Samedi 25 mai 2019
Monaco, 18h05
PDV de Charles
Katerina: Tu ferais mieux de partir Charles, je m'apprêtais à répliquer, s'il te plaît
Moi: Mais j'ai, elle me lance un regard noir. Ju' ça prendra juste 5 min
Je pose ma main sur son épaule. Le contact avec sa peau m'avait manqué. Son parfum se faufile déjà dans mes narines, c'est l'odeur la plus réconfortante que je n'ai jamais senti. Je m'en veux tellement. Mais qu'est ce que j'aurai pu faire d'autres ?
Ne pas l'avoir vu pendant plus d'1 mois et demi avait été horrible, je ne sais toujours pas où elle était, ce qu'elle faisait ni même comment elle allait. Pourtant, dès l'instant où j'ai croisé son regard, je l'ai vu: le vide. Ce même vide dans son regard que la première fois que je l'ai vu, le même qui m'avait déchiré le coeur. Sauf qu'aujourd'hui, elle était ma meilleure amie et j'ai eu l'impression que quelqu'un me poignardait.
Katerina: Charles ! Elle hausse légèrement la voix. Arrête maintenant dégage, t'en as assez fait
Pierre: Frère, il pose sa main sur mon épaule, arrête viens
Je tourne la tête vers lui, le regard de mon meilleur ami est très compatissant. Mais quand je retourne la tête en direction de Julia, Katerina me lance un regard glacial à en faire froid dans le dos. Je ne peux pas lui en vouloir, elle veut juste le meilleur pour son amie. En fait ça me rend fou de pas savoir comment elle va. J'ai juste envie qu'on s'allonge dans l'herbe et qu'elle me parle, j'ai envie qu'elle me raconte tout. J'ai juste envie qu'elle me parle, même si c'est pour m'insulter, je veux qu'elle me parle. Mais je ne suis pas censé l'approcher et ça me détruit.
Pierre me tire par le bras pour que je m'éloigne de Julia. Elle est toujours de dos, je n'ai pas vu son visage, ni même son regard, mais je sens très bien qu'elle a tout autant envie que moi de me parler. Elle a beau essayer de faire comme si rien n'était arrivé, son regard change toujours autant quand elle croise le mien. Pierre continue de me tirer pour qu'on s'éloigne d'eux pendant que Katerina prend Julia dans ses bras.
George: Qu'est ce qu'il se passe ? Il arrive et prend la brune dans ses bras avant de me lancer un regard noir
Moi: Je vais finir par le détester, je dis en arrivant au bar avec mon ami
Pierre: Oui bah arrête d'être aussi con toi aussi
Moi: Quoi ?
Pierre: T'as très bien entendu, il tape sur le comptoir sur bar. T'as merdé Charles faut que tu t'en rendes compte. C'est pas à cause de George que Julia est dans cet état, il pique ma curiosité, c'est à cause de toi. Si tu ne l'avais pas embrassé rien ne serait arrivé. Évidement George ne veut plus que tu t'approches de sa copine, t'es complément fou d'elle et t'es même pas capable de t'en rendre compte, il laisse un petit moment de blanc et soupire. Écoute mec, tu sais très bien que t'es mon frère que je serai toujours derrière toi mais là t'as déconné c'est tout
Moi: Dit moi ce qu'elle a, je sais très bien que tu es au courant, dit moi au moins ça
Pierre: Non, elle était en arrêt maladie c'est tout
Moi: Pierre s'il te plaît, je veux juste savoir comment elle va
Pierre: Ça commence à aller mieux, mon coeur s'arrête de battre un instant
Moi: Comment ça aller mieux ? Ça allait pas ? Pierre se lève et commence partir. Elle a rechuté ? Pierre, j'attrape son bras, elle a rechuté c'est ça ?
Pierre: Va te reposer Charles, c'est ta home race demain t'en as besoin
PDV de Julia
J'ai rarement retenu aussi fort mes larmes. Je n'allais pas craqué devant tout le monde. Alors j'ai joué ma meilleure poker face et je ne remercierai jamais assez Katerina. Elle m'a sortie d'une situation à laquelle je n'étais pas prête à faire face. Ça m'a fait tellement mal de le voir. Je ne comprends pas et je crois que je ne comprendrai jamais la raison pour laquelle il m'a fait espérer comme ça puis m'a jeté.
