Oak Ridge Campus #1 King ©

By TamarSaborido

219K 16K 10.1K

#campus #hockey #patinage #romance #hefellfirst #spicy #newadult «Féroces sur la glace, fiers dans la victoir... More

🏒⛸️BIG ANNONCE 😍
Avertissement🔞
⛸️Un petit avant-goût?🏒
Chapitre 1 - King 🏒
Chapitre 3 - Brooke ⛸️
Chapitre 4 - King 🏒
Chapitre 5 - Brooke ⛸️
Chapitre 6 - King 🏒
Chapitre 7 - King 🏒
Chapitre 8 - Brooke ⛸️
Chapitre 9 - King 🏒
Chapitre 10 - Brooke ⛸️
Chapitre 11 - King 🏒
Chapitre 12 - Brooke ⛸️
Chapitre 13 - King 🏒
Chapitre 14 - Brooke ⛸️
Chapitre 15 - King 🏒
Chapitre 16 - Brooke ⛸️
Chapitre 17 - King 🏒
Chapitre 18 - Brooke ⛸️
Chapitre 19 - King 🏒
Chapitre 20 - Brooke ⛸️
Chapitre 21 - King 🏒
Chapitre 22 - Brooke ⛸️
Chapitre 23 - King 🏒
Chapitre 24 - Brooke ⛸️
Chapitre 25 - King 🏒
Chapitre 26 - Brooke ⛸️
Chapitre 27 - Brooke ⛸️
Chapitre 28 - King 🏒
Chapitre 29 - Brooke ⛸️
Chapitre 30 - Brooke ⛸️
Chapitre 31 - King 🏒
Chapitre 32 - Brooke ⛸️
Chapitre 33 - King 🏒
Chapitre 34 - Brooke ⛸️
Chapitre 35 - King 🏒
Chapitre 36 - Brooke ⛸️
Chapitre 37 - King 🏒
Chapitre 38 - Brooke ⛸️
Chapitre 39 - King 🏒
Chapitre 40 - Brooke ⛸️
Chapitre 41 - Brooke ⛸️
Chapitre 42 - King 🏒
Chapitre 43 - Brooke ⛸️
Chapitre 44 - King 🏒
Chapitre 45 - Brooke ⛸️
Chapitre 46 - King 🏒
Chapitre 47 - Brooke ⛸️
Chapitre 48 - King 🏒
Chapitre 49 - Brooke ⛸️
Chapitre 50 - Brooke ⛸️
🏒 Épilogue ⛸️
Mot de fin 💞
Où en est le tome 2?
ORC#2 - Cover reveal + résumé

Chapitre 2 - Brooke ⛸️

5.1K 325 224
By TamarSaborido

— Tu penses sérieusement que descendre dans cette cave est le choix le plus avisé ? demande ma grand-mère au personnage du film d'horreur que nous regardons ensemble, un bol de pop-corn entre nous. Bon sang, mais elle a un poids chiche à la place du cerveau ou quoi ?

Dans mon coin, je me marre silencieusement. Le samedi, c'est soirée film depuis que j'ai débarqué à Oak Ridge, il y a maintenant deux mois. Nous ne ratons aucune séance, et cette fois, nous avons pioché au hasard dans une longue liste de films que j'ai concoctée au début de l'été, pour tomber sur ce navet. Les commentaires de ma grand-mère sont cent fois plus intéressants que ce truc qui défile sous mes yeux depuis plus d'une heure.

Pourquoi ne pas limiter la casse et continuer à souffrir le martyre ? Nous avons un petit côté masochiste que nous aimons entretenir. Nous ne sommes pas mamie et petite-fille pour rien.

Je pioche dans le pop-corn avant qu'un type se fasse buter à l'aide d'une tronçonneuse. Rien d'original, c'est certain. Selon moi, les seuls films d'horreur qui valent le détour, c'est The Conjuring ainsi que ses suites. T'as de quoi avoir la frousse et les personnages ne sont pas complètement teubés.

Là, le niveau de connerie est juste trop flagrant.

Au moins, ça nous permet de rire un bon coup et de critiquer sans aucun état d'âme.

