Choisi (édité)

Da DaRio98

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Jeune homme sans histoire, Sébastien fait une rencontre qui va bouleverser sa vie et précipiter sa mort. Cett... Altro

Le retour de Sébastien
Je suis une ombre
Je ne suis plus humain
Les vampires existent
Elle était belle
Le retour des rangers bleues
Se réveiller dans un lit qui n'est pas le sien
Ce qui peut changer en trois jours
Cauterets
Un soir comme les autres
Tu me plais bien
Ca sera douloureux
Les règles
Ma transformation
J'étais mort
Un Choisi
La nuit
Appât
Qui voudrait vivre pour toujours ?
Destination Togo
Blake
Apprendre par la douleur
La faim
Le regard d'Amy
Se débarrasser du corps
Nous sommes des dieux
La LOTUS
Profil bas
Finance
Naples
Un allié
L'arrêt de bus
Encore un cadavre à cacher
Je veux être comme toi
Londres
Mon apprenti
Assassin
Un rêve de famille
Emancipation
Mon premier contrat
Le testament
Merci

Avertissement

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Da DaRio98

Gonflé à bloc, je ne pus retourner à l'hôtel. J'errai dans la cité quelques heures. Marchant au hasard, je me perdis dans l'architecture extraordinaire de la vieille ville, sans pour autant y prêter une grande attention. J'étais bien trop intéressé par les âmes vagabondes qui glissaient, telles des ombres.

Ici, une femme pressée, enveloppée dans un tailleur strict et dont la chaleur corporelle excitait mon appétit. Là, un étudiant sur roulettes au rythme cardiaque qui tambourinait à mon tympan. Plus loin, une petite fille à la peau tendre et délicate exhalait un parfum qui me fit saliver. C'était à peine supportable. Tant de monde, tant de repas potentiels et tant d'envies. Je m'éloignai du centre pour rejoindre le bord de mer, espérant que les embruns noieraient les odeurs qui m'appelaient de toute part.

C'est alors que mon alarme se mit en route : un autre Choisi était là. Je m'immobilisai, cherchant du regard un être surnaturel dans la masse mortelle alentour. J'étais à côté du Royal Continental, sur la via Partenope. Un car venait de lâcher une quantité de touristes bridés, mais la rue était presque vide de piétons. Une femme marchait dans ma direction, le long de la mer. Dans le sens opposé, un homme avançait et deux autres s'éloignaient. Près de l'hôtel, on s'agitait, criait, prenait des photos, se bousculait. Personne ne semblait faire attention à autre chose que le groupe. L'immortel était donc la fille en jogging ou le cadre dynamique qui approchaient.

C'est étrange de constater comme mon sentiment de toute-puissance fondit comme neige au soleil durant les quelques secondes qui s'écoulèrent. À cet instant, j'étais redevenu le Sébastien humain, sans pouvoir et sans courage. S'il n'y avait eu cette balustrade derrière moi, j'aurais emprunté le chemin qui mène à la mer pour éviter un affrontement direct. Mon cœur accéléra et frappa avec force dans ma poitrine. Mes paumes devinrent moites et je tentai de prendre de bons appuis au sol pour le cas où je devrais détaler. Je jetais un regard furtif à l'homme, plus proche. Il me sourit poliment et j'accrochai ma main sur le parapet. Quand il passa près de moi, je perçus un reste de Giorgio Armani qui camouflait avec peine une odeur de sang, bien trop humaine pour un Choisi. C'était la femme ! Je tournai les talons pour faire face à ma consœur. Elle était là, à une longueur de bras de moi, me souriant de tous ses crocs, d'un blanc sans tache. Sous la surprise, je faillis tomber à la renverse et me retint au muret pendant qu'elle éclatait de rire. Je me redressai comme je pus, essayant de retrouver une contenance. Rien n'y fit : elle se foutait ouvertement de moi.

Elle baragouina quelques mots, puis dut lire dans mon regard que je ne comprenais rien. Elle répéta en articulant de façon exagérée et je haussai les épaules, débarrassé de ma peur stupide. Elle semblait plutôt inoffensive, après tout.

— English ? fit-elle alors, avec un accent horrible et comblant un peu de la distance qui nous séparait.

— Or French, tentai-je puisque les Choisis semblaient connaître toutes les langues.

Elle sourit de plus belle et je réalisai qu'elle ne portait pas de lunettes de soleil. Elle devait donc être vieille, si je m'en référais à ce que m'avait expliqué Amy.

— Alors en français, fit-elle. Tu être nouveau en Napoli ? Nouveau Choisi aussi ?

