Chapitre 2
Blue : 15 ans, Éros : 17 ans
Il est actuellement 14h30. Mes parents ont fait construire une grande piscine dans notre jardin !
Depuis le temps qu'ils nous en parlaient ! C'est génial !
Donc cet après-midi, avec ma sœur Tatiana, ma meilleure amie Cassie, mon frère Azarias et son meilleur ami Éros, nous allons la tester. Il fait très chaud aujourd'hui, mes parents sont partis faire les courses et nous avons donc la maison pour nous.
J'ai désormais quinze ans et je suis en troisième. Je peux vous assurer que beaucoup de choses ont changé.
Ma grande sœur Tatiana a maintenant seize ans, et mon grand frère Azarias, dix-sept ans.
Je vais être honnête ; je n'aime pas vraiment Éros, le meilleur ami de mon frère. Quand j'avais douze ans, il a été très gentil et m'a aidé à faire mes maths. Depuis, il ne m'a plus jamais reparlé, il est venu plusieurs fois à la maison, mais ne parlait à personne. Il disait juste bonjour à mes parents par politesse, puis lui et Azarias s'éclipsaient dans sa chambre.
Je vous avoue que mon béguin pour lui, n'a pas diminué. Éros a dix-sept ans, il est en première, au lycée. Il est devenu encore plus beau ; il a énormément grandi et va même à la salle de sport : son physique a énormément changé et ça se voit ! Je sais que ma sœur a aussi le béguin pour lui. D'ailleurs, personne ne sait que j'ai un petit crush sur Éros, en même temps, je ne pense pas qu'il en ait quelque chose à foutre de moi. J'ai appris qu'il voyait beaucoup de filles, qu'il les embrassait, et couchait avec elles.
Je suis un peu jalouse, je l'avoue. Mais je me trouve très bizarre, comment ai-je fait pour avoir le béguin pour un garçon qui ne me parle jamais, qui n'en a rien à foutre de moi et qui ne me porte aucun regard ?! En même temps, en le voyant en maillot de bain, je comprends mieux ; Éros en maillot de bain, c'est quelque chose !
Nous sommes tous en maillot de bain autour de la piscine. Je n'aime pas être en maillot, je me sens mal à l'aise. Mon corps n'est pas aussi beau que celui de Cassie ou de Tatiana. Et puis être en maillot de bain devant Éros me gêne un peu.
- Dites, ça vous dit de faire un cap ou pas cap ? Propose mon frère.
- Ouais, c'est une bonne idée ! Répond Cassie à son tour.
Ma sœur hoche la tête déterminée. Moi, je ne réponds pas. Un cap ou pas cap ?
- Tu joues Blue ? Demande Cassie en tournant la tête vers moi.
Je sens un regard insistant sur moi, et regrette aussitôt d'avoir levé la tête. Parce que le regard d'Éros sur moi est en train de me brûler. Et mes yeux sont descendus automatiquement sur son torse musclé jusqu'à ses abdominaux. J'ai rapidement pris conscience et ai relevé mes yeux jusqu'aux siens, remarquant ainsi qu'il me fixait. J'ai rougi, honteuse tandis qu'il a eu un léger sourire au coin de ses lèvres.
J'avoue avoir été surprise, pourquoi sourit-il ? D'habitude, il ne sourit presque jamais.
- Hum... Heu... Je ne sais-
- Oui, elle joue ! Me coupe Tatiana en me regardant, avec un sourire.
- Bien, alors Tatiana, cap ou pas cap ? Demande Azarias.
- Cap. Répond la concernée, sûre d'elle.
- Fait un salto arrière dans la piscine.
- Quoi ? C'est une blague ?! Tu sais très bien que je ne sais pas en faire, Azarias ! Je risque de faire un énorme plat !
- Je sais, c'est le but petite sœur ! Réponds celui-ci en souriant.
Elle souffle, puis se lève et se met au bord de la piscine. Elle réfléchit un instant et décide de sauter en arrière. Malheureusement pour elle, comme elle l'avait prédit, elle fait un énorme plat sur le dos. Tout le monde rigole, sauf Éros et moi.
