Oak Ridge Campus #1 King ©

By TamarSaborido

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#campus #hockey #patinage #romance #hefellfirst #spicy #newadult «Féroces sur la glace, fiers dans la victoir... More

🏒⛸️BIG ANNONCE 😍
Avertissement🔞
⛸️Un petit avant-goût?🏒
Chapitre 1 - King 🏒
Chapitre 2 - Brooke ⛸️
Chapitre 3 - Brooke ⛸️
Chapitre 4 - King 🏒
Chapitre 5 - Brooke ⛸️
Chapitre 6 - King 🏒
Chapitre 7 - King 🏒
Chapitre 8 - Brooke ⛸️
Chapitre 9 - King 🏒
Chapitre 10 - Brooke ⛸️
Chapitre 11 - King 🏒
Chapitre 12 - Brooke ⛸️
Chapitre 13 - King 🏒
Chapitre 14 - Brooke ⛸️
Chapitre 15 - King 🏒
Chapitre 16 - Brooke ⛸️
Chapitre 17 - King 🏒
Chapitre 18 - Brooke ⛸️
Chapitre 19 - King 🏒
Chapitre 20 - Brooke ⛸️
Chapitre 21 - King 🏒
Chapitre 22 - Brooke ⛸️
Chapitre 23 - King 🏒
Chapitre 24 - Brooke ⛸️
Chapitre 25 - King 🏒
Chapitre 26 - Brooke ⛸️
Chapitre 27 - Brooke ⛸️
Chapitre 28 - King 🏒
Chapitre 29 - Brooke ⛸️
Chapitre 30 - Brooke ⛸️
Chapitre 31 - King 🏒
Chapitre 32 - Brooke ⛸️
Chapitre 33 - King 🏒
Chapitre 34 - Brooke ⛸️
Chapitre 35 - King 🏒
Chapitre 37 - King 🏒
Chapitre 38 - Brooke ⛸️
Chapitre 39 - King 🏒
Chapitre 40 - Brooke ⛸️
Chapitre 41 - Brooke ⛸️
Chapitre 42 - King 🏒
Chapitre 43 - Brooke ⛸️
Chapitre 44 - King 🏒
Chapitre 45 - Brooke ⛸️
Chapitre 46 - King 🏒
Chapitre 47 - Brooke ⛸️
Chapitre 48 - King 🏒
Chapitre 49 - Brooke ⛸️
Chapitre 50 - Brooke ⛸️
🏒 Épilogue ⛸️
Mot de fin 💞
Où en est le tome 2?
ORC#2 - Cover reveal + résumé

Chapitre 36 - Brooke ⛸️

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By TamarSaborido

Blottie dans ses bras, plusieurs minutes se sont écoulées depuis le dernier mot prononcé. J'apprécie ce calme, cette quiétude, qui nous enveloppe. Le fait de ne pas être obligés de parler pour se comprendre, pour imaginer ce que l'autre ressent. Sa main, enfouie dans mon cuir chevelu, caresse tendrement ma nuque, me filant des frissons plus qu'agréables. J'entends les battements réguliers de son cœur, qui de temps en temps s'accélère, sans aucune raison apparente.

Cependant, notre petite bulle éclate au moment où mon portable commence à vibrer frénétiquement dans mon sac à main. Nous tressautons et nous écartons tandis que je m'empare de mon téléphone, pour y voir le nom de ma grand-mère s'afficher sur l'écran. Une vague d'inquiétude me submerge et me traverse le visage.

— Décroche, m'incite King. C'est sans doute important.

En effet, elle ne me dérangerait pas sans une raison d'envergure, même si elle pense que je suis chez Poppy.

— Allô ? réponds-je finalement en m'éloignant un peu du hockeyeur.

— Je suis désolée de te déranger, ma petite, mais il faut que tu rappliques à la maison, m'annonce-t-elle d'une voix tendue.

De plus en plus surprise, je fronce les sourcils. Voilà qui est étrange, on dirait qu'elle cherche à esquiver la raison de son appel.

— Tu ne te sens pas bien ?

— Je pourrais aller mieux, soupire-t-elle, lasse. Ta mère est ici, Brooke.

Un froid intense me glace le corps, ma main qui tient le combiné se met à trembler et mon cœur menace de s'arrêter. Qu'est-ce... qu'est-ce qu'elle vient foutre à Oak Ridge, bon sang ?

La savoir chez moi, dans mon domaine, met mes nerfs en pelote. De quel droit débarque-t-elle chez la mère de son ex-mari ? Sans prévenir, en plus !

— Hey, murmure King en attrapant ma main libre afin de la caresser. Tu es livide.

Et pas qu'un peu ! L'envie de gerber me prend au bide, je ne peux qu'espérer le pire avec cette femme dans les parages. Pourquoi se sent-elle obligée de foutre mon monde en l'air ? Ces dernières semaines, loin d'elle, étaient idylliques. Je ne comprends pas ce qu'elle cherche. Elle ne m'a plus dans les pattes, elle devrait en être ravie, pas vrai ? À moins qu'elle s'ennuie de ne plus avoir personne à malmener et à humilier.

— J'ai tout tenté pour qu'elle déguerpisse, me confie ma grand-mère, mais elle est tenace. Elle veut te voir, et elle ne s'en ira pas jusqu'à ce que tu rentres. Alors, soit tu rappliques, soit j'appelle les flics.

Et Bernadette Greene en serait tout à fait capable.

À quoi joues-tu, Roxane ? Pourquoi t'être donnée la peine de te déplacer ? J'ai répondu à tous tes foutus appels, même s'ils me foutaient le moral à zéro, rien que pour ne pas te voir à nouveau débarquer dans ma vie. En vain, visiblement.

— À toi de décider, ma petite.

J'aimerais tout autant qu'on m'enfonce des bouts de bambou sous les ongles. Cependant, même si j'ai un léger moment d'hésitation, je me reprends relativement vite. Je suis une adulte, je peux lui faire face, après tout, je n'ai rien à me reprocher. Ce qui me fout en panique, néanmoins, c'est qu'elle raconte à ma grand-mère pour cette saleté de vidéo. Elle en serait tout à fait capable.

— Je serai là dans une heure. Essaye de ne pas commettre un meurtre.

À bout, je raccroche et focalise mon attention sur Ash, qui me dévisage avec curiosité. Nous aurions dû partir dans la soirée, mais il semblerait que les plans aient changé. Moi qui me faisais une joie de passer la journée auprès de lui et de, peut-être, terminer ce que nous avions commencé ce matin... Cette visite m'angoisse tout autant qu'elle m'agace.

— Je dois rentrer, ma mère a trouvé bon de se pointer chez ma grand-mère.

King se tend, puis contracte les mâchoires. Il est au courant d'à quel point cette femme m'en a fait baver tout au long de ma vie, et surtout, il sait qu'elle n'a pas été à la hauteur à chaque fois que j'ai eu besoin d'elle.

— Qu'est-ce que cela t'inspire de la revoir ?

— De l'angoisse, du stress, le tout soupoudré d'une bonne dose de colère.

— Je vois ça, tu trembles, constate-t-il en me frottant les bras afin de me réconforter.

— Le pire, c'est d'ignorer ce qu'elle me veut.

Instinctivement, je pose une main sur mon abdomen. L'estomac noué, j'appréhende notre face à face. Elle va me plomber mon week-end, c'est un fait. Pourtant, la journée avait si bien commencé.

— Vas-y, Wolfy.

Que je l'abandonne en plein milieu d'un cimetière alors qu'il n'a aucun moyen de locomotion ?

— Ne t'en fais pas pour moi, s'esclaffe-t-il en vue de ma tête. J'appellerai un taxi pour rentrer chez ma mère. Je dois passer récupérer nos affaires et accessoirement lui dire au revoir.

Oui, ce serait sympa qu'il ne se casse pas sans une annonce au préalable. J'ignore s'il s'en rend compte, mais malgré toutes les erreurs que sa génitrice a pu connaître, elle l'aime de tout son cœur. Cela se remarque à des lieues. Je crois qu'il est le seul à ne pas le remarquer, ou du moins, à ne pas vouloir.

— Et ma voiture aussi, par la même occasion.

— J'en connais un qui va être très heureux d'apprendre cette nouvelle, le taquiné-je en le prenant dans mes bras.

— Ouais, j'en ai un peu marre d'entendre Cass me traiter de Miss Daisy, ricane-t-il, son menton posé sur le sommet de ma tête. Mais ça va aller, Brooke. Tu es la personne la plus forte que je connaisse.

— Alors tu n'en connais pas des masses, persiflé-je.

Je suis une trouillarde par nature, je n'ai rien d'une héroïne, et s'il y a bien quelque chose qui me fout les chocottes, c'est tenir tête à ma génitrice.

— Quoi qu'il advienne, je serai là pour toi, me rassure Dillinger. Je déboulerai en plein milieu de la nuit, je combattrai les ténèbres, rien que pour t'arracher un sourire... et peut-être un orgasme ou deux.

— King ! Nous sommes dans un cimetière ! lui rappelé-je, faussement offusquée.

Cependant, sa dernière proposition est très alléchante.

Il s'esclaffe, puis dépose un tendre baiser sur mon front. Le regard pétillant, il me sourit tout en faisant le tour de ma voiture afin de m'ouvrir ma portière. Mes yeux se fixent sur un point de son anatomie que j'ai pu admirer dans toute sa splendeur ce matin, au réveil. Mes mains me démangent comme jamais. D'ailleurs, elles le font depuis que j'ai quitté sa chambre ce matin.

— Sois prudente sur la route, m'avertit-il au moment où je passe près de lui.

J'en profite pour effleurer ses fesses comme si de rien était, subtilement. Or, je sens rapidement ses muscles se raidir tandis qu'il retient sa respiration. J'avais besoin d'avoir un léger aperçu.

Une fois assise derrière mon volant, le regard sauvage qu'il me lance me rend toute chose. Mes cuisses se serrent instinctivement dans le but de garder un semblant de contrôle.

— On dirait que vous êtes très impatiente aujourd'hui, Mademoiselle Greene, minaude-t-il en refermant la portière. Mon petit cul vous plaît-il tant que ça ?

Il se penche à travers la vitre et j'en profite pour l'embrasser langoureusement, à en perdre haleine. Mon désir pour lui ne cesse d'accroître à chaque moment qui s'écoule, et la simple idée de le quitter me déchire l'âme. Je ne veux pas que notre opportunité nous file entre les doigts, et je compte bien lui faire comprendre quelles sont mes intentions.

— Quand tu te tiendras entre mes cuisses en me gratifiant de tes coups de rein et que je l'empoignerai à pleines mains... je te redirai ça, le provoqué-je, à bout de souffle avant de démarrer la voiture.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et quitte le cimetière afin de rentrer à Oak Ridge. La boule au ventre revient et un tumulte de questions fait son irruption dans mon esprit. J'ignore ce qu'il en résultera de cette journée, mais je suis persuadée d'une chose : je vais passer un sale quart d'heure.

***

Le trajet jusqu'à Oak Ridge m'a paru durer une éternité. Partagée, j'ignore si j'ai hâte d'en finir, ou si au contraire, je veux repousser l'échéance le plus possible.

Garée dans ma rue, je fixe mon volant en tentant de faire le vide dans ma tête. Mon palpitant a élu domicile en plein milieu de ma gorge, quant à mon estomac, je crois qu'il cherche à me faire passer un message. Les crampes qui s'emparent de ses parois sont bien physiques, il ne s'agit pas d'un tour mental. J'aurais préféré.

Les membres tremblants, je quitte l'habitacle de ma Ford et traverse la rue, puis longe l'allée de chez moi avant de monter les marches du porche. Au moment de me retrouver devant la porte d'entrée, j'entends la voix irritée de ma grand-mère, ainsi que le timbre suffisant de la femme qui m'a mis au monde.

