Chapitre 33 : Le mariage de Louise & Clément 2/2

9.5K 483 66
                                    

Plus tard, il était assis en face de moi à la table des mariés. J'écoutais d'une oreille le père de Louise, qui me racontait une de ses anecdotes interminables sur son travail de facteur, et je souriais timidement, de temps en temps, à Noah, qui se moquait de moi parce que j'étais coincée avec la pipelette. J'aimais beaucoup le père de mon amie mais j'avais déjà entendu toutes ses histoires quand j'étais petite !

On ne s'était encore rien dit, pas un mot.

Après la pièce montée, que les amoureux découpèrent avant de s'en étaler plein sur la figure, la table se vidait au fur et à mesure que la piste de danse se remplissait. Et, quand la chaise à côté de la mienne se libéra, Noah s'installa. Il était vraiment très proche, je pouvais deviner le parfum de son eau de toilette.

— Chicot, souffla-t-il en me souriant.

— Pisse-Partout.

Il souriait, je jouais avec ses nerfs. Mais il adorait ça. Il se mordit la lèvre en me jetant ce regard, celui qu'il n'avait que pour moi. Je pivotai sur mon siège pour lui faire face, attentive et amusée. J'aimais cette sensation de déjà-vu, ce parfum de possibilités. Noah se redressa, il posa son bras sur le dossier de ma chaise et se pencha légèrement. L'aimant et le fer.

— Je te trouve... tu es magnifique.

— Et que dire de toi, dis-je en replaçant le bord de sa veste.

Toujours ce besoin incontrôlable de le toucher, de fuir son regard pour reprendre mon souffle. Et alors que ma main allait retomber, il la saisit et la garda dans la sienne. Je tremblais, lui aussi.

— Dis moi ce que tu deviens, souffla t il.

— Plein de choses et en même temps pas tellement, commençais-je. Je vis dans un minuscule studio que j'adore. Je suis enfin une adulte et j'essaye de ne pas me poser trop de questions.

— C'est génial, je...

— Tu reviens vivre ici, dis-je en réalisant combien ça me rendait heureuse.

— Oui, je suis revenu.

Il regardait nos doigts accrochés, son pouce qui caressait le dos de ma main en faisant des cercles avec douceur. J'avais fait tellement d'efforts cette dernière année. Peut-être pour me préparer à ce moment précis ? Et pourtant, je ne savais pas quoi lui dire ni par où commencer. Il semblait attendre que j'en dise plus alors que je le trouvais distant.

Tant de barrières s'étaient effondrées la dernière fois qu'on s'était vus. La dernière fois qu'on s'était touchés. Autant que de murs s'étaient érigés. Et s'il s'était acharné à guérir de moi et qu'il avait tourné la page ? Si j'arrivais trop tard ?

Noah leva les yeux vers moi et ne put s'empêcher de me sourire. Je crois qu'il avait peur de moi.

On avait joué cette scène combien de fois, déjà ? Comme autant de fins alternatives à notre histoire. On se reprenait toujours là où on s'était laissés. Parce que la fin n'était jamais satisfaisante. Et mon cœur hurlait, il voulait lui dire tout ce que j'avais eu la trouille d'avouer, même si je le sentais plus réservé. Rien n'avait changé depuis l'été dernier. Enfin si, les choses étaient différentes, je ne voulais plus fuir.

« Je t'aime, Noah, je t'adore, je te hais parfois, je peux tout faire, tout ressentir si c'est toi. Tu es le premier, tu es le seul. Et, si on se rate toujours à la fin, c'est peut-être parce que ce n'est pas censé se finir ? On se cherche mais on est là. Fais-moi un signe, Noah, je t'en prie, dis quelque chose ! »

Est-ce qu'il pouvait me parler mieux que ses yeux ? Est-ce que les mots s'ancreraient si bien dans mon âme ?

Pardon, Louise, pardon, Clément. C'est votre journée, je sais. Mais je n'entends plus ni la musique ni le bonheur des autres. Je ne vois que lui. Mon bonheur à moi. Et il me voit aussi. Je ne me trompe pas. Ça marche vraiment, ça fait vingt ans que ça marche. Les paroles de Clément me reviennent, le timing, le temps sait ce qu'il fait et je sais ce que je veux.

Après un silence léger, juste un instant volé, le temps que nos peaux se souviennent l'une de l'autre, je réalisais qu'il y avait quand-même une question que je me posais encore.

— Tu me détestes toujours ? soufflai-je.

Noah sourit, il pencha la tête en arrière avant de me regarder, je savais que je le rendais fou. Je ris, un peu nerveuse, mais je me rapprochai encore de lui. Son bras sur le dossier de ma chaise descendit dans mon dos tandis qu'il se rapprochait aussi. Et on était là, on se fixait, on s'aimait par le regard, on s'adorait. Ce n'était pas fini, c'était ce soir, le lendemain et tous les jours si on le voulait. On se dévorait et j'attendais qu'il réponde, je savais qu'il m'avait comprise. Il avait tout compris bien avant moi.

Noah s'avança doucement pour murmurer à mon oreille :

— Oui... plus que tout au monde.





à suivre...

(La suite est dispo sur mon compte, Même pas en rêve #2)

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Where stories live. Discover now