Nana

By Aali__yaah

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Bienvenue dans le monde sombre et froid de Nana. More

Prologue
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22.

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By Aali__yaah

Deux cent...

Deux cent-un...

Deux cent deux...

Deux cent trois...

Deux cent quatre...

Deux cent cinq.

Je m'arrête net.

Cellule 205.

Un gardien de la paix est présent et tient la porte debout droit comme un piquet. Je m'approche donc de lui avec ma carte de permission de visite. Il me fouille à nouveau, ce qui est inutile étant donné que je viens de passer une fouille digne de la douane de Guantanamo.

- « Ce sera cinq minute pas plus. »

Il m'ouvre la porte et à son ouverture je tombe sur une Petrova dans un sale état, assise sur une chaise le regard meurtri et perdu. Puis mes yeux rivent sur une Natacha recroquevillée sur elle même dans un coin de cette petite pièce lugubre de seulement huit mètre carré.

- « Nana c'est toi ? »

- « Natacha ! » Je dis tandis que j'entends la porte se refermer derrière moi.

- « Nana ! » Elle hurle cette fois, en sortant de sa léthargie et en faisant sortir celle de sa mère au passage.

Elle me saute dans les bras et je la réceptionne. Je sens dans notre étreinte, à travers son corps déjà mince qu'elle a maigri, je sens ses maintenant ses os. Sa mine est désespérément triste. Je ne l'avais jamais vu comme ça.

- « Tu manges au moins Natacha ? »

- « Si tu veux savoir quel goût à la nourriture d'une condamnée ? » Me dit-elle en grimaçant « Eh bien c'est degeulasse Nana ! Mais je te jure j'ai tout sauf envie de bouffer la. »

Sa mère me regarde d'un air méchant presque féroce, ce regard encore il ne me choque pas tant que ça, parce qu'avec Petrova j'y suis habituée, elle ne m'a jamais aimé et inversement. Mais le regard qu'elle me porte actuellement est différent, je sens qu'elle me voue à cet instant présent une haine viscérale que je peux ressentir à des kilomètres tant elle est virulente.

- « Qu'est-ce que tu fiches ici !? » Grogne t-elle en fronçant ses sourcils tout aussi blonds que ceux de sa fille.

- « Ça ne se voit pas ? » Je réponds en lui renvoyant son ton acerbe.

- « Tu sais quoi la ferme ! Ferme la Nana ! Tout est de ta faute, tu ne vois pas que c'est toi qui as causé notre situation hein ? »

Je ne réponds pas et plante seulement mes yeux dans ses billes d'un bleu pâle, grisâtre. Désormais vides.

- « Depuis qu'Ivanka t'a connu elle n'a que des problèmes et là c'était le summum que tu pouvais nous apporter. Tu as donné nos noms aux autorités hein ? C'est impossible qu'ils nous aient retrouvés sinon, je me cache de lui depuis plus de vingt ans, et hop en un coup magique ils nous retrouve. Nevozmozhno ! Tu sais ce qui nous attend hein, tu le sais. Dès qu'on arrivera sur le territoire, Alexeï et sa mafia sera là, nous serons torturés, Ivanka violée, puis nous serons décapitées sans outre forme de procès. Et surtout le pire c'est qu'une fois qu'on-

*impossible

- « Chorió lýkon mamá ! » La coupe très sèchement Natacha avec une voix que je n'avais entendu. « Ne t'avises plus jamais de parler comme ça à mon amie, c'est clair ? »

*tais toi

Petrova hoche docilement de la tête et se reclus sur sa chaise en paille déjà en piteux état.

- « L'écoute pas Nana, elle dit n'importe quoi. Déjà personne ne se fera violer ou décapiter et pui-

- « Je ne veux pas que tu partes Natacha. »

Son regard change et une lueur traverse ses yeux bleus, une lueur de tristesse. Son visage s'adoucit et nous nous asseyons toutes les deux à côtés, à même le sol froid du cachot.

- « Écoutes moi Nana, ça fait vingt ans que mon père doit me "tuer" mais il n'a jamais levé le petit doigt sur un de nos cheveux blonds. On va rentrer plus vite que prévu, ne t'en fais pas. »

- « Le Kremlin aussi vous cherche Natacha. »

- « Oui pour des soupçons d'espionnage, mais ça c'est encore moins affolant. Tu sais l'état russe soupçonne tout ressortissant partant aux Etats-Unis où en Occident d'espionnage, rien de bien nouveau. »

Sa nonchalance et son calme me déconcerte. Mais Natacha et moi avons grandis ensemble, dans ce foyer qui ressemblait plus à l'enfer qu'autre chose. Je la connais mieux que moi même et sûrement inversement, elle essaie simplement de me masquer ses émotions. Mais elle se leurre si elle pense m'avoir avec des phrases réconfortantes comme on en sort aux petits enfants bêtes et naïfs.

- « Natacha je sais que tu as peur mais je ferais tout pour te sortir de là. Je contacterai Gianni, ses amis dans le gouvernement et au consulat. Mais aussi le saoudien s'il peut m'aider financièrement, ou Armand si j'ai besoin de renseignements privé sur ton père. Je ne-

- « Nana il ne nous reste plus beaucoup de temps, parlons d'autre chose s'il te plaît. »

J'abdique face à son ton suppliant et cette dernière me sort tout à coup un sourire rayonnant. Elle bondit d'un coup et pars chercher je ne sais quoi sous son matelas, elle revient vers moi en sautillant, les yeux remplis de malice.

- « J'ai quelque chose pour toi Nana. Tiens. »

Elle me tend une clé, je la regarde suspicieuse mais elle insiste du regard alors je la prends et la range directement dans ma poche.

