Je me cachais souvent les yeux, je jouais la fragile, je crois que je le faisais exprès. Parce qu'il s'amusait à passer son bras autour de moi pour attraper ma main et m'obliger à regarder. Et il aimait me faire peur en me pinçant gentiment au niveau des côtes dans les moments tendus. Et j'adorais ce jeu... Je riais plus fort que nécessaire. Il s'amusait aussi. Et la pénombre semblait nous rendre de moins en moins timides.
Comme si ce qui se passait dans le noir restait dans le noir.
Et, alors que le film touchait à sa fin, on se tourna, allongés, pour se faire face.
— Alors ? dit-il pour savoir ce que j'en avais pensé.
Je n'avais pas vraiment fait attention au film...
— Pas ouf, dis-je taquine.
— T'as flippé, avoue !
— Pas une seconde !
Il aimait jouer avec moi lui aussi. Parce qu'il saisissait toutes les occasions. Il me chatouilla au niveau de la taille, je me tordis en riant, sensible. Et, sans trop comprendre comment, je me retrouvai sur lui. Je tenais ses mains de chaque côté de sa tête et mon rire s'arrêta pour laisser place à une tension pesante. Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? Il ne se battait plus, il me fixait droit dans les yeux avec une assurance qui me faisait frissonner. Et je ne savais plus ce que je devais faire... Noah sourit, il se mordit la lèvre, comme d'habitude. Avant j'aurais voulu lui cogner la tête contre un mur pour ça. Mais là... c'était beaucoup trop bizarre.
— Tu m'aimes bien, en fait, avoue, murmura-t-il sans me quitter des yeux.
— Même pas en rêve, me défendis-je en fronçant les sourcils.
Mais je rougissais...
Il rit en fermant les yeux juste une seconde, comme si je l'amusais. Et, quand ses paupières se rouvrirent et que ses prunelles accrochèrent les miennes... Bordel !
Noah se libéra sans effort et se redressa, passant un bras autour de ma taille, il me garda sur lui et m'embrassa, utilisant sa main libre pour replacer mes cheveux en arrière. D'abord perdue, je reculai la tête, essayant de comprendre.
— Noah... soufflai-je.
— Danielle... répondit-il, un peu moqueur, en regardant ma bouche.
Je souriais, je souriais putain. J'étais dans les bras de l'infernal Noah et je ne souhaitais pas être ailleurs. C'était forcément mystique. La pleine lune ? Une réalité alternative ? Ce n'était pas lui, il avait un frère jumeau qui était son alter ego bienveillant... Forcément ! C'était de la folie ! Une folie douce. Et je me laissais emporter, tant pis pour la logique.
Je l'embrassais aussi.
Il avait été le premier garçon que j'avais détesté. Il avait été à l'origine de mes premières punitions, mes premiers bobos, mes premières heures de colle. Et voilà qu'il me donnait mon premier baiser.
Et plus j'aimais le toucher, plus j'adorais l'embrasser, plus je devinais que je voulais qu'il soit aussi le premier. Je commençai à soulever son tee-shirt quand il m'arrêta doucement.
— On n'est pas obligés, tu sais...
— J'en ai envie.
Il avait l'air timide soudain, presque apeuré.
— C'est la première fois pour moi aussi, soufflai-je pour le rassurer.