Jour 44 - Ruines

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Autrefois, Valnorora resplendissait.

La cité des Valden s'étendait au pied des montagnes d'Arasor sur plusieurs kilomètres : ses hautes tours se mêlaient à la forêt, ses temples rayonnaient, tout comme ses fontaines.

Désormais, ce n'était plus qu'un tas de pierres délabrées, de cendres, de poussière.

La nature reprenait ses droits, le lierre grimpait aux colonnes, les arbres perçaient les toits, l'herbe filtrait dans les pavés : autrefois capitale d'un royaume Lohedra, Valnorora n'était plus que ruines.

Prudemment, Rhéa avançait aux côtés de Joël entre les bâtisses détruites et carbonisées. Ville antique, les légendes parlaient de trésors sublimes perdus entre les débris, abandonnés par la famille royale, qui avait préféré la fuite pour la survie à la sauvegarde de leurs biens. La jeune femme y songea avec amertume ; ses ancêtres, des héros protégeant les leurs ? La bonne blague. La vérité était bien plus sombre : ils s'étaient entretués après plusieurs décennies d'inceste.

Néanmoins, peut-être y avait-il un trésor. La hache sacrée des Lohedra, la Griffe des Glaces, Khadashata. Du moins, la rouquine l'espérait : quelle fortune se ferait-elle avec son amant, s'ils mettaient la main dessus !

Ils arrivèrent face au palais, encore plus ravagé par le temps que les autres bâtiments de la cité. Rhéa lança un coup d'œil à Joël, qui avançait prudemment sur les escaliers du vieux château.

« Y a pas de petites bestioles à l'intérieur, hein ?

S'il y en a, je les écraserai pour toi mon beau pirate, » pouffa-t-elle en lui prenant la main.

Le jeune homme secoua la tête puis la leva avec fierté, un sourire de fanfaron aux lèvres.

« J'ai pas peur, hein !

– Bien sûr que non, un pirate comme toi n'a peur de rien.

– Oui, tout à fait ! ho ho ho ! »

Rhéa rit encore et le chopa par le col pour l'attirer dans un baiser passionné ; dans un de ces baisers ardents qui renversent l'esprit, qui emportent le cœur et embrasent le corps. Réceptif, Joël l'attrapa aussitôt par les hanches et approfondit leur échange langoureux, jusqu'à ronronner contre ses lèvres :

« C'est toi que j'vais avoir envie de découvrir si tu continues, mon bel oiseau.

– Mais tu me connais déjà, rétorqua-t-elle, les bras enroulés à son cou.

– Mais t'es mieux que ces vieilles ruines !

– ... Certes. Eh bien, je suppose qu'on a un peu de temps pour s'amuser avant. »

Ravi par cet accord, le visage de Joël s'illumina d'un ravissant sourire. Le genre de sourire qui faisait complètement craquer et fondre Rhéa. Bah, la fortune pouvait attendre ; l'amour, un peu moins.

Petites histoires de ValorandrisWhere stories live. Discover now