Mardi 9 novembre 2021
Monaco, 00h14
PDV de Julia
Les mains tremblantes sous la lune monégasque, j'ai l'impression qu'en ce moment le nuit me joue des tours. Celle qui a toujours été ma plus grande confidente. Ce soir, je sens que je vais la détester. Des sueurs froides glissent dans mon cou, pourtant il n'y a pas une brise, aucun courant d'air.
J'avance à pas microscopiques jusqu'à la porte, comme si repousser le moment pouvait le rendre moins angoissant. Une lettre est déposée sur le dessus du carton. Je prends plusieurs photos, afin de garder des preuves puis prends mon courage à 2 mains et ouvre l'enveloppe.
J'ai hâte de te retrouver
Je n'arrête pas de penser à toi
Lord P.
♡
Maintenant au courant que ces lettres ne viennent pas de mon Lord Perceval, un goût amer me reste en bouche lorsque je commence à déchirer le carton. L'intérieur est rempli de confettis blanc et rouge, de bonbons, mais aussi de photos.
Ma respiration se bloque sous le choc. Une gigantesque vague nauséeuses me prend aux tripes, j'ai presque l'impression de me noyer. Ces photos datent d'aujourd'hui. La 1ere a certainement été prise dans la voiture en arrivant au palace. Et la 2e lorsque mon frère et moi avons quitté le palace, il y a seulement quelques minutes.
Brusquement, je relève les yeux, balaye le quartier du regard pour apercevoir mon frère. Il arrive au même moment en courant, indiquant qu'il y a aucune trace de personne. J'attendrai de voir les caméras.
Leo s'attarde désormais sur le contenu du colis pendant que je déverrouille la porte d'entrée en trombe. La porte se claque contre le mur, faisaint pousser un cri aigüe à Gloria et un bruit sourd de poêles qui s'entrechoquent.
Gloria: Vous êtes déjà la ? je rentre essoufflée
Moi: Où est Jules ?
Gloria: Il dort dans sa chambre, je me retourne et embaumant à grands pas les escaliers. Qu'est ce qui ne va pas ma puce ? Je l'entends me demander au loin
L'angoisse me compresse les poumons. Des frissons d'horreurs figent ma peau. Mon cerveau s'est gelé sur ce moment affreux, je ne suis plus capable de réfléchir. J'ai juste besoin de partir, de récupérer mon fils et de me réveiller de ce cauchemars.
J'arrive enfin devant la porte de sa chambre, à bout de souffle après avoir enjambé chaque marche des escaliers et couru dans le couloir. Je prends quelques secondes pour me détendre et ne pas faire ressentir toute ma tension à mon bébé. Puis je rentre dans la chambre.
Mon Jules est allongé sur le dos, sa tétine dans la bouche, enroulé dans une gigoteuse. Son sommeil est paisible, sa respiration est calme. Je glisse mon doigt le long de son adorable joue. Il est là. Il va très bien. C'est tout ce qui compte. Les caresses de mon pouce sur son front le détendent autant que moi. Les vibrations de mon téléphone dans ma pose me sortent de ma bulle.
De Charles
J'ai appelé ma mère. Elle t'attend.
Appelle moi dès que tu as besoin.
Ça va aller, je te le promets.
❤️
Je verrouille le téléphone et me reconcentre sur mon objectif. Je me dirige vers la penderie de Jules et mets un tas de vêtements ainsi que tout ce qui est essentiel dans un gros sac. Je ressors puis prends plusieurs tenues à moi.
Moi: Allez viens mon amour
Je soulève délicatement mon bébé pour tenter de ne pas le réveiller. Il semble se réveiller quelques secondes, puis se rendort la tête dans mon cou une fois dans mes bras. Je redescends rejoindre Gloria qui a déjà préparé un sac avec tout ce qu'il faut pour ses biberons.
Je déteste ça. Le visage de ma Gloria est crispé. Elle n'ose rien me dire, mais mon frère lui a tout raconté. Elle transpire l'inquiétude et pourtant, elle m'adresse son éternel sourire maternel. Le seul que j'ai connu de mon enfance. Ma seule vraie présence féminine toutes ces années. Une mère de substitution.
Gloria: Je t'ai tout préparé, il y a tout. Si tu as besoin d'autres choses appelle moi surtout
Moi: Merci Glo, je lui chuchote pour ne pas réveiller mon bébé.
