Lundi 5 juillet 2021
Monaco, 17h30
PDV de Julia
En sortant de l'hôtel, le brouhaha de la foule à l'extérieur m'agresse les oreilles. Il y a toujours un tel changement d'atmosphère quand on franchit les portes de l'Hotel de Paris à Monaco. Un parfum d'ambre embaume les pièces, mélangé à la dorure des balustrades, à la chaleur ambiante. Cet endroit, qui ne semble pourtant respirer que l'argent, est d'une douceur indescriptible.
À la sortie, quelques personnes me demandent de faire des photos avant que je ne rejoigne ma voiture sur le côté gauche. Le voiturier voulait me l'apporter, mais très honnêtement, pour même pas 10m j'ai jamais compris l'utilité.
Je ne suis rentrée qu'en début d'après midi d'Autriche, mais j'avais déjà un RDV avec l'équipe Mercedes, dont Toto d'ailleurs. Je ne suis pas sortie dimanche soir, je me suis dis qu'après la bombe que j'avais lâché, ce n'était pas la meilleure idée. Alors je tente de me faire assez discrète pour le moment, camouflée sous mes lunettes de soleil.
En arrivant au niveau des voitures, je m'arrête devant la beauté de celle-ci. Une toute nouvelle Bugatti super sport, un vrai bijoux. Je sors mon téléphone pour prendre quelques photos, quand l'homme à ma gauche retire ses lunettes de soleil pour m'adresser quelques mots.
Homme: Vous êtes passionnée de voiture ?
Moi: Ça m'arrive, je réponds simplement
Homme: Je n'ai pas encore de Bugatti, mais j'ai une Ferrari, SF90 chez moi. Si ça vous dit de faire un tour
Je sens à son air qu'il n'a rien de bienveillant. Il est arrogant. Il a cet air d'homme qui pense pouvoir séduire n'importe quelle jeune femme, du haut de ses 40 ans, uniquement avec son argent. Quelques personnes se sont regroupées autour de nous et je vois que quelques personnes me prennent en photo. J'avoue c'est assez perturbant de voir ça, je ne refuse jamais de faire des photos. Je ne sais pas pourquoi les gens jouent les paparazi.
Moi: C'est gentil, je retire mes lunettes de soleil et prends un air tout aussi arrogant que lui. J'en ai déjà deux à la maison
Je sors les clés de ma toute nouvelle Bugatti flambant neuve, puis monte du côté conducteur. J'adresse un faux sourire à cet homme qui semble visiblement déstabilisé et surtout très surpris. Je laisse ma vitre ouverte de façon à ce que je puisse faire des photos avec les quelques personnes qui me le demandent puis repars directement chez moi.
Arrivée au niveau dans la rue qui mène à ma maison, j'avoue être surprise du nombre de voitures garées sur les trottoirs. Je n'y prête pas plus attention et poursuis ma route jusqu'à l'allée de mon garage. Des tas de fans et de journalistes sont présents et je sens déjà sentir mon sang bouillir. Certes, c'est moi qui ai révélé que j'ai eu un enfant mais les gens n'ont pas d'autres choses à faire.
Pierre: Non personne répondra à vos questions, ça sert à rien rentrez chez vous, il dit en sortant de la maison en descendant les marches extérieurs
Leo: C'est pas en restant planté devant chez les gens que vous aurez des photos bande de malades mentaux, Pierre lui frappe l'épaule. Bah faut dire les termes hein
Je secoue la tête en rigolant pendant que je gare ma voiture. Je sors de celle ci, quelques journalistes hurlent des questions incompréhensibles, mais tant mieux, je n'ai pas envie de les comprendre.
Moi: Qu'est ce que tu fais là ? Tu devais pas être en France ? Je verrouille ma portière et rejoint ma maison
Pierre: Si, mais si tu voyais le bordel que c'est sur les réseaux, dans les journaux, partout. Tout le monde pense que je suis papa, il rigole et je le suis
Mon meilleur ami glisse sa main sur le haut de mon dos et nous rentrons. J'attrape la main de Leo alors qu'il s'apprêtait à faire un doigt d'honneur aux journalistes. Je ne sais plus quoi faire de lui. Il est incontrôlable. Je referme la porte derrière nous. Mon téléphone vibre, avant que je ne m'aperçoive qu'il s'agit de Charles.
Charles: C'est quoi tout ce bordel devant chez toi ? Je viens de passer devant, Pierre m'attrape le téléphone des mains
Pierre: T'avais qu'à venir, il dit assez fort dans le micro. Clochard, il raccroche
Je finis par exploser de rire. Pierre est toujours en décalé dans les situations graves. Ce n'est pas qu'il n'arrive pas à gérer la pression, au contraire, c'est parce qu'il sait que j'ai du mal à la subir. Alors il détend toujours l'atmosphère. Il me rend mon téléphone, tout fière de sa blague.
Pierre: Bah quoi ? Il dit innocemment. Il avait qu'à être là, c'est lui qui t'a enfanté
Leo: Il dit les choses telles qu'elles sont
Moi: En plus c'est moi qui lui ait dit de ne pas venir, ça allait juste le mettre dans la sauce pour rien
Pierre: Mais c'est sa sauce qui a créé cet adorable petit être humain, c'est quand même pas de ma faute, il pointe du doigt mon fils qui dort dans le salon
Moi: Oh Pierre ! Tu me soules, t'es dégueulasse
Je lève les yeux au ciel pendant que le français continue de rire tout seul. Il est vraiment perché. Mon coeur est tout de suite attiré par mon fils qui est paisiblement endormi dans son berceau. Je m'assois en tailleur à coté de lui et je l'admire. L'amour qu'on ressent pour un petit être humain qu'on a créé est juste indescriptible. Je l'aime tellement.
J'ai du mal à réaliser que ca y est, il existe aux yeux de tous. Certes, je suis effrayée pour lui. Je suis terrorisée à l'idée de lui faire vivre ce que mon frère et moi avons vécu. Mais de l'autre, je vais pouvoir lui faire découvrir le monde. Je ne pouvais pas le sortir dans la rue, je ne l'ai jamais fais avec lui. Je ne l'avais jamais emmené en voyage. Alors je ne sais pas ce qui serait le mieux pour lui, mais maintenant c'est fait.
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Dimanche 4 juillet 2021
Spielberg, 20h00
Charles: Qu'est ce qui t'as pris putain ? il dit finalement
La trajet jusqu'à l'hôtel a été fait dans le silence le plus total. Un silence lourd, pesant, qui en dit long. Tout le monde était tellement choqué de ce que je venais de révéler. Et pour ainsi dire, je l'étais tout autant. Même la sortie de la voiture pour l'hotel l'était. Je suis montée dans la chambre de Charles, toujours sans aucun mot. Jusqu'à ce qu'il brise le silence.
Charles: Julia ! il hausse légèrement le ton
Moi: J'en sais rien, je sais pas, j'en ai aucune idée, je dis en me prenant le visage entre les mains
Charles: Mais là c'est finit, tout le monde va être au courant ! Je comprends pas
Moi: J'ai craqué j'en pouvais plus
Charles: Mais c'est de notre fils dont on parle là Julia ! Je sais pas si tu te rends compte de l'impact que ça va avoir sur lui
Je ne réponds rien, secouant uniquement la tête de gauche à droite. Je n'ai même pas envie de lui répondre, à tel point j'ai de choses qui me viennent en tête. Son regard est fuyant, je sens très bien qu'il est énervé, qu'il m'en veut. Je ne vois pas l'intérêt de lui répondre. Ça ne ferait qu'envenimer les choses.
Charles: Julia
Moi: Quoi ? Qu'est ce que tu veux que je te dise ?
Charles: Mais j'en sais rien explique moi !
Moi: J'étais énervée, je dis calmement. J'ai craqué c'est tout
Charles: Mais c'était quand même pas très compliqué, on devait juste ne rien dire et...
Moi: Pas très compliqué ? je le coupe. Depuis sa naissance je n'ai pas pu sortir une seule fois avec lui, il a jamais voyagé alors que nous on fait que ça. Il reste enfermé dans ma baraque toute la journée, la seule chose qu'il voyait c'était mon putain de jardin. Donc oui j'ai craqué
Charles: C'était pas ce que je voulais dire, il s'assoit à côté de moi après s'être visiblement calmé
Moi: Je suis bien la première personne à savoir ce que ça fait d'être traité comme ça aussi jeune, t'as pas le droit de me faire passer pour
Le monégasque pose sa main sur ma joue ce qui me coupe dans ma phrase. Sa main m'oriente en direction de son visage pour me forcer à le regarder. Je n'aime pas forcément me taire. Mais c'est bien la seule personne pour qui je peux le faire.
Charles: Je te fais passer pour rien du tout, il me dit calmement droit dans les yeux. Tu le sais très bien
Ses yeux, plantés dans les miens, hurlent tout ce qu'il contient. La douceur de son visage est réapparu, la colère ayant laissé sa place. Son doigt caresse ma joue, il sait tout, il comprend tout. D'un côté, je déteste la façon dont il arrive à tout devenir, tout savoir, tout ressentir comme moi. De l'autre, je trouve ça fascinant tout comme je trouve ses pupilles émauraudes qui caressent mon visage avec la douceur d'une plume.
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Monaco, 19h30
Moi: Je vais vomir, je tourne en rond dans ma salle de bain
Pierre: Arrête de tourner autant en rond c'est moi qui vais tout remonter là, il répond allongé sur mon lit en me voyant du coin de l'œil dans la salle de bain
Moi: Ils vont me détester, je reviens dans la chambre en vérifiant une énième fois mes cheveux
Leo: Te détester d'avoir fait un petit mec aussi adorable ?
Je m'assois sur le fauteuil dans le coin de la chambre, tout en rongeant le peu d'ongles qu'il me reste. Je m'entendais parfaitement avec la famille de Charles, mais je pense que depuis ma disparition, ils doivent me détester. Ils ont dû le voir dans un état pitoyable, à cause de moi. La sonnerie retentit entre les murs de ma maison et je sursaute.
