Elle baissa le regard sur la bâtisse, puis souffla :
-Si j'ai pas le choix...
Elle s'assura que son esprit était bloqué, car elle venait d'élaborer un nouveau plan : elle irait la nuit même voir Taylor, pendant qu'Aaron dormirait.
Ce dernier la dévisagea longtemps, puis se dirigea vers la bâtisse, suivi d'Émilie qui sourit en posant ses pieds dans l'herbe verte.
Elle allait enfin les revoir.
Alors elle s'engouffra dans la bâtisse sur les talons d'Aaron.
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Émilie regarda les cellules au fur et à mesure qu'ils passaient devant.
Puis son regard se reporta sur Aaron qui marchait en tête, poings serrés. Il regardait droit devant, et s'arrêta bientôt devant une porte.
-Je te laisse cinq minutes. Après ces cinq minutes, tu sors ou alors je vais te chercher moi-même, et je te déconseille de me mettre en colère.
Émilie trembla. Son ton dur et froid montrait qu'il faisait un effort qui lui était surhumain. Alors, elle lui sourit, réellement heureuse, et regarda une immense cellule où se tenait une cinquantaine de personnes qui ne la remarquèrent tout d'abord pas.
-Où sont les autres ? demanda-t-elle, étonnée de ne pas en trouver plusieurs centaines.
-Je ne les ai pas emmenés, et leur ai laissé la liberté de rentrer chez eux. Je n'ai gardé que les plus intéressants : ton père, ton frère, les ministres et les plus grands statuts de l'armée, ainsi qu'une vingtaine d'Omégas, mères et enfants, pour te faire pression.
Émilie le fusilla du regard mais il sourit et souffla :
-Quatre minutes, maintenant.
C'est alors qu'une petite fille la vit entrer, et cria :
-Maman ! Y'a la princesse !
Tous se retournèrent vers elle, qui laissa alors couler ses larmes.
Des enfants vinrent dans ses bras alors qu'elle riait aux éclats. Elle avait beaucoup fait pour eux : elle avait fait construire des parcs, des écoles, des centres culturels, et organiser des sorties et beaucoup d'autres choses. Et non seulement pour les enfants de la tribu Royale, mais aussi pour tous les autres.
-Émilie !
La jeune fille vit Liam arriver et le prit dans ses bras.
Puis elle remarqua enfin que les anges avaient tous un genou à terre. Elle leur demanda de se relever, et vit son père avancer vers elle.
-Émilie ! Ma fille !
La jeune fille sauta dans les bras de son père en pleurant de plus belle, alors que tous formaient un cercle parfait autour d'eux.
-Je suis si désolée, murmura-t-elle sur l'épaule dans son père.
-Ce n'est pas ta faute, ma chérie.
Il la serra dans ses bras, en voyant Aaron les observer depuis le couloir, les bras croisés sur son torse, et adossé au mur de pierre. Émilie se tourna vers lui et elle devina qu'il murmurait "Deux minutes".
-En vérité, fit Coron, son père, nous mangeons à notre faim et Aaron a fait soigner les blessés. Nous n'avons juste pas le droit de sortir.
-Et les enfants qui ont été séparés de leurs mères ? fit Émilie. La privation d'eau ?
-Les enfants ont été rendus après quelques heures, et l'eau redonnée au même moment.
Émilie sourit, et fut alors attirée par un babillage. Elle se tourna brusquement vers l'origine de ce cri enfantin, et laissa couler ses larmes en regardant Lya, sa filleule de trois mois.
La Princesse s'approcha de sa mère, femme d'un ministre de son père, et lui sourit.
-Princesse, je suis ravie de vous revoir saine et sauve.
Elle sourit et caressa la joue de l'enfant qui avait arrêté de pleurer.
-Elle ressent l'amour que vous lui portez...
-Vous n'imaginez même pas son étendue...
Avec l'accord de la mère, Émilie prit Lya dans ses bras en la berçant, puis posa un baiser sur sa joue.
-Ça va, ma belle ?
Le bébé gazouilla de nouveau et la jeune fille sourit. Comme elle désirait avoir un enfant... Comme automatiquement, son regard se porta sur Aaron, le bébé toujours dans ses bras.
L'Alpha la regardait avec un air qu'elle ne lui avait encore jamais vu. Il la regardait avec admiration, avec amour, avec fierté.
Elle ne savait l'expliquer.
Puis soudainement, il sembla se réveiller, et s'approcha de la cellule.
-Émilie, le temps est écoulé.
La jeune fille jeta un regard désolé aux membres de sa tribu et sortit après avoir rendu Lya à sa mère.
Aaron attrapa sa main par reflexe pour la tirer hors de la bâtisse.
Même s'il s'agissait du même chemin qu'à l'aller, la jeune fille tenta de voir si Taylor était quelque part, mais d'autres personnes les regardèrent passer avec une lueur malveillante dans leurs regards, alors qu'ils étaient enchaînés.
