Le pensionnat Keppel

By KessyRollen

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Hors de prix et élitiste, le pensionnat Keppel est réputé pour ses deux facettes : L'élite de la jeunesse ang... More

𝐏𝐑𝐄𝐒𝐄𝐍𝐓𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍
𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞
Chapitre 1.1
Chapitre 1.2
Chapitre 2
Chapitre 3.1
Chapitre 3.2
Chapitre 4
Chapitre 5.1
Chapitre 5.2
Chapitre 6.1
Chapitre 6.2
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐈𝐈
Chapitre 18
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐈𝐈𝐈
Chapitre 33
Chapitre 34
chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Épilogue

Chapitre 19

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By KessyRollen

Lana Parker


Je passe la porte de mon dortoir et me laisse tomber sur mon lit, complètement assommée par mes douze heures de trajet doublé d’un jet lag monstrueux. 

— Tes vacances se sont bien passées ? Demande Astrid, déjà assise à son bureau, un stylo en main. 

Sa valise traîne dans un coin de la chambre, encore pleine. Je devine qu’elle a dû arriver un peu plus tôt dans la journée. Elle n'a pas perdu de temps pour retrouver ses habitudes. 

— C’était étrange, je réponds.

Je me souviens de la nuit de Noël comme d’un rêve. Mon père m’avait tellement manqué, j’avais tellement hâte de le retrouver… Mais je n'en ai pas profité. C'est après coup que je m’en suis rendue compte. C’était trop inattendu, et surtout trop étrange de le voir dans cet état. Il n’a rien montré, mais j’ai tout ressenti. Il était différent. 

— Et toi ? J'enchaîne. 

— Rien de spécial. Je suis contente d'être revenue ici. 

Je me redresse un peu.

— Vraiment ? Keppel te manquait ? 

— Un peu, oui. 

J’ai du mal à le concevoir, mais un tas de raisons pourraient l’expliquer. Peut-être que c'est pire chez elle… Peut-être qu'occuper la première place du classement change la donne.

— Tu crois toujours que je vais me faire attaquer de tous les côtés maintenant que je suis dans le top dix ? Je demande. 

Je n’avais rien prévu. En m'imposant d'avoir douze de moyenne minimum et de ne perdre aucuns points, la directrice m'a poussé à me dépasser, et les efforts ont payé plus chers que prévu

— C'est fort possible, répond Astrid. 

Je croise les mains derrière la tête avec un soupire.

— Tout ce qu'il se passe ici, c'est n'importe quoi. On s'en rends vraiment compte quand on s'éloigne assez longtemps... 

Je ne saurais pas désigner un seul coupable. La bourse, le tempérament des élèves, le fait que tout soit caché sous ce vernis d’excellence dont Keppel se revêt de l'extérieur ? Pris à part, ses facteurs ne devraient pas mener à un tel résultat, mais ensemble, ils créent quelque chose de mauvais. 

Mauvais à quel point ?

Je tourne la tête pour observer Astrid. J'hésite à lui parler de quelque chose. 

— Le nom de Matthew Collins te dit un truc ? Je finis par interroger. 

— Peut-être... Oui... Oui, je crois qu'un élève de notre promo s'appelle comme ça, mais je ne connais pas parfaitement tout le monde. Pourquoi ? 

— Pour rien.

Je lui en parlerais quand Kally sera là aussi. Peut-être. Pas tout de suite. Je finis par m'endormir même s'il n'est que seize heures, et me réveille le lendemain, au moment d'aller en cours, encore plus crevée que la veille. Sortir du lit me prend trop longtemps, et je suis contrainte de sauter la case petit-déjeuner avant de me rendre en classe.

En marchant dans le couloir, je tombe sur Emma qui me sourit. Elle a l'air aux anges, ses joues sont plus roses que d'habitude. J'ai du mal à comprendre quand je vois qui est avec elle. 

— Salut Parker, lance Luke. Bien les vacances ? 

— Super, je marmonne. J'ai raté combien d'épisodes ? 

Emma lâche un rire embarrassé. 

— Je te raconterai. 

Luke s'éloigne en entourant ses épaules de son bras. J'ai hâte d'entendre ça... 

