Tsunami Uchiha : les origines

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Se réincarner dans le clan Uchiha, c'était quand même une tuile. Sérieusement, l'administration de l'Au-delà... Еще

NDA (Important)
Prologue
1. Le temps de l'innocence
2. Le démon-renard
3. Le clan Uchiha 1/2
4. Le clan Uchiha 2/2
5. Liens d'amitié
6. Lumière naissante
7. Examen Chuunin 1/3
8. Examen Chuunin 2/3
9. Examen Chuunin 3/3
10. L'affaire Hyûga
12. Le maître des sceaux
13. Unité Shisui
14. Progresser
15. Une nouvelle responsabilité
16. Tragédie et guérison
17. Le Mangekyō Sharingan
18. Deuil et renaissance
Épilogue
Fin

11. Avancer, toujours

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Avancer, toujours

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Le Susanoo protégea Tsunami. Le reste de la clairière fut pulvérisé. Lorsqu'elle se remit debout au milieu du cratère, jetant un bref regard aux arbres arrachés par la déflagration et à l'épais nuage de fumée qui planait sur les lieux, elle savait que personne ne pouvait avoir survécu à ça. Les ninjas de Kiri avaient été réduits en cendre. Les corps d'Harumi et d'Hiroki également. Elle ne pourrait pas les ramener à la maison, et cette idée transperça son cœur d'une pointe de douleur.

Elle ne s'y attarda pas. Elle pouvait sentir le chakra d'Ao, très faible. Il n'était pas devenu garde du corps de la Mizukage pour rien, dans le futur : c'était un Jounin compétent. Il était parvenu à échapper au plus gros de l'explosion. Mais pas assez pour s'en tirer indemne. Tsunami escalada calmement les bords du cratère, puis traversa la zone ravagée qui avait été soufflée par l'explosion. Ao gisait adossé à un tronc d'arbre, contre lequel il avait sans douté été projeté par la déflagration. Tout son flanc droit et une partie de son visage étaient brûlés par les flammes. Ses jambes étaient réduites à l'état de moignons carbonisés. Quand il vit Tsunami, il esquissa un rictus et ouvrit la bouche. Peut-être voulait-il lui lancer une pique cruelle, comme quoi elle aurait du faire ça avant que tous ses coéquipiers ne soient tués. Peut-être voulait-il dire quelque chose de grave et de digne sur le fait qu'il n'avait fait que son devoir et que le monde shinobi était injuste. Peut-être voulait-il exprimer des regrets quant à la mort d'Hiroki... Tsunami ne voulait pas le savoir.

Elle lui planta son kunai dans le cœur jusqu'à la garde et, avec un hoquet inaudible, Ao s'affaissa sur lui-même. Son chakra disparut comme avait disparu celui de Seto, celui d'Harumi, celui d'Hiroki.

Tsunami ne bougea pas. Elle avait vengé ses camarades, elle aurait du être contente. Elle avait tué un personnage du canon, peut-être un personnage essentiel à la suite de l'histoire ou du moins à la guerre civile de Kiri. Mais elle ne bougea pas. Bras ballants, elle se contenta de fixer le corps de son ennemi. Elle se sentait vide.

Elle aurait voulu se cramponner à sa rage et à cette haine qui lui avait donné des ailes durant ce combat, mais c'était comme si tout avait été consumé. Il ne restait plus rien là où cette rage avait brûlé, plus de rancœur, plus de beaux discours, plus de détermination à protéger puis à venger ses amis, juste... De la fatigue. Hiroki, Harumi, Seto... Ils étaient morts et rien ne les ferait revenir.

Elle rentra à Konoha.

Elle fit son rapport devant l'Hokage et l'informa de la mort de ses coéquipiers. Elle passa sous silence son Mangekyō et mentionna uniquement ses explosifs. Elle remit à la morgue le rouleau de scellement contenant le corps de Seto. Elle remplit le formulaire attestant que les corps d'Hiroki et Harumi avaient été détruits.

Puis Tsunami rentra chez elle en se blottit dans les bras de sa maman en espérant vainement que ça aille mieux demain.

Elle n'avait jamais perdu quelqu'un en mission. C'était différent de la mort de son père, qui avait été si terrible et bouleversante, comme une catastrophe naturelle renversant tout son univers. Là, c'était plus personnel. Ce n'était pas le Kyūbi qui les avait tués, c'était des ninjas. Des gens comme eux, des gens comme elle, des gens qu'elle aurait pu vaincre. La douleur était plus viscérale parce qu'elle était mêlée de honte et de culpabilité autant que de chagrin. Elle était supposée les protéger. Ils lui avaient fait confiance. S'en était-elle montrée digne ? Elle aurait dû être capable de tous les ramener à la maison. Ce n'était pas une mission compliquée. Leurs ennemis avaient été forts, mais elle avait été capable de leur tenir tête. Elle aurait être capable de leur tenir tête. Harumi aurait sans doute survécu, si Tsunami avait été à ses côtés. Hiroki n'aurait pas été mortellement blessé, si elle avait été assez rapide pour l'empêcher de se jeter tête baissé dans un combat contre un Jounin expert en kenjutsu. Seto aurait pu ne pas être tué, si elle avait posé ses explosifs plus vite.

– Ce n'était pas ta faute, lui dit sa mère avec fermeté. Tu as fait de ton mieux, n'est-ce pas ? Tu as tout donné. Parfois, certaines missions tournent mal quand même. On n'y peut rien. Il faut juste apprendre de ses erreurs.

– Apprendre de mes erreurs ne va pas les ramener à la vie, marmonna Tsunami.

– Non, admit sa mère. Mais peut-être que ça sauvera la vie de ton équipe la prochaine fois que tu seras envoyée en mission.

Tsunami n'avait pas vraiment envie d'être renvoyée en mission, mais elle n'avait pas trop le choix. C'était elle qui mettait le pain sur la table, après tout. Sa famille dépendait de ses revenus. Mais c'était dur d'encaisser. C'était dur de continuer comme avant. Elle doutait de ses capacités. Elle doutait de ses décisions. Elle se sentait mal. Elle se sentait coupable. Elle croisa la famille d'Harumi au cimetière et faillit s'enfuir en courant. Pourtant, ils ne firent que la remercier d'avoir vengé leur fille. Tsunami savait qu'une part d'eux la blâmait sans doute de ne pas avoir fait plus, de ne pas l'avoir ramenée vivante : mais comment aurait-elle pu leur en vouloir ? Elle aussi elle se reprochait de ne pas avoir été capable de sauver sa coéquipière.

Hiroki n'avait pas d'autre famille que son père, un membre de la Sôke au visage dur, qui vint la voir à l'enterrement pour lui dire d'un ton cassant qu'elle avait bien fait de détruire son corps avant que son Byakugan ne soit volé. Tsunami avait envie de le gifler. Elle aurait préféré qu'il l'insulte, ou qu'il l'accuse, ou même qu'il lui sorte une platitude comme les remerciements creux de la famille Inuzuka. Tout plutôt que cette félicitation guindée pour avoir évité le vol du kekkei genkai de son clan. Comme si c'était la seule chose importante ! Hiroki avait été rigide et chiant mais il avait été son partenaire, il avait été un camarade loyal, un combattant féroce, et il était mort bravement. Il méritait d'être pleuré et d'être regretté, pas d'être dédaigné comme s'il avait commis une faute en mourant aux mains de l'ennemi !

Seto n'avait pas de famille. Tsunami ne vit jamais personne prier sur sa tombe. Quelque part, c'était encore plus triste que le dédain des Hyuga.

Et puis il y avait les regards du reste du village. Tsunami avait perdu son équipe : c'était tragique, c'était terrible, mais il y avait aussi un caractère infâmant à ce genre d'échec. Si elle avait été capitaine lors de cette mission, ça aurait sans doute été un terrible déshonneur. Mais là, elle était « juste » l'unique survivante. C'était juste une histoire que les commères se racontaient en coulant des regards pleins de pitié méprisante sur le passage de la jeune fille. C'était juste une tâche sur son dossier, qui réduisit à néant ses chances d'être capitaine de mission le temps que les gens passent à autre chose. Parce que les gens passeraient à autre chose, forcément. Mais cela prendrait des mois, peut-être des années. Et tout le monde se souviendrait qu'un jour, Tsunami avait été « cette fille qui a perdu toute son équipe en mission ». Dans un village ninja, ce genre d'infamie ne s'oubliait jamais vraiment...

Mais le temps passa. La douleur s'atténua. D'autres personnes vécurent des tragédies ou des aventures, et les commères du village passèrent à autre chose. Tsunami alla de l'avant, doucement. Elle avait vécu deux vies, et elle le savait mieux que personne : s'accrocher au passé et au chagrin ne servait à rien. Mais... Toujours, dans un coin de sa tête, elle regrettait de ne pas avoir fait plus.

Les jours passèrent, puis les semaines. Chacun continua à vivre, parce que le monde n'avait pas cessé de tourner pour autant. En juillet, Gai fut nommé Jounin et invita absolument tous ceux qu'il connaissait à une gigantesque fête : Tsunami but de l'alcool pour la première fois de sa vie, et vomit tripes et boyaux le lendemain. Izumi se moqua d'elle. Kurenai et Anko se disputèrent au sujet d'une broutille, puis se réconcilièrent. Kotetsu et Izumo se mirent à chercher un appartement à eux, quittant enfin la maison de Genma. Kumadori progressa dans son apprentissage à l'hôpital. Tessen et Hayama-sensei accomplirent une mission de rang B dont ils revinrent avec de belles blessures, mais très fiers d'eux. Iruka se prit un râteau de la part de sa coéquipière Natsu Hyuga. Yūgao commença à s'entraîner avec Hayate Gekkō.