Je sais que Tatiana doit se sentir honteuse de ne pas avoir réussi à faire un salto devant Éros, alors je ne vais pas me moquer, ce serait méchant. Éros quant à lui, ne rigole jamais, alors, ce n'est pas étonnant.
Je me dirige donc vers Tatiana pour l'aider à remonter, et lui tend la main. Elle me sourit gênée et l'attrape, puis nous revenons à nos places. Tatiana lance un regard noir envers Azarias.
- À mon tour, dit Tatiana. Blue, Cap ou pas cap ?
- Cap ! Dis-je après avoir avalé ma salive.
- Dis-nous la vérité, est-ce que tu as un petit copain ? Me demande-t-elle avec un sourire en coin.
Je fronce les sourcils, moi, avoir un copain ? Pourquoi pose-t-elle cette question ? Je m'apprêtais à répondre quand tout à coup, Éros prend la parole.
- Non, elle n'en a pas. Dit-il froidement.
Je hausse les sourcils. Attendez, pourquoi il répond à ma place ? Qu'est-ce qu'il en sait d'abord ?! Tout le monde se regarde, perdu. C'est normal, personne ne s'attendait à ce qu'il réponde.
Ça m'énerve ! Pourquoi Éros a répondu pour moi ? Il n'en sait rien, il a peut-être raison, certes, mais personne ne le sait.
- Tu te trompes, j'ai en effet un copain. Dis-je en le regardant dans les yeux, d'un ton tranchant.
Je mens, mais personne n'est obligé de le savoir. J'entends des hoquets de surprise sortir de la bouche des autres, mais n'y prête pas attention. La mâchoire d'Éros se contracte, et il serre les poings.
- Comment ça t'as un copain ?! Qui c'est ? Demande mon grand frère en se levant d'un air énervé.
- Arrête de faire le grand frère protecteur Azarias, Blue à quinze ans, elle est grande.
Mon grand frère me regarde avec la mâchoire lui aussi contractée, et j'avale une grande gorgée d'Ice Tea.
Ma boisson préférée.
- Bref, continuons ! Poursuit Cassie. Éros, cap ou pas cap ?
Celui-ci ne répond pas tout de suite, il est bien trop occupé à me dévisager.
- Cap. Dit-il finalement, d'un ton tranchant en tournant la tête, rompant ainsi ce regard.
- Embrasse une de nous trois.
Je me fige et écarquille les yeux. Dites-moi que j'ai mal entendu ! Je vois Tatiana sourire, j'espère pour elle, qu'il va la choisir. Elle m'a l'air tellement heureuse. Une partie de moi veut qu'Éros me choisisse, mais l'autre partie ne veut pas donner mon premier bisou pendant un jeu et encore moins à un garçon comme Éros.
- Non, je refuse que mon meilleur ami embrasse une de mes sœurs. Donc ce sera : Éros embrasse Cassie si tu es cap. Répond immédiatement Azarias.
- Azarias, arrête de faire le grand frère protecteur. Répond Tatiana énervée.
- J'en ai rien à branler Tatiana, Éros n'embrassera aucune de vous deux ! C'est une des règles qu'on a établies. Il ne la brisera pas, et il le sait. Pas vrai ?
Éros hoche la tête, mais son regard se pose sur moi. J'évite à tout prix son regard.
- Je n'embrasserai pas Cassie, déclare le concerné. Ça ne m'intéresse pas.
Son regard est toujours braqué sur moi, je le sens. Son ton était sec et tranchant. Cassie hausse les épaules et avale une gorgée de son Coca-Cola.
- Bien alors tu as un gage.
Éros hausse un sourcil et fusille Cassie du regard. Celle-ci baisse les yeux. Son regard est si froid.
- Donne-le ton putain de gage. Grogne-t-il énervé.
- A vale un shot de whisky.
- Tu te fous de ma gueule ? C'est de la merde ton gage. Tu crois que je bois quoi à chaque soirée gamine ? Boire du whisky, c'est comme boire de l'eau pour moi. Répond Éros.
- Bien, prouve-le. Le défi Cassie.
- Mec, je peux prendre la bouteille de whisky de tes parents pour me servir un shoot ? Demande-t-il à Azarias.
- Vas-y, fais-toi plaisir. Répond Azarias en rigolant.
Éros hoche la tête, se lève, et part dans la cuisine. Il connaît notre maison par cœur alors il ne risque pas de se perdre. Quelques minutes plus tard, il revient avec un verre en main. Il se place devant Cassie et avale le contenu du verre cul-sec. Il n'a pas grimacé, n'a pas toussé et n'a pas eu une mine de dégoût. Puis il a posé son verre, et je me suis levée.
- Je vais aux toilettes, annonçais-je.
Ils hochent tous la tête, et je sens un regard brûlant dans mon dos. Je sais que c'est le sien.
Ne te retourne pas, Blue.
Je rentre donc à l'intérieur, monte les escaliers, et vais aux toilettes. Je n'ai pas envie de faire pipi, je dois juste m'éloigner de lui et me regarder dans le miroir.
Pourquoi ? Parce qu'Éros n'a jamais fait attention à moi, jusqu' aujourd'hui. Il n'arrête pas de me regarder, ce n'est pas normal. Peut-être que j'ai quelque chose sur le visage ?
Je rentre donc dans la salle de bain, et referme la porte. Je me regarde dans le miroir et fronce les sourcils. Je ne comprends pas, rien ne cloche sur mon visage. Je veux dire, je suis comme d'habitude, rien n'a changé.
Je soupire et sors des toilettes. Sauf que je sens deux grands bras s'enrouler autour de ma taille, et me faire rentrer dans la salle de bain avec force. Puis la porte de la salle de bain se referme et je lève la tête, énervée.
- Mais tu es con ou quoi ? Laisse-moi sortir couillon ! Dis-je en me débattant.
- Ferme ta bouche et arrête de bouger, je veux que tu m'éclaircisses sur un point.
Je hausse les sourcils, il faut que je l'éclaircisse sur un point? C'est une blague?
- Et tu n'aurais pas pu faire comme tout le monde ? Comme me le demander tranquillement sans m'enfermer dans ma propre salle de bain ?!
- Ta gueule putain ! Souffle-t-il. Je veux que tu me regardes dans les yeux, et que tu me dises la vérité.
- Mais tu es complètement ravagé ma parole ! Tu sais que les psychologues existent ?
- Est-ce que tu as un copain ? Répond-il d'un ton tranchant. Parce que, contrairement à ta sœur, je te trouve trop jeune pour sortir avec des connards.
Non, mais, j'avais juste envie de te foutre la haine, enfoiré.
- Ouais, je l'ai dit avant. Tu es sourd peut-être ? Et puis, tu n'es personne pour me dire quoi que ce soit. Dis-je en souriant de manière mauvaise.
Il resserre ses mains puissantes sur ma taille. Sa mâchoire se contracte et son regard me foudroie.
- Tu sais, je fais de la boxe. Ça aide à se calmer en se déchaînant. Tu devrais en faire espèce de fou. Dis-je avec un sourire mauvais.
- Regarde-moi dans mes putains d'yeux, et dis-moi que t'as un copain.
Oh oh, alerte rouge ! Je ne sais pas mentir et encore moins en regardant quelqu'un dans les yeux.
J'avale donc difficilement ma salive, puis plante mes yeux dans les siens.
- Je...
- Tu ? Insiste-t-il.
- Je... J'ai... J'ai un...
- Tu as un ?
- Va te faire foutre Éros ! M'emportai-je en essayant de m'éloigner de lui de toutes mes forces.
Un mini-sourire vient prendre place sur ses lèvres, puis il me dit :
- C'était tout ce que je voulais savoir.
Puis, il me lâche enfin et se dirige vers la porte de la salle de bain. Je sais qu'il ne faut pas que je le fasse, mais ma curiosité est trop grande et je veux moi aussi, qu'il m'éclaircisse sur un point. Je veux savoir qui il aurait choisi, alors je l'interromps avec qu'il n'ouvre la porte.
- Si Azarias ne t'avait pas coupé, qui aurais-tu choisi ? Dis-je d'une voix basse.
Il se retourne, et me scrute.
- Ça dépend, tu crois que j'aurai choisi qui ? Demande-t-il.
Ma bouche s'entrouvre, mais aucun son ne sort. Je le surprends alors à baisser les yeux sur... mes lèvres ?
