PDV de Charles
Au fond, je pense qu'on a tous peur de perdre quelqu'un qu'on aime. De perdre quelqu'un à qui on s'est trop attaché, plus qu'à nous même. On a tous peur de se perdre, de s'égarer au milieu de sa propre existence. De perdre le sens qu'on avait réussi à donner à la vie.
Je n'étais pas du genre à penser qu'on puisse baser sa vie sur une autre personne que soit. Je n'étais pas du genre non plus à penser pouvoir être capable d'être prêt à tout sacrifier pour une seule personne. Et puis je l'ai rencontré.
Il y a cette sensation. Ce mélange chimique à l'intérieur de mon propre corps qu'il n'avait jamais réussi à produire avant. Un choc électrique dans mon cerveau, un torrent dans mon estomac. Elle a balayé tout ce que j'avais pu imaginer de la vie et s'y est immiser sans même me le demander.
Julia a changé ma vie. Chaque action dans votre vie peuvent avoir un impact démentiel sur votre futur. D'avoir choisi d'acheter ce vetêment, d'avoir choisi de sortir ou de rester, d'avoir envoyé un message ou non. Moi c'est de lui avoir adressé la parole.
Moi: Julia c'était ça, c'était une tornade. Elle était froide, glaciale, mais renversante. Pas uniquement pour moi. Tout le monde vous aurait dit la même chose, un petit sourire se dessine sur moi à contre coeur. Elle a tout emporté sur son passage, je marque une petite pause, y compris moi
Après les 2 deuils les plus durs de ma vie, j'ai perdu le goût ds choses que j'adorais autrefois, des choses simples. J'étais paralysé par la peur de décevoir mon père ou Jules, et même de me foirer dans un virage et de faire subir à ma mère ce qu'elle a déjà subit avec mon père.
Elle m'a redonné goût aux souvenirs. Elle m'a redonné envie de faire les choses pour eux, et non plus par peur de ce qu'ils pourraient en penser. Elle m'a redonné goût à la vie.
Moi: Quand je l'ai connu, elle était brisée. Elle n'étais pas du genre à s'exprimer. Ses yeux étaient sombres, vides de désespoir. Mais j'ai découvert une personne exceptionnelle. Elle était douce, intelligente, bienveillante, consciensieuse
Je me racle la gorge en sentant l'émotion me prendre aux tripes. Ma voix résonne entre les murs de cette pièce bien trop grande et vide. Alors que mes mains s'accrochent au bord de cette petite table devant moi.
Charles: Je pensais qu'elle avait besoin de moi. Alors qu'en fait, c'était moi qui avait besoin d'elle. Elle m'a laissé poser mes mains sur ses plaies pour l'aider à mieux les refermer, sans savoir qu'elle guérirait les miennes.
Lundi 1er septembre 2021
Bruxelles, 14h25
Mattia: Le simulateur est prêt, on a essayé des réglages différents de tout à l'heure. Tente un tour qualif, sur pneus soft
Je hoche la tête en refermant la pseudo combinaison. Je n'ai pas eu de jours de repos après le week end à Spa. Il a tellement été catastrophique, entre la météo, les accidents, la course inexistante. On avait besoin de se remettre directement au travail.
Andrea: C'est Pierre, il me tend son téléphone
Mattia: Ça peut pas attendre la fin de la séance de simu ? Il l'interrompt pendant que je prends directement le téléphone
Andrea: Non
Ca fait plusieurs années maintenant que Andréa et moi travaillons ensemble. Il ne me passe très rarement des appels, sauf dans des cas urgents, surtout en pleine séance de simulateur. Alors je comprends rapidement que quelque chose ne va pas.
Je m'éloigne du staff pour me mettre dans un coin de la pièce et pose le téléphone à mon oreille.
Moi: Qu'est ce qu'il se passe ?
Pierre: Leo a essayé de t'appeler 15 fois, Julia répond pas. Leur mère est devant chez eux
Moi: Attends, comment ça ?
Pierre: Il pense que ça a un rapport avec Jules
Moi: Julia est encore en Belgique on est d'accord ?
Pierre: Oui. Mec, je pense qu'il faut que tu viennes
Moi: Je suis déjà entrain de réserver mon taxi, j'arrive
Bruxelles, 15h00
PDV de Julia
Kika: C'est dingue cette histoire, j'ai pas envie d'être méchante mais ta mère est complètement folle
Moi: Tu peux le dire, elle a un grain. Je suis même pas sure de la considérer encore comme ma mère
Kika: Tu mérites pas ça, je lui fais un petit sourire. Et lui non plus d'ailleurs, elle caresse la joue de mon fils qui se met à rire
L'aéroport de Bruxelles est bondé, alors bien que nous sommes dans les espaces d'attentes privés, le bruit autour est infernal. Nous sommes directement parties après avoir reçu l'appel de Pierre et, sur le trajet, j'ai raconté brièvement mon histoire avec ma mère à Kika.
Je suis contente de ne pas être seule avec Jules. Je suis effrayée de le perdre, alors je ne l'ai pas quitté une seconde depuis plus de 45 minutes, contre moi. Je sais très bien pourquoi ma mère est revenue mais je préfère ne pas trop y penser. Alors Kika me permet de penser à autre chose.
Moi: Est ce que tu pourrais me garder Jules 5 min ? J'ai un appel
Kika: Oui oui bien sûr ! Elle le prend dans ses bras. Viens la super beau gosse
Je souris en me levant pour m'écarter dans un coin plus au calme. Mon téléphone s'est allumé sur le nom de Charles, qui doit aussi être au courant de la situation. Dans la panique, je n'ai pensé à appeler perosnne d'autres, uniquement à rejoindre l'aéroport pour rentrer.
Charles: Ah Julia, j'entends un soupire de soulagement. Ça va ? T'as eu Leo ?
Moi: Non mais j'ai eu Pierre
Charles: Vous êtes où là ?
Moi: À l'aéroport de Bruxelles, on embarque dans 20 min. On arrive à 17h à Nice
Charles: Vous bougerez pas de l'aéroport, je viendrai vous chercher
Moi: D'accord
Charles: Julia, je ne réponds pas. Je suis là, il ne se passera rien, je te le promets, mon coeur se réchauffe de quelques degrés. Appelle moi si il y a quoi que ce soit ok ?
Moi: Promis
Charles: Ça va aller, on se voit dans 2h, à tout à l'heure mon ange
PDV de Charles
La foule afflue à toutes les portes de sortie de l'aéroport de Nice. Je ne viens jamais en voiture ici, je ne viens que très rarement, si ce n'est pour dire jamais, seul ici. Je viens uniquement pour partir en voyage, toujours accompagné.
À vrai dire, mes agents m'ont toujours déconseillé de sortir seul en voiture dans des endroits trop bondés, pour éviter les problèmes. Mais là, c'est une situation un peu différente. Je me suis rendu au parking privatisé, pour qu'on ne soit pas non plus au milieu de la foule.
J'ignore les raisons pour lesquelles la mère de Julia est revenue. J'ignore aussi pourquoi Pierre avait l'air si paniqué au téléphone. Mais tout ce que je sais c'est qu'il est hors de question qu'il arrive quoi que ce soit à mon fils.
Les yeux rivés sur les portes d'arrivées, j'aperçois enfin Julia, laissant glisser sa valise tout en portant Jules sur sa hanche. Elle porte des lunettes de soleil et a camouflé le visage de notre fils en lui mettant un sweat-shirt.
Moi: Tu as...
En sortant de la voiture, je n'ai pas le temps de finir ma phrase que la brune se blottit déjà dans mes bras. Son corps réchauffe le mien et pourtant, je peux sentir son inquiétude et son anxieté comme un poison sur ma peau. Je ressens tout avec elle. Tout. Multiplié.
Moi: Il se passera rien Ju, je la serre contre moi. Je te le promets. On est tous là, je suis là
Elle hoche la tête contre mon torse. Elle me brise le coeur. Je sais à quel point elle est inquiète, je la connais par coeur, je sens malgré moi ses émotions se glisser jusqu'aux miennes. Je sais à quel point elle se sent mal. Et dans ces moments là, j'en viens presque à me detester de ne pas être capable de prendre toute sa souffrance.