En août, Tsunami fêta ses treize ans. Elle avait à présent l'âge qu'avait eu Kakashi quand il avait été nommé Jounin, l'âge qu'avait eu Obito quand il avait été laissé pour mort par son équipe. L'âge qu'aurait Naruto quand il quitterait Konoha avec Jiraya, et l'âge qu'aurait Itachi quand il massacrerait son clan. Elle se sentait toujours toute petite quand elle se comparait aux personnages du canon, mais plus au point de tomber dans un complexe d'infériorité. Son amertume et son chagrin commençaient à s'apaiser. Avec le temps, elle apprenait à vivre avec la culpabilité, le doute, les souvenirs. Elle avait du temps, pour cela. Elle avait survécu. Elle avait le droit à sa seconde chance.

Elle reprit les missions.

Tsunami effectua plusieurs missions avec des Genins et des Chuunins de son âge. Aucun d'entre eux n'était Uchiha, mais elle tomba sur pas mal de Hyuga. Détruire les yeux d'Hiroki semblait avoir gagné leur confiance : presque comme s'ils considéraient ça plus honorable que si elle l'avait sauvé. Tsunami trouvait ça horrible, mais elle tint sa langue. Avoir un Byakugan qui surveillait ses arrières, c'était toujours utile. A plusieurs reprises, parmi ses coéquipiers se trouva Tokuma Hyuga, celui qui était passé Chuunin en même temps qu'elle. Il était réservé, mais après quelques missions il commença à sortir de sa coquille, révélant un naturel doux et sociable. Il était l'un des rares à parler sans réserves de ses talents avec le Byakugan. Apparemment il avait les meilleurs yeux de sa génération. Pour autant, ça ne lui donnait aucun statut particulier dans le clan. Chez les Hyuga, il n'y avait qu'une seule chose importante : la Sôke. Les relations familiales ne comptaient pas, en dehors du fait de permettre à quelqu'un de naître dans le Sôke ou d'en épouser un membre.

Tsunami commençait à être presque contente d'être née Uchiha. Ok, elle avait un massacre qui lui pendait au nez, mais au moins les Uchiha n'étaient pas des psychopathes. Être un Hyuga avait l'air d'être un cauchemar...

Vers l'automne, Tsunami commença aussi à faire des missions avec des Jounins. Personne ne suggérait qu'elle mène une équipe (l'opprobre d'avoir perdu son équipe planait toujours au-dessus d'elle), mais au moins sa compétence n'était plus remise en doute. Accompagner des Jounins, c'était effectuer des missions assez dangereuses. Souvent, son capitaine était Gai. Apparemment il y avait peu de Chuunins capables de soutenir son rythme. Ce n'était pas plus mal : elle aimait travailler avec lui. D'accord, son énergie et son volume sonore étaient épuisants, mais... Gai était un bon ninja. Doué, efficace, intelligent, motivé. Il était aussi beaucoup plus subtil et plus sensible qu'il ne le laissait penser au premier abord. Il arrivait toujours à deviner quand quelqu'un mentait, quand un partenaire était déprimé, ou même quand Tsunami doutait d'elle-même et de ses capacités.

C'était aussi un bon partenaire d'entraînement. Tsunami s'exerça beaucoup avec lui dans les semaines suivant sa désastreuse mission, à la fois parce qu'elle était assurée de rentrer chez elle trop épuisée pour penser, et parce qu'elle apprenait des trucs précieux. Gai connaissait tout un tas de styles différents, s'adaptait parfaitement à son adversaire, et ne posait jamais de questions quand Tsunami avait une requête bizarrement spécifique.

Comme par exemple : comment se dégager quand on était plaquée au sol par deux adversaires en même temps ? Comment se battre en soutenant un camarade blessé par une lame ?

Elle s'entendait bien avec Gai. C'était une bonne chose. Après tout, il était son capitaine le plus fréquent. Ils n'étaient pas une équipe fixe mais la même formation revenait régulièrement : une mission de protection ou de destruction, avec Gai en tant que leader et expert en taijutsu, Tsunami en support avec son ninjutsu, et un troisième ninja pour couvrir leurs arrières. Il s'agissait généralement de Genma Shiranui, toujours aussi désinvolte, son senbon à la bouche. La spécialité de Genma était l'assassinat ou l'espionnage, des trucs discrets qui étaient en totale opposition avec la spécialité de la jeune fille, mais il restait quand même un ninja très compétent. C'était un combattant aguerri et létal. Sans compter le fait qu'il était l'un des rares à pouvoir suivre le rythme infernal de Gai...

– Nous étions dans la même équipe de Genins ! l'informa joyeusement Gai quand elle évoqua le sujet. Nous avons avivé les Flammes de notre Jeunesse ensemble sous la Vigoureuse tutelle de Chōza-sensei !

Tsunami cligna des yeux, vaguement incrédule :

– Chōza Akimichi ? Tu parles d'une équipe de gros bras. Vous deviez défoncer les rangs ennemis les doigts dans le nez !

Gai éclata d'un rire sonore :

– En effet ! Nous sommes tous devenus de Splendides Bêtes de Konoha !

– Sauf Ebisu, lâcha Genma avec une pointe de nostalgie. On n'a jamais réussi à vraiment le décoincer.

– Ebisu n'a jamais manqué de Jeunesse et de Vigueur ! s'indigna Gai. Il a cependant privilégié la Rigueur et la Dignité avant la Force, ce qui n'est pas un chemin moins Honorable !

Tsunami essaya de réconcilier l'image d'Ebisu, qui était pour elle un gars coincé et silencieux qui se hérissait à la moindre déviation de la norme, avec celle de ses coéquipiers. Chōza Akimichi était un Jounin respecté connu pour sa force et sa nature débonnaire, mais il était aussi un chef de clan très riche. Gai était un survolté ultra-énergique qui ne connaissait pas le mot modération. Quant à Genma, il était plutôt normal : mais maintenant que Tsunami y réfléchissait, sa nonchalance presque exagérée devait être un mécanisme de survie créé au contact de l'enthousiasme débordant de Gai. C'était le groupe le plus hétéroclite qui soit. Comment diable avaient-ils pu former une équipe fonctionnelle ?!

– J'ai du mal à l'imaginer, avoua-t-elle franchement.

Genma esquissa un mince sourire :

– Ah, il ne faut pas s'arrêter aux apparences. Nous étions les trois Genins les plus costauds de notre promotion. Suivre Chōza-sensei sur le champ de bataille n'était pas à la portée de n'importe qui.

Tsunami y réfléchit un instant et hocha la tête. Certains ninjas semblaient avoir des personnalités incompatibles mais fonctionnaient comme une machine bien huilée. Puis elle réalisa :

– Mais... Une petite minute. Vous n'avez pas du tout le même âge, non ? Gai est plus jeune !

– En effet Tsunami ! s'exclama Gai avec un sourire si éclatant que Tsunami fut fugacement tentée de s'acheter une paire de lunettes de soleil. J'ai été diplômé à l'âge de sept ans, tandis que Genma et Ebisu avaient respectivement dix et neuf ans !

Tsunami ouvrit de grands yeux alarmés. Ils avaient été si jeunes. Bon, ça avait été le milieu de la Troisième Guerre Ninja, alors ce n'était pas insensé, mais... Voilà. Elle avait du mal à imaginer Gai à sept ans, avec un bandeau ninja, se précipitant avec enthousiaste sur un ennemi.

Elle hésita un instant, ne sachant pas quoi dire. Oh, Gai, tu es un prodige qui a été diplômé en avance ? C'était stupide, elle savait déjà qu'il était un prodige, et ce n'était sans doute pas entièrement pour ça qu'il avait été diplômé en avance. Vous étiez encore plus jeunes que moi ?Stupide aussi. Pourquoi souligner une évidence ? Tout le monde s'en fichait. Elle aurait juste l'air stupide. D'autant plus qu'elle était mal placée pour critiquer leurs âges, vu qu'à présent, c'était elle la plus jeune de leur petite équipe. Du haut de ses treize ans, elle avait cinq ans de moins que Gai, et faisait une tête et demi de moins que lui et Genma.

– J'ai du mal à t'imaginer aussi jeune, finit-elle par déclarer avec franchise.

Genma éclata de rire :

– Gai, elle vient de te traiter de vieux !

Tsunami ouvrit de grands yeux catastrophés :

– Quoi ?! Non ! Juste... Expérimenté !

Genma ne fit que ricaner de plus belle, et Gai jura sur le champ de faire trois fois le tour de Konoha sur les mains pour prouver la Vigueur des Flammes de sa Jeunesse. Bref. La routine, quoi.

Tsunami et Genma se retrouvaient donc régulièrement sous les ordres de Gai pour diverses missions, mais ils ne formaient pas une équipe officielle. Il y avait peu d'équipes fixes constituées de Chuunins sous les ordres d'un Jounin, de toute façon. Les ninjas étaient affectés à différentes équipes selon les besoin de la mission. Pour les missions de sabotage, Tsunami se retrouva souvent sous le commandement d'Aoba Yamashiro, un Tokubetsu Jounin qui avait une vingtaine d'année. Anko Mitarashi faisait souvent partie de son équipe. Elle était polyvalente et, comme Tsunami, hautement destructrice quand on l'autorisait à se lâcher contre l'ennemi. Les deux kunoichi transformaient parfois leurs combats en petits concours, à qui ferait exploser le plus de trucs ou de gens. C'était morbide mais il y avait quelque chose de libérateur dans cette façon sauvage de se défouler.