— Tu es d'accord avec moi, pas vrai, Brooke ? On ne peut pas être plus bête ! Et je suis certaine que la production de ce truc a coûté un bras ! s'indigne-t-elle. De mon temps, les films avaient de plus petits budgets, mais ils étaient bien meilleurs. Demain, on regarde un film des frères Marx !

— Si tu veux, ricané-je, amusée par ses sourcils froncés et cet air boudeur qui imprègne son visage ridé.

J'aime bien les films en noir et blanc, aussi étrange que cela puisse paraître. Ils ont un certain charme, je l'avoue.

Bordel, quelle bande de bras-cassés, s'offusque-t-elle en français avant de se lever du canapé.

Les gros mots, elle ne les balance qu'en sa langue maternelle. Elle vit depuis plus de soixante ans aux États-Unis, néanmoins, elle n'a rien perdu de la langue de Molière.

Elle a épousé mon grand-père relativement jeune, lorsqu'elle avait dix-sept ans. Pilote de l'US Air Force, sa base était établie à Châteauroux-Déols, dans la région Centre de la France. Une dizaine d'années plus âgé qu'elle, ils sont tombés amoureux et lorsque les Américains ont dû quitter le territoire français en mars 1967, il l'a épousée et l'a ramenée avec lui en Amérique.

— Bon ! soupire-t-elle en tapant dans ses mains. Ce n'est pas que je ne t'aime pas, jeune fille, mais je pars me coucher. Tu veux bien faire sortir Milo dans le jardin ? Sinon, il va vouloir faire ses besoins à deux heures du matin.

Le petit yorkshire, couché dans son panier, lève instantanément la tête en entendant son nom. Ses oreilles se redressent, à l'affût, il nous regarde de ses petits yeux expressifs et un poil fouineurs.

— Oui, ne t'inquiète pas. Je m'occupe de lui, va te coucher.

— Très bien. Bonne nuit, mon cœur.

— Bonne nuit, mamie.

Elle m'embrasse sur le front, comme toutes les nuits, et monte à l'étage.

— Bon, mon coco, tu viens ? m'adressé-je à la boule de poils.

Il se lève de son panier, remue la queue et me suit à travers le salon afin d'atteindre la porte qui donne au jardin. Contrairement à d'autres maisons, ma grand-mère a décidé de ne pas installer une ouverture pour son chien. D'après elle, il y a trop de ratons laveurs dans le coin et elle refuse de retrouver une de ces bestioles chez elle en train de la cambrioler. Lorsqu'elle m'en a expliqué la raison, je n'ai pas pu éviter d'imaginer un voleur avec la tête d'une de ces bêtes. J'ai failli m'étouffer avec mon bout de pizza.

Bernadette Greene est un sacré phénomène, au moins, être près d'elle m'aide à oublier mes soucis. Elle est un véritable souffle d'air frais, ici, je ne me sens nullement oppressée.

J'ouvre le battant et Milo sort en trombe sur le porche, avant de descendre les trois marches pour rejoindre la pelouse. Cet après-midi, j'ai aidé ma grand-mère à fertiliser une petite parcelle près de la clôture. Nous prévoyons de planter des tomates ainsi que d'autres légumes.

En attendant que le chien revienne, je m'appuie contre le mur derrière moi et pousse un long soupir. Mon portable se met à vibrer dans ma poche de jogging, il n'a pas cessé de toute la soirée. Il s'agit de ma mère, mais je refuse de lui répondre. Je suis à deux doigts de la bloquer pour qu'elle arrête son manège. Si je suis partie de Boston, c'est bien pour m'éloigner de son comportement toxique, ainsi que de son con de mari. À croire qu'être maire d'une grande ville te donne tous les droits.

Oui, j'ai bien compris que mon scandale peut lui coûter les élections. Oui, je suis une déception constante. Oui, j'ai envoyé mon brillant avenir dans le patinage artistique se faire foutre. Elle pense peut-être que je l'ignore ? Mais qu'y puis-je ? Rien, c'est ainsi.

Ce qui est fait est fait. Je suis la première à vouloir revenir en arrière, à ne jamais avoir croisé la route de ce salopard que j'avais tendance à appeler « petit-ami ».