Je prends Jules pendant que je lui indique de s'assoir sur le siège passager. Pendant ce temps, j'installe Juju sur le siège auto à l'arrière. Puis nous partons directement direction Monaco.
Sa main n'a pas quitté la mienne. Ses yeux n'ont pas quitté la route une seule seconde. Cette heure a paru interminable. À tel point que lorsque nous finissons par ariver dans la rue dans laquelle Julia habite, je peux sentir sa main se serrer autour de la mienne.
Je la soulève jusqu'à ma bouche et dépose un baiser sur le dos de sa main. Son regard se pose alors sur moi et je sens qu'elle essaye de se concentrer sur mon geste pour tenter d'apaiser son coeur qui s'affole dans sa poitrine.
Julia: Merci
Elle sort de la voiture et ouvre la portière pour récupérer notre fils. En sortant, mon regard s'arrête sur les 2 SUV noirs garé juste devant l'entrée. 2 hommes en costume sont postés autour de celles-ci, surveillant les alentours.
Julia: Elle est ridicule, elle souffle en observant la scène
Moi: Elle semble vouloir impressioner quelqu'un, je ris légèrement de la situation
Julia: À son grand âge. Elle a peur que je lui pête la gueule ou quoi ? elle marque une pause. Ça serait pas une si mauvaise idée au final.
Je laisse échaper un rire avant de la suivre jusqu'à l'entrée. Les agents de sécurité regardent la scène d'un oeil mauvais, à l'affut de nos moindre faits et gestes. C'est pathétique. Lorsque Julia s'apprête à ouvrir la porte, elle s'ouvre d'un grand coup sur Lando.
Moi: Mais qu'est ce que tu fous là toi ?
Lando: Je sais pas
Julia: Mais ?
Lando: Je venais t'apporter un cadeau pour ton fils et je sais pas je me suis retrouvé entre 2 gros russes là, il se décale pour les regarder. Sans vouloir vous offenser messieurs buveurs de Vodka
Moi: Mais la ferme, je lui frappe le bras pendant qu'il rit en re rentrant
Il semblerait que les parents de Lando aient oublié de lui inculquer les bases des normes sociales. Il n'a aucune gêne cet enfant. Lorsque nous rentrons, l'ambiance dans le salon est glaciale.
Pierre se lève au même moment alors qu'on constate qu'une femme est assise sur le canapé. Le français me fait un petit signe de tête en direction de Jules, pour m'indiquer que c'est bien la raison laquelle elle est ici. Je glisse donc ma main dans le dos de Julia et recupère notre fils. La mère de Julia a du revenir lorsqu'elle a appris l'existence de son petit fils.
Julia: Qu'est ce que tu fais ? Tu n'es pas la bienvenue ici, elle dit sèchement
Julia n'a pas revu sa mère depuis qu'elle les a abandonné son frère et elle. Elle avait tenté de reprendre contact, mais au moment où nous nous étions rendu au rendez-vous, son agent avait fait tout un cinéma pour que Julia fasse un test gééntique avant de la rencontrer. On avait fait demi-tour.
Catherine: Oh Julia
Cette femme se lève et se retourne directement dans notre direction. Son visage ressemble comme 2 gouttes d'eau à celui de Julia. Elles ont les mêmes yeux, les mêmes expressions faciales. Son visage est bien plus marqué par la vieillesse mais la ressemblance est assez flagrante.
Catherine Pastor, où la femme qui a rejoint l'une des familles les plus importantes de Monaco. Pourtant, elle s'y est très vite détachée. Je n'arrive pas à cerner son regard, entre la tristesse ou l'intérêt. Est ce qu'elle est là pour ses enfants ? Ou pour le patrimoine de leur famille ?
Julia, quant à elle, est restée immobile devant moi. Elle n'a pas bougé d'un seul milimètre, comme si elle était paralysée. Mon coeur se déchire et je n'arrive même pas à m'imaginer le sentiment qu'elle doit éprouver au fond. Poser un ivsage sur celle qui l'a abandonné, sur celle qui même après la mort de leur père, n'est jamais revenu.
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See you soon...💋