Imam et moi avions fait le tour du village et il me présentait de temps en temps aux habitants.
Le village n'était pas grand et toutes les maisons étaient très ressemblantes. Je me demandais juste comment je ferai pour ne pas m'y perdre, heureusement que la majorité des villageois ici sont sénégalais.
Après notre tour, nous rentrâmes à la maison. Omar, son épouse, ainsi que sa mère était déjà de retour du marché, et il nous accueillîmes chaleureusement. Je vois que l'hospitalité est même présente chez les sénégalais de la Diaspora.
L'imam me présente à son épouse, Halima et à Rouguiétou, l'épouse d'Omar. Ce sont des femmes très gentilles qui portaient de grandes robes et étaient voilées. Seuls, leurs visages et leurs mains étaient découverts.
Nous fûmes interrompus dans nos présentations par la voix d'une jeune fille.
... : As salamou Alaykoum en-i-lati (Que la paix règne sur vous ma famille)
Et tous répondirent en chœur Wa aley-koum Salam (et que la paix soit sur toi aussi).
Je me retourne et vis une jeune fille vêtue d'une abaya noire (une longue robe, ample et couvrante) et d'un foulard de la même couleur qui lui couvrait la tête et le bas du visage, ne laissant n'apparaître que ses beaux yeux marron, me rappelant ceux de Karou.
Imam Amar : Habiba, tu es déjà rentré
La fille : Oui papa
Imam Amar : Khalil, je te présente ma fille cadette Safiétou Ndao
Je m'apprêtais à lui tendre la main pour la saluer, quand je me suis rappelé qu'un homme ne devrait pas donner la main à une fille outre que son épouse, sa mère ou ses sœurs
_Désolé, c'est l'habitude dis-je timidement en retenant ma main
Safiétou leva les yeux vers ma direction puis les baissa instantanément dès que nos yeux se croisèrent.
C'était très bizarre.
Le degré de sainteté qui existe dans ce village était juste impressionnant, et je dois avouer que tout ceci m'était inconnu.
Après nos brèves présentations, elle se rendit dans sa chambre.
Je restai un petit moment à discuter avec la famille qui m'a fait savoir qu'ils étaient originaire de Ndaar (Saint-Louis au Sénégal) et qu'ils ont déménagé en Arabie y'a 25 ans.
Puis je me suis rendu dans ma chambre, pour me reposer un peu avant la prière de Maghreb (la prière que le musulman doit accomplir tout juste après le coucher du soleil).
Vers 22h, après le dîner, l'Imam vint me trouver dans ma chambre.
_J'espère que tu as bien mangé Khalil Djamil, dit-il
_Oui et c'était délicieux ma sha allah, répondis-je
_Allhamdoulilah, je vais te laisser te reposer et dès demain in sha allah, nous commencerons ta purification et les cours de coran, dit-il
J'acquiesce, puis il s'en alla.
Je m'allongeai ensuite sur le lit. La chaleur régnait dans la pièce mais je le supporterai, car j'étais prêt à tout pour atteindre mon objectif.
Un an plus tard en Arabie
Comme le temps passe vite, un an déjà...
Les 12 mois que j'eus passés ici, n'ont pas étaient faciles mais ils étaient riche en apprentissage. Maintenant, je me sens beaucoup plus proche de Dieu et j'ai comme ce sentiment qu'il a accepté mon repentir.
L'Imam Amar m'a beaucoup aidé et a été surtout très patient avec moi, dans l'éducation religieuse et l'apprentissage du coran. Et je dois avouer que j'ai pas mal avancé et l'Imam dit même qu'avec encore quelques efforts, je pourrai mémoriser tout le coran.
Et parfois, quand on est aux champs pour travailler, il me laisse diriger la prière.
J'ai même fait le Hajj à la Mecque et lorsque l'occasion se présente, chaque vendredi nous faisons la Omra. Inutile de vous décrire la joie que cela me procure et je le souhaite à tous les musulmans du monde entier.
Je n'ai jamais été aussi épanoui. Mon voyage en Arabie est sans doute la meilleure décision que j'eus pris de toute ma vie...
Chaque jour, après chaque prière, je prie pour que le monde deviennent un endroit meilleur pour tout un chacun, ensuite pour mes parents pour que Dieu les accueille au paradis, pour mon frère, pour que Dieu fasse de lui un homme meilleur et pour moi, pour que Dieu fasse que Karou et moi, nos chemins se recroisent de nouveau et que je puisse l'épouser...
Il ne se passait jamais une journée sans que je pense à elle. Heureusement, il y'a Bouba (le chauffeur) qui veuille sur elle et me fait des comptes rendus.
D'ailleurs, il m'a tout dit sur la nouvelle vie de Karou : une vie de croqueuse de diamants. Et je sais que c'est de ma faute, c'est moi qui l'ai abandonné sans lui donner d'explications.
Et, c'est pourquoi, j'ai demandé à Bouba de veiller sur elle.
En parlant de Bouba, je dois l'appeler au téléphone.
_Allô Bouba, dis-je
_Bonjour Boss, répondis-t-il
_Comment elle va ?
_A part le fait qu'elle vive avec Sandra qui est enceinte, il n y'a rien d'anormal. Et comme d'habitude elle a un autre soupirant qui est en train de l'attendre devant son appart
_C'est bien. Continues de la surveiller, je ne fais pas confiance à Sandra
_Bien reçu boss
_Dis-moi Bouba, avec quelle célébrité ou homme riche sort-elle cette fois ci ?
_C'est le Ministre de la jeunesse Papa Sidy Ndior
Mon cœur a fait un bond en entendant ça, Papa Sidy Ndior n'était pas celui qu'il paraissait être. Il tient à son image, c'est pourquoi il cherche à cacher son côté sombre au grand public. Mais entre milliardaire, nous connaissons les plus lourds secrets de nos confrères, bien que Papa Sidy soit largement plus âgé que moi.
_Ecoutes moi Bouba, il faut à tout prix la surveiller de près parce que Papa Sidy n'est pas celui qu'il prétend être, Karou est en danger et tout ceci est sans doute un coup de Sandra. Elle veut se venger de moi, c'est pourquoi, elle s'en prend à Karou
_Entendu Boss, je ferai le nécessaire
Je pense qu'il est temps que je rentre à la maison...
Que pensez vous de ce chapitre? De Khalil?