Dimanche 23 mai 2021
Monaco, 23h45
PDV de Julia
Katerina: Ma copine ! elle hurle en me sautant dans les bras
Mon coeur a complètement lâché dans ma poitrine. Un immense sourire a pris place sur mon visage alors que ma copine et moi nous serrons dans nos bras comme si notre vie en dépendait. Je n'avais revu Katerina qu'une seule fois depuis mon retour, il y a quelques semaines maintenant. Qu'est ce que je suis contente de la revoir. C'est un vrai rayon de soleil.
Moi: Tu m'as manqué
Katerina: Rah mais part plus jamais d'accord, elle se détache de moi pour me regarder dans les yeux. Ahhhhhh mais t'es trop belle, elle crie par dessus la musique, je la tire sur le côté de la pièce
Moi: J'ai plus envie de te cacher des trucs, y a des choses qu'il faut que tu saches !
Katerina: Tu m'as déjà expliqué pour ton isolement et Pierre ma belle je sais
Moi: Non non, je parle pas de ça. Il n'y a que Charles et Pierre qui sont au courant, je sors mon téléphone et je lui montre une photo de Jules
Katerina: Il est trop mignon, ses yeux s'écarquillent soudainement. C'est fou il te ressemble grave, elle lève la tête en direction de Charles, il a même yeux que Charles en plus, elle rie et s'arrête brusquement. Oh my God, elle se lève, attends quoi ! elle hurle. T'as un, elle pointe mon téléphone du doigt. Oh mon dieu j'en reviens pas. Mais aahhhhh je suis trop contente pour toi ! elle se rassoit et me serre dans ses bras
Moi: Il s'appelle Jules, son regard s'attendrit
Katerina: Arrête putain, elle pose sa main sur ma cuisse, parlons de ça plus tard là tu vas me faire chialer, elle lève les yeux eu ciel et se fait de l'air avec les mains pour empêcher ses larmes de couler
Pendant de longues minutes, nous discutons vaguement de nos derniers mois. Katerina est une fille exceptionnelle. C'est une amie incroyable. Elle m'a compris, écouté, sans jamais ne me faire culpabiliser, elle est juste adorable. Nous ne nous étions pas vu pendant 1 an et demi et pourtant, rien n'a changé, comme si nous nous étions vu tous les jours. Et sa présence réchauffe mon coeur puisque mon esprit se rend compte que ça y est, je suis rentrée.
Pierre: Ça va mes poulettes ? il s'assoit à côté de moi et entoure mes épaules avec son bras
Moi: Bon et alors, vous deux, je me redresse sur le siège, vous êtes ?
Mes yeux font des allées retours entre les 2 ex. Pierre fixe Katerina, des étoiles dans les yeux. J'ai toujours adoré la façon avec laquelle il la regarde. Ses pupilles pétillent, il a toujours cette manie de s'humidifier les lèvres et laisser un sourire se dessiner sur les bordures de ses lèvres. Il l'aime toujours autant, et c'est affreusement adorable.
Katerina: On est amis, elle me fait un petit sourire
Moi: Ah ! je lâche naturellement consciente que ce n'est pas ce que Pierre veut
Pierre: Pour le moment, il nous fait un clin d'oeil. Oh Amaury vient ! il lui fait un signe et s'assoit sur le canapé en face de nous, tout en rapprochant sa tête pur nous entendre. Tu trouves pas qu'on est trop beau ensemble ?
Pierre fait le tour et s'assoit à côté de Kat en la forçant à lui faire un câlin. Elle le pousse légèrement mais, elle finit rapidement par être trahis, puisqu'elle se met à sourire de toutes ses dents. Ces 2 là me font encore un peu croire en l'amour.
Katerina: Tu es qui d'ailleurs monsieur ? elle s'adresse à Amaury ce qui me fait exploser de rire
Moi: Mais arrête d'agresser les gens comme ça, je tente d'arrêter de rire. Je l'ai rencontré y a 1 heure
Katerina: Oh ok cool ! elle dit tout simplement. Bon tu arrêtes de me coller toi, elle pousse Pierre ce qui nous fait rire. Je te jure, tous les mêmes
Charlotte: Oh Julia ! Je t'avais pas vu de la soirée ! elle arrive à mon niveau et je me lève pour la prendre dans mes bras. Tu vas bien ? Elle s'assoit à côté de moi et je tente de faire abstraction de Charles qui la suit
Moi: Ça va super, tu connais Katerina ?
