Tout ce que tu feras (tu le f...

By PatriceLandry

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Lorsque Quentin apprend que sa femme le quitte après 6 ans de passion, il décide froidement de l'assassiner m... More

Avis aux lecteurs
En guise d'hors d'oeuvre
Chapitre 1 - Les aveux
Chapitre 2 - Le témoin
Chapitre 3 - Ballade en banlieue
Chapitre 4 - Dans les nouvelles
Chapitre 5 : La nuit ne porte pas conseil
Chapitre 6 - Ô nuit d'enfer, démone de nuit
Chapitre 7 - L'évasion
Chapitre 8 - Une prison en soi
Chapitre 9 - L'initiation
Chapitre 10 - Une nouvelle vie
Chapitre 11 - À la recherche de la vérité
Chapitre 12 - Première mission
Chapitre 13 - Derrière les portes closes
Chapitre 14 - Allers et retours
Chapitre 15 - L'ombre et la clé
Chapitre 16 - Le dernier repos d'Élaine
Chapitre 17 - Mariette au pays des merveilles

Épilogue

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By PatriceLandry

Il n’existe pas de nuit complètement noire. La noirceur est une illusion car tout est lumière.

C’est la première pensée qui tira Quentin de sa propre noirceur. Ce fut peut-être ce qui le sauva, également. D’abord, il crut qu’il avait rêvé. Il entendait une voix féminine et il la confondit avec celle d’Élaine. Il esquissa un sourire et tenta d’ouvrir les yeux. Mais, il savait que la réalité venait encore de dépasser la fiction. Il sentit une douleur au bras droit, une chaleur intense qui partait du coude et montait jusqu’à son cou. Il entendait d’autres voix. Il n’était pas seul. Alors monta en lui une certaine crainte de se voir à nouveau confronté à Matheus, la dernière image qu’il avait de lui. Ce monstre ne l’avait pas avalé, finalement, ni ne l’avait tué. Il était bien vivant. Mais, il se demandait où il pouvait bien se trouver. Il essaya à nouveau de soulever ses paupières mais il ressentit une résistance et n’insista pas davantage. Il se concentra sur les voix mais elles étaient aussi floues que ses idées qui se bousculaient dans sa tête.

Il n’avait aucune espèce d’idée de ce qui s’était passé après que Matheus avait tendu les bras et l’avait enveloppé. Il percevait encore l’odeur de roussi qui lui avait donné la nausée mais rien ne subsistait de cette attaque surprise.

Il ne réalisa pas que ses yeux s’étaient ouverts d’eux-mêmes. Il fixait un plafond aux teintes d’un vert dilué. Il bougea la tête vers la droite et réalisa qu’il était dans une pièce assez large qui avait des allures en tout point communes avec la chambre dans laquelle il avait séjourné lors de son passage chez Matheus. Une fenêtre donnait sur quelques arbres dénudés. Il tourna la tête de l’autre côté et vit les appareils auxquels il était branché. Il était dans une chambre d’hôpital, cloué dans un lit, son corps engourdi par la médication. Il était seul. Les voix qu’il entendait parvenaient du corridor de l’autre côté.

Ainsi, il avait encore survécu à la folie de Matheus. Il n’arrivait à se défaire de l’image de l’être brûlé au troisième degré qui avait tenté de l’avaler, car c’était bien cela qui s’était passé, il en était certain. Quelqu’un allait bien venir et lui expliquer. Que faisait-il là, dans un lit d’hôpital, seul, alors qu’il devrait être étendu sur le plancher de sa cuisine, probablement mort? Qui était intervenu pour le sauver?

Il avait l’impression que le compte à rebours était à nouveau en place et qu’il fonçait vers un autre destin trouble dont il ne voulait rien savoir. Il voulait qu’On le laisse en paix, qu’il oublie toute cette histoire de mort et d’anges au service d’une force de l’univers supérieure à tout ce qu’on pouvait imaginer.

Il essaya de se lever mais la force n’y était pas. Il était cloué ici à attendre qu’on veuille bien s’occuper de lui. Il essaya d’appeler mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge.