En prenant mon courage à deux mains, et après avoir réalisé un petit exercice de respiration afin de me calmer, je franchis le seuil. Milo me reçoit comme à chaque fois, et une fois à l'intérieur, les voix des deux matriarches se taisent.

Morte de trouille, je gratifie le petit yorkshire de quelques caresses derrière les oreilles. Il adore ça, et mine de rien, ça me calme un peu. Je dois me souvenir, qu'ici, je suis chez moi. Roxane est l'intruse.

L'ambiance dans la demeure a considérablement changé. On sent la tension, la rancœur, les mauvaises vibes. Nul doute, ma mère est dans les parages. Elle a un don pour ça.

Sachant d'avance qu'elles se trouvent dans le salon, je m'y dirige. Milo sur mes talons, je découvre les deux femmes assises chacune à un coin opposé de la pièce. Le ressentiment de ma grand-mère est super perceptible : elle ne lui a rien offert à boire ou à manger, alors que c'est une habitude chez elle. L'hospitalité, elle s'y connaît, et elle adore prendre soin des visites... désirées. Son manque de considération est sa façon de faire comprendre à ma génitrice qu'elle n'est pas la bienvenue. Merci, mamie. Près d'elle, je me sens toujours épaulée.

— Oh ! Tu arrives enfin ! s'exclame ma mère, blasée. Où étais-tu ?

Son look strict, morne, et sa coupe au carré où pas un seul cheveux ne dépasse, collent parfaitement à sa personnalité psychorigide. La seule chose qui a changé chez elle depuis la dernière fois que l'on s'est vues ? Sa couleur. Elle n'est plus rousse, elle s'est laissé tenter par le blond. J'imagine que c'est la nouvelle lubie de Bruce.

— Eh bien, jeune fille, j'attends, continue-t-elle, tout en croisant ses jambes. Où étais-tu donc passée ?

Si je ne réponds rien, c'est parce que je me demande si elle ne se moque pas de moi. Ma première réaction ? Rire. Après tout, soyons honnêtes, la situation est risible.

— Vous m'excuserez, je vais aller faire un tour avec Milo, annonce ma grand-mère, sur le point de péter un plomb.

J'imagine que ça lui demande un sacré effort de ne pas intervenir. Et je n'attends pas qu'elle le fasse. Elle a appris il y a bien longtemps à ne jamais se mêler des affaires de ma mère. La dernière fois que c'est arrivé, je n'avais que cinq ans et Roxane venait de quitter mon père. Leur dispute a été tellement grande que Bernadette Greene lui a interdit de poser à nouveau un pied chez elle. Il faut croire que ma mère a la mémoire courte.

Tendue, j'accompagne ma grand-mère et l'aide à enfiler la laisse de Milo. Une fois sur le porche, elle se tourne vers moi et me lance un regard navré.

— Je suis désolée, Brooke, mais je ne peux pas la supporter. Elle a beau être ta mère, je n'oublie pas tout le tort qu'elle a causé à mon fils.

Cette femme n'est pourtant pas rancunière, mais lorsqu'on s'en prend aux personnes qu'elle aime, obtenir son pardon devient impossible.

— Ça ira, tenté-je de la rassurer.

— La seule chose qu'elle ait fait de bien dans sa vie, c'est toi, me confie-t-elle, les larmes aux yeux. Je la tolère parce qu'elle a créé un être humain sensationnel aux côtés de mon Peter.

Son menton tremble, mon cœur s'étreint. Sa souffrance est palpable, et je la comprends à cent pour cent. Ma mère a tendance à foutre en l'air tout ce qu'elle touche. Elle est un vampire qui se nourrit de ton énergie, de ta vitalité. C'est ce qu'elle a fait avec mon père. Elle s'est accrochée à lui jusqu'à ce qu'elle n'ait plus rien à en tirer.