Je poursuis mon chemin en essayant d'ignorer ce que je viens de voir, et atteint ma salle de classe avec quelques minutes d'avance. Adam est déjà là aussi, assis par terre le dos contre le mur, il écrit dans un petit cahier, les sourcils froncés de concentration. 

— C'est pas toi qui m'avait dit que ça ne se faisait pas la dernière fois que tu m'as vue assise par terre ?

Il lève à peine les yeux vers moi. 

— Peut-être... Je ne m'en souviens pas. 

Je m'assois à côté de lui. Il fait des calculs, encore. 

— Ça va mieux ton problème avec les maths ? Je demande. 

— Non, c'est de pire en pire. 

Je garde le silence un moment, et l'observe distraitement alors qu'il se concentre. 

— Tu sais, j'ai appris à factoriser pendant ma première année de lycée, je souffle. J'ai même eu une très bonne note à une interro là dessus. Mais tu me demandes de le refaire maintenant, j'en serais incapable. 

Il soupire. 

— Oui, je sais, c'est normal ! Ce qui serait pas normal c'est que tu ait oublié en quelque jours et pas quelques années, et que tu soit obligé de recommencer à zéro à chaque fois que tu réapprends, comme si tu n'avais aucune base ! 

Il laisse tomber son cahier et son stylo pour passer une main excédée dans ses cheveux. 

— Bon, écoute, si c'est vraiment pas normal tu devrais peut-être voir quelqu'un pour ça, je suggère. 

— C'est déjà fait. 

— Et alors, c'est lié à quoi ? 

— Ça ne te regarde pas. 

C'est à mon tour de soupirer. Toutes nos conversations se terminent exactement de la même manière. Il ramasse ses affaires pour les ranger dans son sac et se relève, mettant assez de distance entre nous pour me faire comprendre qu'il ne veut plus en parler. 

Je n'ai pas envie de laisser Kally gagner notre pari. Il faut que je trouve un moyen de le réveiller, de le faire voir enfin au travers du vernis. Mon regard tombe par hasard sur une petite boule noir fixée au plafond. Une caméra, les mêmes que dans les dortoirs. Ça me donne une idée.

Pour convaincre Adam, je vais avoir besoin de preuves. Des preuves tangibles. Je pose une main sur mon portable, toujours cachée dans ma ceinture. Tout ce que voient ces caméras, tout ce qu’elles laissent passer pour préserver l’image du pensionnat, je n’aurais qu’à l'enregistrer aussi pour lui montrer. 

Cette idée bien en tête, j'attends la fin de journée pour essayer de trouver Simon, le petit génie qui occupe le haut du classement. Je vais avoir besoin de lui. Comme je ne le vois nulle part, je passe à mon dortoir pour enfiler un pantalon à la place de ma jupe, et attache mes cheveux en une queue de cheval basse que je dissimule dans mon col. Je me rends comme ça au dortoir des garçons, la tête baissée, fuyant tous contacts visuels avec les tuteurs que je croise sur mon chemin, et souffle de soulagement lorsque j’atteins la chambre 17. Celle de Simon selon mes renseignements. 

Je frappe, et fronce les sourcils en me retrouvant face à Noah. 

— Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il. 

— Et toi, tes vacances, c'était comment ? 

Il lève les yeux au plafond et se décale pour me laisser entrer. 

— Viens avant qu'un tuteur te vois. 

— T'es mignon quand tu veux, je souris. 

Il referme derrière moi. Je détaille l'intérieur de la pièce, c’est la même configuration que la mienne, le bordel en moins. Simon n’est pas là. 

— Tu sais où il est ton coloc ? J'interroge. C'est lui que je veux voir. 

— Un devoir à faire ? 

Je fais non de la tête. 

— Pas vraiment. J'ai juste besoin de le filmer en train de copier mon écriture. C'est pour montrer des preuves à Adam sur le niveau de pourriture de ce pensionnat. 

Noah me fixe un moment, il a presque le même regard qu'Adam quand il me trouve stupide. 

— Tu te rends compte d'à quel point c'est con ? Grogne t-il. 

— Tu meurs d'envie de prendre un ton condescendant pour me l’expliquer, alors vas-y, fait toi plaisir. 