Katerina: Qu'est ce que c'est que cette sorcellerie encore ? elle dit en mangeant des cacahuètes tout en observant Charlotte
Moi: Roh mais, je lui mets un coup de coude et elle se redresse, Charlotte, la copine de Charles,
Katerina: Charlotte euh Charlotte ? elle demande en faisant référence à l'histoire qui date d'1 an et demi
Moi: Oui, je tente de répondre le plus naturellement possible et elle manque de s'étouffer avec une cacahuète
Pierre: Ça nous fait tous le même effet la première fois, il lui tapote le dos
Moi: Désolé, je dis à Charlotte
Charlotte: T'en fais pas, elle me fait un petit sourire compatissant
Ses yeux marrons se sont un petit attristés et elle s'est mise à regarder ses doigts, comme pour tenter d'échapper à ce moment un peu délicat. Je frappe l'arrière de la tête des 2 sur ma gauche pour leur faire comprendre d'arrêter. Je comprends la surprise de Katerina, mais Charlotte doit toujours entendre les mêmes choses. Je ne sais même pas comment elle fait.
Moi: Oh et euh, je me lève pour m'assoir à coté d'Amaury sur le canapé d'en face, voici Amaury, je ne le connais que depuis 1 heure mais il est cool, Charlotte rigole légèrement
Charlotte: Oh d'accord enchanté, moi c'est Charlotte, elle fait un sourire, et Charles aussi, elle lui met un gros coup de coude, il est enchanté
Charles: Euh oui oui, il lui serre la main en sortant de ses pensées
L'atmosphère s'est un peu refroidit face à la froideur de la réaction du monégasque. Même Charlotte ne semble plus savoir où se mettre. Charles est enfoncé dans le canapé, les yeux dans le vide. Mais au même moment, ses yeux remontent peu à peu au niveau de mon visage pour croiser les miens.
Un ouragan traverse mon corps, et j'ai l'impression de sentir mes organes se soulever. Mon souffle se raccourcit et mon coeur loupe un battement. Ses yeux verts sont assez durs, mais il a l'air si triste. Il me fait de la peine.
Pierre: Oulah, bon ! il se lève et brise l'ambiance de glace qui s'était installé. C'est ma tournée les loulous
Moi: Attends, je viens avec toi !
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1 an et 4 mois auparavant...
Dimanche 5 janvier 2020
Monaco, 16h10
Pierre: C'est bon ? il dit derrière la porte de la salle de bain
Moi: Ouais
Je déverrouille la porte de la salle de bain la main tremblante et Pierre et Leo rentrent dans la pièce. Je dépose le test sur le bord du lavabo mais mon corps est incapable de patienter. Je fais les 100 pas dans la salle de bain ne attendant les 2 min les plus longues de ma vie.
Les nausées étaient apparues il y a quelques temps, mais je n'avais jamais envisagé la possibilité de tomber enceinte, je porte un stérilet. Mais ça faisait plusieurs semaines que chaque matin, je commençais la journée la tête dans les toilettes. Nos gardiens ont donc demandé d'appeler ma gynécologue qui m'a demandé de faire un test.
En quelques minutes, les agents de police m'avaient déjà acheté plusieurs tests afin que je suis les faire le plus vite possible. Dans une famille milliardaire, dans laquelle des meurtres pour héritage sont soupçonnés, si un nouvel héritier fait son apparition, toute la hiérarchie est chamboulé, donc il faut absolument protéger les petits nouveaux.
La sonnerie du minuteur résonne entre les murs froids de la pièce. La seule chose que je suis capable de faire est de regarder mon frère et mon meilleur ami, apeuré, en ayant perdu absolument tous mes moyens. Je ne suis pas capable de regarder. Je ne veux pas d'enfants, je n'en ai jamais voulu.
Moi: Regardez, je peux pas, je m'adosse contre le mur de la salle de bain
Je laisse glisser mon dos contre le mur, jusqu'à ce que mes fesses frappent le carrelage froid, me rappelant que ce qui est entrain de se passer est bien réel. Les 2 hommes se dirigent vers le lavabo, je perçois le son du bâtonnet en plastique. Puis ils s'assoient en face de moi.