Bien évidemment, c'est toujours la fille qui trinque. Dans cette société à deux balles, remplie d'injustices, c'est monnaie courante. Quand une femme se fait filmer pendant des ébats sexuels et que la vidéo fuite elle n'est rien d'autre qu'une pute. Enfin, « fuiter », on se comprend. Disons plutôt que ce fils de chien s'est fait un plaisir d'envoyer cette vidéo, dont j'ignorais l'existence, à tous ses potes et ces derniers se sont amusés à repartager avec tout le campus, puis avec la Terre entière.

Lorsqu'on fait partie d'une équipe de hockey, l'une des plus prisées de la ligue universitaire, ce genre de crasse te retombe rarement dessus. Tu es beaucoup trop important pour le championnat, pour l'université ; même en portant plainte, ça ne sert à rien. J'ai essayé, on m'a aisément fait comprendre que c'était ma responsabilité et que je n'avais pas le droit de ruiner l'avenir de quelqu'un pour une broutille de ce genre.

Oui, un flic a eu l'audace de me répondre une saloperie pareille.

Quant à ma famille ? Mon beau-père a été rapidement mis au courant du contenu de cette vidéo et il m'a les points sur les « i » : il ne voulait pas d'une putain sous son toit, puis surtout, il avait une réputation à préserver auprès de ses électeurs. Qu'allaient-ils penser de lui alors que sa belle-fille figurait sur une sex-tape ? Son avenir était en jeu, alors j'avais intérêt à me faire toute petite et à ne pas la ramener.

En ce qui concerne ma mère, elle s'est rangée de son côté. En soit, je me suis retrouvée seule et démunie face à une situation qui m'a atrocement meurtrie.

J'ai été pointée du doigt par mes camarades ; j'ai reçu des messages de tous genres sur les réseaux sociaux... ma réputation est tombée au plus bas. Les propositions salaces se sont enchaînées de manière exponentielle. J'étais passée de « la petite patineuse » à « la petite tapineuse ». Les rumeurs, plus fausses les unes que les autres, ont circulé au point où mon coach a mis un terme à notre collaboration, parce que mes sponsors ont décidé de nous larguer. Ils craignaient que mon image porte préjudice à leur business.

Ma vie, c'était la glace, et ce, depuis que j'ai des souvenirs. Dès ma plus tendre enfance, j'ai participé à des compétitions, à des championnats, j'ai un beau palmarès derrière moi et je me préparais afin d'être sélectionnée pour les prochains Jeux d'Hiver quand cette bombe m'a explosée en pleine gueule.

Je ne me suis pas laissé abattre lors des premiers mois, j'ai même cherché d'autres coachs, d'autres sponsors... on m'a à chaque fois claqué la porte au nez. Puis, un jour, en m'entraînant seule, j'ai tenté une pirouette que je n'aurais pas dû et je me suis vautrée par terre, non sans causer de sacrés dégâts. Verdict ? Je me suis fracturé la cheville droite... pour la deuxième fois.

Ce que cela signifie ? Que même guérie, après une opération et plusieurs mois de rééducation, je ne pourrais plus patiner de façon professionnelle. Tout au plus, ces années d'apprentissage pourraient me servir pour enseigner à mon tour, ou encore lors d'exhibitions, mais je ne dois plus forcer, sous risque de me casser la cheville une troisième fois. Les dégâts seraient irréparables alors. J'ai même fait la une des magazines spécialisés.

« Brooke Greene, belle promesse du patinage artistique, raccroche ses patins à 19 ans pour cause de blessure grave ».

En réalité, mon parcours est parti se faire voir dès l'instant où cette sale vidéo a vu le jour. Je me suis acharnée, je n'ai pas voulu abandonner, mais l'univers s'est retourné contre moi de toutes les façons possibles.

Voilà pourquoi venir à Oak Ridge était la meilleure solution. Ici, je me sens bien et cette maison me rapporte de très beaux souvenirs, surtout en lien avec mon père. Je venais ici tous les étés jusqu'à mes dix ans, avant qu'il ne tombe malade et refuse que je vienne le voir. Son ostéosarcome l'a ravagé pendant deux ans avant de l'emporter définitivement. Mes grands-parents ne se sont éloignés de lui à aucun moment, ils l'ont accompagné jusqu'à la toute fin.

J'aurais aussi aimé être là, même si, à présent, je comprends ses choix.

