Samedi 11 septembre 2021
Monza, 18h00
PDV de Pierre
La lumière du soleil qui tape contre les murs blancs de cette chambre m'aveugle. Je déteste les hôpitaux putain. Fait chier. La pièce est horriblement silencieuse, à tel point que je peux entendre le moteur des monoplaces sur le circuit à quelques kilomètres. Ça me fait encore plus chier d'être coincé là.
Je suis arrivé à la clinique il y a environ 1h, ou 1h30 je ne sais pas vraiment, mais ça fait trop longtemps déjà. Ils m'ont fait passer un tas d'examen, malgré le fait que je répétais que tout allait bien. Alors j'ai quand même l'espoir qu'on me libère dans peu de temps pour me concentrer sur la course de demain.
Moi : Ils font chier vraiment, ils peuvent pas me laisser sortir là ? je chuchote à Pyry
Pyry : Je vais voir
Mon physio sort de la pièce en faisant attention de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller la brune qui dort à côté de moi. Un léger sourire se dessine automatiquement sur mes joues en caressant le bras de Julia. Elle a fini par s'endormir juste à côté de moi sur ce lit déjà très peu confortable.
Pyry et elle sont arrivés en même temps que moi à la clinique, j'étais déjà réveillé. Et j'avais déjà envie de partir d'ailleurs. Mais j'avoue que ce qui m'inquiétait le plus c'était elle. Moi je savais que j'allais bien. Mais Julia était en pleine crise, ses mains tremblaient, elles n'arrêtaient pas de pleurer.
Il y a quelques heures...
Putain c'est quoi ce bordel ? Ma tête me fait un mal de chien. Si seulement les gens arrêtaient de brailler autour de moi, ça serait peut-être déjà mieux. Après quelques secondes d'effort, mes yeux s'ouvrent et tout me revient.
Je ne comprends pas encore comment j'ai pu perdre la voiture comme ça. Je me souviens juste ne plus arriver à la contrôler, et juste avant de m'écraser contre les barrières, je me suis dit que j'allais rejoindre Anthoine plus tôt que prévu.
Au final, j'ai juste fait une petite sieste. Le monde autour de moi s'agite, ça me donne presque le tournis. Le brancard sur lequel je me trouve se déplace, pour rentrer dans la clinique de Monza certainement.
Infirmier : Vous sentez ma main ? il crie en pressant sa main autour de ma cheville
Moi : Oui oui, mais j'ai rien
Infirmier : Vous avez mal quelque part ?
Moi : Non, enfin j'aurais moins mal à la tête si vous arrêtiez de gueuler quand vous me parlez
Pyry : Il est réveillé ?
La voix de mon physio me fait presque plaisir, je ne suis donc pas entouré que d'inconnus. Le brancard s'arrête une fois que l'infirmier l'ait demandé. Des pas rapides se dirigent vers moi mais c'est le visage de ma meilleure amie qui apparait.
Mon cœur se brise quand je m'aperçois que son visage est rempli de larmes, son regard est vide, elle est complètement terrifiée. Cette vision me compresse la poitrine, j'ai l'impression de la revoir dans ces moments où elle a été au plus bas.
Julia : Tu vas bien ? sa voix se brise
Moi : Oui oui, je vais bien calme toi Ju'
Je prends son visage entre mes mains, je sens sa peau trembler à cause de la peur et de l'angoisse. Je déteste la voir comme ça. Ses yeux bleus semblent absents, à la recherche de la moindre information sur mon visage. Elle ne m'a pas quitté une seule fois des yeux depuis qu'elle est là, moi non plus d'ailleurs.
Je glisse ma main dans son dos et l'attire dans mes bras. Sa respiration est profonde, son cœur bat tellement rapidement que je le sens contre mon torse. Je serre mes bras autour d'elle pour tenter de la rassurer, mais ses sanglots sont toujours bruyants dans le creux de mon oreille.
Moi : Ju, je me détache d'elle et prends son visage dans mes mains pour la forcer à me regarder. Écoute-moi, j'essuie ses larmes avec mes pouces. Je vais bien d'accord ? J'ai rien, elle pose sa main sur mon poignet pour appuyer sa tête contre ma main. Je vais juste passer des examens et je reviens, je vais bien je te le promets
La brune hoche la tête alors que des larmes continuent à dévaler ses joues. Sa crise est entrain de se calmer. Ses iris bleues reviennent peu à peu à elles. J'essuie ses larmes avant de déposer et un baiser sur son front. Julia prend ma main et me suit jusqu'à ce que l'infirmier lui indique qu'elle ne peut plus nous suivre.
Après être revenu de mes examens, ils m'ont ramené dans une chambre. Julia et Pyry y étaient déjà, la brune semblait tourner en rond dans la pièce en se rongeant les ongles depuis tout ce temps-là. Son expression s'est apaisée quand elle m'a vue revenir, et j'avoue, moi aussi j'étais soulagé de voir qu'elle allait mieux. Ses mains ne tremblaient plus.