— Va te promener, mamie. Je gère.

Afin qu'elle parte le cœur apaisé, je lui offre le plus beaux de mes sourires. Elle n'a pas à s'en faire pour moi, quoi qu'elle veuille, je ne courberai pas l'échine.

— Tu ressembles tellement à Peter, me confie-t-elle en caressant ma joue. Ne la laisse pas s'immiscer dans ta tête et te détruire, mon ange. Passe au-dessus de tout ce qu'elle pourra te dire.

Sans tarder, elle descend les marches du perron et je l'observe s'éloigner dans la rue, jusqu'à disparaître derrière la maison des Johnson. Le cœur en vrac, j'inspire une grande goulée d'air frais dans le but de prendre mon courage à deux mains. Plus je tarderai à l'affronter, plus elle traînera dans le coin.

Une fois à l'intérieur, je retourne dans le salon. À présent, elle se tient debout, devant la bibliothèque et observe certains clichés qui traînent sur les étagères. Il s'agit pour la plupart de photos de mon père, de mon grand-père ou encore de moi. Elle attrape un cadre où l'instantanée reflète une journée à la patinoire lors d'un de mes nombreux séjours à Oak Ridge pendant mon enfance. L'air méprisant, elle le repose et pivote enfin vers moi.

De son regard réprobateur, elle me scanne de la tête aux pieds. Oui, je suis consciente que la robe que je porte ne va nullement avec des converses. Toutefois, elle ne fait aucune remarque désobligeante, elle se contente de pouffer, tout en continuant d'avancer vers moi.

— Elle n'a pas changé d'un poil, la vieille peau. Toujours aussi grande gueule. Tu peux croire qu'elle ne m'a rien offert à boire ?

— Tu veux un peu d'eau ? lui proposé-je.

Après tout, ça fait plus d'une heure qu'elle m'attend. Elle a peut-être soif.

— Et qu'elle vienne tout droit du robinet ? persifle-t-elle, méprisante. Tu sais bien que je ne bois que de la San Pellegrino.

Bien évidemment, j'avais presque oublié à quel point les goûts de madame sont exquis. Blasée, je lève les yeux au plafond par tant de condescendance. À croire qu'elle a oublié d'où elle vient. Si à présent, elle est riche, ça n'a pas toujours été le cas. Sa mère était caissière et son père bossait dans une mine. Ils sont morts depuis longtemps, dans un accident de la route, pendant que ma mère était encore ado. On pourrait croire que tout dans sa vie l'aurait poussée à être quelqu'un d'humble, pas la plus grande des garces.

— Vu ta corpulence, je vois bien que tu ne manques de rien ici. Je me doute que Bernadette te gave comme une oie.

Sa remarque vis-à-vis de mon poids me fait le même effet que d'habitude : j'ai l'impression de recevoir un coup aux plexus. Cette femme connaît mes faiblesses, elle sait toujours frapper là où ça fait mal.

— Ça ne fait que cinq mois et tu as pris quoi ? Dix kilos ?

— En réalité, cinq.

Et j'en avais vraiment besoin. Je me sens bien dans mon corps actuel, pourquoi ne peut-elle pas le voir ? Peut-être que pour elle, cette prise de poids est un échec, pour moi, cela signifie me réapproprier ma vie.

— On ne peut définitivement pas te laisser toute seule, tu détruis tout ce qu'on a mis tant d'années à construire, me reproche-t-elle. Tu as tout laissé tomber, tu t'es enfuie... te rends-tu compte d'à quel point tu es égoïste ?

Soudainement, je suis prise d'un fou rire incontrôlable. Non pas que la situation soit drôle, mais je crois que mes nerfs lâchent. Moi ? Égoïste ? Seigneur, elle ne s'est manifestement jamais regardée dans une glace.

— Qu'en est-il de tes entraînements ? poursuit-elle, comme si elle avait oublié que cette maudite blessure a ruiné toutes mes chances.