Soudain, un cri me ramène à l'instant présent. Dans un premier temps, je pense à Milo qui a fourré son nez là où il ne faut pas. Pourtant, ce hurlement n'avait rien d'animal. Se pourrait-il que quelqu'un se soit introduit dans le jardin ?

Le quartier est plutôt calme, tout comme la ville, cependant, on n'est jamais à l'abri de tomber sur un taré.

Sur le qui-vive, j'attrape la batte de baseball qui traîne près du lave-linge, et qui appartenait à mon père. Ma grand-mère l'utilise pour remettre en marche la machine, elle a tendance à être capricieuse.

Dans ma poigne, je sors dans le jardin, mon téléphone me servant de lampe-torche. J'avance à travers la pelouse avant de contourner un arbuste et voir un type aux fringues débraillées se battre avec Milo.

Le yorkshire s'acharne sur la jambe de son pantalon tandis que le type bouge son extrémité afin qu'il lâche prise. Je ne saurais dire si la scène est comique ou terriblement lamentable.

— Sale sac à puces, tu vas me lâcher, oui ! Mais quelle soirée de merde, sérieux !

Armée de ma batte de baseball, je m'avance et en percevant la lumière de mon portable, le mec s'immobilise.

— Génial, il ne manquait plus que ça, marmonne-t-il.

— Milo !

Le cabot grogne, mais vient tout de même vers moi. L'intrus pousse un long soupir, remet ses cheveux en place et je remarque... qu'il est tout barbouillé de terre. Son blouson à l'effigie des Black Hawkes, l'équipe sportive de ma nouvelle université, tous sports confondus, est totalement fichu. On dirait bien que ce crétin s'est découvert une passion pour le parkour et qu'il a décidé de péter notre clôture en s'introduisant dans notre jardin. C'est quel genre de malade, encore ?

— Je peux savoir ce que tu fiches sur une propriété privée ?

Il ferme les yeux, serre les dents et s'appuie contre la barrière qu'il a à moitié pétée. Ma grand-mère sera ravie demain matin. En tout cas, il est hors de question qu'il s'en sorte sans représailles.

— Écoute, soit tu parles, soit j'appelle le shérif.

— Ce gros lard est beaucoup trop bien chez lui en ce samedi soir pour venir jusqu'ici, voyons.

— Souhaites-tu tenter le sort, Dillinger ?

Automatiquement, il fronce les sourcils, tourne son visage dans ma direction et pouffe légèrement, incrédule.

— Je ne suis pas venu te braquer, je tentais de m'enfuir.

— À travers les jardins ? Certes, on ne te prendrait pas du tout pour un voleur.

— Écoute...

Il fait un pas dans ma direction, Milo contre-attaque. Cette petite boule de poils a un sacré caractère, il ne vaut mieux pas la titiller et encore moins, tenter quelque chose à mon égard. Je resserre la batte entre mes mains, prête à frapper si besoin. Si je dois l'assommer le temps que les autorités arrivent, je le ferai sans hésiter.

— Tu peux dire à ton chihuahua d'arrêter de me montrer ses crocs ? C'est... flippant.

— Tu empiètes sur son territoire, alors non. Et pour info, espèce d'ignorant, c'est un yorkie.

— Il a plutôt des allures de rat, si tu veux mon avis.

— En tout cas, ce n'est pas lui qui sent le fertilisant à plein nez, le rabroué-je en percutant à quel point il pue. Maintenant, tu veux bien accoucher et me dire ce que tu fous dans MON jardin ?

Il serre les mâchoires, grogne, puis donne un coup de poing sur la clôture, ce qui énerve Milo davantage. On dirait qu'il a envie qu'un petit chien le réduise en charpie.

Mais qu'est-ce que je fous ? J'ai le téléphone à la main, j'aurais déjà dû appeler la police.

— Très bien, c'est toi qui l'auras voulu.

Je marque le numéro des autorités du coin, quand il lâche :

— J'échappais à un mari en pétards ! Contente ?

Sans quitter un seul instant ce type des yeux, je raccroche. Donc, si je comprends bien, ce blaireau se tapait une femme mariée qui vit dans le coin et il s'est fait surprendre par le mari ?

On dirait qu'il ne craint pas la mort !

— Me regarde pas comme ça.

— Comme quoi ? pouffé-je.

— Comme si j'étais un pervers !

— Ce n'est pas moi qui viens d'avouer m'être tapée une femme mariée.