J'acquiesçai. Son horrible accent était toujours là lorsqu'elle parlait français. J'ignorais que penser d'elle. Il me fallait déguerpir. Je ne me rappelais plus grand-chose des histoires de Castes dont m'avait abreuvé mon Sire, mais je savais en revanche que les nôtres s'entretuaient parfois. Elle n'avait pas l'air menaçante, mais je ne désirais courir aucun risque.

— Tu ne dois pas être peur, fit-elle alors avec une voix douce en posant sa main sur mon avant-bras. Je ne veux pas te tuer. Pas aujourd'hui.

Cette précision me glaça le sang ! Elle m'annonçait de but en blanc qu'elle projetait de m'éliminer. Et je ne sus que répondre. Mon ancien moi refaisait encore surface.

— Ici, la mer, Santa Lucia, c'est à moi, reprit-elle en serrant plus fort mon bras. Mon territoire.

La pression, très supportable au début, se fit de plus en plus forte. La douleur augmentant sérieusement, je tentais de m'arracher à sa prise sans le moindre succès.

— OK ! soufflai-je pour juguler la douleur. Je ne dois pas tuer sur ton terrain de chasse ?

— Si ! Tu as compris. Fais comme ça, et tu ne plus me voir.

Je pensais qu'elle allait en rester là et reprendre sa route. Pourtant, elle me toisa sans rien ajouter pendant de longues secondes.

— Si tu recommencer... je tuer tu.

En prononçant ces derniers mots, elle imprima un très léger mouvement de torsion, et j'eus le plus grand mal à retenir un hurlement lorsque le crac retentit. J'ignorai lequel du cubitus ou du radius avait cédé, mais je n'avais aucun doute : elle venait de me fracturer le bras, avec le sourire.

Et elle reprit sa route sans jamais se retourner. Je serrai mon membre douloureux contre ma poitrine, essayant de garder une attitude digne face aux humains qui continuaient de vaquer à leurs occupations insipides. Je venais d'être victime d'une agression violente en pleine rue et personne n'avait bougé ! L'ironie du karma, sans doute.

Je fis volte-face à mon tour et avançai au hasard. Je ne pouvais pas rester ici.

Il y avait donc des territoires ! Et Amy s'était bien abstenue de me mettre en garde. Quelle garce !

Douché par cette rencontre, je rentrai à l'hôtel. Il me vint cependant une question : comment savait-elle ? M'avait-elle vu prendre la vie de ce pauvre type ? Si elle m'avait surpris à boire du sang au cou d'un inconnu, d'autres avaient pu en être témoins aussi. C'était logique ! Ma belle assurance s'évanouit en totalité et je décidai de me cacher. S'il y avait eu des spectateurs, on m'aurait sans doute dénoncé. Un avis de recherche était peut-être en cours de rédaction dans un commissariat quelconque. La LOTUS me courrait bientôt après. J'étais foutu !

Les jours suivants furent une succession monotone, sans intérêt. Mon bras fut guéri dès le lendemain. Pourtant, chaque fois que je sortais de l'hôtel, et où que j'aille, je ressentais la présence d'un Choisi. Impossible d'être sûr de qui il s'agissait. Était-ce d'ailleurs toujours le même ? Au début, je cherchai à le situer, voire l'authentifier. Mais bien vite, je compris que je n'étais pas doué à ce jeu.

Je déambulais donc, la peur au ventre, me retournant au moindre son, scrutant les petites rues avant de m'y engager, tendant l'oreille à l'affût d'un bruit suspect. Malgré la toute-puissance de ma position par rapport aux mortels, j'avais la sensation d'être une proie facile.

Après trois jours, je m'enfermai dans ma chambre. J'avais assez de bouteilles pour patienter jusqu'à l'arrivée de mon Sire. Plus j'y songeais et plus je lui en voulais de m'avoir abandonné sans une explication. Mes pensées étaient très confuses au sujet de cette femme. J'alternais entre fascination absolue, haine pure et amour inconsidéré. Aucun n'avait vraiment l'avantage, en l'occurrence.

Enfin, le jour arriva, et lorsque je pris la route vers le point de rendez-vous, j'étais tel un lion enragé, prêt à la dévorer. Je voulais qu'elle paie pour cette humiliation. Je m'imaginais nos retrouvailles devant le château. Je serais en retard, pour ne pas avoir à l'attendre, et lui lâcherais mes griefs au visage comme un boulet de canon, sans lui laisser le temps de comprendre quoi que ce soit. La surprise aiderait à lui clouer le bec et j'aurais l'occasion de libérer ma propre colère. Je répétais les mots sur le trajet, les poings serrés et une légère appréhension au fond de la gorge. Ma détermination était intacte.

Amy était là, de dos, les yeux rivés sur le vieux « château neuf ». Je la sentis avant de la voir. Elle ne montra aucune réaction à son alarme interne et attendit que je sois juste à côté pour se tourner enfin vers moi, le sourire aux lèvres.

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