— On dirait que tu as la mémoire courte, Roxane. Je te rappelle que je ne peux plus patiner comme avant. Je me suis cassée la cheville deux fois, c'est foutu. Je ne pourrais plus entraîner comme je le faisais, et tu le sais.

— Ça, c'est parce que tu n'as pas essayé. Tu aurais dû aller demander un deuxième avis.

Peut-être bien, je ne le nierai pas. Le souci ? Je n'en avais pas envie. Non, cette blessure a été ma bouée de sauvetage. Je n'en pouvais plus de cette pression constante dans laquelle j'étais plongée depuis ma plus tendre enfance et qui ne faisait qu'accroître avec le temps. Plus de trophées je remportais, plus ses exigences devenaient élevées. Mon amour pour le patin s'est essoufflé, je n'y voyais plus aucun intérêt. En vrai, si je continuais, c'était par habitude.

— Tu as simplement abandonné, tu ne t'es pas battue.

Amusée par tant de bêtise, je pouffe. Ai-je fait ce dont elle m'accuse ? Oui, complètement. Si j'avais été soutenue au lieu de blâmée, peut-être que les choses auraient été différentes.

— Je te rappelle que mon coach m'a laissé tomber, tout comme mes sponsors, marmonné-je, dépitée. T'en es-tu seulement soucié à ce moment-là ? Tu sais, quand Aaron a eu la gentillesse de publier cette saleté de vidéo ?

Aux dernières nouvelles, elle détenait une relation très cordiale avec lui. Donc, j'imagine que ce crétin est bien plus important pour elle que sa propre fille. Quel parent normalement constitué ferait une crasse pareille à son enfant ?

— Ça s'est passé il y a des mois, Brooke. Il serait peut-être temps que tu tournes la page au lieu de te cacher derrière un événement dont tout le monde se fiche.

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. Insignifiant ? Un événement insignifiant ? Cet acte a fichu ma réputation en l'air, tout comme mon avenir. Bien évidemment, il n'a eu aucun impact sur le statut de Bruce, ou le sien, parce qu'ils m'ont forcé à fermer ma gueule, à ne pas porter plainte, dans le but de ne pas nuire à mon beau-père. J'ai subi ce que personne ne devrait supporter. Et elle ose venir jusqu'ici pour me faire la morale ?

— C'est pour me rabâcher combien je te déçois que tu es venue jusqu'ici ? Tu aurais pu m'appeler, ça t'aurait évité le déplacement, ironisé-je, acerbe.

Ma génitrice me fixe pendant de longues secondes et prend une profonde inspiration. Elle a toujours détesté que je lui tienne tête. Il y eut un temps où je me pliais à sa volonté, mais cette époque est révolue. Plus jamais je ne laisserai quelqu'un me dicter ma conduite, tout parent soit-il.

— Non, ce n'est pas pour ça que je suis venue, répond-elle enfin. Il est temps pour toi de rentrer à Boston, Brooke. Tu as assez perdu ton temps dans ce trou paumé.

Les sourcils froncés, j'ai du mal à comprendre ce que je suis en train d'entendre. Rentrer ? À Boston ? Avec elle ? Mais pour quoi faire ?

Les élections municipales sont dans quelques semaines, pourquoi Bruce accepterait-il de m'avoir dans les pattes ? Après tout, il a été le premier ravi d'apprendre mon départ. Pas de Brooke, pas de polémiques et par conséquent, sa candidature ne serait pas en péril. Qu'est-ce qu'elle trame ?

Elle doit forcément y gagner quelque chose, elle n'est pas venue ici de bon cœur pour me demander de rentrer. Non, il y a anguille sous roche. Je la connais par cœur, elle n'en a rien à foutre de mon bien-être. Il n'y a qu'elle et sa réputation qui comptent. Je pourrais bien crever la bouche ouverte qu'elle n'en aurait rien à faire, tant que ça ne lui rapporte pas quelque chose en retour.

— Et pourquoi aurais-je envie de retourner en enfer ? lâché-je. Au cas où ça ne t'aurait pas tilté, je suis partie parce que je n'en pouvais plus de toi, de Bruce, de cette foutue ville !