— Pour info, je n'avais pas encore couché avec elle, précise-t-il en un soupir agacé.

On dirait que ce crétin vient de passer une soirée mouvementée et pas du tout prévue. Il me semble aussi un poil alcoolisé, même si la peur de se faire flinguer l'a sans doute aidé à décuver à la vitesse de l'éclair.

Sous la lumière de ma lampe-torche, l'intrus a l'air au bout de sa vie. Je discerne plus ou moins bien ses traits, mais par rapport à son âge et son blouson, il semblerait qu'on aille à la même université.

— Maintenant, tu peux arrêter de me braquer avec cette batte de baseball ? Je ne suis pas une menace.

Méfiante, je recule d'un pas et prends Milo dans mes bras pour que cet idiot se détende un peu. Je n'oublie pas le cri de demoiselle en détresse qu'il a lâché un peu plus tôt.

— Allez, sors de là. Tu as foutu en l'air toute une après-midi de travail. Je vais devoir tout replanter, me lamenté-je.

— Désolé, la clôture a cédé.

Il quitte la parcelle et se rapproche de moi, il est d'une bonne tête plus grand que moi, sa carrure est sacrément imposante. J'ignore de quelle équipe sportive il fait partie, mais sans doute celle de football vu son gabarit.

— Je paierai les réparations, me promet-il.

— T'as intérêt. Ma grand-mère risque de faire une crise demain en voyant l'état de son potager.

— Pardon, murmure-t-il en se mordant la lippe.

Il baisse la tête et enfonce ses poings dans les poches avant de son jean. À l'instant, il ressemble à un chiot qui se serait perdu. Il en est presque mignon, mais je suis certaine qu'il use de stratégie pour m'amadouer.

— Tu ne vas pas rester ici toute la nuit en attendant que ce mari furax se calme, rassure-moi.

— J'ai été à deux doigts de me faire prendre, et ce type a un flingue, je pourrais même dormir dans la niche du chien, vois-tu.

Je ravale un rire. Ce mec est vraiment... étrange. D'ailleurs, j'ignore pourquoi, mais il semble n'avoir aucun filtre. La preuve, au lieu de s'inventer une excuse quelconque, il m'a balancé être sur le point de copuler avec une femme – une cougar je présume, il n'y a pas de couples jeunes dans le quartier – avant que son cher et tendre ne débarque à l'improviste.

Définitivement, ce type a un grain.

— Dommage pour toi, Milo n'aime pas partager, me moqué-je. Tu n'as pas de voiture ?

— Non, je suis venu dans celle de mon coup. Je vais appeler l'un de mes potes pour qu'il vienne me chercher, il n'en sera pas ravi.

— Vu l'heure, je le comprends. À sa place, je te ferais la peau.

— Merci pour ta franchise, ironise-t-il.

— Au plaisir.

Il sort son portable de sa poche arrière et téléphone à son pote. Il met quelques secondes à décrocher, le son de sa voix rauque me parvient. L'idiot qui me fait face vient de le réveiller, c'est un fait.

Il lui demande de se ramener sans lui donner trop d'explications. Ronchon, son ami accepte et il raccroche, à bout.

À nouveau, il laisse échapper un soupir qui en dit long.

— Tu peux attendre sur le porche de devant le temps que ton pote débarque, me montré-je conciliante.

Visiblement, il a eu une soirée merdique, et même s'il m'a fichu une trouille monstre au premier abord, je n'ai pas envie d'en rajouter une couche. Il a l'air déjà assez misérable comme ça.

— Merci, c'est gentil. On échange nos numéros ?

J'arque un sourcil.

Sérieux, il ose me draguer alors qu'il y a quelques instants il était sur le point de conclure avec une autre femme ? Il y en a qui ne perdent pas le nord. Tous les mecs sont pareils, ils ne peuvent pas garder leur queue dans leur froc bien longtemps.

— C'est pour la réparation de la clôture, s'empresse-t-il de préciser. Si tu préfères, je te donne le mien et tu m'appelles quand tu le souhaites pour que je te fasse un virement.

Je grimace légèrement, mes joues s'enflamment. Peut-être me suis-je trop précipitée, cependant, j'ai déjà fréquenté de sacrés énergumènes. Le contraire n'aurait pas été très étonnant.