Moi : Viens
J'ouvre mes bras à la monégasque qui ne perd pas de temps pour afficher un grand sourire et se blottir contre moi. Sa peau est encore chaude, légèrement tremblante, son cœur commence à retrouver un rythme normal.
Alors je me suis décalé pour lui laisser une place pour s'allonger à côté de moi et pouvoir se remettre de ses émotions. Je sais à quel point elle ressent les émotions de façon décuplée et à quel point ça l'épuise. Elle s'est endormie quelques minutes plus tard, pendant que je caressais ses cheveux pour tenter de l'apaiser.
**
Julia dort encore. À croire qu'ils lui ont donné un calmant à l'entrée de l'hôpital, mais avec un bon gros dosage pour son petit corps. Ça me fait du bien de la voir apaisée comme ça. Il m'arrivait souvent de passer des nuits entières à dormir sur un fauteuil dans le coin de sa chambre pour m'assurer qu'elle dorme bien, qu'elle ne se réveille pas à cause d'un cauchemar ou d'une crise.
Je passe ma main dans ses cheveux puis caresse son bras. J'ai fini par être beaucoup plus inquiet pour elle que pour moi. Surtout depuis cette histoire de drogue en boite de nuit, sa santé est fragile, son cœur est trop fragile. J'ai peur de chaque crise qu'elle peut faire, j'ai peur que ce soit celle de trop.
Pyry : C'est bon, ils finissent tes papiers et tu peux sortir
Moi : Allez debout Pamela
Julia : C'est pas mon prénom enculé, Pyry explose de rire
Moi : T'es lucide dès le réveil comme ça toi
La brune se relève et s'étire avant de poser des yeux sur moi. Elle se contente de me regarder, son expression montre du soulagement, mais aussi de l'inquiétude. Elle a tout de même l'air beaucoup moins fatiguée, ce qui me rassure.
Moi : Ça a donné quoi la course ? je demande à mon physio
Pyry : Botta P1 demain, Max, Daniel, Lando
Moi : Lando ? Oh le chien, Julia pouffe de rire
Julia : Y en a qui ont appris à ne pas se prendre de mur visiblement, je lui frappe l'arrière de la tête
Moi : La ferme toi. Et Charles ?
Pyry : P6
Julia : Oh merde, je fronce les sourcils. Il voulait finir P4
Moi : Comment tu sais ça toi ?
Julia : Je te rappelle que je partage un gosse avec ce mec, j'ai quand même peut être le droit dz partager une discussion avec lui
Pyry : Attendez, quoi ? Julia met ses mains sur sa bouche. J'ai loupé combien d'épisodes là ?
Moi : Rien, fait comme si t'avais rien entendu toi. Ok donc Charles P6. Bon, pas ouf non plus
Pyry : C'est toujours mieux que P20 hein Pierre
Julia explose de rire alors que je leur lance un regard noir. Je suis déjà assez dégouté comme ça de ne pas avoir pu finir la course d'aujourd'hui, mais alors penser que je vais devoir partir dernier sur la grille demain me fou encore plus la haine.
Kat : Je veux entrer ?
Mon visage se décompose lorsque la voix de l'ukrainienne emplit la pièce. La porte s'ouvre et elle apparait. Son regard se pose sur moi et un immense sourire illumine son visage. Putain. Je me déteste. Julia, qui est toujours sur mon lit, s'assoit en tailleur avec un sourire intéressé.
Julia : Ah bah tiens, là ça devient intéressant, elle croise les bras
Je sais que Julia me déteste pour ce que je fais à Kat, et à Kika par la même occasion. Mais alors au point de si peu me soutenir j'y crois pas. Elle est démoniaque. Katerina fronce un peu les sourcils en voyant la réaction de Julia.
Kat : Ça va Ju ?
Julia : Oui ça va ma belle, elle la prend dans ses bras puis elle se détache et me regarde
Kat : J'étais venue en surprise, mais du coup bah, surprise ! je ne peux m'empêcher de sourire légèrement alors que Julia me lance un regard noir. Tu vas bien ?
Moi : Oui ça va, t'inquiètes pas. C'est gentil d'être passé en tout cas
Kat : Waw, ses yeux s'arrondissent. Ok, je ne sais pas comment le prendre
Moi : Non non enfin c'est pas ce que je voulais dire
Julia : Et qu'est ce que tu voulais dire Pierre ? elle me regarde droit dans les yeux en croisant les bras.
Moi : C'est pas le moment là
Kat : Qu'est ce que vous me faites encore tous les deux ?
Si j'avais eu la possibilité de disparaitre ou de simplement m'enterrer sous terre je l'aurais fait. C'est bien le pire moment pour que Kat soit là. Je dois lui parler, je dois être honnête avec elle. Et oui, certainement qu'elle ne voudra plus me voir, pourtant je dois le faire. Mais pas maintenant., c'est vraiment pas le moment.
Kika : Je cherche la chambre de... mon cœur arrête de battre. Oh non c'est bon enfaite merci !