Puis, il ferma les yeux. Il était encore épuisé, ne sachant toujours pas ce qui s’était passé. Un ombre se profila derrière ses paupières closes. Il perçut un souffle puis une main se posa sur son épaule. Il ne reconnut pas immédiatement l’homme qui était près de lui quand il osa enfin voir ce qui se tenait devant lui. Il s’attendit au pire et, bien qu’il se sentait soulagé de s’être libéré de ses crimes et de sa torpeur, il ne désirait pas mourir si rapidement. Deux fois, en quelques heures, il avait vu des monstres foncer sur lui. Deux fois, il avait cru que sa dernière heure était arrivée et pourtant, chaque fois, il s’était réveillé dans le confort incertain de la vie.

Cet homme qui le regardait avait des traits qui lui étaient familier. Où avait-il déjà vu cet homme? Ce n’était pas le policier qui l’avait interrogé ni quelqu’un des pompes funèbres. Un journaliste de la télé? Un des gars qui accompagnaient Kevin? Il cherchait désespérément, un glas morbide cognant contre sa tête. Il sentit monter en lui une panique qu’il ne pouvait contrôler. Puis, tout devint clair. Il put mettre un nom sur cet inconnu grâce à ses yeux.

« Margolain? parvint-il à dire dans un râle à peine perceptible. »

Ce n’était pas le même être qu’il avait rencontré dans les bois ni dans la chambre du manoir de Matheus. De fait, il prit conscience qu’à chaque fois qu’il l’avait croisé, le Margolin avait changé d’apparence. D’abord, il avait ressemblé à un loup, courant à quatre pattes à travers les barreaux vivants de sa prison, près du manoir, le soir de son arrivée. Puis, l’allure d’une pieuvre tentaculaire lorsqu’il avait fondu sur lui. Il l’avait mieux observé la nuit où il avait fait irruption dans sa chambre, plus humain que monstre, toujours répugnant mais sans l’horreur qui l’avait accompagné auparavant. Cette fois, c’était un homme au visage grêlé, vieilli prématurément, le cheveu rare et les yeux fatigués. Ces yeux qui l’observaient en silence sans aucune menace le rassurèrent pendant un moment.

« Que faites-vous ici? Je ne comprends pas… »

« Ne gaspille pas ton énergie, Monsieur. Je suis revenu pour te remercier. Je n’ai pas beaucoup de temps. »

« Me remercier? Mais pour quoi? »

Le Margolain regarda vers la porte, l’air inquiet.

« C’est toi qui a tout brisé. En sortant de l’emprise de Matheus, tu as fêlé le moule et leur pouvoir s’est amoindri, me laissant assez de place pour que j’agisse. »

« Vous avez brulé le manoir? »

« La maison et les trois monstres avec elle, continua le Margolain. »

« Mais ne sont-ils pas éternels, enfin, à leur façon? »

« Oh, l’éternité, Monsieur. C’est relatif. Pour les humains, c’est quelque chose d’infini, au-delà de leurs projections logiques, mais pour nous, c’est aussi court qu’un clin d’oeil. »

« On peut donc les tuer aussi? »

« Tuer? Dans le sens de la vie? Non… Disons qu’on peut briser le moule, casser leur forme pour la retourner à l’univers, reprendre un autre cycle. La Mort a plus d’une façon d’agir, Monsieur. »

« Alors, je n’ai plus rien à craindre d’eux? »

« Matheus Ptome n’est plus l’être qu’il a été, c’est certain. Il est partout et nulle part. Quant au deux autres, ils n’avaient pas la force de Ptome, ni la méchanceté. Matheus a abusé de ses privilèges et on avait un peu perdu le contrôle. »

« Qui êtes-vous? Je n’arrive pas à saisir votre rôle dans tout ça. Vous étiez prisonnier de Ptome et pourtant vous viviez dehors, dans les bois, sans aucune chaîne. »