Je peine à relever les yeux. Je n'ai pas envie de savoir. Je ne veux pas le savoir. Je ne veux pas être enceinte, je ne l'ai jamais voulu. Ça ne peut certainement pas arriver maintenant. Ça fait 1 mois que nous sommes isolés, que je n'ai revu personne à part Pierre. Ça ne peut pas arriver, et pas maintenant.
Leo: Ju, il pose sa main sur mon genou et le caresse avec son pouce, regarde
Il me tend le test et c'est la main tremblante que je le saisis entre mes 2 doigts. J'espère de toutes mes forces de ne pas voir ce que je n'ai pas envie de voir. Mais lorsque mes yeux voient appaire ces 2 traits sur le bâtonnet blanc et bleu, j'ai l'impression que le monde s'écroule autour de moi.
J'enfouie directement ma tête dans mes genoux après m'être recroquevillé sur moi même. Pourquoi ? Je me protégeais depuis des années. Je ne voulais pas de cet enfant. Des milliers de personnes rêvent d'avoir des enfants, mais peinent à tomber en enceinte, et moi je suis là, assise dans cette salle de bain qui n'est pas la mienne, à pleurer dans les bras de mes frères pour quelque chose que je n'ai jamais voulu.
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Nous déposons les verres sur la table et je me rassois à coté d'Amaury. Il est sympa. Je ne le sens pas particulièrement méchant. Mais rien ne peut être perçu dans ses pupilles, elles sont trop sombres, alors je n'arrive pas à analyser ce qu'il pense, comme j'ai l'habitude de le faire.
Amaury: Tu bois autre chose des fois ? il rit pendant que je sirote ma Margarita
Moi: Pourquoi faire ? je réplique en riant légèrement
Amaury: Goûte ça
Il me tend son verre et j'hésite un peu avant de poser le mien. Je pose mes lèvres et avale une petite gorgée de son liquide brun. Le goût est tout bonnement infecte. Je ne perçois que l'amertume qui brule ma gorge. Le regard d'Amaury est un peu plus intense quand j'essuie la goutte sur le coin de mes lèvres en toussant.
Moi: C'est dégueulasse ton truc, je reprends mon verre, tu sais pas apprécier les bonnes choses toi
Tandis qu'il se remet à boire sa boisson, mon liquide sucré et citronné glisse dans ma gorge beaucoup plus naturellement. Avec le temps, j'ai l'impression de ne même plus sentir l'alcool qu'il contient. Mais c'est bien meilleur que les alcools pures qui ne font que brûler ma gorge.
Un regard beaucoup trop intense s'est posé sur moi, sur ma gauche. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que ce sont ses yeux verts qui me scrutent. Et même si mon cerveau me supplie de ne pas tourner le regard vers lui, mon coeur le fait déjà pour moi.
Ses pupilles entrent en contact avec les miennes et, comme dans un feu d'artifice, j'ai l'impression de sentir une tempête d'émotions me prendre aux tripes. Il est enfoncé dans le canapé, le visage fermé, les yeux rivés sur moi, comme si il veillait sur ce qui est entrain de se passer.
J'en viendrai presque à le détester de faire ça. Il n'est plus avec moi, il est avec une fille super, mais il ne fait même plus attention à elle dans ces moments là. Je m'en veux parce que je n'arrive pas à le détester, que j'ai l'impression d'entendre mon âme hurler à longueur de journée pour retrouver la sienne.
Mon coeur qui s'emballe dans ma poitrine me rappelle que je ne suis plus censée ressentir ça pur lui. Mai pourtant, lui non plus, mais je le sens que son coeur se déchaine. Que lui aussi, quelque chose le pousse à toujours garder un œil sur moi. Les mots qui sortent de sa bouche depuis ces derniers semaines me transcendent, à chaque fois ils sont plus secs les uns que les autres, mais son corps le trahit. Et je déteste le voir. J'aimerai ne rien voir, uniquement le voir avec Charlotte, froid avec moi, et tenter de me laisser une chance de l'oublier, de moi aussi reconstruire ma vie, comme je me suis entrainée à le faire pendant 1 an et demi loin de lui.
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