Lancelot parcourait en courant les couloirs de Poudlard. Quelques fois, il croisait d'autres élèves qui murmuraient des choses inaudibles au deuxième année. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il avait un mauvais pressentiment. Il se demandait ce qui arriverait si Bohort se faisait encore attaquer. Il n'aurait pas dû partir tout seul pour aller retrouver Léodagan, après ce qui était arrivé ces derniers temps. Lancelot aurait aimé avoir son couteau, qu'il gardait caché dans un tiroir de sa table de chevet. Il se sentait lié à ce cadeau que son père lui avait fait quelques jours avant de mourir. Et l'adolescent détestait s'en séparer quand il était en cours.
Il finit par retrouver Bohort, caché derrière une colonne de pierres. Lancelot le rejoignit et il se cacha également, sans vraiment comprendre pourquoi. Bohort tenait sa baguette d'une main tremblante et il semblait terrorisé, mais ça, Lancelot commençait à s'y habituer.
- Pourquoi on se planque ? demanda le Griffondor.
- Je... je sens une présence maléfique, Lancelot, répondit Bohort d'une petite voix. J'ai peur. Et si Léo était en danger ? Il faut y aller !
- Non, attends, ordonna Lancelot. On va pas y aller sans réfléchir, c'est du suicide. On va...
Il s'arrêta en remarquant que Bohort ne l'écoutait pas. Il passa sa main devant les yeux de son ami.
- Hé, t'as bugué ?
- Elle va arriver, Lancelot ! s'exclama Bohort. Elle va révéler les Liens du Sang pour... pour nous tuer !
- Bien, très bien, petit Griffondor, dit une voix de fille.
Elle apparut devant eux comme par magie. Ses boucles noires descendaient en cascade sur ses épaules et ses yeux bleus étaient vides d'expression. Elle sourit et caressa la joue de Lancelot, qui eut un mouvement de recul.
- Je... je comprend pas, avoua-t-il.
- Écoute-moi bien, Lancelot Dulac, ordonna calmement Chloé, celle qui était entrée dans le dortoir des Griffondor, un soir. La révélation des liens du Sang va signer la fin du monde. Ouais, carrément. C'est pour ça que Mimi Geignarde a voulu tuer Bohort, pour sauver ce monde des Liens du Sang. Les âmes liées seront si puissantes quand elles seront enfin révélées au grand jour. Je dois vous garder en vie, pour détruire le monde entier. Alors je vais vous emmener avec moi en attendant le bon moment.
Elle attrapa Bohort par le bras et tenta de l'attirer vers elle. Mais elle n'y parvint pas, car l'arrivée de Léodagan la déconcentra.
- Tu le lâches, ordonna fermement le cinquième année. Tout de suite.
- Léodagan, c'et pas raisonnable, dit Chloé en lâchant Bohort à contrecœur. Tu le sais, n'est-ce pas ? Bon, je reviendrai.
Le lendemain matin, Guenièvre prévint Léodagan que Kelly allait envoyer un Poufsouffle le combattre en duel. Lancelot avait fait remarquer que les duels de magie étaient interdits dans l'enceinte du château, et Bohort avait approuvé, craignant les ennuis. Mais ils savaient tous que Kelly ne renoncerait jamais à l'envie de tuer Léodagan. Ils avaient passé la journée à s'inquiéter pour le duel du soir. Une fois retournés dans la Salle Commune de Griffondor en attendant qu'on vienne les avertir du début du combat, ils eurent tout le loisir de paniquer. Seul Léodagan gardait son calme, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Bohort était allé chercher des Dragibus sans que les autres ne comprennent vraiment pourquoi. Le cinquième année en donnait aux autres pour tenter de les calmer, et il se dit qu'ils seraient tous malades le lendemain matin. Il se demanda ce que pensaient les autres Griffondor en les voyant paniquer en mangeant des Dragibus.
- Léodagan, Elias me dit de te dire que le duel va commencer, annonça Rohan en s'approchant d'eux. Il vous attend devant avec ce con de Merlin.
- OK, dit Léodagan en attrapant sa baguette. On y va.
- Léo, tu vas te faire tuer ! s'écria Bohort. Et si tu te bats contre le garde du corps flippant de Kelly ? J'ai peur, Léo !
- Je sais. Mais moi je vais bien, et je te jure que ça va bien se passer.
Il n'était pas du tout d'accord avec ce qu'il disait, mais il s'efforça de prendre un air déterminé et ils sortirent de la Salle Commune. Elias et Merlin les attendaient impatiemment.
- Magnez-vous ! ordonna Elias. On va être en retard.
- Qu'est-ce qu'on en a à foutre ? demanda Léodagan. Je te rappelle que je me bat, ils vont pas commencer sans moi. Il va faire quoi, le mec en face, se battre tout seul ?
- Ça va, Merlin ? demanda Arthur.
Le Poufsouffle couina et hocha la tête en signe d'approbation. Arthur eut du mal à le croire, avec son nez qui ne pointait plus dans la bonne direction. Les cheveux de Merlin prirent une teinte mauve, signe qu'il était gêné.