Je remercie Katerina ainsi que George puis je me dirige directement vers ma famille. Mes mains tremblent, je suis pas assez stable émotionnellement en ce moment pour vivre des choses comme ça. J'ai l'impression d'entendre mon coeur battre dans mes oreilles. Je sors péniblement la boîte de cachets dans mon sac et je les prends discrètement. Mais voir ma famille juste là, en face de moi, je me sens déjà apaisée. Ce sont absolument les seules personnes que j'ai envie de voir à ce moment là. Mon frère et Gildo sont entrain de discuter au bord de la terrasse qui donne sur le circuit. Mon coeur se réchauffe dès l'instant où je les vois rire. Je les prends directement dans mes bras, ils sentent l'amour, à plein nez, ils sentent la sécurité.
Moi: Je suis contente de vous voir
Gildo: Bah on s'est vu hier ma belle, il rit un peu
Leo: Et on habite dans la même maison, il rit à son tour
Moi: On s'en fou, je me détache d'eux. Bon, j'ai parlé avec Gildo, à lui non plus tu ne lui as toujours pas présenté ta copine, je lui fais un air mystérieux
Leo: Au GP de France, il cache son sourire
Moi: Oh ouais ! Elle vient sur le paddock ? Elle a besoin d'un pass ?
Leo: Non t'inquiètes, j'en ai déjà pris un avec le mien
Gildo: Bon et le tiens il est où ?
Moi: Pas là
Gildo: Menteuse, je ris un peu. On a tous vu les photos
Moi: Quelles photos ?
Au moment où Gildo a dit ça, j'ai cru que mes jambes allaient lâcher. Est ce qu'il parlait des photos de Charles et moi au Jimmyz ? Est ce que tout le monde croit que je suis avec lui ? J'avoue ne pas avoir ouvert mes réseaux sociaux depuis 1 mois et demi, ça n'aurait fait qu'empirer mon état. Gildo sort son téléphone et me le donne.
Love in the paddock
Who's the new George Russell's girlfriend ?
It seems that this beautiful lady and the British pilot from Williams have a relationship. Rather discrete, the brunette would work for Richard Mille on the paddock. While we still don't know who she is, social networks are on fire since the two lovers were spotted this Wednesday in Monaco.
Twitter investigators are already on the job to discover her identity.
Moi: Qui te dit que c'est moi ?
Gildo: Julia, il penche la tête pendant que je rigole
Moi: Oulala dit donc il fait chaud ici, je change de sujet
Leo: Tiens, il regarde derrière moi, Louis, ça fait longtemps
Mon frère me lance un regard amusé, il sait que je déteste ce genre de situation. Louis est très gentil, vraiment, mais c'est du passé lui et moi. Il doit passer à autre chose. Je n'ai pas envie d'être méchante avec lui, parce qu'il est vraiment adorable mais c'est trop. Alors je me retourne et je sors mon meilleur jeu d'acteur.
Moi: Ah tiens Louis, qu'est ce que tu fais là ?
Louis: Je suis avec mon père bien sûr
Leo: Ah bah oui qu'est ce qu'on est bête ! Il se frappe le front et je lui donne un coup de coude
Louis: Ça fait longtemps que je t'ai pas vu Leo ! T'as grandis !
Leo: Ah tu t'en souviens ? Je mets ma main à mon front parce que je sais ce qu'il va dire ensuite
Louis: Bah oui pourquoi ?
Leo: Bah t'étais plutôt occupé à regarder ma soeur
Moi: Bon allez, euh moi on m'appelle ! Je pose ma main sur l'épaule de mon frère. Salut hein
Je fuis la discussion à une vitesse phénoménale sous le regard amusé de mon cousin. Mon frère n'a pas de filtre, mais alors aucun. Il dit absolument tout ce qui lui passe par la tête. Alors ça peut être très drôle, mais pas dans des situations comme celles-ci. J'ai juste eu envie de changer de planète.