— Bon sang, ce que tu peux être susceptible, Brooke. Tu tiens bien ce trait-là de ton père. Une vraie chouineuse.

Cette remarque lui vaut un regard foudroyant de ma part. Ce ton méprisant à l'encontre de son ex-mari me file la gerbe.

— Tu aurais pu me demander de ne pas partir il y a cinq mois. Alors, accouche, qu'est-ce qui a changé ?

Elle me pense née de la dernière pluie ? Seigneur, je la connais comme ma poche. Si elle n'avait rien à y gagner, elle ne serait pas venue.

— Les élections vont avoir lieu dans une semaine, et qu'il gagne ou perde, le parti a organisé une grande fête en l'honneur de Bruce. Nous devons le soutenir et être unis dans l'adversité.

Traduction, pour que ses partisans continuent de le voter, lui et sa vision de la famille traditionnelle, je dois rappliquer pour ne pas entacher son parcours politique. Mon beau-père est extrêmement ambitieux, je connais sur le bout des doigts ses rêves de grandeur.

— Il faudrait savoir. D'abord, vous me demandez de me faire toute petite, de ne pas faire de vagues et à présent, vous me demandez de rentrer ? Je ne suis pas une putain de marionnette que vous pouvez manipuler comme bon vous semble !

— Ton langage, Brooke ! Je ne t'ai pas élevée comme ça !

Nouvelle crise de rire. Je n'en peux plus d'elle, elle ne se rend pas compte à quel point elle est ridicule. Il n'y a que sa sale petite personne qui compte. Rien d'autre.

— Nous devons être unis, répète-t-elle, tel un perroquet qui aurait appris par cœur un discours. C'est ce que le parti attend.

— Vous n'êtes rien d'autre qu'une bande d'hypocrites, chuchoté-je, la situation m'amusant de moins en moins.

Je n'avais aucune attente, et pourtant... et pourtant, je suis quand même déçue. Peut-on être plus bête que moi ?

— Pourquoi je vous aiderais ? Tu m'as pratiquement laissée crever la bouche ouverte !

— N'exagère pas, s'il te plaît.

— Ne pas exagérer ?! explosé-je. Tu crois que c'est juste la vidéo le problème ?! C'est là que tous mes soucis ont commencé ! Aaron a foutu ma vie en l'air ! À cause de lui, j'ai vécu les moments les plus sombres de mon existence ! J'avais envie de me foutre en l'air ! Tu réalises ?! J'étais si désespérée et seule, que j'ai eu le besoin d'en finir ! Le harcèlement constant, les propositions déplacées, la tentative d'agression... j'allais à l'université avec la boule au ventre tous les maudits jours ! L'as-tu seulement remarqué ? Non, bien évidemment que non.

Pour une fois, elle n'ouvre pas sa bouche. J'en profite pour continuer à me défouler, à lui dire ce que j'ai sur le cœur. Est-ce que mes propos peuvent la blesser ? Peut-être, mais pour l'heure, je m'en moque.

— Cette blessure était la meilleure chose qui pouvait m'arriver ! Et oui, dès que j'en ai eu l'occasion, je me suis barrée. Et si tu te demandes pourquoi je t'ai fuie, t'as un sérieux problème !

— L'agression ? balbutie-t-elle.

Choquée, je retiens ma respiration. Merde, ça m'a échappé. Je ne lui en avais jamais parlé. À quoi bon ? J'ai vite compris qu'elle se fichait de ce qui pouvait m'arriver.

— C'est quoi cette histoire, Brooke ?

— Oh, tu t'intéresses à mon bien-être, maintenant ? persiflé-je, les nerfs sur le point de lâcher. Tu te souviens du jour où je suis rentrée trempée de la tête aux pieds et que tu partais pour un gala ? Je venais d'échapper à une tentative d'agression sexuelle de la part d'un camarade que je pensais digne de confiance.

