Vendredi 18 juin 2021,
Castellet, 9h30
PDV de Julia
Leila: Et surtout tu n'oublies pas ce qu'a dit ton medecin, je soupire en rigolant légèrement, tu ne forces pas trop
Moi: Oui t'inquiètes pas
Leila: Allez profite bien Julia, on se voit la semaine prochaine
Je décolle l'écran de ma joue pour mettre fin à l'appel. Ma psy m'a appelée ce matin, elle voulait s'assurer que je me sente assez bien pour retourner sur les paddocks. J'ai recommencé à la voir régulièrement depuis la soirée au Jimmy'z, elle m'aide beaucoup.
Ce dernier mois a été d'un ennui sans pareil. Je me suis contentée de m'occuper de Jules, mais j'étais rarement seule. Dès que Pierre et Léo en avaient l'occasion, ils étaient chez moi, le reste du temps Gloria était là. Charles passait tous les jours, ça me permettait de faire une sieste. Ce n'est pas faute de lui avoir proposé de faire dormir Jules chez lui, mais je pense qu'il a encore peur.
Pierre: Tu viens ? il me tend sa main en m'attendant avant de traverser jusqu'aux portiques
Je range mon téléphone dans ma poche avant d'attraper sa main. Quelques fans sont déjà présents aux abords du circuit, près à capter la moindre image de leurs pilotes préférés. Pierre s'arrête alors le long des grillages pour faire des photos et signer des autographes, il est chez lui et il est tellement content d'être là.
Un groupe de quelques filles habillées de merch Ferrari et de drapeaux français, m'appellent à de nombreuses reprises avant que je ne m'approche d'elle. Elles m'expliquent avoir créé un carnet, dans lequel des centaines de fans de F1 ont déposé un petit mot pour moi, pour m'encourager. Il m'a fallut tout le courage du monde pour ne pas verser une larme.
Moi: Wa, je laisse mes doigts entre les pages, je ne sais même pas quoi vous dire, je, ma gorge se noue. Merci, je sais pas comment vous remercier c'est adorable
Pierre: La chance ! il arrive derrière moi et regarde par dessus mon épaule. J'en ai pas un moi ? il dit aux filles qui sont tétanisées de le voir en vrai
Moi: Arrête, je lui mets un coup de coude, t'avais qu'à être le préféré, je dis l'air malicieux ce qui fait rigoler les fans
Pyry: Pierre ! on l'entend l'appeler de l'autre côté de la barrière
Piere lui indique qu'il arrive, mais il finit tout de même de signer quelques autographes et fait des photos. Je passe les portiques, le son de ceux ci se faufilent jusque dans mes oreilles, jusqu'à faire frissonner ma peau. J'adore cet endroit, je ne pourrai plus m'en passer.
Pyry: Comment tu te sens ? il dit directement
Moi: Ça va, je lui réponds simplement
Pyry: Tu as encore les agrafes ?
Moi: Non, j'ai quand même un pansement, je pose ma main sous ma poitrine à l'endroit de ma cicatrice, mais ça va, elle tire beaucoup moins
Pyry: Tant mieux. Tu ne m'échapperas pas, dès que t'es remise sur pieds, à la salle avec nous
Moi: Waaa je viens de recevoir un appel de mon médecin là qui vient de me dire que ma convalescence va être plus longue que prévue
Pyry: Ah bon ? il dit l'air amusé
Moi: Pas de bol hein ?
Pyry: Ouais pas de bol
Nous finissons par rire jusqu'à ce que Pierre nous rejoigne. Pyry lui répète encore une fois le programme du week end afin que Pierre puisse bien l'assimiler. Je le sens assez stressé. Ça doit toujours être compliqué de courir dans son pays, la pression est décuplé. Tu sais que toutes les personnes dans les tribunes te soutiennent, c'est compliqué.
Moi: Je rejoins Charlotte et Luisa au café, tu vas au motorhome AT ? il hoche la tête en signant une casquette d'un fan sur le paddock. Je dois passer chez Ferrari, Mercredes et Williams avant les FP1, on se verra peut être au garage
Pierre: Appelle moi si t'as besoin, il enroule son bras autour de mes épaules et dépose un baiser sur mon front
Moi: Et stresse pas, tout le monde sera fière de toi ici, quoi qu'il se passe ok ? je lui dis droit dans les yeux. Surtout que j'ai pas vu ton podium de la semaine dernière en vrai ! Tu m'en dois un, je lui fais un clin pendant qu'il rigole
Je traverse alors le paddock, j'adore toujours autant cet endroit. C'est assez fascinant à quel point c'est toujours différent selon les lieux dans le monde, mais on ressent toujours cette même odeur. Une odeur de pneus chauffés, mélangée à des arômes de vanille, de pâtisseries qui sortent des cuisines des motorhomes.
J'ai passé mon dernier mois à me poser, à réfléchir à ce que j'avais envie pour la suite, à ce que j'avais envie pour moi, pour me sentir bien. On ne sait jamais trop ce qu'on veut au final, je ne l'ai moi même jamais réellement su. J'avais passé ma vie à comprendre et à faire ce qui était bon pour les autres, mais je n'aurai jamais pensé que le faire pour moi serait aussi dur.
