Chapitre 24

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On en était restés là, sur ce fou rire délicieux et ce baiser manqué. Il me rendait timide, je le rendais nerveux. Alors on s'était contentés de dormir l'un contre l'autre. Je ne savais pas si on devait vraiment se lancer.

Je me réveillai la première, j'en profitai pour l'observer sous la lumière du jour. L'ombre d'une branche bousculée par le vent dansait sur son visage. Il me rendait toujours folle, il éveillait mille choses en moi. Et il me faisait si peur, J'étais une adulte aujourd'hui, lui aussi. Est-ce qu'on pouvait faire ça ? Est-ce qu'on avait le temps pour jouer ? Que se passerait-il si lui, qui ne prenait jamais rien au sérieux, faisait pareil avec moi ? C'était peut-être toujours un jeu pour lui ?

Je sortis du lit sans le réveiller et quittai la chambre discrètement. Depuis les escaliers je vis Benji, toujours endormi dans le canapé. Sans bruit, j'allai dans la cuisine et je tombai sur Louise, en train de boire son café.


— Bonjour, lança-t-elle en plissant les yeux et en souriant. Tu sors de ta chambre ? m'interrogea-t-elle.

— Oui, dis-je, mal à l'aise, en me servant une tasse de café.

— Et où est Noah ?

— Hum, il dort encore.

— Dans cette même chambre, continua l'inspecteur du dimanche.

— Et dans ce même lit, dis-je pour lui couper l'herbe sous le pied.

— Allez, raconte à ta meilleure amie, me pressa-t-elle en se levant pour venir près de moi.

— Y a rien à dire, on a dormi, c'est tout.

— Il se passe un truc, je le sais, j'ai le flair pour ça, alors accouche !

— Il se passe rien du tout, tu te fais des films, dis-je tout en souriant et en me souvenant de la veille.


Noah entra dans la cuisine à ce moment-là. Je sentis mon petit cœur, peu habitué à s'emballer comme ça, qui tressautait de joie. Mais Noah passa à côté de moi sans me parler, il attrapa une tasse pour la remplir, avec un air d'ours mal léché, puis quitta la pièce. Il ne m'avait pas regardée, j'étais invisible. Je n'avais peut-être pas menti à mon amie finalement... il ne se passait vraiment rien, sauf dans ma tête. Fini les néons lumineux et les boules à facettes dans ma poitrine, mon cœur ne dansait plus.

Louise retourna s'asseoir, elle me croyait maintenant, vu l'attitude de Noah.

Plus tard, je remontai m'habiller dans ma chambre, déboussolée. Il m'avait prise dans ses bras, je ne l'avais pas rêvé, et il avait voulu m'embrasser. J'en avais envie aussi, mais c'est lui qui avait initié le truc. Il n'y avait rien à faire, je ne m'expliquais pas sa froideur soudaine. Alors, quand je le croisai dans le couloir, je le poussai dans la chambre pour lui parler. J'en avais marre de me poser mille questions sans avoir les réponses.


— C'est quoi ton problème ? m'énervai-je à voix basse en refermant la porte.

— Toi, c'est quoi ton problème ? répondit-il plus fort.

— Chut, parle moins fort, les autres vont t'entendre !

— Ah oui, madame ne veut pas qu'on en parle, j'oubliais !

— Quoi ? Non, c'est juste que...

— Juste que quoi ? s'énerva-t-il, le regard dur.


On ne jouait plus du tout cette fois.


— T'es insupportable comme mec, qu'est-ce qui te prend, bordel ? criai-je sans me soucier que tout le monde m'entende. Pourquoi t'es comme ça aujourd'hui alors que t'étais génial hier ? J'en peux plus de ton manège, ça m'amuse plus du tout, Noah.

— Moi, j'en ai ras le bol que tu ne saches pas ce que tu veux, Dany. Pourquoi tu veux toujours mentir à propos de nous ?


Nous.

Il y avait un nous ? Juste une petite ligne sur le papier, qu'on était en train de raturer. Nous, putain. Noah et moi. L'insupportable Noah.

Hier soir je vivais l'un des plus beaux moments de ma vie et ce matin on crachait dessus. 

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Where stories live. Discover now