Gloria me prend dans ses bras puis dépose un baiser sur la joue de mon fils et sur la mienne. Je crois même apercevoir une larme couler le long de sa joue. Cette image me brise le coeur. Cette femme est tellement précieuse et exceptionnelle pour ce monde.
La porte d'entré s'ouvre brutalement sur mon frère et j'ai un hoquet de surprise lorsque je vois le petit frère de Charles débouler dans ma cuisine. Il me faut quelques secondes pour processer ce qu'il se passe, secondes durant lesquelles Arthur nous salue.
Moi: Quest ce que tu fais la ?
Arthur: Bah à ton avis ! Il pince la joue de Jules qui rigole. Charles m'a appelé, je t'emmène chez la madré
La minute d'après, Jules est déjà attaché dans le siège auto à l'arrière de la voiture et nos affaires dans le coffre. Je me laisse complètement porter. Je me sens juste dépassée par les événements et je n'ai même pas eu le temps de me remettre du contenue de la boîte devant ma porte. Alors je m'assois côté passager de la voiture d'Arthur et je patiente. Je profite de ces quelques secondes de répit pour envoyer les photos à Charles.
Leo: Ju, mon frère pose ses bras sur le rebord de ma fenêtre et caresse mes cheveux. Je préfère rester là avec Gloria, pour ne pas la laisser toute seule. Arthur reste avec toi, appelle moi si tu as besoin ok ? Je passe vous voir demain
Je me penche au plus près de la portière pour que mon petit frère dépose un baiser sur mon front. Au même moment, le frère de Charles s'installe du côté conducteur et met le contact. Le moteur résonne, nous sommes déjà a plusieurs mètres de chez moi.
Arthur: T'as une idée de qui c'est ? Il finit par dire en brisant la glace
Moi: Peut être, mais je peux pas être sure
Arthur: C'est fou qu'il connaisse autant ta vie, ça me choque. En plus il continue de se faire passer pour mon frère, j'ai vu le mot dans la boîte rouge
Moi: Ouais, mais vu les photos qu'il a mis avec, je suis sure qu'il sait que je suis au courant que ce n'est pas Charles qui me les envoie
Arthur: C'est vrai que si il voulait se faire passer pour lui, il aurait pas mis des photos flippantes comme ça
Je hoche la tête silencieusement, les yeux braqués sur les ruelles de Monaco. J'ai l'impression que mon cerveau s'est déconnecté. Que depuis que nous avons quitté le palace, je suis passée en pilotage automatique, que je ne fais que suivre, mais que je n'ai pas conscience de ce qui est entrain de se passer.
Arthur: En tout cas, je suis content pour vous, je tourne la tête pour lui offrir un sourire. Je me doutais depuis un moment que vous vous étiez remis ensemble, mais ça me fait plaisir
Moi: Merci
Le monégasque m'adresse un sourire ce qui arrive tout de même à me détendre malgré l'atmosphère spécial. C'est un peu comme si une partie de Charles était là, et mine de rien, ça me fait du bien. Au même moment, mon téléphone affiche le nom de mon copain.
Charles: C'est une putain de blague ? C'était devant chez toi ? Vous êtes parti là ?
Moi: Oui oui, Arthur nous emmène
Arthur: Eh ouais, à bord de mon bolide allemand
Charles: Oui bah ferme là et concentre toi sur la route s'il te plaît. Comment il a fait pour tout poser avant que vous arriviez ?
Moi: j'en ai aucune idée
Charles: Putain
Monaco, 9h30
Contrairement à ce qui était prévu, Pascale a finalement insisté pour que nous restions chez elle cette nuit. Elle ne voulait pas que nous passions la nuit seule chez Charles, Sachant que son adresse n'est pas le secret le mieux gardé du Rocher. Au final, je n'ai pas eu le choix.
Arthur a lui accepté de rentrer chez lui lorsque je lui ai assuré que les agents de sécurités postés dans le hall de l'immeuble resteront toute la nuit. Alors c'est ainsi que Jules et moi avons fini par dormir dans la chambre d'amis.
Pascale attendait le moment de devenir grand mère avec tellement d'impatience que dès l'instant où elle a été au courant pour Jules, elle a immédiatement aménagé une chambre pour lui. Pour être très honnête, je n'ai même pas eu la force de le mettre dedans. J'avais besoin de le sentir dormir près de moi, de le protéger comme je peux. Même si c'est stupide.
