NOTRE CHANCE

By EmmyBlp

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Nora vient d'arriver à Paris pour passer quelques jours chez une amie. La foule de la gare est à peine derriè... More

CHAPITRE 1.1
CHAPITRE 1.2
CHAPITRE 1.3
CHAPITRE 2.1
CHAPITRE 2.2
CHAPITRE 2.3
CHAPITRE 3.1
CHAPITRE 3.2
CHAPITRE 3.3
CHAPITRE 4.1
CHAPITRE 4.2
CHAPITRE 4.3
CHAPITRE 5.1
CHAPITRE 5.2
CHAPITRE 5.3
CHAPITRE 6.1
CHAPITRE 6.2
CHAPITRE 7.1
CHAPITRE 7.2
CHAPITRE 7.3
CHAPITRE 8.1
CHAPITRE 8.2
CHAPITRE 8.3
CHAPITRE 9.1
CHAPITRE 9.3
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16.1
CHAPITRE 16.2
CHAPITRE 17.1
CHAPITRE 17.2
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19.1
CHAPITRE 19.2
CHAPITRE 19.3
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33.1
CHAPITRE 33.2
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37.1
CHAPITRE 37.2
CHAPITRE 38
FIN
REMERCIEMENTS
ANNONCE

CHAPITRE 9.2

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By EmmyBlp

CHAPITRE 9
Partie 2

   Je ne sais pas combien de temps est passé quand je suis tirée de ma torpeur en sursaut. Chance aussi a été réveillée et elle est se précipite vers la porte. Ça y est, il rentre enfin. Mon cœur se met à battre la chamade.

   — Nora ? s'étonne Teddy en m'apercevant assise sur son canapé.

   Je le regarde sans rien dire. C'est lui. C'est bien lui. Plus de chemise, plus de chaîne en or. Juste Teddy, son sweat noir et ses yeux ambrés. Une part de moi est soulagée. Ces derniers jours n'étaient pas qu'un tissu de mensonges. Teddy est bien là, en dessous de tout ce que j'ai pu voir ce soir.

   — Je suis désolée.

   — Tu es partie. Pourquoi ?

   — Ce n'était pas toi.

   — Pardon ?

   — Sur la scène, ce n'était pas toi. Je ne t'ai pas reconnu.

   Il semble sous le choc, il ne comprend pas ce que je lui dis et je ne peux pas lui en vouloir. Il s'appuie contre le bar et regarde ses pieds, quelque chose ne va pas.

   — Pourquoi es-tu là alors ?

   — J'avais trop chaud et il y avait trop de monde. Je suis venue tenir compagnie à Chance.

   Il ne me regarde toujours pas. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête. Je crois qu'il est déçu que je n'aie pas apprécié son concert.

   — Je suis vraiment désolée Teddy, j'ai essayé, mais je n'étais pas du tout à l'aise ce soir.

   Toujours aucun regard. Je cherche désespérément les mots pour lui expliquer ce que je ressens.

   — Ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé ta musique que je ne t'aime pas toi. Enfin je veux dire, toi comme tu es quand nous sommes tous les deux. Toi quand tu as joué du piano et chanté cette chanson. Toi quand tu portes un sweat et que tu prends Chance dans tes bras.

   Je n'arrive pas à croire que je lui ai dit tout ça. Que va-t-il penser de moi maintenant ? Il ne réagit toujours pas et je commence à perdre le contrôle. Dans quelques secondes, je me dirigerai vers la porte s'il ne dit toujours rien. Je suis en train de m'enfoncer, je me sens tellement nulle...

   C'était évident qu'il n'en avait rien à faire de moi et de ce que je pouvais bien penser de lui. Il est juste déçu que je n'aie pas aimé sa musique et qui il est vraiment dans le fond. Dyvin.

   Je l'ai déçu, mais je ne peux pas faire semblant d'aimer quelqu'un que je ne connais pas et qui ne représente pas l'image de ce que je m'étais fait de Teddy.

   Je finis par me lever pour rejoindre cette porte qui signera la fin définitive de toute cette histoire, aussi catastrophique qu'elle ait été.

   — Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il.

   — J'ai tout gâché.

   — De quoi parles-tu ?

   — Laisse tomber, je vais te laisser tranquille.

   — Arrête de dire des bêtises, viens là.

   Je me retourne et il a enfin levé les yeux. Ses mains sont tendues dans ma direction, paumes ouvertes. Je m'approche, dans l'incompréhension la plus totale. Quand je suis assez proche de lui, ses mains saisissent les miennes et son regard plonge dans le mien. Ses yeux ambrés sont humides, une larme glisse le long de sa joue.

   — Teddy, qu'est-ce qui ne va pas ?

   — Je pensais que c'était la pire soirée de ma vie. C'est en fait la plus belle.

   Je l'interroge du regard, surprise par ce qu'il vient de dire.

   — C'est moi Nora. Tout ce que tu as décrit, tout ce que tu aimes chez moi. C'est moi, juste moi.

   — Je ne comprends pas.

   Son visage se fend d'un sourire. Ce genre de sourire qui pourrait renverser des montagnes. Je ne peux me détacher de ce visage si parfait. Ses cheveux ont séché depuis le concert, mais ne sont pas du tout ordonnés. Plus de doute, c'est bien lui : mon Teddy.

   — C'est normal. Ce que tu as vu ce soir c'était...

   — Dyvin.

   — Oui, mais Dyvin n'est pas moi. C'est juste un personnage derrière lequel je me cache.

   — Pourquoi fais-tu ça ?

   — C'est compliqué Nora... dit-il en lâchant mes mains.

   Ses yeux se baissent à nouveau vers ses pieds. La dernière fois, il a tenté d'éviter le sujet et je n'ai pas insisté, mais ce soir, je veux savoir. J'ai besoin de savoir.

   Il y a quelques jours, je m'étais dit que si jamais je ne me sentais pas en sécurité en sa présence, je n'aurais qu'à lui demander de m'expliquer la vérité, pour être sure de qui j'avais en face de moi. Ce soir, il faut que je lui demande.

   Je me sens en danger, car ce garçon me fait ressentir quelque chose de différent et j'ai peur que ce sentiment finisse par me briser si je ne vais pas au bout des choses ce soir.

   Je glisse ma main contre sa joue puis la fais lentement descendre sur son menton pour le forcer à relever la tête et me regarder. Je le fixe intensément pour lui faire comprendre qu'il peut se confier à moi.

   — J'ai toujours voulu faire ça.

   — La musique ?

   — La scène, c'était mon rêve. Me trouver devant des milliers de personnes et dire ce que je ne pouvais pas dire en face des autres.

   Il me regarde et je l'encourage à poursuivre avec un petit sourire.

   — J'étais timide et renfermé. Je n'arrivais pas à parler aux gens, pas même à mes propres amis. Les mots restaient coincés dans ma gorge. Ils appellent ça le mutisme sélectif. Ça peut venir de plein de trucs différents, ils n'ont jamais su avec moi.

   — J'avais plein de choses à dire, des choses qui me révoltaient, des sentiments et des émotions que je ne pouvais pas exprimer. J'ai commencé à les écrire. J'écoutais de la musique et je récitais mes textes dans ma tête. En fermant les yeux, j'imaginai que je les disais à haute voix face à la terre entière et ça m'a fait du bien pendant un moment. Au final, ce n'était pas suffisant pour faire sortir toute ma colère d'adolescent.

   — Un jour, mon meilleur ami est tombé sur mes textes. Il ne m'a pas jugé, il les a trouvés bons et il m'a amené à une soirée open mic dans un vieil entrepôt. Il y avait juste quelques palettes empilées, un micro et une enceinte. Les mecs passaient des nuits entières à se relayer sur ses palettes pour vider leur sac.

   Je l'écoute vider le sien à présent, fascinée par cette histoire, mais surtout impressionnée qu'il accepte de me confier tout ça, ce qu'il a jamais confié à personne vraisemblablement.

   — Bastien m'a amené des dizaines de fois à ce genre de soirée, mais il ne m'a jamais forcé à le faire. C'est moi, un jour, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je crois que je n'en pouvais vraiment plus, il fallait que ça sorte. Je suis monté sur ces foutues palettes et j'ai rappé un truc médiocre, mais à l'époque, ça avait fait sensation. En même temps, je m'étais tellement préparé dans ma tête...

   — Bastien était super fier. Il ne m'a jamais lâché. Tout le monde me demandait comment je m'appelais et j'ai dit Teddy parce que je ne voulais pas qu'ils connaissent mon vrai prénom.

   J'aimerais lui demander quel est son vrai prénom maintenant qu'il en parle, mais je ne veux pas le couper dans son récit. Il poursuit sans chercher à savoir si j'arrive toujours à le suivre.

   — Je ne sais pas pourquoi, mais depuis ce jour, c'est Dy qui est resté. Nous avons continué à faire de la musique ensemble, Bastien et moi, et un jour, nous avons réussi à signer un contrat. Je ne voulais pas faire d'album, ce n'était pas trop mon truc, mais c'était le seul moyen de pouvoir faire de grosses scènes, alors j'ai accepté. Ils m'ont demandé un nom de scène. Bastien m'a fait pas mal de propositions et j'ai choisi de garder Dyvin. Je trouvais que c'était complètement à l'opposé de ce que j'étais et ça me plaisait bien.

