Potentia

By Sureau

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Mara Mackenzie est une Sortcelière. Depuis sa plus tendre enfance, elle vit dans le secret, cachant sa nature... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33 - Final
Epilogue
Note de l'auteure
Externe
Quelques nouvelles

Chapitre 27

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By Sureau

Mara entra et fit face aux deux délégués de la Convention de la Sorcellerie qui étaient assis dans de lourds fauteuils de cuir noirs. Ils étaient silencieux et la fenêtre ouverte ne laissait passer aucun bruit. Mara comprit qu'elle avait été ensorcelée. Personne ne pouvait entendre ce qui allait se passer ici. Et si ça pouvait être rassurant pour les gens qui voulaient la dénoncer; ça l'était nettement moins pour elle. Peu importe ce que la CS lui ferait, personne n'en saurait rien. Et que valait sa parole contre la leur?

- Bonjour, Mademoiselle Mackenzie, s'exclama l'homme au visage toujours amusé, le plus dangereux des deux. Une plaquette affichait son nom: Islamber. Son collègue se nommait John.

- Bonjour.

Reste sobre, scandait-elle dans sa tête. N'en dis pas plus que nécessaire.

- Vous vous plaisez ici?

- Oui.

C'était Islamber qui avait commencé l'interrogatoire et Mara se doutait que chacune de ses questions était intéressée, d'une manière ou d'une autre.

- Vous savez, nous autres, membres de la Convention de la Sorcellerie, nous sommes chaque jour confrontés à des problèmes différents. Mais je dois avouer que le vôtre les surpasse tous.

- Mon problème ? fit Mara d'un air innocent.

- Oui, comme vous le savez, le Reliquaire recherche une fille au Potentia démesuré, qui atteint une puissance jamais égalée de nos jours. Quand nous avons su qu'elle se trouvait à la HES, nous avons immédiatement enquêté. Or, voilà que vous créez un Sortilège presque tranchant tant il est précis, en avouant immédiatement avoir triché en buvant une quelconque potion, alors que chacun sait que les potions ne peuvent pas avoir d'effets sur le Potentia. Dès ce moment, nous nous sommes renseignés sur vous.

Il s'arrêta un moment, regarda Mara qui se mordait l'intérieur des joues de frustrations. Il hésitait à continuer, remarqua-t-elle.

- Mademoiselle Mara, les éléments suivants peuvent... Vous... Déplaire, voire vous attrister. Voulez-vous que l'on continue, ou vous préférez passer à la vitesse supérieure et coopérer avec nous?

Mara voulait savoir. Une fois, dans sa vie, elle avait envie de pouvoir se dire qu'elle savait, qu'elle n'était plus dans le doute, qu'elle avait quelque chose de sûr sur laquelle s'appuyer.

- Je ne vois pas en quoi je peux vous être utile, dit-elle d'un air d'excuse. Mais je veux bien savoir ce que vous avez découvert.

Islamber posa sur elle un regard de fer qu'il ne détourna plus. Il prit une grande respiration et se lança:

- Le Potentia est un héritage héréditaire. Comme Amélie et Fred Mackenzie étaient des humains tout à fait normaux, il est indiscutable qu'ils ne sont pas vos parents. La question est maintenant: Pourquoi un Sortcelier aurait-il donné sa fille, au Potentia si fort, à une famille telle que celle dans laquelle vous avez grandi? La première solution serait qu'ils soient morts. La deuxième serait qu'ils voulaient que vous viviez en sécurité, loin de ce monde qui est le vôtre. Mais alors, pourquoi? Pourquoi seriez-vous plus en danger qu'un autre? Au contraire, ils auraient dû vous éduquer de façon à faire de vous la meilleure Sortcelière qui soit, que vous puissiez vous rendre utile. Ainsi, vous auriez pu contrôler votre Potentia et battre le Reliquaire à son propre jeu.