- Si tu fais ça, c'est évident qu’Adam va balancer Simon. Il va être sanctionné, il pourra plus faire des devoirs pour les autres, il sera plus utile, et tout le monde va lui tomber dessus pour l'éjecter du classement. 

J'ai un léger sourire. 

— Donc ça t'offusque parce que ça risque de lui faire du tort à lui ? C'est bien, tu penses pas qu'à ta gueule finalement. 

Il croise les bras sans rien dire. 

— Je vais pas le faire à son insue, je reprends plus sérieusement. Je lui en parlerai avant, et puis je peux filmer juste ses mains. 

Ce sera un début, il y a pire à filmer, mais ce que fait Simon reste très représentatif de ce que je veux montrer, c’est de la triche, une arnaque. Noah hausse les épaules. 

— Fait c'que tu veux. 

J'ai dû le vexer à un moment. Il part s'affaler sur son lit avec son portable et ne dit plus rien. L'attente devient longue, je finis par céder et relancer la conversation avec une question. 

— Est-ce que le nom de Matthew Collins te dit quelque chose ?

Astrid m'a donné des informations, mais pas suffisamment. Noah se redresse un peu. 

— Ouais, pourquoi ? 

— C'est qui ? 

— Un élève, enfin, ancien élève. Il est parti.

— Pourquoi ? 

Noah fronce les sourcils. 

— Mais j'en sais rien moi. Pourquoi tu me demandes ça ? 

J'hésite un moment. Ce serait plus simple de tout lui raconter à lui, il sait déjà pour mon père... Et j'ai vraiment besoin d'un avis extérieur sur la situation. Je lui explique ce qu'il s'est passé à Noël, ce que m'a dit mon père au sujet des autopsies, la présence de la directrice à mon procès... Il ne m'interrompt pas, pourtant je peux voir les milliers de questions qui lui passent par la tête au fil de mes mots. 

— Il y a peut-être une explication rationnelle, quelque chose de logique, j'achève en baissant les yeux. Et peut-être aussi que tout n'est pas exact... 

— Tu crois que ton père aurait menti ? 

Je n'ai vraiment pas envie de l'envisager.

— S'il a été interné c'est en partie parce qu'on l'a diagnostiqué paranoïaque, je souffle. Je veux vraiment lui faire confiance... Mais s'il délire, peut-être que ça risque de l'enfoncer... 

— Meme s'il y a une part de délire, le fait est qu'un ancien élève d'ici est mort, que son corp a été examiné à des miliers de kilomètres par ta tante, et que la directrice t'as faite entrer au pensionnat juste après. Ça reste vraiment suspect. 

— C'est justement par rapport à ça que je te dis qu'il y a peut-être une explication rationnelle. 

— Dans ce cas, il faut qu'on la trouve. 

— "On", je relève. Tu veux t'impliquer là-dedans ? 

Il se braque tout de suite. 

— Oh oui, pardon, j'oubliais, je "penses qu'à ma gueule". 

Sérieusement... 

— Désolé si tu l'a mal pris mais jusque-là ton égoïsme m'a toujours semblé plutôt assumé ! 

Il va ouvrir la fenêtre et reste devant sans rien rétorquer, le regard à l’horizon. 

— Ça va ? je finis par demander. 

— Toujours. 

Il se retourne. Prendre un peu l'air semble l'avoir calmé. 

— Je crois que Matthew traînait avec Axel, on pourrait peut-être l'interroger...

— C'est le moins bien placé pour coopérer avec nous mais on peut toujours essayer. 

On sort de la chambre pour aller frapper à la porte d'en face. Je reconnais le garçon qui nous ouvre, c’est Sasha, celui qui avait nettoyé le sous-sol avec moi lors de notre retenue. Il affiche toujours le même air détaché et moqueur. 

— Inattendu, commente t-il en nous regardant tour à tour. 

— Axel est là ? je demande. 

— Dans la salle de bain... Vous voulez entrer pour l'attendre ? 

On accepte, et je remarque un peu trop tard qu'Adam est là aussi. Il nous jette un coup d'œil à la dérobée, sans rien dire d'abord, puis revient sur moi en haussant les sourcils. 

— Lana ? 

— Tu m'avais sérieusement pas reconnus ? Je m'étonne. 

— Tu n'as rien à faire ici, lâche-t-il, retourne dans ton dortoir. 

Noah pousse un soupir excédé. 

— T'es pas tuteur Adam, alors tu fais comme toujours, tu fais semblant de rien voir. Ok ? 

— Je reste pas longtemps, j'ajoute plus doucement. Il faut juste que je parle à Axel, après je m'en vais tout de suite, ok ? C’est important, ce serait cool que tu balances pas, s’il te plait. 

Adam hoche la tête les dents serrées. Je vois Sasha me lancer un sourire moqueur et ça ne me plaît pas. Je sais ce qu'il signifie. Je me suis mise à traiter Adam comme un gosse, exactement ce qu'il m'avait dit faire aussi. Je déteste ce genre de comportement. Je déteste l’infantiliser, faire semblant d'être sympa quand il m'énerve… Jouer un rôle. 

Je crois qu'à force de vouloir me rapprocher de lui j'ai fini par vraiment l'apprécier. J'aimerais pouvoir être naturelle avec lui, m'intéresser à lui pour de vraies raisons. Mais c'est impossible, il est nécessaire pour trop de choses. 

Axel finit par sortir de la salle de bain, ses cheveux mouillés repoussés en arrière. Il a beaucoup changé depuis le début de l’année. Il faisait plus jeune, remplis d’arrogance et de confiance. Mais il ne fait plus que les simuler depuis quelque temps, et c’est de plus en plus flagrant. Il dévisage Noah comme s'il hésitait à lui sauter dessus, puis ses yeux se posent sur moi. 

— On a juste une question, je déclare pour calmer le jeu. Est-ce que tu te souviens de Matthew Collins ? 

Il devient blanc d'un coup. 

— Oui. Pourquoi ? 

Sa voix à tremblée. J'échange un regard avec Noah. 

— On peut savoir pourquoi tu réagis comme ça ? demande-t-il. 

— Oh, j'en sais rien, peut-être parce que vous venez me parler d’un ami à moi qui est mort sans aucune pincette ! 

Merde, comment on a put être assez con pour ne pas y penser ! Noah se pince l'arrête du nez, l'air de se maudire autant que moi. 

— Désolé, lâche-t-il. 

Axel passe une main dans ses cheveux en soupirant. C’est peut-être mal de lui imposer ce genre de souvenirs, mais j’ai besoin d’insister, besoin d’en savoir plus… Et il ne m’inspire aucune réelle pitié. 

 — Tu sais comment ? je demande.

— Lana, intervient Adam, c'est pas... 

— Une allergie, le coupe Axel. Vous êtes contents ? 

Choc allergique, c'est bien la cause de décès qui était inscrite sur la seconde autopsie selon mon père. Peut-être la seule en réalité. Je ressors de la chambre contrariée. Je ne veux pas douter de lui... Alors pourquoi je n'arrive pas à m'en empêcher ? 

— Qu'est-ce que t'en penses ? Je demande à Noah. 

— Je sais pas... S'il est en effet mort d'une allergie ça explique pas que son autopsie ait été faite si loin, ni ta présence ici... Il faut que tu continues ce que tu fais avec Adam, t'auras besoin de te rapprocher de lui pour creuser encore. Simon doit être revenu, si tu veux faire ta vidéo… 

Je m'arrête d'avancer alors qu'il pose la main sur la poignée de sa chambre. 

— Qu'est-ce qui y a ? demande-t-il. 

— Je sais pas si j'ai envie, je souffle en détournant le regard. Eryn profite déjà d'Adam, tout le monde profite déjà d'Adam... Ça me fait chier de faire pareil. Et puis je veux même pas imaginer comment il va se sentir si je lui mets toute la vérité sous les yeux d'un coup. 

— C'est clair que ça va très mal passer, admet Noah. 

— Mais j'ai l'impression de trahir mon père si je m'arrête là, j'ajoute en serrant les poings. 

Il hausse les épaules.

— C'est à toi de voir. Essaye juste de ne pas dépasser ta limite. 

— Ma limite ? 

— La limite de ce que tu peux moralement accepter de faire. 

— Ok, je vois.

Ma limite... Je me demande où elle est. Je crois qu'elle n'est pas stable, en fait. Je crois que ça a toujours été ça mon problème. 





























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