   Je commence à comprendre où il veut en venir. Je lui souris et je vois ses épaules se détendre peu à peu.

   — Dyvin ça n'a jamais été moi, seulement le nom de scène que j'endossais pour les interviews et les rendez-vous. J'ai toujours été à l'aise sur la scène, même devant des dizaines de milliers de personnes. Par contre, tu me mets en face d'une seule et unique personne et je suis capable de perdre totalement mes moyens. Me cacher derrière Dyvin m'a permis de surmonter tout ça sans devenir complètement dingue.

   — Toute cette attention, les articles, les albums, les fans, ce n'était pas ce que je voulais. Je voulais juste être capable de dire ce que je ressentais à voix haute et faire de la musique avec mes amis pour m'amuser. Ce n'était pas censé aller aussi loin, mais une fois que la machine est lancée, c'est impossible de l'arrêter.

   — Alors tu t'es caché derrière Dyvin, même dans ton quotidien ?

   — Complètement, souffle-t-il.

   Je n'ai pas l'impression que c'est toute son histoire, loin de là, mais il semble en avoir fini pour le moment et je ne peux pas lui en vouloir.

   — Tout était si facile avec toi, ajoute-t-il.

   — Pourquoi ?

   — Tu es sans doute la première personne depuis des années avec qui j'ai eu une conversation complètement banale lors de notre rencontre. Rien de mauvais dans ce que je dis.

   Je le regarde un peu surprise. Je ne suis plus sûre de le suivre pour finir.

   — Tout le monde me connaît ou presque... c'est un fait. Enfin, Dyvin. Toi, tu ne m'as pas reconnu, alors quand tu m'as demandé mon nom, pour la première fois depuis longtemps, j'avais le choix. Le choix d'être qui je voulais face à toi. J'aurais pu choisir d'être Dyvin, comme d'habitude, mais pas cette fois. Je sentais que Dyvin ne te plairait pas et ne te paraîtrait pas digne de confiance. Pourtant j'avais envie que tu me fasses confiance, que tu me parles, qu'on s'occupe de Chance ensemble.

   — On dirait bien que tu avais raison.

   — Oui, on dirait bien. Tu es la seule à savoir qui je suis vraiment, au fond, dit-il en plaçant sa main droite contre son cœur.

   — Et j'en suis honorée.

   C'est à son tour de me regarder, sans voix.

   — Tu es vraiment quelqu'un de bien Teddy et je pense que tu n'as pas à te cacher derrière un personnage pour que les gens t'aiment.

   — C'était pour me protéger avant tout. Après, je me suis retrouvé pris au piège dans ce costume et j'ai l'impression que je ne pourrais jamais m'en défaire si je veux que les gens continuent à me suivre.

   — S'ils aiment Dyvin, je suis persuadée qu'ils aimeront encore plus Teddy. Ils aimeront aussi ta musique, ta vraie musique.

   Je place ma main au-dessus de la sienne, contre son cœur.

   — Tu as peut-être raison, répond-il pensif.

   — J'en suis certaine. Tout est possible à partir du moment où tu es celui que tu as vraiment envie d'être et que tu fais ce qui te ressemble. La sincérité gagne toujours.

   Il me sourit et mes bras viennent se serrer autour de son cou. Nous restons ainsi un long moment, ses mains se sont jointes dans mon dos et sa tête est posée contre mon épaule. Son souffle chaud glisse le long de ma peau et je suis parcourue d'un frisson. Ma joue contre son cou, son odeur emplit mes narines. J'ai conscience que mon cœur s'emballe contre son torse, mais je ne laisserais ce moment s'arrêter pour rien au monde. Mon cœur ne sait plus comment se comporter, pourtant, je sens que mon esprit est apaisé. J'ai enfin les réponses à la plupart de mes questions. Je sais désormais qui est Teddy, le vrai Teddy. Rien ne me ravit plus que de savoir que c'est bien l'homme que j'ai rencontré. C'était lui depuis le premier jour.

   Notre étreinte prend fin au bout de ce qui semble être une éternité et pourtant je n'avais pas envie que ça s'arrête. Je crois que je comprends enfin cette sensation que tout le monde décrit quand ils parlent de la personne qu'ils aiment. Est-ce que je l'aime ? C'est impossible, nous nous connaissons depuis à peine une semaine. Pourtant, après cette conversation j'ai l'impression de le connaître depuis toujours.

   — Je crois que j'ai besoin de prendre un peu l'air maintenant, dis Teddy. On va promener Chance ?

   J'acquiesce doucement.

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