Mardi 25 mai 2021
Monaco, 11h30
PDV de Charles
Le coeur battant dans ma poitrine, j'ai eu l'impression que le monde s'arrêtait. Je tenais dans le creux de mes bras la chose qui était devenue la plus importante à mes yeux. Le moindre faux pas et son identité était révélée au public, alors que ça a été le plus grand secret de ma vie.
J'avais enroulé mon fils dans des couvertures, par peur qu'on puisse apercevoir ne serait qu'une infime parcelle de sa peau. Il est tellement innocent, il est tellement pure pour ce monde. Il est le fruit de mon grand amour, la raison pour laquelle je me battrai dans la vie.
Lorsque je passe les portes de l'hôpital, je m'enfouis immédiatement dans les couloirs. Je ne veux croiser personne. Je serre Jules le plus possible dans mes bras, alors que mon pouls filant me rappelle les raisons pour lesquelles nous sommes ici.
Je finis par arriver devant la porte de la chambre de la monégasque. L'étage est vide, comme si ils avaient fait en sorte que ce soit le cas. Alors je m'assois, déroule légèrement les couvertures autour de mon bébé. Ses yeux brillants me fixent toujours et mon coeur s'accélère.
C'est un type d'amour si particulier, quelque chose d'inconditionnel, sans frontière. Je l'aime plus que tout, en si peu de temps. C'est une partie de moi, une partie d'elle. Ça n'a rien à voir avec le type de sentiment qu'on peut ressentir pour autre chose. C'est réellement un sentiment particulier, plus fort que tout, de savoir que cet être dans le creux de mes bras a la moitié de mon sang.
Pourtant, son petit nez, la façon dont son sourire se dessine sur ses joues, ses yeux qui pétillent, il me fait tellement penser à sa maman. Heureusement qu'il ne comprend pas ce qu'il se passe, qu'il n'est qu'un bébé.
Moi: Maman est tombée malade, je caresse sa joue. Les médecins l'ont soignée et maintenant elle fait un gros dodo, faudra que tu sois sage hein ?
Un bruit adorable sort de sa bouche, alors que mon coeur fond. Sa présence diminue un peu le stresse toujours oppressant dans ma poitrine. Mais pourtant, il est tellement facile. Il ne pleure presque jamais, alors je sais qu'à part faire de grands sourires à sa maman, il ne la perturbera pas.
Léo: Mon dieu, ils arrivent à l'autre bout du couloir, je ne sais pas comment vous pouvez faire ça tous les jours, c'est horriblement stressant
Pierre: Oh mais qui je vois là ! il se rapproche pour observer Jules. C'est mon petit neveu préféré de la night
Moi: On ne parle presque jamais dans des contextes aussi particuliers, je réponds à Leo
Pierre: Oui, j'étais pas plus à l'aise que toi, mais forcément c'est un mécanisme à prendre. Enfin bon ! Sebastien a trouvé une chambre dans laquelle on peut rester aujourd'hui pour être plus tranquille, il surenchérit immédiatement. Mais il n'est au courant de rien
Son regard est très rassurant, alors je le remercie d'un petit sourire avant de nous montrer la chambre juste à côté de celle de la monégasque. Je dépose Jules sur le lit, de façon à ce qu'il soit quand même bien installé, et nous veillons à fermer la porte pour que personne ne rentre.
Moi : Ça s'est bien passé ?
Leo : Je sais pas trop, j'ai l'impression d'avoir fait n'importe quoi
Pierre : Non, c'était parfait. On a fait pas mal de prévention, ça nous a évité de trop parler de ce qui s'est passé directement
Je me contente de d'hocher la tête alors que mes yeux dérivent sur ceux de ce bébé encore à moitié endormi. Pierre glisse son doigt dans la main du petit garçon et je peux voir dans ses yeux tout l'amour qu'il a pour lui. Pierre a élevé Jules autant que Julia, autant que son frère. Alors même si je n'ai pas pu être là, je sais que Pierre aurait toujours été là pour lui.
Leo : Je crois que les infirmières viennent de rentrer dans sa chambre, ça doit sûrement vouloir dire qu'elle est réveillée, je vais voir, je reviens, il sort de la chambre
Pierre : Alors, il semble attendre que je réponde
Moi : Alors quoi ?