Mens Blue, ne lui dis pas que tu voulais qu'il t'embrasse.
- Hum... Je... Je ne sais pas... Peut-être Tatiana. Dis-je de manière hésitante.
- Et non, mauvaise réponse. Dit-il en secouant la tête.
- Alors je... Je ne sais pas. Répondis-je en regardant le sol.
- Est-ce que tu veux vraiment que je te le dise ? Demande-t-il en s'approchant d'un pas.
Je hoche la tête tandis qu'il s'approche encore plus de moi. Il est près de moi, beaucoup trop près. Son torse nu vient se coller à ma poitrine. Je sens son souffle chaud sur mon cou. Je relève la tête pour voir la sienne. Mauvaise idée ; nos visages sont proches, trop proches.
- Attends, on va faire plus simple, tu veux que je te le montre ? Demande-t-il de sa voix grave en chuchotant près de mon oreille.
Je hoche la tête, tandis qu'il fronce les sourcils agacés.
- Réponds, ordonne-t-il. Est-ce que tu veux que je te le montre ?
- Oui.
Tout à coup, sa grande main se pose sur ma joue. J'ai été surprise de la douceur de son geste.
- Tu es sûre que tu veux que je te le montre ? Redemande-t-il.
- Oui, s'il te plaît.
Il grogne, comme si mon "s'il te plaît" lui avait fait quelque chose.
- Si Azarias l'apprend, il me détestera. Mais putain, j'en a envie et je n'arrive pas à m'arrêter. Soupire-t-il.
- Pourquoi est-ce que tu me trouves trop jeune pour sortir avec quelqu'un ? Demandai-je dans un murmure.
- Parce que ces garçons du lycée ne te méritent pas. Et aucun ne te méritera jamais, putain.
Son pouce caresse ma joue, puis descend plus bas et vient caresser ma lèvre inférieure. Ça me surprend, mais je pose tout à coup mes mains sur sa taille, je le sens frissonner.
- Montre-moi qui tu aurais embrassé, si Azarias ne t'avait pas arrêté.
- Je ne peux pas. Souffle-t-il. Je ne peux pas, tu es trop jeune. Putain.
- Bien, alors j'irai embrasser mon véritable copain.
J'allais me défaire de sa prise et partir, quand il me retient soudainement ;
- Fait chier. Dit-il avant de plaquer mon corps entre le sien et le mur derrière moi.
Il pose délicatement ses deux mains sur mes joues et vient écraser ses lèvres sur les miennes.
Ce baiser est doux, mais devient rapidement bestial, fougueux et brutal. J'en avais tellement envie et d'après ce bisou, je sens que lui aussi. Tout à coup, sa langue lèche mes lèvres, et j'ouvre alors la bouche, quand sa langue passe la barrière de mes lèvres. Nos langues s'entrechoquent et jouent ensemble. Tandis que mes mains se placent à l'arrière de sa tête et jouent avec ses cheveux, il intensifie une fois de plus ce moment, et mord ma lèvre, ce qui me fait grogner à mon tour.
Je ne sais pas si j'embrasse bien, c'est ma première fois. Alors je le laisse dominer ce baiser. Lui, en revanche, ça se voit que ce n'est pas la première fois qu'il fait ça. Mes mains se posent naturellement sur son torse musclé et je me mets à le caresser lentement et doucement avec hésitation. Tout à coup, involontairement, je passe mes mains dans son dos et le serre contre moi, c'est alors que son intimité durcie vient appuyer contre la mienne.
Il grogne de plaisir avant de mettre plus de force dans ce baiser qui me renverse de plein fouet. C'est beaucoup trop, c'est incroyable. Ce sont des tas de choses que je ressens.
Malheureusement, nous sommes obligés de nous séparer par manque de respiration. Son front se colle au mien et mes yeux se ferment. Ses deux mains se posent sur mes hanches, il respire vite, comme s'il en voulait encore.
Mais tout à coup, j'ai eu froid et j'ai ouvert les yeux. Il s'est décollé et est parti de la salle de bain sans un regard en arrière. Moi, je suis restée là, encore cinq minutes devant le miroir à regarder mes lèvres rougies par ce baiser. J'avais la sensation d'avoir été libérée.