Lorsque mon regard croise le sien, j'ai l'impression que tout mon corps cesse de fonctionner. Mon cœur ne sait plus quoi choisir entre arrêter de battre et battre à tout rompre. La portugaise rentre dans la chambre d'hôpital, seulement quelques secondes après l'ukrainienne. Putain mais quel con.
Les 2 jeunes femmes s'échangent quelques regards alors que le silence dans la pièce fait froid dans le dos. Kika regarde Kat sans trop comprendre et inversement. Qu'est-ce que je suis censé faire là ? Mon premier reflexe est d'essayer de chercher du réconfort auprès de ma meilleure amie, mais elle semble tout autant choquée que moi.
Julia : Mon dieu, je lui donne un coup de genou. Ah non là c'est trop pour moi, je me casse
J'attrape son bras avant qu'elle n'ait le temps de bouger et je la supplie du regard de ne pas me laisser seule. Elle compte, au départ, globalement me dire d'aller me faire foutre, mais elle finit par lever les yeux au ciel en soufflant et en se rasseyant en tailleur sur mon lit.
Moi : Bon, j'essaye de briser la glace. Dit donc, y a du monde ici ça rentre et ça sort comme au moulin rouge ou quoi
Julia me frappe le bras et me fusille du regard. Oui, j'ai paniqué. Et quand je panique je dis des choses souvent très étranges, voire gênantes. Je vais me faire déglinguer par les 2 de toute façon donc qu'est-ce que je suis censée dire ? Enfin même 3 vu comment la brune assise sur mon lit a envie de me faire regretter de m'être réveillé.
Kika : Moi c'est Kika, elle dit à Kat en souriant. T'es super jolie, mon état de décomposition débute
Kat : Kat, elle lui rend son sourire
Kika tourne immédiatement son regard vers moi, certainement parce qu'elle vient de réaliser qui elle est. Elle ne l'a jamais rencontré, elle ne sait pas non plus tous les détails récents, mais elle sait qui est Kat.
Kat : Bon, est ce que quelqu'un va me dire ce qu'il se passe ici ?
Moi : C'est pas le moment de faire ça Kat je te jure, il faut qu'on en parle tout les deux à un moment plus tranquille, elle se met à mordre sa lèvre inférieure
Kat : Non mais te fatigue pas, j'ai compris, ses yeux se mettent à briller. Je l'avais senti de toute façon, tu ne m'appelais plus, tu ne répondais pas à mes messages. Mais de là à penser que tu aurais le culot de déjà la ramener à tes courses, un rire sournois sort de ses lèvres. Et toi tu le savais ? sa voix se brise en regardant Julia
Julia : Non non Kat, s'il te plait, elle se lève du lit
Kat : Après tout ce qu'il s'est passé, je pensais que je pouvais te faire confiance à toi
Julia : Mais tu peux
La voix de la monégasque se met à trembler, tout comme ses mains. Ses yeux bleus se remplissent de larmes. Là, en la voyant blessée par mes conneries, ma culpabilité n'a jamais été aussi élevé. Je me déteste de l'avoir impacté comme ça, pour quelque chose qui ne la regardait pas.
Kat : Non je peux pas Julia ! Encore lui, ça ne m'étonne même plus, mais toi ! J'arrive pas à croire que j'ai pu être aussi conne
Julia : Non Kat s'il te plait, elle attrape son bras
Moi : Elle a rien à voir avec cette histoire, la seule personne que tu dois détester c'est moi, elle commence à vouloir répondre. Non, j'ai pas fini. Déteste-moi si tu veux et t'auras bien raison. Mais elle t'a toujours défendu, elle m'a forcé dès le premier jour à venir te parler
Kat : Ça change strictement rien
Moi : Punie la pas pour mes conneries s'il te plait Kat, elle rit jaune
Kat : Restez entre vous 2, de toute façon il n'y a que ça qui compte pour vous. Tu t'en fous de ce que je peux ressentir, la seule chose qui te fait réagir c'est quand elle, elle est blessée, pas moi. Ça prouve beaucoup trop de choses que j'aurai du comprendre bien avant. Ça fait bien longtemps que tu ne m'aimes plus
La blonde quitte la chambre d'hôpital, alors que Julia la suit en la suppliant, la voix pleine de larmes. Je me déteste d'avoir fait du mal à autant de personnes que j'aime. Je suis stupide. Pyry me regarde avec un regard désemparé, il finit par quitter la pièce, me laissant uniquement avec la portugaise.
Kika : Bon euh, je pense que je vais te laisser aussi
Moi : Je suis désolé Francesca, vraiment
La jeune femme se contente de me faire un sourire plus que forcé avant de sortir de la chambre. Et bah bien joué Pierre. Là, je suis vraiment dans la pire des situations. Je suis con putain. Avoir blessé Kat et Kika à cause de mes conneries, c'est une chose. Mais alors faire du mal à Julia à cause de ça, je suis vraiment une merde.
~~
Bonne semaine 💋