Le Margolain rigola : « Des chaînes! Tu parles de métal, de matière physique et c’est bien une réaction d’humain. Il y a des prisons plus solides et desquelles il est des plus difficiles à s’évader. J’ai été envoyé par la Mort pour mettre fin au cirque que Ptome avait mis en place. Toutes ces morts violentes commençaient à attirer l’attention vers nous de manière inutile. Alors, j’ai été envoyé comme un nouvel initié mais il a vite su me découvrir alors il m’a converti mais avec la seule fonction d’être un tueur sans merci, sans mission, en dehors de la portée de la Mort, ce qui a irrité toutes les forces de l’univers. J’étais le court-circuit dans l’immense toile de la portée de la Mort. Or, cette folie meurtrière ne pouvait se produire qu’ailleurs de l’environnement immédiat du domaine de Ptome. Alors, oui, j’ai fui sa maison, mais pour hanter les bois sans tuer, du moins de façon volontaire, les gens que je rencontrerais. Ce bois est devenu une espèce de légende urbaine car nombreux sont ceux qui m’y ont vu hanter les sentiers. On a retrouvé assez de raton-laveurs et de moufettes démembrées pour alimenter la rumeur d’un loup-garou ou d’un vampire qui rôderait dans les sous-bois. Tu comprendras, Monsieur, que si je quittais le bois, j’allais devenir un tueur fou, sans aucune autre raison que de laisser aller ma folie et devenir un tueur en série ou un psychopathe qu’on abattrait dès la première occasion. Ma mort physique aurait signifié la fin de mon cycle car j’aurais échoué dans ma mission. Alors, je restais dans les environs. Quand tu es arrivé, je t’ai senti, je t’ai reconnu comme étant un homme qui allait être poussé entre les griffes de la folie de Ptome mais que ton cœur et ton âme allait se battre contre lui. Je me suis dit que j’allais profiter de sa faiblesse pour toi, et ta force contre lui,  pour le briser et réussir ma mission. »

Il regarda une bonne dizaine de fois vers la porte et Quentin remarqua qu’il transpirait abondamment.

« Alors, quand tu as été chez Desjardins pour ta première mission, quand tu as vu et senti la clé, quand tu as rencontré Mariette aux funérailles d’Élaine, je savais que Matheus perdait le contrôle sur ton âme et qu’il fallait qu’il te laisse partir. Et ça, c’était mon signal de contre-attaque. Je suis entré au manoir et j’ai tout détruit. Enfin, je n’ai pas fait ça tout seul. La Mort est intervenue car Elle avait enfin accès à lui à travers cette brèche dans sa carapace. »

« Alors, quand tu m’as appelé… »

« Je ne t’ai pas appelé. C’est lui qui a cherché à te ramener auprès de lui. Il savait que j’étais en mesure de l’atteindre alors s’il avait pu te ramener là-bas, il aurait retrouvé la force de se défendre. Et puis, la chance a voulu que Mariette fût auprès de toi à ce moment-là. »

« Et Matheus, il m’a quand même attaqué chez moi, non? »

« Le Matheus en chair et en os? Je ne pense pas, Monsieur. C’est un peu comme pour Élaine. Une dernière tentative pour te briser. »

Quentin essaya de bouger mais il réalisa qu’il était enveloppé de plâtre et d’attelles.

Le Margolain sourit : « Oh, il t’a brisé, c’est certain. Beaucoup d’os. Il te faudra bien te reposer maintenant, Monsieur Quentin. »

Un bruit dans le corridor fit sursauter l’homme et il salua son interlocuteur :

« Je dois partir, maintenant. Merci encore. Nous nous reverrons peut-être un jour. Mais ne tue plus personne. Va voir Mariette si l’envie te prend. »

Avant qu’il ne puisse répondre, le Margolain tourna les talons et sortit de la chambre, laissant la place à une infirmière qui s’approcha de Quentin avec un large sourire accroché au visage.

« Comment allez-vous, ce matin, monsieur Bazinet? Vous nous avez fait toute une frousse, il y a deux jours vous. Je pense que c’est la première fois que je rencontre un homme avec autant d’os cassés que vous. »

« Je vais bien. Est-ce que vous avez vu l’homme qui vient de sortir? »

« Un homme? Où? Ici? Non. Il n’y avait personne. Que se passe-t-il? Vous êtes bien pâle tout à coup! »

« Ce n’est rien. Ça doit être les médicaments contre la douleur. Vous pourriez me rendre service? »

« Oui. Qu’est-ce que je peux faire pour vous? »

Quentin sourit : « Pincez-moi et s’il vous plaît, pincez fort. J’ai seulement besoin de me rassurer que je suis bien vivant. »

Les doigts de l’infirmière se fermèrent contre la peau de son épaule et il réalisa que la douleur ne lui avait jamais fait d’aussi grand bien.

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