Pierre : Tu sais très bien de quoi je parle. T'as déjà eu autant peur de perdre quelqu'un qu'elle ? Il ne me laisse pas le temps de répondre. Écoute Charles, je ne veux que ton bonheur, y'a que toi qui peut savoir ce que tu as besoin. Mais de l'extérieur, c'est comme si Julia était le monde et que Charlotte n'était qu'un petit brin de poussière
Moi : C'est pas vrai, c'est normal que je sois là. On a un bébé, elle a été une personne très importante pour moi pendant un long moment. Alors oui c'est normal que je sois inquiet pour elle et que je sois ici
Pierre : Tu ne l'as pas appelé une seule fois, je ne réponds rien comprenant que cela ne servirait à rien. Charlotte a vraiment l'air d'être une fille saine, c'est d'ailleurs certainement une relation beaucoup plus saine que celle que tu entretenais avec Julia. Mais c'est justement pour ça que t'as pas le droit de la faire souffrir
Moi : Je ne vais pas la faire souffrir
Pierre : Charles, évidemment tu ne peux pas le voir, mais même un aveugle pourrait vous voir vous bouffer des yeux Ju et toi. Tu la regardes comme la huitième merveille du monde. Et tu auras beau dire tout ce que tu veux, Charlotte le voit aussi
Charlotte et moi nous sommes mis ensemble dans des circonstances très particulières. Je n'étais, certes, pas destiné à finir avec elle mais Pierre a raison, notre relation est parfaitement saine. Elle l'est très certainement parce qu'il n'y a pas autant d'amour qu'avec Julia. Parce que au final est-ce que quelque chose de si fort, aussi passionnel, peut mener à quelque chose de sain ? Je n'en sais rien
Ce qui est sure, c'est qu'avant de se mettre ensemble, nous avions eu de nombreuses discussions elle et moi. Elle m'avait parlé de ses craintes, se ses doutes et au final elle en avait beaucoup plus que moi, parce que je ne m'étais jamais remis de la disparition de Julia. Elle m'avait brisé le cœur, Charlotte essayait de le réparer mais en vain, et elle en était consciente.
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Il y a 1 an et 3 mois...
10 février 2020
Monaco, 21h16
Charlotte : Je ne sais pas quoi te dire Charles, je ne suis pas à l'intérieur de ton cœur je ne peux pas deviner ce que tu ressens
Sur le bord de mes lèvres, la seule chose qui me brûlait était « mais je ne ressens plus rien ». Puisque c'était bien la réalité, j'étais vide. Je n'arrivais pas à ressentir des émotions qu'elles soient positives ou négatives. Alors comment j'étais censé savoir ce que je voulais avec elle ?
L'unique chose que je savais est qu'elle était là, elle. Qu'elle était là depuis le début, elle faisait en sorte que j'aille mieux. Même si je ne parlais à personne de ce que je ressentais, de ce vide, Charlotte aurait pu me faire du bien. J'espérai qu'un jour je me réveillerai, et que ce vide se soit comblé. C'était bien le dernier espoir auquel j'étais suspendu.
Moi : Je sais ce que tu ressens pour moi, j'ai très bien compris. Tu es là depuis le début, c'est une période très compliquée et je sais pas où j'en suis
Charlotte : Je sais bien, elle pose sa main sur mon avant-bras. Mon but n'est pas de te mettre la pression, je voulais juste être honnête avec toi. Si tu ne veux rien avec moi je comprendrai, ta vie est bien assez compliquée
Moi : J'ai besoin de quelques jours, j'ai besoin de penser à autre chose c'est tout
Charlotte: Je sais, elle baisse les yeux et je ressens un petit pincement au coeur en comprenant qu'elle est touchée. Tu sais, je sais très bien que je n'arriverai jamais à la cheville de Julia. Je le sais parce que ça se ressent, c'est ton grand amour et j'imagine qu'on ne le rencontre qu'une seule fois
Mes yeux se détournent automatiquement derrière elle, au loin, sur le paysage de cette ville que j'aime tant. J'essaye de me concentrer sur n'importe quoi, quelque chose qui m'empêcherait de craquer. Je suis entrain de guérir, je suis entrain d'accepter que Julia est partie, qu'elle ne reviendra pas. Mais c'est encore tellement tôt.