Tsunami eut aussi l'occasion de revoir Raidō Namiashi, le Tokubetsu qui avait été en charge de la deuxième épreuve de son examen Chuunin : il faisait partie de la Section Sensorielle et menait régulièrement des équipes de traque et de capture. Tokuma Hyuga était également parmi les meilleurs traqueurs du village. Une fois, elle participa à une mission de protection d'un village harcelé de bandits avec Kurenai et Asuma, ce qui lui fit un drôle de choc : elle ne les avait pas vus depuis un bail. Elle participa à une mission de sabotage avec Tekuno Kanen, l'arbitre de l'examen Chuunin, qui se montra ravi de la revoir. Elle rencontra aussi Ibiki Morino à une occasion mémorable, quand il fallut capturer deux Jounins qui venaient de déserter le village.

Ils étaient tous plus forts et plus âgés qu'elle, mais ils la traitaient avec respect. Personne ne la prenait de haut, ne la toisait avec mépris, ou la traitait comme si elle devait porter le poids de la mort de ses coéquipiers sur ses épaules. Ils attendaient d'elle qui fasse son job, ils ne lui reprochaient pas son échec passé. Et... Ça l'aidait, au final. Tsunami faisait partie des soldats de Konoha, peu importait son âge, peu importait ses défaites. Elle n'était pas diminuée par ce qui était arrivée. Marquée, changée, endurcie, oui. Mais elle n'était pas la première personne à avoir perdu des coéquipiers sur le terrain, et elle ne serait pas la dernière. Il fallait aller de l'avant. Tout le monde allait de l'avant, et tout le monde attendait d'elle qu'elle fasse de même. Elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort.

Elle n'oublierait jamais Seto, Harumi et Hiroki. Ils n'avaient peut-être pas été ses amis mais ils avaient été ses camarades, et elle avait échoué à les protéger. Non, elle ne les oublierait jamais : mais elle n'oubliait pas qu'elle n'était pas toute seule. Il y avait d'autres gens qui avaient vécu la même douleur. D'autres gens qu'elle pouvait protéger.

Tout doucement, Tsunami guérissait.

Entre ses missions et ses entraînements, elle s'était replongée dans ses recherches sur les sceaux. Ses travaux en Fūinjutsu progressaient. Probablement à cause de la mort d'Hiroki, Harumi et Seto, elle s'était penchée sur son Sceau-Suicide : celui qui faisait exploser l'utilisateur quand son corps était vidé de son chakra. Si Seto avait eu ça, Hiroki n'aurait pas été blessé. Si Harumi avait eu ça, peut-être que Tsunami aurait réussi à ramener au moins un membre de son équipe à la maison. Un Jutsu Suicide était toujours une épée à double tranchant : on risquait de blesser ses alliés, on risquait de compromettre la mission, etc. Mais parfois... Parfois c'était bien d'avoir le choix, et de pouvoir se dire férocement : si je meurs, au moins j'emporterai ce bâtard avec moi dans la tombe. C'était le genre de chose qu'Harumi aurait approuvé, en tous les cas.

Elle termina son Sceau-Suicide au début de l'hiver. Elle se pencha ensuite sur le sceau anti-vol-de-globes-oculaires, parce que c'était un projet qui lui tenait à cœur depuis un long moment. Elle n'était pas exactement pressée, mais elle se sentirait mieux une fois le sceau apposé sur les yeux de chaque personne de sa connaissance possédant un Dôjutsu.

Cet hiver là, elle passa plus de temps avec sa famille. Izumi était toujours aux anges quand sa grande sœur lui proposait de s'entraîner. Elle débordait constamment d'énergie et d'optimisme. Beaucoup de kunoichis de son âge étaient timides (comme le serait Hinata), ou autoritaires (comme Ino), ou arrogantes (comme Yūgao, parce que Tsunami était parfaitement capable de reconnaître qu'à dix ans sa meilleure amie n'avait pas du tout été un modèle de modestie) ou encore pleines d'insécurités (comme le serait Sakura). Mais Izumi était... Elle était bien dans sa peau, voilà. Elle riait et souriait facilement, elle ne se vexait pas quand on la taquinait, elle avait le cœur sur la main.

Izumi commençait à réfléchir à prendre le test final à la fin de l'année scolaire. Elle serait alors diplômée à dix ans, soit avec un an (voire même deux) d'avance sur le cursus normal. Ce n'était pas exactement exceptionnel. Tsunami l'avait fait, après tout. Mais ça restait assez rare. Surtout maintenant, plusieurs années après la fin de la guerre, quand Konoha n'avait plus désespérément besoin de renflouer ses rangs.

Ce fut la première vraie dispute de Tsunami et de sa petite sœur. Jamais elles n'avaient élevé la voix l'une contre l'autre. Elles avaient toujours été dans le même camp, toujours été d'accord. Mais peut-être était-ce parce qu'Izumi avait toujours cherché à marcher dans les pas de son aînée, la voyant comme son modèle, et que Tsunami n'avait pas réalisé que sa cadette allait un jour cesser d'être un bébé. Peut-être que ce fut cette réalisation qui l'effraya plus que le danger en lui-même. En tous les cas, pour la première fois de sa vie, elle haussa la voix... Et Izumi aussi.

– Je peux le faire ! criait-elle en tapant du pied. Je peux être diplômée au même âge que toi, je ne suis pas nulle !

– Je n'ai jamais dit ça ! s'indigna Tsunami. Mais tu ne seras pas aussi entraînée que les autres Genins, tu vas les ralentir, et tu vas être en danger !

Izumi s'empourpra, au bord des larmes :

– Je sais me battre ! Je suis la meilleure de ma classe en taijutsu !

Tsunami secoua furieusement la tête, le cœur dans la gorge. Elle avait dix ans quand elle avait été diplômée, quand elle avait commencé à se battre, quand elle avait commencé à tuer. Elle avait été préparée. Mais Izumi... Elle ne pouvait pas imaginer Izumi faire la même chose. Pas si tôt.

– Dix ans, c'est trop jeune !

– Tu avais le même âge, espèce d'hypocrite !

Tsunami recula presque, choquée par l'injure. Izumi ouvrit de grands yeux en réalisant ce qu'elle venait de dire, l'air horrifiée. Elle ouvrit la bouche... Et fondit promptement en larmes.

C'était la première fois que Tsunami et sa petite sœur se disputait. Cela ne dura pas très longtemps. Leur mère les sermonna puis les obligea à s'excuser. Il y eut d'autres crises de larmes. Au final, Tsunami abandonna sa dignité et avoua juste franchement à sa petite sœur qu'elle avait peur pour elle. Elle la supplia d'attendre encore un an. Juste un an, le temps de faire la paix avec ça. Le temps de s'entraîner davantage. Si elle passait l'examen dans quelques mois, elle pourrait être diplômée, oui, mais pas avec un score très haut. Ne valait-il pas mieux attendre, pour être au sommet du classement et être placée dans une bonne équipe ?

En temps normal, Izumi n'aurait sans doute pas cédé. Elle était douce et gentille, mais elle était aussi fière et déterminée. Elle était la fille de Kaiji, si brave et dévoué, jusqu'à la mort. Elle restait la fille d'Hazuki, qui avait tant enduré sans jamais se briser. La petite-fille d'Akihito l'inflexible et de Yuko au regard calculateur. Une enfant du clan Uchiha, demi-sang ou non, ne renonçait pas facilement. Particulièrement quand il s'agissait de prouver sa valeur. Mais... Peut-être que la peur dans la voix de Tsunami l'ébranla. Ou peut-être ses arguments logiques. Ou bien encore la réalisation que devenir Genin était une étape importante dans sa vie, qu'elle ne devrait peut-être pas franchir à la légère. Ou peut-être qu'Izumi était juste secouée parce que c'était la première dispute qu'elle avait avec sa sœur. En tous les cas, elle promit de ne pas passer Genin avant l'âge de onze ans.

Tsunami savait qu'elle ne faisait que repousser l'inévitable. Sa petite sœur allait devenir une kunoichi. Elle allait effectuer des missions, se battre, tuer. Tsunami avait été stupide de ne pas y penser avant. Oh, elle savait que ça allait arriver, mais... Ça avait toujours semblé si distant. Izumi lui avait toujours parut si petite.

Plus maintenant. Tsunami avait un an pour entraîner sa sœur et la préparer à faire face au reste du monde, et pour se préparer elle-même à l'inévitable. Elle ne pouvait pas repousser l'échéance plus longtemps.

oOoOoOo

Le Nouvel An vint, puis passa. Tsunami continua à effectuer quelques missions avec Gai, Genma, ou plus rarement Anko. Elle revit les autres membres de son équipe : Hayama-sensei continuait à entraîner Tessen et Kumadori et elle était toujours la bienvenue pour se joindre à eux. Il était assez rare qu'ils puissent se retrouver tous les quatre, cela dit. Kumadori passait beaucoup de temps à l'hôpital pour suivre sa formation de médic, et Tessen collectionnait les missions avec des experts en armes pour diversifier ses compétences. Quant à Hayama-sensei, il était l'un des meilleurs Jounins du village : l'Hokage le laissait rarement se tourner les pouces.

A la fin du mois de janvier, Hikari fêta ses deux ans.

C'était un bébé joyeux et adorable, étonnamment sensible et intelligent pour un enfant de son âge. Il avait un vocabulaire de plus en plus étendu : entre cinquante et cent mots, souvent mélangés, mais généralement compréhensibles. Il savait aller au pot, grimper les escaliers, jouer avec ses camarades de la garderie, faire des phrases simples, manipuler des cubes de bois et des kunais en jouet. Tsunami considérait que c'était le développement normal pour un enfant de deux ans, mais Hazuki lui avait assuré que Hikari était un peu en avance. Tsunami s'était développée un peu plus vite, mais Izumi avait mis beaucoup plus longtemps à savoir tenir un crayon ou avoir un vocabulaire aussi développé. Considérant que Tsunami avait eu une certaine avance dès sa naissance... Izumi n'avait pas été lente. C'était Hikari qui était précoce.

Il serait probablement un surdoué. Pfff. Evidemment. Les Uchiha et les Hyuga semblaient produire des prodiges à la pelle : quand ils se mélangeaient, on doublait leur potentiel.

Tsunami se mit à faire des plans pour protéger son petit frère des rapaces qui rêveraient de l'envoyer au combat dès qu'il serait capable de tenir un kunai. Déjà, elle allait protéger ses yeux. Il fallait qu'elle achève son sceau anti-vol-de-globes-oculaires au plus vite. Ensuite... Eh bien, elle allait suggérer (lourdement) qu'il n'entre pas à l'Académie avant l'âge de sept ans. Au pire, s'il n'était pas un génie, il serait diplômé vers douze ou treize ans. Sinon, eh bien, il complèterait le cursus de l'Académie en trois ou quatre ans, et ça le laisserait être diplômé à un âge acceptable. Et puis, Tsunami connaissait toutes les astuces pour passer sous le radar. Comme lire beaucoup, même en classe, pour s'instruire hors de l'Académie et n'accorder aux profs qu'une parcelle de son attention. Si elle le pouvait, elle ferait en sorte qu'Hikari finisse l'Académie comme elle-même, au sommet du classement mais pas au point de battre tous les records... Et avec un panel de connaissances utiles, que la vie de Genin ne lui aurait pas permit d'étudier.

Ça ne serait pas difficile. Hikari était un garçon doux et adorable, qui n'aimait pas la violence et qui s'émerveillait facilement. Un peu comme Izumi, il avait quelque chose d'innocent et de tendre. Tsunami les regardait parfois, et sentait son cœur se gonfler d'amour. C'était elle qui avait hérité de toute la fureur protectrice des Uchiha, de leur caractère pourri et de leur arrogance. Izumi et Hikari étaient meilleurs qu'elle. Ils méritaient d'être protégés.

Elle les protégerait jusqu'à son dernier souffle s'il le fallait.

Elle se plongea ans le Fūinjutsu avec plus de détermination que jamais. Finalement, elle acheva son sceau anti-vol-de-globes-oculaires, qui faisait exploser l'œil si un chakra étranger y était injecté. Il avait fallu faire plusieurs essais sur le dosage de chakra étranger nécessaire pour provoquer l'explosion. Il ne s'agirait pas de faire péter l'œil dès qu'un médic soignait une inflammation ! Non, Tsunami avait veillé à ce que l'explosion ne se produise que quand l'œil était à 100% alimenté par du chakra étranger.

Il lui avait fallu effectuer des tas de tests, d'ailleurs, sur des tas d'yeux. Heureusement que Kumadori avait accès à la morgue. Bon, il avait été un petit peu dégoûté au début, mais il semblait avoir très vite compris l'utilisé de son sceau. Pensait-il qu'elle le faisait à cause d'Hiroki ? Ou à cause d'elle-même, qui n'avait pas (officiellement) éveillé le Sharingan, mais qui était membre d'un clan célèbre pour son kekkei genkai ? Elle ne lui avait pas posé la question. Elle n'était pas sûre de vouloir connaître la réponse.

Son sceau anti-vol-de-globes-oculaires fut baptisé le Sceau du Phénix en Cage, en référence au Sceau de l'Oiseau en Cage des Hyuga, mais surtout parce que le Phénix était un animal qui prenait feu. C'était exactement ce qui se passait quand le sceau s'activait : une explosion enflammée. Tsunami était à peu près sûre de faire exploser la tête entière du gars qui aurait le malheur d'utiliser un œil volé de cette façon.

Le Sceau du Phénix en Cage ne s'activait que quand l'œil était à 100% rempli de chakra étranger, et donc que le chakra de son propriétaire original avait complètement disparu. Dans les faits, il faudrait donc que l'œil soit greffé à quelqu'un d'autre... Mais surtout que le chakra résiduel de son propriétaire d'origine disparaisse. Sachant que le chakra était par nature volatile, ça n'était pas long. Entre une heure heures et un mois, suivant la quantité de chakra qu'avait possédé le ninja dont on avait arraché l'œil. Mais voilà : un mois, c'était déjà trop. L'ennemi avait largement le temps d'utiliser son œil volé entre temps...

Tsunami savait que ça serait inacceptable pour les Hyuga, qui voulaient que le Byakugan soit scellé immédiatement. Avec regret, elle comprit qu'elle ne pourrait jamais leur proposer cette alternative au Sceau de l'Oiseau en Cage. Mais... Ça restait une bonne idée, et elle devrait définitivement essayer de la partager avec d'autres personnes qui risquaient de se faire voler leurs yeux. Notamment Shisui.

Du moins, si elle et Shisui renouaient leur amitié. Parce que sinon, il n'y avait aucune chance que le prodige des Uchiha accepte qu'on lui pose un sceau inconnu dans le globe oculaire...

Tsunami décida quand même que le Sceau du Phénix en Cage était une trop bonne idée pour moisir au fond d'un tiroir. Elle l'utilisa d'abord sur elle. Hors de question qu'on lui pique son Sharingan un jour. Puis elle partagea son invention avec sa mère et sa sœur, en leur faisant jurer le secret. Même si ni Hazuki ni Izumi n'avaient le Sharingan (pour l'instant), on n'était jamais trop prudent !

Hazuki eut l'air vaguement inquiète, et sous-entendit que Tsunami avait sans doute était trop traumatisée par la mort d'Hiroki (ou plutôt, par la mutilation de son cadavre qui avait eu lieu juste après, sous ses yeux). Mais le sceau n'avait aucun inconvénient, et ça rassurerait Tsunami, alors... Elle accepta d'en avoir un. Izumi, quant à elle, ne fut pas difficile à convaincre. Malgré leur récente dispute (ou peut-être à cause de ça ?), sa confiance en sa grande sœur était absolue.

– Il peut s'enlever ? demanda-t-elle quand même avec curiosité tendis que Tsunami peignait les petits symboles nécessaires sur son visage.

– Assez facilement même, répondit sa sœur sans cesser son travail. Mais pour ça, il faut savoir qu'il est là.

Elle reboucha son encre et injecta son chakra dans le sceau. Les kanjis et les symboles brillèrent d'une lueur rougeâtre et semblèrent être siphonnés dans l'œil d'Izumi. Tsunami ordonna à sa cadette de rouler les yeux au maximum vers l'arrière... Oui, le sceau était bien là : invisible, en filagramme rosé se confondant avec le dessin des veines juste au bord de l'œil. Invisible, sauf si on savait exactement ce qu'on cherchait, et où le chercher. Elle répéta l'opération pour le deuxième œil, puis déclara d'un ton dégagé :

– Dis, tu pourrais aller me chercher Hikari ? Je voudrais lui en faire un à lui aussi.

Hazuki lui lança soudain un regard perçant. Elle ne dit rien, mais Tsunami sut que sa mère était en train de réévaluer son opinion de ce sceau. Elle devait réaliser que ce n'était pas la mutilation d'Hiroki qui lui en avait donné l'idée, mais un évènement bien antérieur... La mort d'Hizashi Hyuga. Ou peut-être leur conversation au sujet du possible Byakugan de Hikari. Pensait-elle à Neji, qui avait été scellé par sa propre famille ? Tsunami y pensait. Elle aurait voulu s'en empêcher, mais là... Apposer de l'encre sur le visage du fils d'Hizashi Hyuga pour protéger ses yeux... Elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était dérangeant. Elle n'avait jamais pensé à Neji avant. Mais soudain, le parallèle avec son petit frère était presque douloureux. Que devenait Neji ? Qui le protégeait comme elle protégeait Hikari ?

Elle s'efforça de se concentrer sur son Fūinjutsu. Hikari n'arrêtait pas de gigoter et d'essayer de toucher l'encre, curieux :

– C'est quoi ?

– Un sceau, Hikari-chan. C'est comme un dessin.

– Pourquoi ?

Pourquoi était le mot préféré de Hikari en ce moment. Et il était facile de partir dans de longues explications, si on essayait de lui répondre en s'adaptant à son esprit d'enfant... Hikari aimait demander des choses, mais il aimait surtout qu'on lui réponde. Heureusement, Izumi réussit à le distraire avec une histoire. Tsunami termina le sceau sans difficulté, et laissa sa sœur s'occuper de Hikari. Puis, en rangeant son matériel, elle lâcha d'un ton qu'elle se força à rendre désinvolte :

– Le Sceau du Phénix est léger, il ne pèse pas du tout sur le corps, alors c'est sans danger pour Hikari. Les Hyuga scellent leurs enfants assez tard parce que leurs sceaux sont beaucoup plus enfoncés dans leur système de circulation du chakra, je pense.

– Tu penses ? lâcha Hazuki avec inquiétude. Tsunami, ne me dis pas que tu as étudié leur sceau...

– Ils ne me laisseraient pas m'en approcher, l'assura sa fille. Et de toute façon, je pense que c'est une monstruosité.

Sa mère pinça les lèvres. Elle coula un regard vers Hikari, absorbé dans l'histoire qu'Izumi était en train de lui lire, comme si elle craignait de révéler quelque chose de compromettant devant lui. Tsunami hésita un instant. Puis demanda à voix basse :

– Hizashi avait un fils, non ? Un Hyuga. Est-ce que...

– Est-ce qu'il sait ? acheva sa mère d'une voix amère. Non, il ne sait pas. Il n'avait que quatre ans quand son père est mort. Je pense qu'Hizashi comptait lui dire, peut-être après qu'il soit entré à l'Académie, mais...

Mais il n'en aurait jamais l'occasion. Tsunami termina de reboucher son encre et de glisser ses pinceaux dans son sac, pensive. Neji Hyuga devait à présent avoir cinq ans. Il n'était sans doute pas encore inscrit à l'Académie. Elle ne l'avait jamais vu. Et pourtant... Pourtant, soudain, elle songeait qu'elle aurait dû penser à lui. Elle savait qu'il existait, mais elle n'y avait jamais réfléchi, comme s'il n'était qu'un personnage secondaire, un simple nom, et... Ce n'était pas vrai. Il était le frère de Hikari.

Il n'avait pas de lien du sang avec elle, avec Izumi, ou avec leur mère. Mais il était le demi-frère de Hikari. Peut-être avait-il le même visage, le même nez, la même couleur de cheveux. Maintenant qu'elle y avait pensé, elle ne pouvait plus s'ôter cette image de la tête. Il aurait fallu si peu de choses pour que Hikari vive exactement comme Neji : esclave de son clan, orphelin, amer et terrifié. Ils n'avaient que trois ans de différence. Ils se ressemblaient sans doute beaucoup, physiquement. Alors quand Tsunami songeait à Neji, elle imaginait le visage de son petit frère à sa place, et elle se sentait responsable. Elle se sentait en colère.

Elle voulait agir.

Elle n'était pas stupide, cela dit. Elle ne fit rien d'irréfléchi. Elle ne posa pas de questions à Natsu Hyuga ou à Tokuma Hyuga (les deux seuls membres du clan qu'elle fréquentait régulièrement). Elle n'alla pas sur la tombe d'Hizashi. Elle ne chercha absolument pas à enquêter davantage sur le Sceau de l'Oiseau en Cage. Elle ne se mit pas à dévisager les enfants quand elle passait devant l'Académie, cherchant un visage familier. Non, Tsunami se fit discrète. Elle se mit à réfléchir.

Soyons réalistes, la jeune fille ne pouvait pas kidnapper Neji. Elle ne pouvait pas l'écarter de son clan comme sa mère s'était écartée des Uchiha. De toute façon, Neji ne l'aurait sans doute pas voulu. En revanche, elle pouvait sans doute veiller sur lui à distance, grâce à Gai. D'ici quelques années, elle pourrait peut-être lui retirer en secret son Sceau de l'Oiseau en Cage, si elle avait perfectionné son Fūinjutsu. Et... Pourquoi s'arrêter là ? Elle pourrait libérer tous les membres de la Bûnke. Ce serait bien. Ce serait juste.

Ça mènerait peut-être à un soulèvement au sein du clan, une rébellion sanglante, l'assassinat de tous les membres de la Sôke. Tsunami en était consciente (et, honnêtement, ça la faisait un peu flipper). Dans le monde ninja, chaque changement s'accompagnait de violence. Parfois, il fallait décider si ça en valait le coup, si on était prêt à payer les conséquences de ces actes. Mais elle pensa à Neji, elle pensa à Hikari, et décida que... Si jamais elle s'engageait sur cette voie... Alors elle serait prête à en assumer les conséquences. Parce que la question était : est-ce qu'elle était capable de laisser plusieurs centaines de personnes réduites en esclavage, capable de laisser cette épée de Damoclès pendre au-dessus de la tête de son petit frère ? Non. Certainement pas.

Le canon avait prévu de faire tomber les Uchiha. Eh bien, que ce soit dans un an ou dans dix, Tsunami ferait tomber les Hyuga ensuite. Il y en avait marre des enfoirés dédaigneux qui pensaient qu'avoir des yeux magiques justifiait tout, et franchement, dans cette catégorie, les Hyuga atteignaient un niveau de cruauté dont les Uchiha n'oseraient jamais rêver.

Tsunami ne parla à personne de ses projets. Elle savait que ce n'était que des idées en l'air, à ce stade. Elle était loin d'avoir la connaissance, le pouvoir, ou même la détermination nécessaire ! Mais la décision avait été prise, et quelque part, elle s'en sentait vaguement rassurée. Le chemin serait long jusqu'à ce que sa famille soit en sécurité : il y avait les Uchiha, Danzō, les Hyuga. Mais elle avait décidé d'agir. Elle allait faire quelque chose. C'était un premier pas vers la réalisation de son but. Elle n'était pas vraiment fixée sur ce que serait le but, mais elle savait contre qui elle se dressait, au moins.

Tout doucement, l'hiver passa.

Yūgao décida de participer aux prochains examens Chuunin, en avril, qui auraient lieu à Taki. Normalement, chaque grand pays accueillait un examen, puis un petit pays était tiré au sort avant que la balle ne revienne aux grands pays. Là, ça serait le pays des Cascades qui aurait l'honneur d'accueillir l'examen... Et tout le monde allait en profiter. Les grands villages se méfiaient souvent les uns des autres, craignant des alliances ou du sabotage. Les Genins d'Iwa ne se rendaient par exemple jamais à Konoha, et la réciproque était vraie entre Kumo et Suna. Quant à Kiri, ils évitaient de s'aventurer loin de chez eux. Bref, il y avait toujours une ou deux nations qui s'abstenaient de jouer le jeu. Dans les petits pays, en revanche, tout le monde était les bienvenus. C'était un peu obligé : les petits pays étaient considérés comme impartiaux dans le jeu des alliances. Ils ne créaient pas d'unions avec les grands pays de peur d'être immédiatement annexés ou envahis par un ennemi. Et du coup... Quand ils organisaient les examens... C'était en terrain neutre. Cela voulait dire qu'il y aurait des centaines de participants.

Et il y aurait donc beaucoup de promotions.

Pas seulement parce qu'il y aurait beaucoup de candidats brillants, mais aussi parce que les organisateurs chercheraient à faire des épreuves les moins violentes possibles pour limiter le risque qu'un village soit offensé. Le pacifisme était encouragé. Tuer un ennemi pouvait faire perdre des points, par exemple. Cet examen était la façon la plus sûre d'avoir une promotion. Après deux échecs, l'un à l'examen de Suna et l'autre à celui de Konoha, ce n'était pas étonnant que Yūgao soit déterminée à saisir sa chance.

Mais il lui fallait une équipe. Elle aurait pu demander à son sensei de lui trouver deux partenaires, quitte à choisir deux personnes dans la Section Genin, mais l'idée d'être coincée avec des étrangers la mettait mal à l'aise. Un examen Chuunin pouvait être dangereux. Mieux valait être avec des gens en qui on avait confiance. Alors... Yūgao se retrouva donc à remplacer Tsunami dans la vieille équipe 11.

– Ça ne te dérange pas ? demanda-t-elle avec une pointe de nervosité.

Pour être franche, ça dérangeait un peu Tsunami. Mais elle était assez honnête avec elle-même pour admettre que ça venait juste du fait qu'elle se sentait possessive vis-à-vis de son ancienne équipe. Elle se contenta d'agiter vaguement la main :

– Pas vraiment. Je sais que quelqu'un va veiller sur les garçons, comme ça. Et ça serait bien si vous étiez tous promus en même temps !

Kumadori se sentait prêt à devenir Chuunin, maintenant qu'il avait quatorze ans (et demi !), et Tessen n'attendait que ça depuis son échec l'année dernière. Hayama-sensei se montrait plutôt confiant. Oh, leur équipe allait sérieusement devoir changer ses stratégies, puisque sans Tsunami il n'avait plus d'experts en Jutsus destructeurs, mais... Ils restaient une bonne combinaison, avec deux experts du combat rapproché et un médic en support.

Yūgao ne serait pas la seule à participer à ces examens. Iruka et son équipe seraient aussi de la partie. Personnellement Tsunami doutait qu'il soit promu (Iruka manquait d'expérience), et Mizuki était un idiot arrogant qui allait se faire botter les fesses, mais... Natsu Hyuga avait à présent presque quinze ans et se montrait redoutable avec le Poing Souple. Peut-être qu'elle avait ses chances.

Hideyoshi Uchiha allait participer également, dans une équipe uniquement constituée de membres de son clan. L'isolationnisme des Uchiha s'accentuait encore. Tsunami avait déjà remarqué qu'il n'y avait quasiment plus aucun Uchiha exerçant ses fonctions de ninja hors de la police. Il y avait une kunoichi au service de cryptologie, un homme assez âgé qui était Chuunin... Et Shisui qui faisait partie de la Section Sensorielle (même si elle avait soigneusement évité de le croiser jusqu'à présent). Il y avait bien une poignée de Genins affectés à différentes équipes, mais ils devaient être moins de dix. La plupart des enfants du clan étaient à présent directement affectés à la police. Comme s'ils ne se donnaient même plus la peine d'essayer de s'intégrer, résignés et furieux face à l'inévitable méfiance de leurs pairs.

Il restait seulement trois ans avant le massacre.

Souvent Tsunami était tentée de renouer avec Shisui. C'était un élan désespéré, impulsif, viscéral. Il lui restait si peu de temps à vivre. Elle ne voulait pas qu'ils se quittent comme ça. Il avait été son ami, l'un de ses meilleurs amis. Il lui manquait. C'était injuste. Elle voulait l'avertir, l'aider... Ou plutôt, puisqu'elle savait qu'elle ne pourrait pas le sauver, elle voulait juste être là. Faire en sorte qu'il aille bien, le soutenir, rire avec lui, faire des projets. Elle se sentait si seule parfois, alors même qu'elle avait sa famille et tout un tas d'amis. Est-ce que Shisui se sentait seul ? Elle espérait désespérément que non. Il avait été son ami. Il était son ami. Il méritait mieux que ça.

Alors oui, elle était souvent tentée de renouer avec lui... Mais elle ne le faisait jamais. C'était étrange, d'avoir rompu avec un ami. De le connaître et d'avoir tant de souvenirs joyeux en commun, mais de se traiter comme des étrangers. Les livres et les films parlaient souvent de ruptures amoureuses qui faisaient mal, mais ils ne disaient jamais que les ruptures entre amis pouvaient être aussi terribles. Shisui et Tsunami s'étaient séparés, leur lien s'était fracturé, et elle ne savait pas comment recoller les morceaux. Elle n'était pas sûre que ça soit possible. Trop de temps avait passé, trop de distance, trop de choses qu'ils avaient vécus l'un sans l'autre. Elle avait peur que, si elle essayait, elle se heurte à un mur. C'était une chose que Shisui lui manque parce qu'ils étaient physiquement éloignés : ça en serait une autre qu'il lui manque toujours même après avoir repris contact, parce qu'il serait devenu un étranger. Alors oui, Tsunami avait peur que lui tendre la main ne fonctionne pas. Mais elle avait aussi peur que ça fonctionne. Elle avait peur qu'ils retrouvent exactement le même lien qu'avant, si intense et joyeux et innocent, et que tout lui soit arraché un peu plus tard. Shisui allait mourir, elle le savait. Elle l'avait accepté. Elle n'était juste pas sûre d'avoir accepté la douleur qui allait venir avec.

Alors elle ne faisait rien. Elle se contentait des amis qu'elle avait. Et elle en avait déjà tellement, avait-elle le droit de se plaindre ? Kumadori et Tessen, mais aussi Hayama-sensei. Yūgao, Iruka, Natsu Hyuga. Tokuma Hyuga, dans une certaine mesure. Anko. Gai, Genma, Tekuno. Tout un tas de gens qui l'aimaient et qui allaient survivre. Pourquoi ne pouvait-elle pas s'accrocher à eux, au lieu de se cramponner à ses regrets ?

Le temps passa. En mars, Izumi termina son année à l'Académie. En avril, elle fit sa rentrée pour sa cinquième et dernière année de scolarisation avant de devenir Genin. Tsunami commença à lui apprendre quelques Jutsu, notamment la Boule de Feu Suprême. C'était un rite de passage pour les Uchiha, et... Même si le clan les avait désavouées, Tsunami et Izumi restaient des Uchiha. Elles avaient un droit sur ce Jutsu. Et plus tard, Izumi apprendrait aussi leurs techniques de shurikens, que Tsunami avait jadis apprit de Shisui. Il fallait que le savoir continue à se transmettre.

Quelques jours plus tard, avant le début des examens Chuunin, tout un contingent de Genins et de Jounin-sensei se mit en route pour le pays des Cascades. Quasiment tous les amis de Tsunami en faisaient partie, et elle ne put s'empêcher de les regarder partir avec une certaine anxiété.

Elle s'inquiétait pour rien. Ils revinrent trois semaines plus tard, un bon tiers d'entre eux rayonnant de fierté et portant une veste de Chuunin toute neuve.

Yūgao et Tessen avaient été promus, mais pas Kumadori. Natsu Hyuga était également passée Chuunin, mais pas Iruka ni Mizuki. Tous les Uchiha qui étaient partis revenaient avec une veste neuve, y compris Hideyoshi qui avait l'air de flotter sur un nuage. Evidemment, Tsunami leur sauta au cou (sauf à celui d'Hideyoshi !) et les félicita chaleureusement. Elle avait été promue avant eux, mais elle avait toujours su qu'ils finiraient par la rejoindre. Kumadori et Iruka y parviendraient aussi, il leur fallait juste un peu de temps. Kumadori était un expert en genjutsu et Iruka un expert en pièges : leurs techniques n'étaient pas très spectaculaires, c'était la seule chose qui les retenait.

– Peut-être qu'on fera enfin des missions ensemble ! fit joyeusement Yūgao.

Les yeux de Tsunami brillèrent malicieusement.

– Mais quelle bonne idée. Laisse-moi te présenter mon commandant habituel...

oOoOoOo

Il s'avéra que Gai et Yūgao se connaissaient déjà. Ils avaient été présentés par Hayate Gekko, le tuteur de Yūgao en kenjutsu. Apparemment Hayate faisait partie du cercle des collègues proches de Kotetsu et Izumo, qui eux-mêmes suivaient Genma comme des poussins, et Genma était l'un des rares amis de Gai, alors leurs chemins s'étaient déjà croisés. Cela dit, la tête de Yūgao quand elle réalisa qui était le capitaine de Tsunami... Ça valait le détour.

Tsunami continua à effectuer ses missions de rang Chuunin. La mort de Hiroki, Harumi et Seto commençait à être assez distante : on lui confia une mission de capitaine, puis une autre, et sa période de mise sur la touche sembla terminée. Tsunami aurait cru qu'elle ne serait ravie, mais elle se sentait juste... indifférente. Ce n'était plus si important que ça, d'être une meneuse. L'important, c'était d'être forte. Elle faisait pas mal de missions avec Genma, avec Anko, avec Tokuma, avec Tekuno, mais à présent aussi avec ses vieux amis Yūgao ou Tessen. Et elle voulait les protéger. Que ce qui était arrivé à Hiroki et aux autres ne se reproduise plus jamais.

Un peu sur un coup de tête, et un peu parce qu'elle était jalouse de l'aisance de Yūgao avec une lame, Tsunami se mit à apprendre le kenjutsu.

Elle aurait du s'y mettre bien avant, réalisa-t-elle après coup. Déjà, se familiariser avec une arme de cette taille alors qu'elle-même était en pleine croissance (plus précisément en plein adolescence, avec des longs bras, des coudes pointus, et des pantalons qui devenaient trop petits tous les six mois) ne témoignait pas d'un excellent timing. Ensuite parce qu'elle était entourée de gens qui étaient ravis de la conseiller tout comme ils étaient ravis de se moquer d'elle. Yūgao maniait un sabre avec une grâce de danseuse, alors que Tsunami avait l'air d'un boucher maladroit. Anko savait manier un tantô avec une efficacité dévastatrice et se mit à l'utiliser systématiquement durant ses entraînements avec elle. Gai était le pire : il savait manier tout un tas d'armes, mais semblait mettre un point d'honneur à combattre à mains nues et à taper deux fois plus fort, comme pour prouver la supériorité de ses poings sur l'acier. Outch.

Heureusement, Tsunami avait deux avantages. Le premier était le Sharingan. Sur une semaine (et en prenant garde de bien se cacher), elle observa discrètement quelques sessions d'entraînements de Yūgao et Hayate, puis d'Anko et de Gai, et acquis immédiatement des bases solides. Quant à son deuxième avantage... C'était Hayama-sensei.

Eh oui. Tessen était Chuunin, et Kumadori en apprentissage de médic. Cela voulait dire qu'Hayama Shirokuma, Jounin expert en kenjutsu et sensei adoré de l'équipe 11, avait à présent pleiiiiin de temps devant lui !

Hayama-sensei avait toujours pris du temps pour la jeune fille, même quand elle avait quitté l'équipe après sa promotion au rang de Chuunin. Quand Tsunami venait voir son équipe, il était toujours heureux de la laisser se joindre à leurs entraînements, de l'inclure dans leurs conversations sur leurs possibles stratégies, ou de l'encourager à leur raconter ses différents projets. Tsunami n'avait pas vraiment d'équipe fixe, alors c'était toujours bon de se reposer sur ses vieux amis, mais surtout sur la sagesse de son mentor. Hayama-sensei l'avait d'ailleurs encouragée à poursuivre son Fūinjutsu, quand elle lui avait parlé de son Sceau-Suicide et de son Sceau Piège à Loups (il n'était pas tout à fait fini, mais ça progressait bien). Il l'avait même encouragée à en parler à l'Hokage. Cela dit, Tsunami ne l'avait jamais fait.

Pas qu'elle doutait de la pertinence des conseils d'Hayama-sensei, ou du succès de ses sceaux. Non, c'était juste que... Elle n'aimait pas le Sandaime. Oh, il était sympa avec Iruka, il avait un bon fond, il avait été un grand ninja, oui, bien sûr. Mais il était aussi le mec qui avait préféré s'écraser devant les demandes de Kumo et sacrifier Hizashi Hyuga. Il était celui qui avait laissé Orochimaru expérimenter sur les siens, refusant de voir la vérité durant de longues années. Il était celui qui laissait Danzō agir à sa guise, préférant garder ses œillères tout en sachant pertinemment que son vieil ami torturait des gamins pour en faire une armée obéissante de tueurs. Le Sandaime était le genre de personne qui, face à un haut-gradé de son conseil responsable pour le génocide d'un clan, allait couvrir l'affaire et garder ce mec au pouvoir plutôt que de prendre des mesures radicales. Alors non, Tsunami ne l'aimait pas.

Il y avait aussi son nom de famille. Elle était Tsunami Uchiha, et l'Hokage se méfiait de son clan. Itachi était-il déjà ANBU ? Avait-il déjà rapporté à ses supérieurs les rumeurs d'un coup d'état ? Peut-être. Mais même sans son intervention, l'Hokage ne pouvait pas ne pas voir le mécontentement de la police. C'était exactement en prévision de ce scénario que Tsunami avait fait de son mieux pour prendre ses distances envers le clan. Elle se présentait systématiquement comme « juste Tsunami », et ne portait pas l'emblème Uchiha (tout comme sa sœur et son petit frère). La police ne la traitait pas différemment des autres ninjas, c'est à dire qu'ils étaient brusques et impolis avec elle. Ils ne l'appelaient pas par son nom de famille non plus, mais par son prénom, comme si ça leur aurait arraché la langue de reconnaitre leur lien de parenté. Ça n'avait rien de surprenant : sa mère ne leur avait-elle pas quasiment craché à la figure, en les quittant non pas une, mais deux fois ? Alors Hazuki, et par extension ses enfants, étaient des parias et personne n'irait le contester. Ça convenait très bien à Tsunami. Plus il y avait de distance entre elle et le clan, et plus elle augmentait ses chances de survie !

Izumi commençait à suivre son exemple et cela faisait à présent deux ans qu'aucun prof de l'Académie ne mentionnait son nom de famille. Pour Tsunami, c'était la même chose avec ses supérieurs hiérarchique : pas un seul d'entre eux ne la connaissait sous le nom Uchiha. Quand il arrivait, exceptionnellement, que quelqu'un apprenne son nom de famille, c'était quand il le voyait écrit sur son dossier. Dans ces cas-là, Tsunami expliquait avec désinvolture qu'elle n'avait vécu que deux ans chez les Uchiha avant que sa mère soit virée pour le crime d'avoir eu des enfants avec un étranger. Les gens avaient tendance à compatir avec son histoire, qui peignait volontairement les Uchiha comme des enfoirés élitistes dédaignant son sang impur, et plus personne ne mentionnait l'affaire par la suite.

Bref. Tsunami n'aimait pas l'Hokage et l'Hokage se méfiait d'elle (ou du moins, il se méfierait s'il apprenait son existence), alors rester sur la touche lui allait parfaitement.

Elle ne l'avait jamais dit à Hayama-sensei et celui-ci n'avait pas creusé la question, pensant sans doute que sa réticence à se vanter de ses talents devant le leader du village était dû à de la timidité plus qu'à de l'antipathie. Mais après quelques semaines d'apprentissage de l'art du sabre, le sujet revint sur le tapis. Pas de la façon dont Tsunami l'aurait pensé, cela dit.

– Tekuno m'a dit qu'il t'avait conseillé de demander une promotion, lui dit un jour Hayama-sensei après leur entraînement au sabre.

Tsunami mit quelques secondes à se souvenir de cette fameuse conversation avec Tekuno Kanden, quelques mois plus tôt. Elle se souvenait avoir pensé que c'était une bonne idée. Mais... C'était avant la mort de Seto, Harumi et Hiroki. Après ce qui s'était passé, ça lui était sorti de l'esprit. Elle n'en avait plus eu la motivation.

– Vous pensez que je devrais le faire, sensei ? hésita-t-elle.

– Oui, déclara le Jounin sans ambages. D'ici un an ou deux, tu pourrais même directement passer outre le rang de Tokubetsu Jounin et devenir directement Jounin.

La mâchoire de Tsunami se décrocha. Jounin ?! Elle n'avait pas encore quatorze ans ! Elle n'avait pas le niveau ! Tokubetsu, encore, c'était raisonnable, parce que ça impliquait qu'elle avait le niveau Jounin dans un domaine spécifique, pas plus. Mais être un Jounin, c'était être l'élite dans à peu près tous les domaines. Et ça... Elle en était encore loin !

– Les Tokubetsu Jounin sont des spécialistes, pointa Hayama-sensei. Ils désirent développer leurs compétences dans un domaine particulier et y consacrer leur carrière. Beaucoup de Tokubetsu sont polyvalents et puissants, c'est vrai. Regarde Tekuno, par exemple. Mais ils ne sont envoyés que sur un certain type de mission, et se diversifier peut donc être plus difficile. Ce n'est pas ce que tu recherches, non ?

– Je n'ai jamais dit que je voulais me généraliser ! protesta faiblement Tsunami.

– Tu serais satisfaite avec une spécialisation en sabotage ? Ou avec une spécialisation en traque ? Tu es indubitablement une combattante de première ligne. C'est pour ça que e pense qu'il t'est inutile de demander une promotion de Tokubetsu : tu devrais viser directement le rang de Jounin. C'est davantage dans tes cordes... Et ce n'est pas hors de ta portée.

Tsunami se passa une main dans les cheveux d'un geste agité. A présent, sa chevelure ébouriffée lui tombait au milieu du dos, et partait dans tous les sens.

– Pas hors de ma portée ? Sensei, vous me surestimez un peu.

– Tu réussi à tenir le rythme de Gai, et il a été promu Jounin récemment.

– Il y a une différence entre tenir le rythme et être capable de lui faire face en combat !

Hayama-sensei fonça les sourcils :

– Ton niveau est quand même plus proche de celui de Gai ou de Tekuno qu'il ne l'est de celui de Tessen, Kumadori ou ton ami Iruka.

Certes. Mais si elle se comparait à Kakashi ou Shisui, Tsunami savait qu'elle était loin d'avoir le niveau. Son sensei poussa un profond soupir, puis asséna :

– Tu as largement le niveau Jounin en ninjutsu. Tu maîtrise quatre affinités élémentaires. C'est énorme. Moi-même je n'en connais que deux, le Fuuton et le Katon. Toi, en revanche, tu as des Jutsu de tous les éléments sauf le Doton. Peu importe que dans certains domaines, tes Jutsu ne soient pas très puissant : tu as la techniquepour les maîtriser, et tu as la force nécessaire pour enchaîner plusieurs techniques de rang A à la suite. Si on ajoute à cela ton taijutsu, qui est au niveau Tokubetsu Jounin... Tu es l'une des combattantes de première ligne les plus redoutables qu'on ait. Si on était en temps de guerre, tu serais envoyée face à des régiments.

– Des régiments ? couina Tsunami.

Hayama-sensei esquissa un sourire amusé :

– Il y a peu de chance que ça arrive en temps de paix, essentiellement parce que les ninjas ne se déplacent plus en armées complètes. Mais ton équipe est souvent envoyée face à des ennemis deux fois plus nombreux, non ?

Tsunami pensa à toutes les missions d'escorte ou de destruction qu'elle avait effectué avec Gai, Genma, Anko, ou même Raidō Namiashi, et réalisa avec un certain choc que neuf fois sur dix... Son équipe avait été en infériorité numérique. Parfois face à des ennemis sacrément costauds. Et ça ne lui avait jamaisposé de problème. Elle avait toujours été bonne pour la destruction à grande échelle.

Bon sang, Hayama-sensei avait sans doute raison. Si elle avait été envoyée face à un régiment entier... Oh, elle aurait complètement paniqué, oui. Elle serait sans doute morte. Mais pas sans livrer bataille, pas sans faire des dizaines et des dizaines de morts, même parmi les ninjas bien plus forts qu'elle. Tsunami avait les réserves et les techniques nécessaires pour être une véritable arme de destruction massive. En temps de guerre, elle aurait été envoyée au front.

– La force brute ne suffit pas à être Jounin, continua Hayama-sensei. Il faut être intelligent, expérimenté et compétent, et tu l'as prouvé en effectuant de multiples missions avec tout un tas de partenaires différents. Tu es polyvalente. Tu sais commander mais tu sais aussi obéir aux ordres. Et tu as tout un panel de compétences accessoires qui te classent dans l'élite des troupes de Konoha. Ton Fūinjutsu, tes capacités de ninjas sensorielles, ta formation en traque et pistage, ta spécialité en sabotage, et maintenant ton apprentissage du kenjutsu. Je suis sérieux, Tsunami : tu es largement au rang de Tokubetsu Jounin... Et te spécialiser dans un seul domaine serait gâcher ton talent. Tu as la possibilité de passer directement Jounin en un an ou deux si tu te consacres davantage à ton entraînement.

– Argh, fit faiblement la jeune fille.

Dis comme ça, elle avait l'air badass. Mais on était encore loin du niveau qu'elle visait (celui de Kakashi le Ninja Copieur, ce qui n'était pas rien).

Cela dit... Les arguments d'Hayama-sensei étaient logiques. Et... Elle ne se sentait pas le niveau d'une Jounin, c'était sûr, mais d'ici un an ou deux... Ce n'était pas impossible. Elle aurait alors quinze ans, elle aurait largement eu le temps d'acquérir de l'expérience et d'apprendre davantage de Jutsu. Elle ne serait plus le genre de personne qui rentrait à la maison seule survivante de son équipe.

– Qu'est-ce que vous me conseillez, alors ? finit-elle par dire.

Hayama-sensei sourit :

– Continue à travailler ton Fūinjutsu. Effectue plus de missions de traque, de reconnaissance et de capture. Entraîne-toi avec Gai. Apprends d'autres Jutsu. Fais mettre à jour ton dossier administratif pour noter tes compétences en sabotage et tes différentes affinités élémentaires, et rajoute une note sur ton expertise avec les sceaux. Je vais te recommander pour une promotion future. Ensuite... Ça dépendra de l'Hokage.

Hayama-sensei était toujours de bon conseil, alors Tsunami obéit. Elle fit mettre à jour son dossier (changer sa photo d'identité, rectifier ses scores en taijutsu et ninjutsu, noter ses différentes spécialités...). Elle se porta volontaire pour davantage de missions au service de la Section Sensorielle et de la Section Intelligence. Cela lui permit de faire plus de missions avec Anko, qui se spécialisait dans la capture et l'assassinat, mais aussi avec des traqueurs experts dont elle pouvait beaucoup apprendre. Tokuma Hyuga traquait les gens grâce à son Byakugan, mais il savait aussi se mettre dans la tête du fuyard pour anticiper son parcours, ou détecter les fausses pistes placées par leur cible pour envoyer ses poursuivants sur le mauvais chemin. C'était des choses utiles à apprendre. Un Inuzuka de la Section Sensorielle lui apprit aussi les rudiments de la traque par l'odorat, et un ninja sensoriel nommé Tonbo lui enseigna comment détecter les traces de chakra laissées par le passage de quelqu'un sur l'écorce d'un arbre escaladé à la hâte ou sur les cailloux d'un chemin.

Tsunami continua aussi à développer sa force brute. Pour le taijutsu, il n'y avait pas de meilleur adversaire que Gai, mais elle ne voulait pas trop s'habituer à toujours affronter le même style de combat. Elle s'entraînait donc assez régulièrement avec d'autres adversaires. Souvent Anko, qui balançait des serpents furieux et des tas de poignards dans ses attaques de taijutsu. Ou bien Tessen ou encore Yūgao. Occasionnellement, elle s'entraînait avec Tokuma Hyuga ou Natsu Hyuga, parce que le Poing Souple état l'un des styles les plus destructeurs qui soit et que c'était un excellent exercice pour développer son sens de l'esquive. Et puis, Tsunami essayait de bosser un peu avec Iruka, Kumadori, Genma, Kotetsu et Izumo. S'entraîner lui servait aussi de prétexte pour passer du temps avec ses amis.

Kumadori était le seul membre de l'équipe 11 à être encore Genin mais Tsunami ne le négligeait pas pour autant. Il avait largement le niveau Chuunin, il manquait juste de Jutsu frappants dans son arsenal. Et puis... C'était grâce à lui (et à son accès aux morgues) qu'elle avait pu mettre au point le Phénix en Cage : elle lui devait une fière chandelle. Bref, Tsunami mit un point d'honneur à lui rendre visite régulièrement et à lui enseigner quelques ninjutsu, en échange de quoi Kumadori l'aidait à bosser ses genjutsu. Il était cependant assez évident que ça ne serait jamais la spécialité de la jeune fille. Du coup, Kumadori décida de lui apprendre quelques ninjutsu médicaux basiques. Un Jutsu de diagnostic, et la Paume Mystique qui permettait de refermer les plaies. D'une certaine façon, question contrôle du chakra, c'était encore pire que le genjutsu. Et en plus, il fallait voir de solides bases théoriques ! Tsunami se retrouva à étudier d'épais bouquins d'anatomie et de médecine.

Bon, d'accord, connaître la Paume Mystique pourrait lui sauver la vie (et celle de ses camarades). Ça valait le coup de travailler. Mais argh ! Elle avait horreur de ça.

Tsunami ne négligeait pas pour autant sa spécialité : le ninjutsu. Vu qu'elle utilisait à présent un sabre de manière passable, Hayama-sensei se mit à lui enseigner quelques Fuuton qui s'utilisaient en combinaison avec du kenjutsu. Il fallait admettre que c'était vraiment destructeur. Surtout quand on combinait ça avec un Katon. Tsunami en connaissait à présent un paquet, et elle s'empressa de créer différentes combinaisons toutes plus explosives les unes que les autres.

La jeune Uchiha acheva son sceau Piège à Loupau mois de juin, peu avant l'anniversaire des onze ans d'Izumi. Contrairement au Sceau-Suicide, au Sceau du Phénix en Cage, et au Sceau Seimon... Elle n'avait pas de raison de cacher l'existence de cette création-là. Tsunami décida donc de faire enregistrer son sceau dans les archives du village. Bon, il faudrait un expert pour dessiner ce sceau, et il faudrait sans doute être un Chuunin assez avancé pour l'utiliser, mais... Donner sa création au village semblait quand même être la bonne chose à faire. La plupart des ninjas gardaient leurs créations pour eux. C'était compréhensible, quand il s'agissait de Jutsu : la transmission orale était la meilleure. Mais avec les sceaux, c'était différent. Le Fūinjutsu était si rare et si précieux depuis la disparition des Uzumaki ! En priver Konoha serait égoïste. D'autant que c'était un sceau de capture. Un moyen d'arrêter un ennemi sans faire de mal à personne. Un sceau de protection, pas de destruction. Quelque chose qu'il serait utile de connaître pour les générations futures.

Elle parla de son sceau (ou plutôt, elle s'en vanta) à tous ses amis. Elle l'apprit même à ceux qui étaient intéressés et qui avaient le talent en Fūinjutsu pour le maîtriser, c'est à dire Iruka (partager leurs découvertes utiles était une longue tradition, datant de leur invention des notes explosives à paillettes), Anko, et Tekuno Kanden. Puis Tsunami remplit les formulaires nécessaires, présenta son rapport à l'archiviste, et enregistra son sceau comme une création donnée à Konoha et accessible à tout ninja de rang Chuunin ou supérieur.

A sa grande surprise, l'Hokage le remarqua.

Peut-être qu'en rétrospective, ce n'était pas surprenant. Il y avait peu d'experts en Fūinjutsu au sein du village. Et ceux qui maitrisaient cette compétence n'étaient pas du genre à partager leurs trouvailles. Alors quand, quelques jours après avoir enregistré son sceau, elle fut convoquée devant l'Hokage pour « une mission spéciale en rapport avec sa création de Fūinjutsu »... Elle se sentait un peu nerveuse, mais pas vraiment surprise.

L'Hokage la reçut dans son bureau, sans les membres du conseil, avec un garde de chaque côté de la porte et deux assistants faisant sa paperasse à ses côtés, comme pour n'importe quelle attribution de mission. Cela dit, le regard qu'il posait sur elle était un peu plus attentif que d'habitude. Tsunami avait déjà reçu des missions de l'Hokage, mais c'était généralement des tâches d'escortes ou d'attaque qui nécessitaient de faire partie d'une équipe, et c'était sur Gai ou Genma que le regard du Sandaime s'attardait. Là, il était focalisé sur elle comme si elle était un puzzle intéressant à déchiffrer.

– Tsunami Uchiha, la salua-t-il chaleureusement. J'ai été très impressionnée par tes notes. J'ignorais que tu étais une experte en Fūinjutsu.

– Euh, hésita-t-elle. Je ne dirais pas que je suis une experte. C'est un domaine très vaste.

– Tu es plus avancée que quasiment tous mes Jounins, pointa le Sandaime. Cela suffit à te qualifier d'experte. Hayama m'a parlé de ton désir de promotion. C'est tout à fait envisageable. Mais tant que tu es Chuunin, j'aimerai que tu effectues un apprentissage auprès d'un expert.

Tsunami plissa les yeux, soudain suspicieuse. Les yeux de l'Hokage pétillèrent.

– Le Sannin Jiraya est actuellement en mission à l'extérieur du village. J'avais l'intention de le laisser vagabonder encore quelques temps, mais l'opportunité est trop bonne. Il refusera sans doute de te prendre pour élève : dis-lui que c'est un ordre de ma part. Tu as pour consigne d'apprendre tout ce que tu peux de lui durant trois mois, puis de revenir avec son rapport et les éventuels, euh, documents qu'il te remettra.

La première pensée de Tsunami fut : je vais devoir coller aux basques de Jiraya le pervers ?! Mais il va m'envoyer balader ! Et je ne veux pas voir sa sale tête !

La deuxième fut : bon ça vaut mieux qu'un apprentissage auprès de Danzō, qui est l'unique autre expert de Konoha en Fūinjutsu ! Brrr. Ça pourrait être pire. Et au final je dois ramener son rapport, donc je ferais quelque chose d'utile, il s'agit sûrement de ses trouvailles en tant que maître espion...

Mais la troisième fut : une petite minute. Il a parlé de « documents ». Bordel de nouilles, est-ce que l'Hokage utilise ça comme prétexte pour m'envoyer aller chercher son porno ?!

.

.

En lisant la dernière ligne, ma Bêta était en mode "noooon, quand même pas..." Mais si, mais si, le Sandaime en est tout à fait capable xD

Enfin bref. Dans le prochain chapitre : Jiraya ! Spoilers : Tsunami ne va guère l'apprécier... x)

Allez, question du jour : que pensez-vous du sceau du phénix en cage, inventé par Tsunami pour faire exploser la tête des voleurs de Sharingan ? Utile ? Pas assez utile (met beaucoup de temps à s'activer) ? Parano de la part de Tsunami ? Ou, au contraire, fatalisme de la part de Tsunami ?

A bientôt !

.

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