- « Tu vois ma concierge la grosse aux lunettes papillon avec les cheveux rouge ? » elle commence et j'hoche de la tête « elle te laissera entrer dans l'appart sans problème, présente toi et ce sera bon. »

- « Pourquoi faire ? »

Son sourire s'agrandit et se fait d'autant plus mystérieux.

- « Tu entreras dans ma chambre et dans ma caisse sous le cadran vers la fenêtre, il y'aura une boîte pour toi. »

- « Elle contient quoi la boîte ? »

- « Et la surprise dans tout ça Nana ? Je te dirais rien, tu verras par toi même. Si tu veux c'est en quelques sortes l'héritage que je te lègue. »

- « Pourquoi tu parles d'héritage comme si tu rédigeais ton dernier testament. »

- « C'est justement le cas... » elle dit en grimaçant, mais elle poursuit aussitôt avant que je ne puisse réagir « Du coup tu verras j'ai confectionné la petite boîte juste pour tes beaux yeux. »

- « Même condamnée dans une cellule tu restes toujours aussi chiante. »

Elle rit et remonte ses jambes à son torse, je m'installe en tailleur et me met devant elle. On reste comme ça une minute je pense à se regarder, à se sourire, à fermer les yeux parfois. Natacha et moi n'avons jamais eu une amitié comme les autres et je le conçois, nous ne sommes pas exubérante, nous ne nous appelons pas des heures ou de nous ne passons pas des heures à faire des activités exaspérantes. Un regard, et un court temps ensemble nous suffit, la compagnie de l'autre et le silence également.

- « Tu te souviens du jour où on avait retourné le lit de Brice la malice ? »

Je pose à nouveaux mes yeux sur elle, elle fixe un point vide droit devant elle, ses yeux remplis de nostalgie. Je plonge alors avec elle dans ce souvenir, dans les murs gris et infesté  d'amiante de l'institut « Cœur de Marie ».

- « On avait pris la peinture dans le bureau de mère Sapin et on avait tout foutu sur le lit de cet affreux blondinet, on avait mis du bleu, du jaune du violet et...oh je ne me souviens plus du reste... »

- « Du blanc, du rose et de l'orange. » Je complète évasive.

- « Oui voilà ! C'est l'orange qui avait fait sensationnel je me souviens. Et ensuite on avait caché les pots sous son lit, quand Soeur Eunice et Jude étaient entrés dans la chambre elles avaient pétés un boulon. » Termine t-elle en riant légèrement.

Je souris à mon tour, ce grand dodet qu'était Brice la malice s'était pris vingt cinq coups de battons sur ses fesses boutonneuses. Il n'avait plus réussi à s'assoir durant une semaine, il mangeait debout et Natacha et moi avions pris un plaisir à passer sous son nez chaque midi, et à se foutre de sa gueule lorsqu'il pleurait debout, les fesses saignantes et à l'air devant son grand bol de soupe.

- « Ou une autre fois, quand mère Sapin avait trouvé les grenouilles dans son bureau et qu'elle avait vomi partout sur sa robe noire. »

Cette fois-ci nous explosons de rire toutes les deux.

- « Tu sais Nana... » Commence t-elle sur un ton plus sérieux « Les meilleurs moments que j'ai passé là bas...»

- « Madame la visite est terminée, il faut sortir. » dit le garde en ouvrant d'un coup la porte, coupant brusquement notre discussion et nos souvenirs d'antan.

Nous nous relevons à l'unisson, je plante mes yeux dans ses yeux bleus vifs, elle finit par m'offrir un sourire. Je prends le chemin de la sortie mais elle retient mon bras et cette fois ci arbore une mine différente: sévère et presque inquiète.

- « Promets moi une chose Nana, une dernière chose... Éloigne toi de ce Peter. Je ne sais pas...je ne le sens pas, j'ai l'impression qu'il ne m'est pas inconnue et puis son aura ne m'inspire rien de bon. Ce pari n'en vaut plus la peine et je sens mal la chute que t'auras avec lui. »

- « Je sais que tu ne l'aimes pas Natacha mai-

- « Jure le moi Nathalia. » Dit-elle très sérieuse en resserrant son étreinte sur ma main.

- « Mademoiselle il faut quitter les lieux maintenant. » Ordonne cette fois-ci le garde.

- « Tu viendras alors me botter le cul quand tu sortiras de ce trou Ivanka. »

- « Ça ne risque pas d'arriver. » Tranche Petrova amère du fond de la pièce, mais tous l'ignore.

- « Nana s'il te plaît...»

- « Oui chef, j'abandonne complètement le défi Peter. Je vais aller me trouver une distraction ailleurs. »

Elle me sourit rassurée et saute à nouveau dans mes bras, je resserre son étreinte sentant qu'elle en avait besoin. D'un coup je sens mon cou s'humidifier, mon corps se raidit sur place. Elle pleure. Je ne sais pas consoler les gens, je serais encore moins capable de consoler la personne la plus proche de moi.

- « On y va ! »

Le policier agrippe fermement mon bras et Natacha se détache de moi, elle sèche ses larmes d'un revers de la main.

- « Nana ne fais surtout pas tout et n'importe quoi pour me faire sortir là ! Laisse tomber et attends qu'on règle ça avec les autorités russes ok, ça se passera bien promis. »

J'ai déjà commencé à faire n'importe quoi...pensais-je.

La porte se referme sur la blonde qui m'offre un regard qui se veut le plus rassurant du monde et un sourire qui trahit ses yeux déjà bien larmoyants. Trois tours de clé à gauche puis un à droite viennent sceller ma visite avec Natacha en même temps que son avenir.

Nana.

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