— Faisons comme ça.

Il s'agit peut-être d'une stupidité de ma part, mais je le préfère. Dans le pire des cas, je pourrai toujours le contacter via un numéro masqué ou encore depuis le téléphone fixe. Disons que j'ai vécu trop de mauvaises expériences ces derniers mois, et que je ne souhaite pas tenter le Diable.

Il récite son numéro, chiffre par chiffre, et je l'enregistre sous le pseudo de « Dillinger ». Étrangement, ça me fait marrer.

— Tu veux mon nom ?

— Ça ira. Bon retour chez toi, décuve bien et... une bonne douche ne te fera pas de mal. Si tu veux mon avis, jette ces vêtements, tu n'arriveras pas à retirer l'odeur et ça va contaminer toutes tes autres fringues.

Sans même lui laisser le temps d'en placer une, je lui tourne le dos et repars à l'intérieur. Je ferme la porte à clef, repose Milo par terre, puis éteins la lumière, sans pour autant quitter des yeux l'intrus de la soirée. Soulé, il donne un coup de pied contre le tronc de la haie et déguerpit du jardin avant de passer par la ruelle adjacente à la maison.

Je devrais sans doute aller me coucher, pourtant, je pars vers l'entrée, où une fenêtre me permet de voir le porche. Il s'est installé sur les marches, je l'entends soupirer et jurer, puis le silence se fait.

Le jeune sportif titille sa jambe, nerveusement et même de dos, j'ai l'impression qu'il se ronge les ongles. Sur les nerfs, je ne comprends pas très bien ce qu'il raconte, néanmoins, je sais qu'il peste.

Milo à mes basques, je ne suis pas la seule à épier Dillinger. D'ailleurs, il grogne de temps en temps, cependant, il n'aboie pas. À chaque fois qu'il bouge de l'autre côté de la grande fenêtre, le chien se tend, prêt à l'attaque.

Au bout d'une trentaine de minutes, un ancien modèle de Jeep Renegade débarque, les phares allumés. Elle se gare, sans pour autant éteindre le moteur.

Dillinger se lève, trottine vers elle et au moment d'ouvrir la portière, le conducteur s'exclame :

— Mec, tu schlingues ! Tu t'es fait asperger par une mouffette ou quoi ? Il est hors de question que tu grimpes dans ma caisse, cette odeur infecte va s'imprégner dans la moquette !

Je pose une main sur ma bouche afin de couvrir le son de mon rire. Mes zygomatiques prennent cher.

— Va te faire foutre, Cass ! Ramène-moi à la maison !

— Si tu veux monter dans ma voiture, tu te débarrasses de ton froc et de ton blouson. Non, je ne veux rien entendre. C'est ça, ou tu rentres à pied.

De plus en plus énervé, Dillinger n'en a que faire des avertissements de son ami et s'installe tout de même sur la place copilote en prétextant lui payer le nettoyage, si besoin est. Le conducteur lâche un juron, toutefois, il enclenche la marche arrière et la Jeep disparaît rapidement de ma vue.

Une fois tous les deux partis, je monte à l'étage, accompagnée de Milo qui s'est relativement calmé.

Quelle étrange soirée et surtout, quel étrange personnage.

À voir comment j'expliquerai demain à ma grand-mère pour le désastre du potager et de la clôture.

🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒

La suite est déjà disponible 😉

Continue Reading

You'll Also Like

680K 30.2K 96
Dans les bras d'un autre, je me demande, est-ce que tu m'oublies ?
82.1K 5.2K 17
❝ 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐜𝐡𝐨𝐭𝐞𝐫𝐢𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞𝐧𝐭 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐭𝐫𝐨𝐩 𝐥𝐨𝐮𝐫𝐝𝐞𝐬. ❞ ⠀꒱࿐ DROGUE + YOONMIN ˚.*ೃ ©𝗬𝘂𝗸𝗶...
10.6K 807 21
Au moins une fois dans notre vie, on s'est trompé de numéro. La plupart du temps on s'excuse du dérangement et c'est terminé, sauf que là, ça pourrai...
2K 60 13
❄️ Suite de l'histoire Lui et moi, moi et lui. L'histoire commence dans l'épilogue du tome 1. ❄️ Après une dernière journée de lycée disons... trist...