" Le second problème est le suivant: Chaque famille de Sortceliers est répertoriée et les naissances de même. Il est impossible qu'une naissance passe entre les mailles du filet. Or personne n'a pu vous concevoir. La seule solution plausible serait que votre père soit un Sortcelier mais pas votre mère, ce qui expliquerait aussi le fait qu'elle ne vous ait pas éduqué, faute de savoir comment faire. Par manque de courage ou d'envie, elle aura délégué cette lourde tache. Mais dans ce cas, la question du père subsiste: Qui est-il est pourquoi a-t-il décidé ainsi de vous concevoir pour ensuite vous abandonner? Chaque Sortcelier est précieux et pas un ne doit être gâché, si je puis dire.

Puis vient le problème de l'intérêt que porte le Reliquaire à votre égard. Il faut savoir qu'il s'agit d'un homme très puissant et respecté malgré ses actions. Nombreux sont ses adeptes, et ce sont tous sans exceptions des gens bien. Car la vision du Reliquaire n'est guère différente dans notre contexte que celle d'un radical face à un système conservateur. Un changement radical du pouvoir en place, etc... Sauf que la seule arme du Reliquaire face à nous est la Sorcellerie noire. C'est d'ailleurs la seule et unique raison pour laquelle il est recherché comme criminel et non pas considéré comme un politicien aux tendances radicales. Vous saisissez?"

Mara hocha vaguement la tête. Toutes ces questions, elle se les était déjà posées. Elle les avait retournées dans tous les sens et n'avait pas trouvé de solution.

- Donc, il n'avait avant que cette arme. Mais maintenant que vous êtes là, ça change la donne. Celui qui vous aura dans son camp n'aura aucun souci à se faire: votre Potentia, une fois entraîné, pourrait, selon nos prévisions, dépasser celui de tous les Sortceliers jamais recensés. Or, donc, il suffit de vous convaincre pour gagner la guerre.

- Minute! s'écria Mara. Vous n'avez aucune preuve que mon Potentia soit à ce point puissant. Que je suis cette "arme" dont vous parlez.

Islamber détourna enfin son regard de Mara pour le planter dans celui de son collègue. Ils se consultèrent du regard et Mara attendit avec appréhension leur réaction.

- Très bien, Mademoiselle Mackenzie. Que diriez-vous d'être fixés une bonne fois pour toute? Il suffit d'un test.

- Non, répondit immédiatement et catégoriquement Mara. Elle savait qu'elle n'était pas de taille et qu'ainsi la vérité serait établie.

Un bref silence s'ensuivit.

- Très bien, articula Islamber. Nous allons donc appeler cette personne... Disons Mademoiselle? Bon, continuons.

" Si nous arrivons à convaincre Mademoiselle, alors la menace que représente le Reliquaire sera éliminée. Nous n'userons de la violence qu'en dernier recours, évidemment, mais nous n'hésiterons pas. Les familles déchirées seront enfin vengées et le Monde Sortcelier pourra enfin reprendre son train de vie quotidien. En revanche, si c'est le Reliquaire qui convainc Mademoiselle, alors il lui demandera de joindre sa cause, d'utiliser la Sorcellerie noire probablement, de tuer des dizaines de gens pour accéder au pouvoir et à la révolution qu'il désire."

- Mais cette révolution, quelle est-elle exactement? Je ne sais rien de ses désirs, personnellement... Alors, si Mademoiselle veut pouvoir choisir entre les deux, il faudra bien qu'elle soit informée, non? Informée objectivement?

Cette remarque parut ne pas plaire à Islamber qui la quitta enfin du regard et s'enfonça dans son fauteuil. Il porta la main à son visage et caressa d'un air pensif sa barbe imaginaire. Peut-être avait-il dû la raser pour son travail, pensa Mara. Elle le regarda. Il était assez séduisant, et s'il n'avait pas été un délégué de la CS, elle l'aurait sûrement dévoré du regard. Mais pas dans les circonstances actuelles. Elle porta son attention sur son collègue, qui soupirait. Il semblait s'ennuyer à mourir.

- C'est pourtant simple, il suffit de demander au Reliquaire d'envoyer un émissaire pour parlementer, proposa John.

- Il n'acceptera jamais. Il se dirait que c'est un piège, contre Islamber.

- Alors, on en envoie un.

- Je ne pense pas qu'il soit digne de confiance.

- On ne va pas aller loin si tu n'es pas plus ouvert, grogna-t-il.

Mara sourit. Pas Islamber. Il continua à réfléchir.