Luisa: Oh Julia ! Elle me serre dans ses bras. Je suis tellement contente de te revoir ici ! Ça va t'es pas trop fatiguée ?
Moi: Ça va, je reprends doucement, je lui fais un grand sourire et prends rapidement Charlotte dans mes bras. Tu vas bien ?
Charlotte: Ouais ça va, Kat est pas avec toi ?
Moi: Non je l'ai pas vu ce matin, elle est sur le paddock ?
Charlotte: Oui, avec son frère il me semble
Moi: Je suis pas encore tombée sur eux alors
Nous passons un long moment à discuter. J'avoue ne pas être totalement connectée à la réalité, j'ai encore quelques fois des moments de flashs étranges de cette soirée. À tel point que lorsque nous discutions j'ai eu l'impression de voir Amaury, mais bien évidement, ce n'était pas lui. Je suis devenue folle.
J'ai ensuite rejoins les motorhomes de mes 3 écuries pour faire le point sur le week-end et sur les budgets réclamés. Mais je n'ai pas tardé avant de rejoindre les garages pour les essais libres à 11h30. Pierre ressort d'ailleurs des vestiaires et me rejoint.
Moi: Ça aurait pu être pire
Pierre: Ça aurait pu être mieux aussi
Moi: C'est que les FP1, ça va le faire t'inquiètes pas
Pierre: Ouais, il me fait un petit sourire. Tu viens manger un bout ?
Dimanche 19 juin 2021
Castellet, 18h11
Katerina me saute dans les bras et nous poussons un petit cri de joie en même temps que l'ensemble de l'équipe Alpha Tauri dans le garage. Pierre est arrivé 7ème de son grand prix national. C'était assez inespéré, il avait eu pas mal de difficultés hier et aujourd'hui pendant les essais. Alors même si il aurait toujours voulu mieux, être dans les points est déjà très bien.
Le français nous rejoint quelques minutes après la fin de la session, après être passé aux interviews. Il me prend dans ses bras, je le félicite encore une fois.
Moi: Tu me feras un podium la semaine prochaine pour rattraper celui de Baku que j'ai loupé, t'inquiètes pas
Pierre: J'essayerai en tout cas, il embrasse ma joue avant de prendre Katerina dans ses bras.
J'espère que ces deux là arriveront à se retrouver, ils sont tellement adorables. Mais honnêtement, je n'ai pas de doutes par rapport à ça, ça se voit comme le nez au milieu du visage qu'ils s'aiment encore.
Nous sommes restés quelques temps dans les garages d'AT, pour discuter un peu avec les mécanos, les ingénieurs, les stratégistes, tout le monde. Il y a vraiment une bonne ambiance dans ces garages, bien plus que ce que je pensais que tout départ il y a 2 ans.
Pierre: Ju', il s'approche de moi et me dit dans l'oreille, tu devrais aller faire un tour chez Ferrari, je fronce un peu les sourcils
Moi: Pourquoi ?
Pierre: Vas-y, il me fait un petit hochement de tête. Il a finit P16
Il me donne un petit coup d'épaule en direction de la pit lane, ce qui me fait un peu rire, mais je finis par l'écouter. Charles doit être très déçu de son classement, cette saison n'est vraiment pas facile pour lui, mais je ne suis pas sure qu'il ait envie d'en parler. Ce n'est en général jamais le cas quand il n'est pas content de lui.
Je traverse alors la voie des stands, qui est bien plus calme que le reste de la journée. Quelques membres du staff sont encore entrain de ranger les pneus, les outils pour la course demain, mais globalement, les stands sont vides.
Lorsque j'arrive au niveau du garage Ferrari, quelques mécaniciens sont encore là. Je les salue donc avant d'apercevoir Mattia, assit sur le siège des ingénieurs entrain de regarder les statistiques. Je m'approche de lui, en pensant qu'il puisse m'indiquer où est Charles.
Moi: Tu ne rentres pas ? je dis au team principal de Ferrari en m'asseyant sur le site à côté
Mattia: Oh Julia, il me fait un petit sourire visiblement surpris de me voir ici, je vais pas tarder, mais je regardais les data de la course
Moi: Je suis sure que tu les connais déjà par coeur, il rigole se rendant à l'évidence. Faut que tu te reposes aussi
Mattia: C'est vrai, il retire ses lunettes et se tourne légèrement vers moi pour me regarder. Tu cherchais quelque chose ?
Moi: Tu saurais où est Charles ?
Mattia: Oulah, il est partit sans trop parler à personne. Il doit être vers les motorhomes si il n'est pas dans sa loge
Je le remercie puis me dirige vers les motorhomes, mais en fait, je pense savoir où il est. Généralement, quand les week-ends ne se passent pas très bien, il se met au même endroit, où personne ne va, pour être tranquille.