- Faut y aller, maintenant, annonça Elias. T'es prêt, Léo ?
- Ouais, ça va, répondit Léodagan. Enfin, si on vire le fait que je vais probablement me faire tuer par une folle.
- Folle, on peut le dire, marmonna le Serpentard.
Ils partirent en direction de la cour. Les élèves de Poudlard qui les voyaient passer ouvraient de grands yeux et murmuraient en pointant Léodagan du regard. Quelques Poufsouffle leur lancèrent des cailloux ou des livres. Ils arrivèrent enfin à la cour, où étaient rassemblés une cinquantaine d'élèves. Des Poufsouffle et des Griffondor, mais aussi des Serpentard et des Serdaigle. Ceux-ci avaient la chance de ne pas participer à la guerre qui avait débutée. Cela dit, des alliances avaient déjà été formées. Ce qui expliquait la présence d'Elias, Venec, Mevanwi, Guenièvre, Perceval et Karadoc à leurs cotés.
Kelly était fièrement placée près de son garde du corps, qui ne semblait pas spécialement prêt à se battre. Un cercle s'était dessiné au centre de la cour, pour former les limites du terrain. Les élèves étaient rassemblés autour comme s'ils s'apprêtaient à regarder un combat de chiens. Léodagan se plaça au centre, laissant ses amis au premier rang. Bohort était caché derrière Lancelot, pour plus de sécurité. Guenièvre les avait rejoints, aussi inquiète qu'eux.
- Alors, le meurtrier, cracha Kelly, on met longtemps à arriver ? Je vais te présenter mon combattant, même si tu le connais sûrement déjà.
Des Poufsouffle poussèrent un garçon de leur maison dans le cercle. Ses cheveux noirs s'agitaient au vent, et ses yeux bleus d'habitude si pleins de vie étaient remplis de larmes.
- Perceval ?! s'écria Léodagan.
- Mais ça se fait pas ! protesta Arthur. Il est dans notre camp à nous !
- Foutez-lui la paix ! cria Karadoc, un peu plus loin. C'est pas juste ! C'est de la triche !
Léodagan remarqua une aura jaune qui entourait le visage de Perceval. Il eut un mouvement de recul en comprenant soudain la situation. Le sortilège de l'Imperium, qui permettait de contrôler n'importe qui. C'était un sortilège impardonnable, qui pouvait vous envoyer à la prison d'Azkaban. Si jamais Dumbeldore venait à l'apprendre, Kelly serait immédiatement renvoyée.
- Kelly, c'est pas du jeu de te servir de gens qui ont rien demandé, dit calmement Léodagan. Laisse-le tranquille, c'est débile.
- Le duel commence ! annonça Kelly d'une voix forte.
Léodagan avait beau être un des meilleurs duellistes de Poudlard, le pouvoir de Perceval devait lui être très utile. Même si ça lui causait de nombreuses crises de larmes des migraines, son pouvoir se révélait assez pratique. Il pratiquait la Légilimancie, le pouvoir de lire dans les pensées ou les souvenirs des gens. Hélas, maîtriser ce pouvoir était très compliqué, ce qui faisait qu'il entendait parfois involontairement les pensées des autres. Et vu le nombre d'élèves à Poudlard, ses amis comprenaient que ça devait être difficile à vivre.
Perceval pouvait donc prédire les attaques de Léodagan, ce qui lui donnait un avantage assez handicapant pour le cinquième année. Le jeune Poufsouffle pointa sa baguette sur Léodagan.
- Expelliarmus ! s'écria Perceval.
- Protego ! se défendit Léodagan.
Le combat continua comme cela pendant au moins dix minutes. Perceval anticipait toutes les attaques de son adversaire, laissant toujours celui-ci dans une très mauvaise posture. Le deuxième année allait porter le coup fatal, qui mettrait fin au combat, quand les professeurs Dumbeldore et McGonagall traversèrent la foule pour les arrêter.
- Encore vous, Léodagan ! fit remarquer la professeure de métamorphose.
Arianne, qui les suivit, arracha pour la deuxième fois depuis deux jours sa baguette des mains de Kelly. Le sortilège qu'elle avait jeté à Perceval s'annula aussitôt. Le jeune Poufsouffle regarda autour de lui, sans comprendre ce qui lui arrivait. Puis il sombra dans l'inconscience, tombant et se cognant la tête sur le sol de pierres. Karadoc se précipita vers lui et se mit à insulter tous les Poufsouffle qui riaient aux éclats.
- Professeur McGonagall, dit Arthur. nous ne sommes pas responsable de ça. C'est Kelly qui a provoqué Léodagan en duel.
- Mais Kelly ne s'est pas battue, pourtant, dit Dumbeldore.
- Elle a envoyé Perceval pour son pouvoir de télépathie.
- Entre ceux qui font de la Légilimancie et les Métamorphomages, ça devient vraiment n'importe quoi, grommela Léodagan.
- Je suppose que vous allez encore finir dans le bureau du directeur, soupira McGonagall. Que ça vous serve de leçon.