Le Pouvoir des Artistes

By UbzArCHalvez

661 193 34

Rejoignez un groupe d'artistes révolutionnaires au moment où l'art devient magique ! A bientôt vingt ans, Jo... More

... Wig Ha Wag...
Soverinn Donn
Découvrir les légendes
Rencontre inopportune
Comme un son de clochette timide
"Vôtre, entièrement. K. K."
Un sacré bazar
Au milieu de la nuit
La fête de Ste Anna
Des maisons de toutes les couleurs
Prisonniers
Un petit bout de poésie
Le Cheval du roi Marc'h
Un grand marin balaise
La deuxième bouteille
Qu'est-ce qui se passe ici ?
Le musée
Spiritus, Anima, Corpus
L'Association
Le Pub
Rourke
L'atelier
Rester dormir
Le Granit
Des dessins qui bougent
Devenir un artiste
La méthode tombe à l'eau
"Quelqu'un pour toi !"
Aller chercher une couleur
"Tu es prêt"
Cornemuse
Aider
Une auberge
Organisation
Rien ne se passe comme prévu
Le Proconsul revient
Se jeter dans le vide
La connexion
Dani Bayou
De retour dans l'auberge
Lancer des bouteilles à la mer
L'attaque
Solstice d'hiver
Rien qu'un vieux bonhomme
La période des fêtes
Une orange et un journal
Ezekiel Roz Bud
Un poème
Ina
Sous les menhirs
Le monde dans la brume
Accélérer le temps
Une voix
Illusion
Cassano
Une odeur de brûlé
Creuser bêtement
La légende de Brewal
Convoqué
"Je sais !"
Le mystère du trésor
Le trésor de Bilz de Kerouez
C'est important
Traître
Les montagnes
Peinture noire
En prison
A propos de l'Inneal
La toupie
Un menhir gigantesque
Epilogue

Soverinn Donn

8 2 4
By UbzArCHalvez

– Je crois que je ferais mieux d'aller chercher Brewal, fit Patsy après un moment passé à contempler le menhir.

Joakim ne la regarda pas repartir. D'abord, il avait beau ne pas ressentir qu'il avait la tête en bas, il préférait éviter de se confronter à l'idée. Ensuite et surtout, il n'était pas encore capable de détacher ses yeux de l'Inneal.

Oui, cette fois-ci, il n'avait pas de doute : c'était bien ça qu'ils étaient venus chercher. L'Inneal... Il lui faisait le même effet que la photo du musée, il entendait le même néant en émaner.

Il posa la main sur son Granit : il avait l'impression qu'il vibrait sur des fréquences imperceptibles, comme une voix trop grave et trop basse pour être entendue.

Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fallu qu'il l'utilise sans attendre ?

Il jeta un coup d'œil derrière lui, vers l'horizon à l'envers. Patsy ne revenait toujours pas. Depuis combien de temps était-elle partie ? En tout cas assez longtemps pour que la météo eût le temps de se dégrader.

Le vent était plus calme de ce côté-là du sol, mais la mer au-dessus de sa tête était en train de disparaître, d'épais nuages sortis de nulle part la cachaient.

En fait, il commençait même à pleuvoir.

Joakim s'immobilisa.

wig ha wag ha wig ha wag ha wig ha wag...

Il lui semblait distinguer un grincement lugubre, qui s'éteignait progressivement dans les clapotements de la pluie.

Il retint sa respiration, il tendit l'oreille. Il l'entendait toujours même s'il avait disparu, sorte d'écho fantôme coincé dans ses tympans.

L'atmosphère venait subitement de se refroidir, un frisson lui descendit le long de la colonne vertébrale.

Il parcourut l'horizon des yeux : les courbes vertes et rebondies commençaient à s'envelopper de brume. Ne restait plus que la caillasse et le menhir planté au milieu.

Plus rien ne bougeait.

Il se retourna une nouvelle fois.

Soverinn Donn était là.

Joakim sursauta. L'espace d'une seconde, son cœur cessa de battre.

– Qui es-tu ?, dit Soverinn avec la voix qu'aurait une nuit sans lune si elle pouvait parler.

Joakim le voyait pour la première fois mais il savait que c'était lui. Son visage rachitique avait l'air de dégouliner avec la pluie. Un ruban noir accroché à son grand chapeau rond flottait à la manière d'une fumée solide.

Joakim aurait voulu s'enfuir mais il était tétanisé. Il avait la sensation de se réveiller d'un cauchemar, quand on sait qu'on ne dort plus mais que l'angoisse irréelle est toujours là.

– Où as-tu eu ça ?, dit encore Soverinn en tendant son doigt squelettique vers la poitrine de Joakim.

Là où pendait son Granit.

– Ne le touchez pas.

Il avait voulu crier, mais sa voix était sortie faible du fond de sa gorge.

– Tu as un Granit et tu te tiens devant l'Inneal, fit Soverinn en levant ses yeux entièrement gris vers le menhir. Qu'attends-tu ? Ne sais-tu donc pas de quoi il s'agit ?

– J'attends Brewal Kozhiliz, dit Joakim en s'imaginant l'impressionner.

Soverinn ne sourcilla même pas. Mais il se redressa, il se redressa bizarrement... comme Brewal avait l'habitude de se redresser.

– Et tu crois qu'il t'attendrait, lui ?, fit-il dans un sourire morbide.

– Joakim !

Patsy revenait enfin, Brewal était avec elle. Il fonça sur Soverinn sans lui laisser le temps de réagir ! Il l'empoigna, le souleva comme une feuille, le fit tourner et le flanqua par terre ! Soverinn s'effondra avec un bruit de bois sec.

Puis Brewal ferma les yeux à demi, il fronça les sourcils, il grogna brièvement. Les poils de sa barbe firent des frisotis. Il attrapa alors un filament de peinture étalé sur les jambes de son imperméable. Il le détacha comme si c'était le tentacule d'un poulpe et il le jeta sur Soverinn, au moment où il essayait de se relever.

Le lien de couleur le plaqua à terre, il tenta de l'arracher mais Brewal lança un nouveau jet sur son bras. Puis un autre, aussitôt, sur son autre bras.

Soverinn était paralysé, il se mit à crier d'un cri horrible, comme un monstre pris au piège. Joakim et Patsy firent un pas en arrière.

– Qu'est-ce que tu fais encore là ?!, fit Brewal en voyant Joakim. File ! Ça va pas le retenir très longtemps !

Soverinn s'agitait comme un dément, il hurlait, il se secouait avec violence.

– File !, dit à nouveau Brewal. Va activer l'Inneal !

Joakim hocha la tête. Il serra les dents. Il serra les poings. Il allait se retourner, mais soudain Soverinn disparut...

C'était comme s'il avait été aspiré par la terre.

Seuls ses vêtements restaient là, affalés dans la forme de sa silhouette. Son grand chapeau rond était tombé à plat par terre.

– Où il est passé ?

Même Brewal avait l'air surpris. Il s'était remis en position de gouren, prêt à combattre.

Une seconde s'écoula durant laquelle il n'y eut rien d'autre que de la pluie et du vent.

Puis les vêtements de Soverinn se figèrent, comme s'ils étaient devenus solides. Ils se résorbèrent ensuite, tellement qu'ils se fissurèrent bientôt comme de la terre trop sèche et qu'ils se brisèrent en morceaux. Ils ressemblaient aux débris d'une statue toute cassée.

Ils se mirent à rouler les uns sur les autres et ils s'entassèrent pour constituer un tas informe d'à peu près la taille d'un homme.

Joakim était pétrifié.

Le tas de pierres se tint sur place un instant. Il se contracta enfin et sa surface s'effrita comme du sable... pour laisser apparaître Soverinn. Il était libre.

– COURS !!, hurla Brewal pour Joakim.

Et il allait attaquer de plus belle, mais Soverinn tendit ses mains, paumes vers le bas, une pierre en dessous s'arracha du sol pour les rejoindre comme un morceau de métal attiré par un aimant puissant.

A peine l'eut-il attrapé, il tira sur ses extrémités : elle grossit en un clin d'œil, jusqu'à la taille d'un menhir, qu'il relâcha en même temps sur Brewal !

Patsy était toute proche, Brewal la poussa, ils évitèrent tous les deux la pierre de justesse et s'écrasèrent au sol.

Joakim recula encore.

Ils n'étaient pas de taille, se dit-il dans un éclair.

Soverinn se tourna vers lui. Ses deux yeux gris mort le regardaient en souriant.

Joakim fit volte-face et fonça enfin vers l'Inneal.

Il courut aussi vite que si la mer avait été sur le point de l'engloutir.

La pluie s'était épaissie et lui battait le visage, sa respiration s'emballait et il n'avait jamais couru aussi vite de sa vie !

Soverinn ria sombrement dans son dos, Joakim jeta un œil par-dessus son épaule, il le vit qui se rapprochait du rocher qu'il venait d'abattre sur Brewal et Patsy. Il le vit poser ses mains dessus, appuyer en se penchant en avant. Le rocher s'enfonça sous son poids, avalé par le sol. Joakim se retourna juste à temps pour le voir ressortir devant lui. Il le percuta de plein fouet !

Il tomba à la renverse, Soverinn ria plus fort encore. Sans se relever, Joakim tourna la tête dans sa direction : derrière lui Brewal était en train de se remettre debout.

– Soverinn !!

Il se rua sur lui, mais Soverinn tira sur le rocher qu'il venait d'enfoncer dans la terre, celui-ci en ressortit en même temps qu'il s'enfonça devant Joakim.

Brewal se fracassa contre lui aussi, si fort qu'il le brisa en deux ! Il s'écroula sous le choc.

Soverinn ramassa les deux morceaux, un à chaque main, chacun était énorme mais ils avaient l'air de ne rien peser pour lui.

Brewal s'efforçait déjà de se relever mais il retombait aussitôt, manquant de force. La pluie qui lui coulait sur la tête se mélangeait au sang qui gouttait de son front, lui barbouillant le visage de rose.

– RESTE A TERRE !, rugit Soverinn avec une voix d'orage.

Brewal était parvenu à se mettre à quatre pattes, il essayait de se redresser.

Joakim s'était relevait lui aussi, il hésita à aller l'aider mais il savait qu'il aurait plutôt dû être en train de courir vers l'Inneal. Il fit d'ailleurs un pas dans cette direction.

Il s'arrêta quand il vit Soverinn se contracter en grognant.

La pluie redoubla en même temps.

Soverinn se retourna vers lui : il ne riait plus. Son visage était blanchâtre, et ses yeux globuleux grands ouverts.

Il prit un peu d'élan et d'un revers de la main, il lui jeta l'une des deux moitiés de son rocher !

Elle vola dans les airs, Joakim tourna les talons et se remit à courir. Un œil par-dessus son épaule, rivé sur la pierre, elle chutait droit vers lui !

Elle s'écrasa dans son dos, roula et le faucha comme une quille. Il s'écroula sur les fesses, une douleur vive lui déchira l'arrière du pied droit. « Argh ! » Il se retourna aussitôt sur le ventre.

Soverinn tenait l'autre moitié de son menhir des deux mains, il écarta les bras. La pierre éclata en une dizaine de morceaux à peu près gros comme son chapeau qui restèrent en lévitation dans les airs.

Il se retourna face à l'Inneal en les faisant passer au-dessus de sa tête.

Brewal parvenait enfin à se redresser sur ses jambes.

Le visage fermé, le front bas, Soverinn n'y fit plus attention. Il abattit les bras en avant et les pierres suivirent le même arc de cercle. Elles tombèrent sur le sol et elles disparurent dans les flaques immenses que la pluie était en train de former partout.

Dans son dos, Brewal fit deux pas vers lui,... mais l'un des morceaux de rocher chuta du ciel juste sous son nez ! Il s'en fallut de peu qu'il ne s'écrasât sur sa tête.

Brewal allait repartir de plus belle quand une autre pierre suivit aussi vite !

Puis une autre !

Puis une autre à nouveau !

Chaque fois, il en réchappait tout juste. Soverinn progressait à présent d'un pas lent mais sûr. Il tendait ses mains à droite, à gauche, les paumes vers le bas, aspirant de nouveaux rochers du sol, les attirant vers lui, les tenant une seconde en main et les relâchant aussi vite, les laissant tomber dans les flaques à ses pieds. Les rochers disparaissaient dans l'eau pour chuter du ciel, tour à tour, continuant de garder Brewal à distance.

Joakim eut subitement l'impression qu'il était lui-même en train de s'écraser par terre : tout allait trop vite et il ne pouvait rien faire !

Il s'était forcé à se relever, tâchant autant que possible de ne pas s'appuyer sur son pied douloureux. Il se mit à boitiller vers l'Inneal. Mais Soverinn marchait plus vite que lui. Il ne tarda pas à lui passer devant, Joakim essaya de l'agripper par sa veste – « Arrêtez !!! » – la veste était glaciale ! Soverinn se libéra d'un geste sec.

Souffrant horriblement, trempé, gelé, Joakim ne pouvait rien faire d'autre que le regarder le dépasser. Il était impuissant, c'était perdu d'avance, jamais il ne le rattraperait.

C'est à ce moment-là qu'une musique lente et douce se fit entendre.

Le son d'une flûte.

Joakim se retourna. Il aperçut Patsy, quelques mètres derrière, qui jouait en fixant Soverinn.

Mais il ne ralentissait pas. La mélodie remplissait la plaine d'accents celtes et mystiques, mais Soverinn ne ralentissait pas.

Joakim porta la main au Granit suspendu à son cou. Patsy était trop loin. Il ferma donc les yeux.

Il inspira profondément.

Les gouttes sur sa peau étaient douces et fraîches. Leurs clapotis lui rappelaient un cours d'eau tranquille.

Il rouvrit les yeux.

Les cailloux qui jonchaient le sol étaient en train de rouler lentement pour former des entrelacs.

Les gouttes de pluie freinaient déjà leur chute sur toute la longueur des notes. Le souffle du vent suivait leurs ondulations. Là-bas, Soverinn allait trop vite pour cette musique, alors il ralentit.

Joakim repartit en direction de l'Inneal, sans cesser de ressentir la mélodie, sans quitter Soverinn des yeux. Celui-ci ralentissait toujours, il était en train de tourner éternellement la tête dans sa direction, affichant une expression mélangée de fureur et d'effroi. Il était encore en train de lâcher un rocher dans une flaque de sa main droite, une grosse pierre commençait seulement à décoller du sol sous l'influence de sa main gauche... mais elle s'arrêta à mi-chemin, avant de retomber lentement par terre. Seul un dernier petit caillou parvint à aller jusqu'au bout et à toucher ses doigts... avant de lui échapper, de chuter et de disparaître dans une marre à ses pieds.

Et tandis que l'Inneal était presque à sa portée, il se figea tout à fait.

Joakim n'était maintenant plus qu'à quelques pas. Un sourire l'envahissait comme un soleil ! Il jeta un œil derrière lui : les chutes de pierres avaient cessé, Patsy se rapprochait en continuant de jouer, Brewal boitait à ses côtés, ils rejoignaient ensemble le rocher que Soverinn lui avait jeté dessus quelques instants plus tôt. Ils s'arrêtèrent là et ils le regardèrent finir d'atteindre l'Inneal. Brewal souriait aussi, Patsy jouait plus passionnément que jamais...

... Mais Joakim aperçut alors un dernier petit caillou qui tombait du ciel juste au-dessus d'eux.

Rien qu'un petit caillou...

Il s'assombrit.

– ATTENTION !!!, hurla-t-il à tue-tête.

Le caillou heurta la flûte de Patsy d'un coup sec, sous le choc elle lui échappa des mains.

La musique se tut brutalement.

Soverinn se réanima.

Il reprit sa vitesse normale.

Et il franchit le dernier pas qui le séparait de l'Inneal.

Il posa sa main dessus.

Joakim fut soufflé par l'onde qui émana du menhir, il vola sur un mètre et se fracassa sur le sol !

L'Inneal s'ébranlait. Un réseau d'étincelles se mit à le parcourir.

Soverinn lui-même avait fait un pas en arrière, le ruban de son chapeau frétillait sous la force du vent.

Les étincelles étaient en train de devenir des éclairs, ils dépassaient le menhir, frappaient le sol à proximité, claquaient dans les airs, remontaient le long de filets de pluie jusque dans les nuages.

Soverinn écarta les bras pour embrasser toute cette énergie. Une lumière bleuâtre irréelle imbibait l'Inneal, et Joakim remarqua alors que sa base était noircie...

Il savait ce qu'il fallait faire, même s'il savait aussi ce que ça signifiait.

Il se releva une nouvelle fois, une dernière fois.

Il marcha les derniers pas qui le séparaient du menhir, sans se soucier des secousses qui le parcouraient.

Il passa devant Soverinn, il posa ses mains sur la roche. Il trouva ses appuis.