Charlotte: Je ne cherche pas à la remplacer, j'en serai jamais capable. Je suis capable d'essayer de t'apprendre à aimer autrement peut être, de te montrer qu'il y a tellement d'autres relations différentes
Ses mots résonnent contre mes tympans, je les comprends. Elle a raison. Mais qu'est ce que je suis censé faire ? Je n'ai pas eu le droit, et je n'ai toujours pas le droit, de montrer ne serait-ce qu'une once de tristesse en public. Personne ne savait pour elle et moi.
Mais tout le monde croyait que Charlotte et moi existait. Alors est ce que ce ne serait pas au final la solution la plus simple pour passer à autre chose ? Elle a été ma couverture, à son insu certes, pendant des mois. Elle a été là, elle a été mon amie, c'est une fille gentille, attentionnée, intelligente. J'ai besoin de ça pour passer à autre chose.
••
Leo: Ils ont fermé l'hôpital, la police ne veut que plus personne ne rentre sans avoir été fouillé
La voix grave de Leo me sort de mes pensées. Il ne m'a fallut que quelques secondes pour revenir à l'instant présent, me souvenir que mon doigt est entouré dans la main de ce petit ange. Puis j'assimile les paroles du brun.
Mes sourcils se froncent et je m'écarte pour jeter un oeil à la fenêtre qui donne sur l'entrée de l'hôpital. 2 voitures de polices sont garées, leurs agents sont positionnés devant l'entrée et mettent en place des portiques de sécurités.
Moi: C'est quoi ça ? je dis légèrement paniqué
Pierre: Ils ont dû être mis au courant que Julia et Leo étaient là
Moi: Et alors ?
Leo: Si on a été enfermé pendant 1 an et demi je te rappelle qu'il y a une raison mon coco
Alors c'est pas finit ? Je n'ose pas poser plus de questions, je comprends bien que je suis le seul à être perdu, ça a l'air tellement normal pour eux. Pierre prend Jules dans ses bras, alors que mes yeux se dirigent encore par la fenêtre. Je comprends pas.
Moi: C'était pas censé être finit tout ça ? j'attrape le bras de Pierre
Pierre: Ils n'ont jamais retrouvé le véritable coupable, donc ils sont toujours surveillés
Moi: Mais attend ça a aucun sens
Leo: On est sortit parce qu'ils pensent que celui qui a fait ça à quitter le pays, mais tu penses qu'ils vont laisser les 2 enfants remplis aux as se faire tuer ? il laisse un petit blanc. Ils seraient bien trop déçus de pas se mettre l'argent dans la poche, il rit
Pierre: Surtout qu'il y a un nouvel héritier maintenant, hein mon petit beau gosse, il pince légèrement la joue de mon fils
La détente absolue de Pierre et Leo me rassure tout de même, alors je prends une inspiration et les suis à l'extérieur de la salle. Au fond du couloir 2 policiers arrivent et serrent la main de Léo, puis de Pierre, j'ai l'impression d'être dans un monde parallèle.
Policier: Bonjour monsieur Leclerc, il me tend la main, On va devoir prendre vos empreintes, fouiller vos affaires, comme d'habitude
Pierre: Il y a pas de toucher rectale je te promets, il me dit soudainement ce qui me fait exploser de rire
Ce n'est que quelques minutes plus tard que nous avons pu rentrer dans la chambre de Julia. Katerina était arrivée, accompagnée de Charlotte. Elle n'a pas vraiment cherché à me parler, certainement consciente que c'était un moment assez particulier.
Pierre: Ça va ? T'as besoin de quelque chose ? il caresse ses cheveux alors que les yeux bleus de la monégasque sont braqués sur Jules.
Julia: Non, t'inquiètes pas, elle bascule la tête pour lui faire un petit sourire, que le français lui rend.
Ma main n'a pas quitté la sienne, je ne sais pas quoi faire d'autre en réalité. Je veux juste qu'elle sente que je suis là, qu'elle est vraiment entourée, qu'on attend uniquement qu'elle se remette. Mais ça ne m'a jamais fais autant de bien de reposer mes yeux sur ses pupilles brillantes. Mon coeur se réchauffe sous ses yeux bleus qui se baladent sur mon visage, comme pour s'assurer que je suis bien là.
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Un petit chapitre pour bien (?) commencer la semaine 😇