Moi: Je vais vomir je vais vomir je vais vomir je vais vomir je vais vomir je vais vomir, je répète en descendant les escaliers
Mes intestins sont remués, j'ai l'impression d'avoir l'Océan Atlantique qui vient fait coucou à mon coeur. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Charles m'a dit qu'il n'avait prévenu personne. Sa mère et ses frères ont juste été au courant que j'ai eu un bébé, mais ils ne savent pas que c'est aussi le sien.
Charles m'a d'ailleurs dit que quand sa famille l'a appris, ils l'ont appelé pour lui demander si il était au courant, si ça ne l'avait pas trop choqué. J'ai vraiment dû passer pour la pire des salopes. Alors j'imagine que ça a dû les surprendre quand Charles les a invité chez moi.
Lorsque j'arrive en bas des escaliers, j'hésite entre continuer ou faire demi-tour et me cacher sous mon lit. Mais il est visiblement trop tard puisque mon frère me pousse jusqu'à la porte d'entrée.
Pierre: Ohlala mais toujours tu m'embarques dans tes conneries là j'en ai marre, il continue de râler
Moi: T'avais qu'à refuser d'être son parrain, il souffle. Il t'a plus vu que son père, bien-sûr que tu dois être là
Pierre: Rooohhh ça va hein !
J'ouvre la porte sans plus tarder en tentant de me persuader que c'est maintenant ou jamais. Assez surprise, je tombe sur Charles, et non pas directement sur sa famille. Ils sont en retrait, derrière lui, presque surpris de me voir aussi.
Moi: Bonjour, je dis assez hésitante
Arthur: Je comprends pas là, il dit à Charles
Charles: Allez, il fait signe à ses frères et sa mère de rentrer
La petite famille me salue, même si l'ambiance est assez tendue. Ça me met encore moins en confiance. Alors je tourne brusquement la tête vers Charles, comprenant qu'il n'avait en fait pas prévenu qu'ils venaient chez moi.
Moi: Je vais te tuer, je chuchote alors qu'il rentre à son tour en fermant la porte derrière lui
Charles: Fait moi confiance, ça va bien se passer
Son regard est plutôt rassurant mais je force le mien à être plutôt dur. Je ne le regarde pas vraiment, je suis juste furieuse qu'il n'ait rien dit du tout. Je tourne les talons et je rejoins le salon où mon frère a invité la famille Leclerc. La pièce est plongée dans un silence lourd et fracassant. Je pourrai me cacher dans la cuisine toute la soirée si c'était possible.
Charles: Bon, il brise le silence
Le monégasque glisse sa main dans mon dos et m'oriente en direction du salon. Il nous fait avancer jusqu'à celui ci, où nous nous mettons face à sa famille. Je croise le regard de Pierre, qui ne laisse transparaître aucune émotion. Je pense qu'il appréhende autant que moi de vivre un moment aussi gênant.
Charles: Je ne sais pas trop par où commencer pour être honnête, il se gratte l'arrière de la tête
Pascale: Bah par le début ? Tu étais où Julia ? Tout le monde s'est énormément inquiétée pour toi, c'est pas sympas ce que t'as fait
Lorenzo: Surtout qu'on revient ici, c'est pour que tu nous dises que vous vous êtes remis ensemble, alors qu'en plus tu as eu un bébé pendant ce temps là, va me falloir plus d'explications
Arthur: Oh putain
Le petit frère de Charles se lève brusquement du canapé en portant sa main à sa bouche, les yeux grands ouverts. Il se met à secouer légèrement la tête de gauche à droite, puis regarde Pierre. Le français lui fait un petit hochement de tête et le jeune pilote et pose ses mains sur sa tête en faisant le tour du canapé.
Lorenzo: Si c'est ce que je pense Charles, t'as pas intérêt de
Charles: Il s'appelle Jules, et c'est pas aussi mon fils
La pièce est devenue irrespirable en une fraction de seconde. Les murs semblent se rapprocher, comme si j'allais finir écraser entre le bitume. Mon coeur bat tellement que j'ai presque peur que tout le monde l'entende dans ce silence de mort. Personne ne parle.
La mère de Charles est restée figée sur place, les yeux braqués sur son fils. Son regard traduit un mélange de tristesse, de déception, de surprise, quelque chose qui me fait vraiment mal au coeur. Son deuxième frère s'est levé à son tour et s'est mis à faire les 100 pas.
À ce moment là, j'aurai préféré être n'importe où dans le monde plutôt qu'ici. Je ne sais plus où me mettre tellement le silence embaume la piece. Alors je croise mes bras, comme pour tenter de trouver quelque chose à faire avec ceux-ci pour paraître moins gênée.
Pascale: J'arrive pas à le croire là, sa main se pose sur sa bouche. Tu le sais depuis combien de temps ? Il a quel âge ? Elle me demande
Moi: C'est une super longue histoire que je promets de vous raconter, je dis à sa famille en m'asseyant sur le canap à côté de sa mère
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Bon....
Que dire ?
J'ai pas osé poster jusqu'à maintenant vis à vis de la rupture entre Charles et Charlotte, même si en soit, ce n'est qu'une fiction.
Bref, chapitre un peu plus long que d'habitude 🫶🏻