En évoquant cet événement, tout mon corps frissonne, comme si je me retrouvais encore en plein milieu des rues de Boston.

— Aaron m'a foutu au fond du trou, et toi, tu as été complice, l'accusé-je, en colère comme jamais. Au lieu de me soutenir, tu continues à lui parler et à discuter bien gentiment avec ses riches parents. Tu m'as démontré plein de fois tes priorités, et ça n'a jamais été moi.

— Brooke... je...

D'un mouvement de la main, je l'arrête. Je ne veux pas l'entendre. Qu'importe ce qu'elle dira, ça ne rattrapera pas son comportement. La vie m'a arraché un parent, et Dieu me pardonne pour cette pensée, mais elle s'est trompée de progéniteur.

— Toute ma vie, je n'ai été qu'un pion pour toi. Tu t'es servie de moi, je me suis pliée à ta volonté pour te contenter. Mais c'est terminé, maman.

Ce mot a du mal à quitter ma gorge. Il me brûle l'œsophage.

— Oak Ridge, c'est ma maison à présent, et je m'y sens bien. Je m'y sens aimée. J'ai mamie, Tray, Poppy, King...

Son nom s'est faufilé telle une évidence. Oui, Dillinger rend ma vie meilleure, j'aime être à ses côtés, et même si notre histoire s'avère relativement récente, il n'empêche qu'elle est belle et bien réelle. À cet instant, j'aimerais qu'il soit là pour me dire de tenir bon, de ne pas céder.

— Tu veux que je retourne à Boston pour venir en aide à ton mari et à toi ?

Le regard suppliant qu'elle m'adresse me tord le bide. Le pire dans tout ceci, c'est que j'aurais aimé qu'elle débarque juste pour passer du temps avec moi, sans rien attendre en retour. Sans intentions cachées. Mais c'est bien beau de rêver, pas vrai ?

Les gens ne changent pas. Et ce constat m'attriste plus qu'il ne le devrait.

— Eh bien, tu peux te brosser, Roxane, parce que je ne bouge pas d'ici.

Sans attendre une réponse de sa part, je fais demi-tour et me dirige vers l'entrée afin de lui ouvrir la porte en grand. Les mâchoires contractées, je retiens mes larmes qui ne demandent qu'à être versées. Le sentiment qui m'étouffe est horrible. Je n'ai jamais rien représenté à ses yeux. Elle se fiche de ce qui peut m'arriver, et cette certitude est dévastatrice.

— Bon retour.

Ses talons claquent sur le parquet au fur et à mesure qu'elle avance. Le regard droit devant, la tête haute, elle franchit le seuil et alors que je m'apprête à refermer le battant, le cœur au bord des lèvres, elle se retourne.

— Je ne sais pas si ça servira à quelque chose, mais... tu seras toujours la bienvenue chez nous.

Agacée, je me mords l'intérieur de la joue. J'aimerais lui dire qu'elle aurait dû se comporter comme une mère bien avant. Désormais, c'est trop tard.

Étant donné que je ne pipe mot, elle hoche la tête, enfile ses lunettes de soleil et descend les marches du perron pour rejoindre sa voiture, garée de l'autre côté de la rue.

Appuyée contre le chambranle, j'attends qu'elle détale, et ce n'est qu'une fois que son Jaguar se trouve hors de ma vue que je claque la porte, avant de m'effondrer et fondre en larmes. 

🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒

La pauvre Brooke... c'était le week-end des retrouvailles avec la famille... 😑

Avant ce chapitre, vous aviez eu un petit aperçu de sa mère vis à vis des descriptions de Brooke, mais là, vous avez Roxane en toute sa splendeur. À côté, la mère de King est un ange, pas vrai ? Voilà pourquoi Brooke dit que la mère de King s'inquiète vraiment pour lui, elle sait vraiment ce que signifie ne compter pour personne. 

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu, que vous n'avez pas trop eu les boules 😅

On se retrouve demain pour le chapitre 37 à 20h. Petit indice : je pense que vous allez beaucoup l'aimer 👀

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