Moi: Coucou mon Juju
Mon index effleure sa peau et la connexion si spéciale que j'ai avec lui parviendrait presque à me faire oublier les événements de la veille. Ses petites fossettes se dessinent en dessous de ses yeux vert émeraude brillant. Il ressemble tellement à Charles.
Je pourrai donner n'importe quoi pour être avec lui. Je suis indépendante, je n'ai pas besoin d'un homme dans ma vie pour me construire. Mais là c'est différent. J'aurai simplement besoin de le sentir contre moi, de sentir son odeur réconfortante et avoir l'impression d'être en sécurité. Je déteste cette sensation d'impuissance et de faiblesse.
En retournant l'écran de mon téléphone, je me rends compte que ce sont les vibrations des appels de mon meilleur ami qui m'ont réveillées. Pierre n'est pas au courant de toute cette histoire, et je sais qu'il va falloir que je lui dise. Mais je sais aussi qu'il va m'en vouloir d'être parti sans le prévenir. Je n'ai pas envie de le perturber juste avant le week end de course. Alors il va me détester, mais je ne le rappelle pas. Il sentirait que quelque chose ne va pas.
Pascale: Est ce que je peux entrer ? Elle dit d'une voix toute douce après avoir toqué doucement contre la porte
Moi: Oui oui biensur ! Je me redresse contre la tête de lit et remonte mes jambes pour y allonger mon fils
Pascale: Alors tu as de la visite
Leo: Salut les microbes
La maman de Charles ricane dans l'encadrement de la porte pendant que mon frère déboule dans la chambre, jusqu'ici, calme. Il embrasse mon front puis celui de son neveux et s'assoit sur le bord du lit.
Leo: Bien dormi ?
Moi: Ça Va, pas beaucoup. Mais ça va. Lui a plutôt bien dormi par contre, je caresse les cheveux blonds de mon bébé
Leo: Bon, je dois filer, j'ai des rendez vous. Mais je passe vous voir ce soir
J'acquiesce, et à peine arrivé, il est déjà reparti. Je prends le temps de nous habiller avant de sortir de la chambre et de suivre l'odeur du café pour rejoindre la cuisine.
Pascale: Les travaux à l'extérieur vous ont pas trop embêté ?
Moi: Non non pas du tout !
Pascale: Bon tant mieux alors, elle pousse un soupire de soulagement. Sers toi hein, je ne savais pas trop ce que tu voulais pour déjeuner donc je t'ai un peu tout sorti. J'ai aussi trouvé un yaourt et une banane dans le frigo pour Jules. Ça ira ?
Moi: C'est parfait, merci beaucoup. Pour tout, un petit sourire reconnaissant se glisse sur son visage
Pascale: C'est pas grand chose, il faudra aller acheter ce qu'il faut pour ses autres repas. Mais voilà, c'est tout ce que j'ai trouvé
Moi: C'est parfait, vraiment, je pose ma main sur son avant et elle semble être soulagée
Pascale: Comment tu te sens ? son regard devient plus inquiet et surtout plus sérieux
Moi; Ça va. Je sais que je suis protégée. C'est juste épuisant de savoir qu'on nous suit de partout
Pascale: C'est quand même dingue cette histoire. Comment ça a commencé ?
C'est ainsi que pendant une bonne heure, Pascale et moi nous refaisons toute cette histoire. Du début à la fin. Dans les moindres détails, jusqu'à hier soir. Ses réactions ne manquent pas de m'étonner.
C'est une femme très douce, à l'écoute et de très bons conseils. Elle n'a pas cillé une fois pendant tout mon récit. Elle s'est contentée de hausser les sourcils lors des évènements chocs. Puis à la fin, elle m'a regardé, a pris ma main dans la sienne.
Pascale: T'es vraiment une femme très courageuse. Je suis contente que Charles ait rencontré quelqu'un comme toi. C'était ce qu'il lui fallait, des épaules solides. Et malgré tout ce qui est arrivé à ta famille, tu es toujours restée forte.
Les larmes menacent de déborder de mes yeux. Ma gorge brûle. Mon coeur s'est emballé. Savoir que Charles a la mère que j'aurai toujours rêvé d'avoir me fait du bien.
Moi: Je suis contente que Jules ait une femme comme toi dans sa vie. Celle que j'aurai voulu avoir, elle m'offre un tendre sourire puis surenchérit
Pascale: C'est toi la femme que tu aurais voulu avoir. Une maman forte qui t'aime plus que tout au monde. C'est toi cette personne, pas moi
**