- Très bien, dit-il, je vais demander à mon supérieur quoi faire à ton propos. Nous ne sommes pas dupes, mais nous ne pouvons pas te forcer à te dévoiler, même si ça nous permettrait de mettre en sécurité la communauté des Sortceliers, et peut-être même les humains... Les victimes collatérale ne sont pas rares...

Mara le regarda. Il parlait de ses parents. D'Amélie et Fred Mackenzie, deux êtres qu'elle n'avait jamais autant aimé que maintenant qu'elle se rendait compte de ce qu'ils avaient fait, sans le savoir, pour elle. Peut-être n'aurait-elle pas pu profiter de ces seize années de bonheur sans eux.

Mara se leva, les salua et s'en alla, raide comme un piquet. Quand elle sortit, elle remarqua que beaucoup attendaient dans le hall, l'air de rien, comme s'ils s'attendaient à quelque chose d'incroyable. A ce qu'elle soit découverte. Leur curiosité satisfaite - bien qu'ils fussent déçus- ils s'en allèrent rapidement, de peur de croiser Mara sans doute. En effet, celle-ci leur en voulait pour lui avoir ainsi fait perdre son temps.

Quoique... se dit-elle. Après tout, elle en avait appris pas mal, notamment sur les capacités de la CS à dénicher des informations ou encore sur ce qu'eux-mêmes savait d'elle. Apparemment, pas grand-chose, se dit-elle. Et, chose agréable, ils n'avaient pas mis en doute une seule fois Peter Black. En effet, Mara en avait un peu assez de devoir à chaque fois leur répéter qu'il était innocent. Mais maintenant que son procès avait eu lieu, ils devaient prendre ça comme un acquis, même si ça ne leur plaisir pas, se dit Mara.

Soudain, elle entendit des pas précipités derrière elle. Elle se retourna, curieuse de voir qui arrivait ainsi vers elle. Ses cheveux volèrent autour d'elle et soudain elle sentit qu'elle n'aurait jamais, jamais dû se poser une telle question. Ce qu'elle voyait arriver vers elle était d'une telle horreur qu'elle n'arrivait même pas à comprendre ce que c'était. C'était bien pire encore que de voir le Reliquaire, car elle avait devant elle un meurtrier. Un meurtrier qui, elle le savait, était coupable de son crime, car elle l'avait vu à l'œuvre et elle ne pouvait pas se tromper. Et même s'il lui était arrivé de se blâmer de la mort de Spencer, c'était bel et bien de la main de Larry qu'elle était morte.

Or celui-ci courait droit sur lui. Soudain, sa tête lui sembla prise dans un étau tel qu'elle ne ressentait plus rien à part la douleur qui l'enserrait. Elle n'eut pas conscience de son corps ou même de Larry tant la douleur était forte. Or ce ne pouvait être l'œuvre de Larry, celui-ci n'ayant aucun pouvoir, aucun Potentia. En même temps que la douleur vinrent les images.

Elle voyait Larry parler avec le Reliquaire. Mais elle sentait avant tout une affection sans borne, avec un léger brin de mélancolie. Cependant, elle ne vit pas clairement l'homme à qui elle parlait.

Puis, elle vit une femme. Cette image-ci était trouble et déformée, comme un rêve dont on essaie de se souvenir au matin. Elle était rousse en Mara eut l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, mais elle ne parvint pas à remonter jusqu'à ses propres souvenirs.

L'image suivant était violente.

On y voyait un enfant recroquevillé sous une table, se tortillant les doigts, regardant deux adultes se disputer. Les voix étaient étouffées et semblaient être arrivées à un compromis mais soudain un cri de bébé empli tout le reste et il ne resta de cette scène que le vert profond du Potentia de l'homme, celui, vert très clair, de la mère et les cris du bébé. La scène prit une tournée très mélancolique quand les larmes se mirent à couler sur les joues de l'enfant qui cachait son visage derrière ses mains qu'il avait cessé de tortiller.

Il leva les yeux et Mara reconnut Larry. Elle était en lui.

Soudain, elle fut arrachée de ses souvenirs avec force et elle ouvrit les yeux, mais il n'y avait que noirceur autour d'elle.

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