Le palais au cœur de la forêt de Wicca étincelait de mille feux. Danaé y vivait depuis plusieurs mois désormais et, pourtant, la beauté des lieux l'éblouissait à chaque fois.
Les colonnes de pierres bleues habillées de lierre se fondaient entre les arbres millénaires, les toits de verre parmi les cimes. Un château au beau milieu des bois exotiques de Deotia... La jeune femme l'imaginait sombre, mais la lumière se reflétait sur les vitres, les feuilles et la rosée tombant dans quelques sources et fontaines.
Sur l'une des terrasses en contrebas, quelques enfants dessinaient des cercles de sorcellerie, munis d'autres ronds ou décorés de motifs floraux. Ils étaient si semblables à ceux, bruts et gras, que les prêtres de Kinasir dessinaient sur les murs dans les grottes de Leko... à ceux que Solange gribouillait dans ses carnets.
Le cœur pincé, Danaé s'en détourna, sursauta quand son nez claqua contre l'épaule de quelqu'un.
« Je suis désolée ! » s'empressa-t-elle de lâcher.
En levant les yeux, elle aperçut alors le visage de Viviane, la maîtresse des lieux. Comme toujours, ses longs cheveux noirs étaient élégamment coiffés et mettaient son fin visage en valeur. Ses prunelles d'un vert profond, contraste saisissant avec sa peau sombre, pétillaient d'amusement.
« Viviane ?
– Tout va bien, Danaé ? »
La jeune femme hocha la tête, un petit sourire rassurant aux lèvres. Viviane lui prit le visage en coupe et approcha le sien, plantant son intense regard dans le sien. Ses traits s'adoucirent enfin et la reine de Wicca posa son front sur le sien. Ce geste tendre, purement miathais, réchauffa le cœur de Danaé. Les yeux clos, elle put imaginer Baba, Zayn, Nathanaël et Fayiz face à elle...
« Tu peux tout me dire, tu sais. Tu avais l'air ailleurs.
– Non, je... je songeais à de vieux souvenirs, c'est tout. Je vais bien, je vous assure. »
Sceptique, Viviane recula la tête pour observer la jeune femme qui lui faisait face. Danaé lui sourit plus chaleureusement alors son aînée la lâcha enfin. Avant de s'éloigner toutefois, l'air tendre et maternel, elle accrocha à ses mèches rousses une fleur blanche.
« Voilà, tu ressembles bien à une miathaise ainsi. Je t'attends pour le cours de potion dans dix minutes, petite princesse des fleurs. »
Danaé toucha du bout des doigts les pétales immaculés, un doux sourire flottant sur les lèvres. Elle n'était que la pupille du roi de Miatho, qu'on la qualifiât de plus était gênant ; mais, pour cette fois, elle ne s'en offusquerait pas. C'était presque comme si elle était à la maison.