Mercredi, 13 Janvier.
PDV ÉNORA
La conférence de presse est aujourd'hui, et disons que je stresse un peu. Je ne compte bien sûr pas y aller, sur demande de mon père, à cause de la foule de journalistes qu'il y aura. Et bien évidemment, il ne veut pas que je sois stressée plus que je ne le suis déjà.
Lorenzo : ce n'est pas bon pour le bébé.
Moi : arrête un peu! C'est pas toi qui vas être présenté comme le fils de l'Alpha Suprême. C'est décidé, je ne sortirai pas d'ici avant deux mois.
Il commence à rire, se moquant ouvertement de moi.
Moi : ouais, c'est ça. Continue à te moquer de moi et tu verras ce qui se passera.
Il s'arrête immédiatement. Je sais qu'il en a encore envie, mais qu'il se retient, prenant ma menace au sérieux.
Lorenzo : fais pas la tête. Tu n'es pas drôle, tu sais?
Il s'assoit à côté de moi, et pose sa tête sur mes cuisses.
Moi : non mais qui t'a invité?
Lorenzo : moi-même. Ou peut-être le petit?
Se disant, il tourne son visage vers mon ventre, et l'embrasse, ce qui me fait rougir. J'ose pas imaginer quand il sera rond même si j'ai hâte.
Les images de mon père apparaissent à l'écran.
Lorenzo : stresse pas, j'ai dit. C'est mauvais pour le bébé.
Moi : pas ma faute!
La conférence dure à peu près une heure trente, durant lesquelles mon père me présente aux nations du monde, et Lorenzo éteint l'écran.
Lorenzo : viens, il faut que tu prennes tes médicaments.
Il me prend la main, et m'amène dans la cuisine avec lui. Je m'assois sur un tabouret haut en face de l'îlot, et le regarde évasivement faire la cuisine. Alors qu'il est presque en train de terminer, je l'interpelle :
Moi : dis Lorenzo?
Lorenzo : oui?
Moi : te souviens-tu encore de l'affaire du corps mystérieusement disparu de ton frère?
Lorenzo : comment oublier ça?
J'aurais dû m'en douter.
Moi : tu agis comme si c'était le cas.
Lorenzo : parce que j'essaie de ne plus y penser. Je préfère penser à autre chose comme par exemple, l'enfant que nous attendons.
Moi : tu devrais aussi t'intéresser à lui. Il pourrait être problématique dans le futur.
Lorenzo : alors qu'il est déjà mort?
Moi : son corps est où dans ce cas? Qui serait assez fou pour le déplacer?
Je soupire. Et le temps qu'il pose le plat devant moi, et les médicaments, je dis :
Moi : dans tous les cas, j'ai demandé à mon père d'envoyer certains de ses loups à sa recherche.
Il se fige.
Moi : Loren'?
Lorenzo : pourquoi est-ce que tu as fait ça?
Moi : parce que. Qu'est-ce qu'il y a de mal à vouloir retrouver le corps de ton frère?
Je mets quatre gouttes du premier médicament dans ma boisson, et prends une fourchette de mon steak avant de prendre une gorgée.
Moi : pourquoi tu as l'air si en colère?
Il se calme un peu, et sort de la cuisine, me laissant seule.
Non mais il a quoi, lui?
Je finis mon plat et mon jus de fruits, avant de moi-même sortir de la cuisine. Je le retrouve couché sur un des canapés du salon, le bras droit au dessus de ses yeux et le genou droit relevé.
Moi : Lorenzo, qu'est-ce qu'il y a de mal à ce que j'ai demandé ça à mon père?
Lorenzo : j'aurais préféré qu'on ne parle plus de lui.
Moi : et moi, je préfère me rassurer sur le fait qu'il soit bel et bien mort.
Lorenzo : je l'ai tué devant tes yeux, Énora. Qu'est-ce que tu veux?
Ce que je veux...
Moi : que tu comprennes que j'ai toujours peur!
C'est sorti tout seul. Il le fallait. J'en ai marre de garder cette peur constante depuis deux jours. Je me laisse glisser au sol, mon cœur battant trop rapidement et ne pouvant plus bouger mes jambes, pétrifiées par la peur en repensant à la vision que j'ai eu de lui. Je l'entends se lever, et venir vers moi. Il se met à ma hauteur, et passe un bras autour de mes épaules. Il me ramène contre son torse et me demande :
Lorenzo : peur de quoi, exactement?
Moi : de ton frère. Je l'ai vu l'autre jour... Avant de m'évanouir la dernière fois. Il n'avait rien, aucune blessure, il était intact.
Les premières larmes s'échappent de mes glandes lacrymales, alors qu'il me prend dans ses bras.
Moi : tu dois me prendre pour une folle, maintenant.
Lorenzo : arrête de dire des choses pareilles. Essaie ne plus penser à lui, d'accord? On en reparlera une prochaine fois. Tu devrais aller te reposer, maintenant.
Il me porte jusqu'à la chambre, où il me pose sur le lit avant de me recouvrir. Il s'assoit à mon chevet, et essuie mes larmes, avant de m'embrasser.
Moi : tu veux bien rester quelques minutes? Jusqu'à ce que je m'endorme au moins?
Lorenzo : d'accord.
Je fermes les yeux, essayant de me vider la tête. Il passe continuellement ses doigts dans mes cheveux, ce qui me détend automatiquement et je m'endors sans m'en rendre compte.
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Je me réveille, bien reposée, et alors que je m'apprête à me lever, j'entends une conversation entre mon âme sœur et ce qui semble être son père.
Lorenzo : ouais, apparemment, elle l'aurait vu.
Harris : c'est étrange ça. Il était dans quel état? Elle te l'a décrit?
Lorenzo : il n'avait rien. Même pas une cicatrice, sauf celle qu'il a eu lors de l'incendie.
Harris : ce n'est pas normal. Sauf si...
Lorenzo : sauf si quoi?
Harris : il est peut-être possible qu'elle ait inconsciemment eu une vision.
Lorenzo : papa, Hamon est mort.
Harris : ou pas. Elle peut avoir matérialiser le personnage principal de sa vision, et c'est pour cela qu'elle l'aurait vu.
Lorenzo : une vision est sensée comporter ce qui se passera dans le futur.
Harris : alors, ça voudrait dire qu'il n'est pas mort. Ou alors, que quelqu'un d'assez fou l'aurait ressuscité.
Lorenzo : mais qui?
Harris : peut-être le sorcier qui travaillait avec l'oncle d'Énora.
Lorenzo : si je pouvais le...
Je sursaute en entendant quelque chose se briser.
Lorenzo : je vais te laisser maintenant. Je crois qu'elle est déjà réveillée.
Je me lève du lit, et sors de notre chambre. Je vois Lorenzo, debout, serrant son poing droit. Je remarque que ce dernier saigne, et qu'un verre brisé est au sol.
Moi : Lorenzo... T-ta main...
Lorenzo : t'inquiète pas pour ça, ça guérira seul.
Moi : même avec des morceaux de verres à l'intérieur?
Je vais dans la salle de bains de notre chambre, et récupère la trousse de secours. Je retourne dans le salon, m'approche de lui, et le force à se s'assoir. Je m'occupe de sa main, veillant bien à lui faire parfois mal pour qu'il comprenne sa bêtise.
Moi : ça t'apprendra à briser des choses.
Lorenzo : c'est méchant, ça.
Moi : je m'en fiche, imbécile.
Franchement, je me demande ce que je vais faire de lui.