Et il poussa de toutes ses forces. L'Inneal bascula légèrement en arrière.

Et en une seconde, la violence d'un torrent se déversa d'en dessous !

Joakim sauta de justesse sur la pierre, il se mit tout de suite à danser.

Soverinn se retrouva seul face au torrent : l'eau l'emporta d'un seul coup ! Il disparut dans le courant.

Joakim défaillit, manqua de tomber, mais il reprit sa danse maladroite. Les éclairs continuaient de crépiter autour de lui, le vent continuait de souffler, les ondes de chocs continuaient de le secouer, et une cascade s'écoulait sous ses pieds. En même temps, il suivait Soverinn des yeux, du moins son chapeau. Il regarda les flots l'emporter, il le traça jusqu'au bout de la falaise. Là, l'eau tomba par-dessus bord puis remonta bizarrement vers le haut, retrouvant la gravité de la presqu'île. Le chapeau tomba puis remonta avec elle, il disparut enfin dans les remous du ciel de mer.

Mais Joakim ne se sentit soulagé qu'une seconde : il aperçut Brewal et Patsy, ils avaient réussi à s'accrocher au rocher mais ils luttaient contre l'assaut du courant !

– Fais quelque chose !, fit Brewal en buvant la tasse.

– Glouglouglou !!, fit Patsy.

Elle lâcha tout de suite après ! La mer l'entraîna aussitôt, Brewal essaya de la rattraper mais il céda à son tour !

Joakim n'y réfléchit pas à deux fois. Il agrippa son Granit et il se laissa tomber du haut du menhir. Dans sa chute, il se débrouilla pour que le Granit frappât la pierre. Puis il glissa tout du long, jusqu'en bas, il tomba dans le courant qui l'emporta également.

Cependant l'eau se tarit rapidement et il rejoignit le sol.

Il toussa pour se vider les poumons. Il secoua la tête. Il se releva, titubant.

Quelques poissons se débattaient par terre autour de lui. Il chercha tout de suite Patsy et Brewal. Il les retrouva non loin du bord de la falaise.

Le torrent s'était épuisé à leur niveau aussi, ils étaient en train de se relever. C'était moins une.

Joakim poussa un soupir de soulagement. Puis il se retourna vers l'Inneal. Les éclairs, le vent, les secousses : tout avait cessé. La lumière bleue qui l'enveloppait s'était éteinte. Il s'en approcha en boitant, il posa sa main dessus. Il était encore chaud. Sa base avait perdu sa teinte noire.

– Bien joué, Joakim, fit Brewal en arrivant vers lui.

Ils étaient en train de le rejoindre avec Patsy.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?, demanda celle-ci en essorant sa robe.

– Joakim a rendormi l'Inneal. Ce n'est plus qu'une grosse pierre.

– Ça veut dire que...

– Il ne fonctionne plus, dit Brewal.

Joakim rejeta un œil vers la grosse pierre. Il réalisa en même temps qu'il ne pleuvait plus. Il leva les yeux en l'air, il vit que les nuages se dissipaient lentement, la mer reparaissait.

Brewal posa sa grosse main sur son épaule.

– T'as pas fait tout ça pour rien, dit-il d'une voix qui se voulait rassurante.

– Je sais, dit Joakim.

Tout autour d'eux, la lumière envahissait la plaine. Les vallons verts, leurs arbres et leurs moutons se révélaient à nouveau.

L'Inneal, au milieu, restait résolument silencieux.

C'était fini.

C'était bien fini. 

Continue Reading

You'll Also Like

2.7K 145 6
Ahoy, moussaillon ! Bienvenue à bord du navire ! Par delà les sept mers, au travers des tempêtes et des batailles, embarquez aux côtés de courageux...
3.1K 534 16
Afin de solder son prêt étudiant, Victoire, make-up artiste pour une prestigieuse agence, accepte une mission déroutante : dissimuler les tatouages d...
78.4K 2.2K 30
Que se passerait il si Harry avait une sœur ? Sa sœur cadette TP âgée d'un an de moins que lui est rentrée à Poudlard. Suivait son aventure entre tra...
401K 36.2K 68
A l'ère de la piraterie, où hommes et vagues se déchaînent, où créatures du mondes marins rôdent, vivent Sophia et William. Sirène et pirate, ennemis...