- Coucou tout le monde ! s'exclama le despote en s'approchant des autres alors que les insectes se dirigeaient tous vers Gonta. Qu’est-ce que vous avez à faire ces têtes d'enterrement ? demanda-t-il innocemment.
- C'est parce que tu es en retard ! s'exclama rapidement Tenko en le pointant du doigt, accusatrice.
- Tu nous avais dit que tu reviendrais avant l'horaire de nuit et maintenant il est 23 heures ! renchérit Tsumugi.
- Pardon, pardon, j'ai eu quelques imprévus, dit-il en leur offrant un sourire.
Il devait avouer qu’il comprenait bien pourquoi est-ce que cette aura de colère se dégageait d’eux, lui non plus ne l’aurait pas très bien vécu si ça lui était arrivé à lui.
Il s’en voulait un peu de les avoir laissés si longtemps, d’ailleurs.
- Mais regardez ce que j’ai là ! dit-il en souriant tout en exhibant ses trouvailles. J’ai récupéré tous vos Monokumers Pad ! Même ceux des absents ! Nous allons tous pouvoirs regarder nos vidéos Mobile bien tranquillement, sourit-il.
- Nous ne t'avons rien demandé, s’indigna de nouveau la cosplayeuse.
- Bon, il est déjà tard, remarqua le despote en ignorant la jeune fille. Ne perdons pas plus de temps et commençons, ok ? demanda-t-il avec un immense sourire enfantin.
- On commence quoi ? demanda le géant sans comprendre.
- Ah, ne t’inquiète pas pour ça et contente-toi de les empêcher de s’enfuir, d’accord ? demanda simplement le despote qui avait oublié que Gonta n’était pas au courant pour son plan.
- C’est terminé ! s’exclama soudainement le robot. Je ne vous laisserai pas agir comme bon vous semble !
- Hmm… ? émit simplement le despote en se demandant ce que le robot allait faire.
Oh mince. C’est vrai qu’il avait parlé de pouvoirs plus tôt… Mais il n’en avait pas réellement, si ?
- Je ne voulais pas dévoiler cette fonction secrète car elle consomme beaucoup d’énergie… Mais vous ne me laissez plus le choix ! renchérit Ki-bo. Je vais stopper vos agissements, ici et maintenant !
Non… C’était tout de même impossible qu’il ait des rayons lasers dans les yeux ou quelque chose comme ça ? Il semblait avoir des lampes dans les paumes si on se fiait à sa photo dans le Monokumapad mais il ne pouvait pas avoir quelque chose de plus impressionnant, si ?
Le despote pensait que les lois de la robotique étaient très strictes sur ce point : les machines n’ont aucun droit sur les Hommes et n’ont pas le droit de les blesser. Alors qu’est-ce que le robot pouvait bien appeler "fonction secrète" ?
Quelque chose d’inoffensif mais pourtant capable de l’arrêter… Peu importe dans quel sens il prenait cette question, il n’y voyait pas de réponses.
- Ki-bo ? Qu’est-ce que tu veux faire… ? demanda le détective, resté silencieux jusqu'ici.
Kokichi regardant avec suspicion le robot dont les yeux semblaient maintenant remplis de codes, il remarqua également qu’une lumière semblait briller à l’intérieur du robot. Alors que les codes disparaissaient de ses yeux, Kokichi rendit le regard sérieux que Ki-bo lui lançait tout en amenant sa main à son oreille.
Sans attendre, il tourna le disque qui se trouvait à la place de son oreille, puis…
- Il brille ! Non, il ne va quand pas s’auto-détruire ?! s’exclama la cosplayeuse avec effroi.
Un bruit similaire à celle d'une radio à la recherche d’une fréquence se faisant entendre, Kokichi fronça les sourcils. C’était vraiment un rayon laser ? Impossible ! Il se tenait devant Gonta, si le robot faisait ça, le géant serait touché aussi ! Et puis, ça serait probablement considéré comme un meurtre ! Et enfin, était-ce seulement possible ?
- Hmm ? C’est quoi ce bruit ? demanda à son tour l’aïkidoka alors que tous les regards étaient rivés sur le robot.
- Je vous demande quelques instants, intervint finalement le robot. Je rembobine ma cassette.
…… Cassette ? Rembobiner une cassette ? Quoi ?
Attendez, quoi ? Est-ce que c’était ça, sa fonction secrète ? Est-ce que c’était tout bêtement un enregistreur vocal ?
Vraiment ?
Bon sang, il s’était inquiété pour rien ! Enfin, il savait bien que ça ne serait rien de dangereux et qu’un rayon laser n’était pas envisageable… mais pendant même pas une micro-seconde, il y avait cru et avait eu peur.
Bon sang. Tout ça pour une cassette.
Puis, il réalisa.
Avait-il dit explicitement aux autres qu’il avait manipulé Gonta ? Est-ce que c’était ça que le robot avait enregistré ? Si c’était le cas, eh bien, Kokichi devait avouer qu’il était pris au piège. Même s’il était horriblement naïf, Gonta ne tomberait pas encore dans son piège s’il mentait de nouveau… De plus, tout le monde était ici et convaincrait que le géant s’était effectivement fait manipulé.
- Trouvé ! s’exclama de nouveau le robot alors que ses yeux s’illuminaient d’une fine couleur bleu ciel.
Le robot bougea ensuite sa main pour presser un autre bouton, et à ce moment…
"C’est toi qui a demandé à Gonta de nous kidnapper ?"
Oh, c’était la voix de Shûichi… Mince, il avait peut-être très clairement dit à ce moment qu’il avait manipulé Gonta
"- Nishishi, il est tellement naïf aussi ! Ah, mais ce n’est pas moi qui lui ai dit de t’assommer ! s’exclama le despote avec empressement. Il l’a fait comme un grand.
- Mais… Pourquoi est-ce qu’il fait ça ?
- Lorsque je lui ai dit que vous détestiez ses insectes… Il s’est mis à pleurer en disant qu’il allait vous convaincre de leurs bons côtés ! Ou quelque chose comme ça."
Ses mains commençant à devenir moites, il pensa.
Non… Il n’avait quand même pas fait tout ça pour rien ? Il n’avait tout de même pas mis autant de temps, d’heures et de jours pour arriver à ça ? Il ne s’était tout de même pas senti coupable pour Shûichi et les autres pour au final arriver à ça ?
Allez, ils allaient quand même regarder leurs vidéos tous ensemble, vue tout ce que le despote avait fait pour en arriver à là… Hein ?
- Alors ? demanda le robot après quelques secondes. Que dites-vous de ma fonction d’enregistrement audio ? questionna-t-il avec fierté.
Non, il ne laisserait pas une simple fonction d’aussi mauvaise qualité gâcher son plan. Il ne laisserait pas quelque chose d’aussi stupide gâcher toutes ces heures de réflexion intenses où il s’était de nombreuses fois remis en question.
Le ciel n’était pas cruel au point de le laisser tomber comme ça, n’est-ce pas ?
- Tu nous as présenté ça comme si c’était une arme ultime ! s’écria l’aïkidoka.
- Une cassette… ? De nos jours… souffla la cosplayeuse.
- Mais c’est une cassette en métal ! essaya de se justifier le robot.
- Ce n’est pas vraiment le problème !
- Laissons les détails de côté… finit par annoncer Ki-bo. Le plus important est le résultat !
- Ôma… Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda le géant avec un air sévère. Tu n'aimes pas les insectes ?
- Aaah… Vous êtes même pas drôle, pensa-t-il à voix haute.
Pourquoi passait-il pour le méchant, déjà ? Est-ce que tout le monde croirait sur paroles ce qu’il dit lorsqu’il avait l’air diabolique mais personne ne le croirait s’il disait être gentil ? Décidément, ils ne le croyaient vraiment que quand ça les arrangeaient, pensa-t-il avec déception.
Allez quoi, personne ne comptait remettre en question la moindre de ses actions et trouver la vérité ? Pas même Shûichi ? Inconsciemment, le regard du blanc s’était dirigé vers lui avec une infime lueur de désespoir.
- Lorsque tu as dit à Gonta que tu voulais que tout le monde découvre mes insectes… continua le géant. Tu lui as menti ?
- Haha ! Mais non, voyons, répliqua-t-il. En réalité, j’adore les insectes du plus profond de mon cœur, ment-il.
- Ah d’accord, ça rassure Gonta, commença-t-il. On reste ensemble jusqu’à demain avec eux, alors ? Profitons de cette occasion unique pour nous relaxer en leur compagnie ! enchaina-t-il sans laisser le temps au despote de répondre.
Un simple "Quoi ?" s'échappant rapidement de sa bouche à la fin de la réplique du géant alors qu’il tirait une mine terrorisée, Kokichi sentit qu’il commencer à suer.
Quoi ? Quoi quoi quoi quoi ? Ce n’était pas dans le plan, ça ! Ça ne devait pas du tout se dérouler comme ça !
Ça devait être une blague. C’était une blague, n’est-ce pas ? Bien sûr que c’était une blague. Le ciel ne le détestait pas à ce point, si ?
Sachant que depuis qu’il avait entendu cette réplique son cœur ne cessait de s’agiter dans sa cage thoracique comme s’il hurlait pour sortir d’ici et ne pas vivre cet enfer, le despote resta figé en imaginant ce qui se passerait s’il ne faisait rien.
En se remémorant tous les insectes qui volaient dans toute la salle lorsqu'il était entré, il déglutit. Il n’allait tout de même pas vivre ça à son tour ? Quelle horreur ! Ça devait être un cauchemar ! Bien sûr que c’en était un, ça ne pouvait pas être la réalité, n’est-ce pas ?! Bien sûr que ça ne pouvait pas être vrai.
Ce n’était qu’un sale rêve dont il allait se réveiller sous peu. Pas vrai ? Son rythme cardiaque déraillant bien trop rapidement, il sentit sa respiration commençait à s’affoler à son tour, alors que de faibles tremblements commençaient à la secouer.
Encore une fois, il espéra du plus profond de son cœur que son mensonge était vrai.
Alors que sans savoir pourquoi il se mettait à horriblement bégayer, il chercha désespérément ses mots, son cerveau surchauffant en pensant à ce qui se passerait s’il ne trouvait rien. Et il semblait tourner à toute allure ! Mais la panique ne le faisait penser qu’à une série de jurons et à quel point il devait se dépêcher de trouver quoi dire.
- Enfuyons-nous ! Maintenant ! s’écria le robot en s’élançant vers la sortie.
En entendant cela, il sentit son cœur rater un autre battement alors qu’il se trouvait complétement en nage.
Faisant instinctivement un pas en avant pour suivre le robot, l’entomologiste posa sa main sur son épaule, le faisant sursauter de plus belle.
- Ah, mais avant ça, je récupère nos Monokumers Pad ! s’exclama la jeune aïkidoka tout en se dirigeant vers Kokichi.
Ce-dernier n'ayant même pas le temps de réagir, la fille lui arracha les tablettes des mains avant de courir avec les autres vers la sortie, ce qui fit que le despote écarquilla les yeux en les voyant se précipiter vers l’extérieur.
Il allait donc être seul ici, entouré d’insectes, la chose qu’il estimait être la pire du monde.
Eh bien, il supposait qu'il le méritait. Tout le monde avait dû passer un horrible moment donc maintenant c'était à son tour.
Mais pourtant sa peur fut plus grande alors qu'il essayait de courir vers les autres, tendant la main tout en suppliant, la prise de Gonta l'empêchant de bouger.
- Attendez, attendez ! Ne me laissez pas ! Saihara ! Saihara, attends ! hurla-t-il sans réfléchir, son cerveau trouvant cette fois les mots.
Le détective se retourna après avoir entendu le cri plein de détresse du plus petit qui appelait son nom. Mais malheureusement, la porte se ferma devant son nez, ne le laissant qu'apercevoir le visage rempli de terreur du plus petit alors qu'il tendait la main, comme pour essayer d'atteindre le détective.
Puis avant qu'il ne puisse dire quoique ce soit, ils entendirent tous le cri aigu du despote alors que les bourdonnements des insectes reprenaient.
- Je crois que nous allons retrouver un cadavre demain, plaisanta la magicienne bien que son visage restait sérieux.
- C’est moyennement drôle… mais tellement vrai, soupira la cosplayeuse alors que Shûichi regardait la porte d’une mine inquiète.
- Comment est-ce que je vais rendre ces Monokumers Pad à tout le monde ? demanda l’aïkidoka avec une mine inquiète.
- Aah… Si seulement les Monokumers pouvaient se rendre utiles de temps en temps, soupira à son tour Angie.
À ce moment, un léger bruit les firent tous se tourner sur leur gauche alors qu’ils baissaient leurs yeux par habitude.
Remarquant rapidement qu’il s’agissait de Monodam et personne d’autre, Shûichi demanda :
- Tu es tout seul… ?
- TOUT-LE-MONDE-EST-ALLÉ-SE-COUCHER. SI-VOUS-AVEZ-BESOIN-DE-MOI, JE-SUIS-LÀ, expliqua l’ours vert.
- Ah, euh… Kokichi a volé nos Monokumers Pad sans notre autorisation, commença timidement le détective.
- JE-VOUS-LES-RAPPORTE-DANS-VOS-CHAMBRES, DONC, devina le robot vert. ENTENDU… JE-FAIS-ÇA-TOUT-DE-SUITE.
L’ours vert disparaissant rapidement, les lycéens se regardèrent tous entre eux.
- Il est parti… avança le détective. Pas contrariant, en tout cas.
- On devrait pouvoir lui faire confiance, vous ne pensez pas ? dit la cosplayeuse avec certitude.
- Bien, il est assez tard, que diriez-vous de retourner aux dortoirs ? proposa le robot.
- Nyhahaha, d’accord ! répondit Angie sur un air enjoué. Demain, c’est le grand jour de notre présentation ! ajouta-t-elle avec un grand sourire.
En réalité, c’était assez perturbant car en fond, tous pouvaient encore entendre le despote crier et pleurer parmi l’horrible son d’ailes des insectes volant.
- Nous n’avons pas eu le temps de faire des répétitions, mais ça va être divinementiel, ajouta simplement la magicienne avec un brin de fierté.
- Je vous attends tous ! sourit Angie en se penchant sur le côté alors qu’elle tournait les talons pour s’en aller.
- Peuh ! Comme si c’était elle qui allait donner le spectacle… Quelle impudence ! grommela Tenko en regardant Angie marcher aux côtés d’Himiko.
- Allons, allons, dit le détective dans le but de la calmer.
Alors que tout le monde commençait à avancer en direction des dortoirs, le détective ne put s’empêcher de se retourner.
Regardant la porte alors qu'il pouvait très clairement entendre le despote pleurer et supplier l'entomologiste de le laisser sortir et d'arrêter, le détective hésita à rentrer pour l'aider.
Après tout, le visage qu’il avait fait lorsque Gonta lui avait annoncé son sort ou celui que le détective avait vu quand il était sorti semblait bien réel… Puis les pleurs, cris et supplications qu’il entendait d’ici semblaient tout aussi authentiques…
Mais une voix le sortit de ses pensées.
- Vous vous inquiétez pour Ôma, Saihara ? questionna le robot qui avait remarqué que le détective n’était pas à leurs côtés. Ne vous en faites pas ! Il nous a bien laissés sans remords à la merci de ses insectes pendant des heures, alors peut-être que c'est sa rédemption.
Le détective hésita encore un instant, entendant les supplications du despote sembler de plus en plus désespérées alors que cette fois ses pleurs semblaient sincères.
Réfléchissant pendant un instant, le détective finit par se résigner, répondant par un vague "hmm" avant de suivre tout le monde et retourner dans sa chambre.