Je traverse donc le paddock qui s'est dégorgé, puis me faufile entre 2 motorhomes. Je continue mon chemin quelques temps et j'arrive enfin. Charles est bien là. Il est assis par terre, la combinaison nouée autour de la taille, le regard dans le vide, à l'abris des regards entre 2 murs de motorhomes.
Je m'approche de lui, laisse glisser mon dos contre le mur à côté de lui et je ne dis rien. Je me contente de rester à côté, en attendant qu'il veuille parler si il en a envie. Il se contente d'appuyer sa tête contre le mur et la bascule pour me regarder. Il semble constaté que je suis là, même si il l'avait déjà remarqué. Et puis, je nous revois, il y a plus de 2 ans, nous parler pour l'une des premières, dans les mêmes circonstances, et depuis, tellement de choses se sont passées.
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2 ans et 3 mois auparavant...
Vendredi 15 mars 2019
Melbourne, 18h00
Voilà 30 min que les séances d'essais sont terminées et toutes les équipes et le staff sont entrain de quitter le circuit. Je n'ai pas mieux supporté la deuxième séance que la première, au contraire. Je suis actuellement assise par terre, entre 2 murs d'hospitalités, à l'abris des regards. Mes larmes ne cessent de couler et je viens juste de parvenir à arrêter une énorme crise d'angoisse. J'ai ramené mes genoux au niveau de ma poitrine. Je tente d'enlever les traces de mascara que mes larmes ont fait sur mes joues.
Au bout de quelques minutes, j'entends des pas dans ma direction. Quand je relève le regard, je me rends compte qu'il s'agit de Charles qui se dirige dans ma direction, les yeux rivés sur le sol. Il s'assoit juste à coté de moi et regarde le mur d'en face. Il ne prononce pas un mot et nous restons comme cela quelques minutes. Puis à l'issue de celles-ci, il tourne un peu la tête vers moi et rompt le silence.
Charles: Tu veux en parler ?
Moi: Non, t'inquiètes
Charles: Ok, il laisse un petit moment de silence. Alors je commence, je tourne un peu la tête pour le regarder. J'ai complètement foiré ma deuxième séance d'essais, j'ai finis P10, parce que j'avais peur de décevoir ma nouvelle équipe. C'était quand même mon rêve d'arriver chez Ferrari et maintenant, j'ai peur de ne pas être à la hauteur
Moi: Il n'y a pas de raison, ils t'ont fait confiance en signant ton contrat. Tu sais très bien que t'es à la hauteur, il hoche un peu la tête et sourit. Pourquoi tu souris ?
Charles: C'est la première fois que je t'entends dire un truc gentil, il rit un peu et je lève les yeux au ciel. J'étais sure que t'étais gentille
Moi: Qu'est ce que t'en sais ?
Charles: Ça se voit comme le nez au milieu du visage. Tu as une énorme carapace mais ça se sent que tu es toute fragile. Ça se lit dans tes yeux
Moi: Dans mes yeux ? je fronce un peu les sourcils
Charles: Ouais, t'as le même regard que moi il y a quelques temps
Moi: C'est à dire ?
Charles: Je sais pas, comme si tu étais complètement brisée mais que tu essayais de te persuader que tout va bien
Moi: Tu te trompes, je réplique directement et il tourne la tête dans ma direction en levant les sourcils. Bon, tu te trompes peut être pas complètement, je ris un peu et il me suit. C'est juste que, je soupire. Je n'ai pas d'amis, je n'ai pas de relations amicales ou quoi d'autre que mon frère et mon cousin. J'ai une peur bleue de m'attacher aux gens et de les voir partir.
Charles: Je comprends
Moi: Et les gens sont tous tellement gentils ici mais j'ose parler à personne. Si je m'attache, je vais tellement souffrir, j'aurai tellement peur que tout deviendra invivable. C'est le pire endroit pour les gens comme moi. Je suis même pas capable de m'assoir sur mon siège pour regarder la course avec mon casque. Roh et puis je sais même pas pourquoi je te dis tout ça à toi, je commence à me lever mais il pose sa main sur mon épaule et me fait me rassoir
Charles: Parce que je te comprends. C'est toujours plus simple de parler à quelqu'un qui te comprend
Moi: Tu t'emballes un peu là, il explose de rire
Charles: Bah pourquoi ? Tu avais déjà parlé de ça ici à quelqu'un ? je secoue la tête. Bah voilà. Les gens comme ça, on se reconnaît entre nous
Moi: T'as pas l'air très triste pourtant
Charles: Toi non plus
Moi: Touché
Charles: Enfin, uniquement si on oublie les énormes traces de maquillage sur tes joues
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Comment vous allez cette semaine ? Ça me fait tellement bizarre de poster qu'une fois par semaine. Ça me manque de lire vos commentaires tous les soirs avant de me coucher 😫
En tout cas, merci. Parce que même si je ne suis plus autant active qu'avant, vous êtes toujours plus nombreux à nous rejoindre ! Il y a des nouveaux lecteurs tous les jours, et même des plus anciens qui recommencent la fiction depuis le début. Bref, vous êtes incroyables, merci 🫶🏻