Et puis c'est dans ces moments là, quand je traverse la foule, quand je passe entre tous ces gens qui crient, rient, que je me sens le plus seule. C'est dans ces moments là que je n'arrive pas à comprendre, pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi mon père est mort ce jour là ? Pourquoi ils ont tué ma tante ? Pourquoi j'ai été obligé de m'occuper de mon frère ? Pourquoi je n'arrive pas à penser à moi ? Pourquoi je n'arrive pas à aimer ? Pourquoi je n'arrive pas à être libre ? Pourquoi j'arrive pas à me sentir vivante ?
Mon regard se balade au dessus de la barrière de la terrasse. La solitude me ronge alors qu'il y a des centaines de personnes autour de moi. Mes yeux se baladent dans le vide comme si c'était la seule chose que j'étais capable de ressentir. J'imagine mon corps en chute libre qui s'engouffre dans un puit sans fond, le vide. J'imagine sauter du haut d'un pont et m'engouffrer dans les abysses de l'océan, le vide. J'imagine m'enfoncer dans le sol, tomber jusqu'au fond du trou de la Terre, le vide.
Pourquoi ? Pourquoi ce vide m'était si familier ? Pourquoi je n'arrivais pas à m'en détacher ? A chaque instant de ma vie, mon coeur est vide, comme si toutes mes émotions avaient été consommé, qu'il ne m'en resterait jamais aucune. J'essayai d'avancer mais c'est comme si chaque pas en avant était 2 pas en arrière. Mais ici, du haut de ce balcon, le goudron juste en bas avait l'air si attirant, comme si il était d'enfin me faire ressentir une sensation. J'ai besoin de ressentir quelque chose. Je ne peux plus supporter ce vide qui habite dans ma poitrine. L'unique émotion que j'ai ressenti est la douleur, elle n'a fait qu'agrandir ce trou béant dans ma poitrine. J'ai mal.
Dimanche 26 mai 2019
Monaco, 20h30
PDV de Julia
George: T'es sur que tu ne veux pas venir avec moi ? il caressait mon dos avec sa main. Ça te ferait du bien de sortir
Moi: Non, j'ai pas envie George je te jure
George: Mais ton frère est parti, j'ai pas envie de te laisser toute seule comme ça. D'habitude il y avait Gloria, là y a vraiment personne.
Moi: Va t'amuser et félicite Pierre pour sa P5 et son meilleur tour
George: Bébé, je m'inquiète pour toi vraiment. T'es l'air si épuisée, il glisse son index sous mon menton pour scruter mon visage.
Moi: Allez, je me détache de lui et je me dirige vers ma porte d'entrée. Vas-y, j'ouvre la porte
George: T'es sur ? Ça ne me dérange pas de rester avec toi, au contraire
Moi: Dégage ou j'appelle la police, il rigole
George: Alors promets moi de m'appeler si il y a quoi que ce soit, il embrasse mes lèvres avant de sortir
Retourner à l'endroit où Charles m'avait embrassé était juste impensable. J'étais contente pour Lewis, pour Pierre et pour le bon week end qu'ils ont fait, mais passer une soirée avec Charles à l'endroit où, je pense, tout a basculé, ça m'était impossible. Je suis encore très attachée à lui, même si j'ai passé ces derniers mois à essayer de le détester. Mais en réalité, je ne le détestais pas lui, je détestais ce qu'il avait fait. Je ne saurai peut être jamais la raison pour laquelle il a fait ça, mais je pensais chaque chose que j'ai dite.
J'y ai cru quand il m'a dit qu'il pensait qu'on était des âmes sœurs platoniques. Et honnêtement, je le sens toujours. Je ne connais pas la raison qui l'a poussé à mettre un terme à tout ça mais la connexion qu'il y avait entre lui et moi était réelle. Il était mon meilleur ami, la première personne que j'appelais si j'avais besoin, le seul qui me comprenait sans que je n'ai besoin de prononcer un mot, le seul qui arrivait à combler le trou béant dans ma poitrine.
C'était comme si depuis toujours, une partie de mon âme me manquait et qu'en le rencontrant, j'avais trouvé l'autre moitié.
Alors, il ne me restait plus qu'à faire ce que je faisais depuis des semaines. Errer dans les couloirs de ma propre maison, à la recherche de la deuxième moitié de mon âme comme si j'étais incapable de vivre sans elle.
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