-Alors, Aaron ? On a trouvé son âme-sœur ? J'espère que tu arriveras à la maintenir en vie, au contraire de tes parents...
Aaron maîtrisa la rage incontrôlée qui naquit en lui et grinça des dents, mais choisit d'ignorer la remarque de son prisonnier de vant Émilie.
-N'y fais pas attention, fit-il à Émilie. Ils sont devenus fous.
Mais alors qu'il allait la ramener dans la maison, elle freina des quatre fers, et il se retourna vers elle, méfiant et agacé.
-Merci, souffla-t-elle en détournant le regard. Ça m'a fait du bien.
Elle riva de nouveau son regard dans le sien quand elle sentit une pression sur une mèche de ses cheveux.
-À savoir si ça va me faire du bien à moi...
Puis il l'entraîna à sa suite dans la maison.
Alors qu'il allait s'en aller en la laissant seule dans l'entrée, Émilie souffla en regardant la porte. Elle ne pouvait pas sortir, sinon il leur fairait du mal...
-Aaron, attends !
Il se retourna.
-Oui, beauté ?
-Inès, Damien, Tristan et Élijah ne sont pas là... Tu n'aurais pas de quoi m'occuper ?
Il sourit mystérieusement, et s'approcha à nouveau, la faisant reculer jusqu'au mur. Puis après un baiser sur sa clavicule, il chuchota à son oreille :
-J'ai bien ma petite idée, mais je ne crois pas que ça te plairait...
Il se colla à elle, et embrassa son cou puis remonta jusqu'à sa mâchoire, alors qu'elle gémissait.
-Finalement, ça a l'air de te plaire...
Elle s'échappa alors que les lèvres d'Aaron semblaient l'appeler désespérément et qu'elle voulait absolument faire disparaîte ce vide entre lui et elle.
-Arrête ce petit jeu, Aaron.
-Pourquoi ? sourit-il en se retournant.
-Parce que je suis en couple et je suis fidèle à mon petit-ami.
Les yeux d'Aaron virèrent au rouge.
-Ne me parle pas de lui à ma place où il mourra.
Elle lui jeta un regard noir et commença à monter les marches en lâchant :
-Tu sais quoi, oublie. Je vais passer le reste de la journée à penser à lui.
S'attendant à ce qu'il la rattrape, elle ne l'entendit pas bouger, mais elle se retourna, juste pour le voir murmurer :
-Je pense plutôt que c'est à moi que tu vas penser, mon amour.
Elle s'empourpra d'un coup, et Aaron sourit en le remarquant.
-Ton corps te trahit, mon ange. Je ne te laisse pas indifférente.
-En effet, je suis rouge de colère.
-Je te connais assez pour savoir que si c'était le cas, tu tenterais déjà de me gifler, ma belle.
Émilie serra la rambarde.
-Tu as raison : je vais penser à toi jusqu'à me déchirer de l'intérieur en regardant à quel point tu m'as fait et me fais souffrir, et à quel point je te hais de toute mon âme, conn*rd.
Et elle jeta cette dernière phrase avant d'entrer dans la chambre :
-Tu ne vaux pas mieux et ne vaudras jamais mieux qu'un monstre.
Mais Aaron, transporté par la rage qui faisait ressortir des veines de sa mâchoire, monta quatre à quatre les marches.
Il entra en enfonçant la porte et plaqua Émilie contre un mur, si fort qu'elle ne put retenir un cri de douleur.
Il entoura sa gorge avec sa main et serra si fort que la jeune fille sentit l'air ne plus entrer dans ses poumons.
A demi-soulevée du sol, elle comprit enfin ce que ressentaient les personnes que l'on pendait autrefois.
Son teint devint de plus en plus pâle.
-Ne dis plus jamais ça, ou je les tue tous ! TOUS ! TU M'AS BIEN COMPRIS ?!
Le teint de la jeune fille devint si livide, qu'elle ne put répondre. Elle se sentit quitter son corps, asphyxiée.
Alors c'était ça, les quelques minutes qui précédaient la mort ?
La jeune fille sentit son cœur battre à une vitesse à laquelle il n'était encore jamais allé... Si lentement, qu'elle se demandait entre chaque battement si il y en aurait un suivant.
Puis soudain, Aaron la relâcha, tourna les talons et sortit précipitamment.
L'adolescente, dès qu'il la laissa respirer, s'écroula sur le sol, en se tenant la gorge. Elle ne parvenait toujours pas à respirer, comme si ses voies respiratoires étaient bouchées.
Elle sentit le noir s'emparer d'elle, et tomba sur le côté, mais sa tête tapa si durement le plancher, que le coup acheva de la faire sombrer dans le noir total.
Voilà pour ce chapitre ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !