Jour 19 - Talisman

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Tremblant d'appréhension, Nathanaël s'approcha du lit où l'attendait sa mère, les bras tendus vers lui. Il la reconnaissait à peine : d'une femme sublime, aux longs cheveux d'un noir brillant et soyeux, à la peau hâlée sans imperfection et au regard étincelant de vitalité, elle n'avait plus rien. Ses joues se creusaient, ses yeux ne luisaient plus. Et sa chevelure si belle... coupée.

« Nathanaël... viens là, mon petit prince. »

Le garçon eut un mouvement de recul, les larmes aux yeux. Cette femme, qui l'appelait pourtant avec tant de tendresse et d'amour... ce n'était pas sa mère. Ce n'était pas possible. Elle n'avait même pas la voix si douce et malicieuse de sa mère, la splendide cantatrice Amalia ! Elle était trop grave, trop faible, trop déraillée !

Une main chaleureuse se posa dans son dos et l'enfant tourna la tête vers son père, qui lui souriait d'un air rassurant. Délicatement, il le poussa pour l'encourager à avancer de nouveau. Nathanaël reposa son attention sur sa mère, cette femme qu'il admirait tant et qui l'avait toujours observée comme s'il était la chose la plus belle et précieuse au monde. Même sans éclat dans ses jolies prunelles d'ambre, elle le détaillait toujours ainsi...

Il éclata en sanglots et courut jusqu'à elle, grimpant dans le lit afin de parvenir à se lover dans ses bras. Amalia enfouit aussitôt son nez dans ses cheveux alors qu'elle le serrait de toutes ses forces. Il l'entendit renifler... puis pleurer à son tour.

« Je t'aime tellement... je t'aime de tout mon cœur, mon petit prince, murmura-t-elle difficilement.

– Moi auchi j't'aime, maman... »

Nathanaël tenta de ravaler son chagrin, en vain. Ces moments de pure affection devenaient rares avec la maladie d'Amalia. Le petit garçon ne comprenait pas tout, mais il en avait compris une : il perdait sa maman. Elle allait bientôt rejoindre Vilig, comme la maman de Zayn.

Sa mère recula légèrement la tête pour prendre son visage en coupe et mieux l'étudier. Ses lèvres s'étiraient en un petit sourire triste, qui pinça d'autant plus le cœur de Nathanaël. Ce dernier ne parvenait pas à se calmer. Ce fut encore pire lorsqu'Amalia lui mit autour du cou le pendentif qu'elle arborait toujours en temps normal.

« Ne le perds pas, d'accord ? Comme ça, je serai toujours avec toi, » souffla-t-elle en l'embrassant sur le front.

Elle replaça ensuite les mèches du visage de son fils, qui observait l'orbe doré gardé par un dragon d'argent qu'il portait désormais. Le précieux bijou de sa maman... Nathanaël le serra avec force.

Il se promit que jamais il ne le perdrait.

Petites histoires de ValorandrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant