Chapitre 11

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Il ne répondit pas tout de suite, apparemment ma question se révélait plus profonde que ce que j'avais imaginé. Il commençait à se faire tard, j'en étais consciente, mais avec ce que j'avais  avalé avant de partir je n'avais pas faim, en revanche j'étais certaine que Hélios était affamé, vu le bruit que son ventre avait fait tout à l'heure.

–Ma mère m'a raconté que le jour où je suis né était une journée très ensoleillée. Elle a donc directement pensé à Hélios.

– Le dieu du soleil.

Il hocha la tête et prit l'un des livres sur la pile.

–Elle s'est vite rendue compte que la couleur de mes cheveux personnifiait plus la nuit que le soleil. Mais elle s'est dit que c'était un bon... alors elle a gardé ce prénom.

–Je vois..

Son regard était maintenant plongé dans le livre. J'étais plus à l'aise quand il ne me regardait pas.

–Et vous, pourquoi Acantha ? Elle n'a pas eu un avenir joyeux, de ce dont je me souviens, dit-il.

–Ma mère trouvait qu'Acantha était l'exemple même d'une femme forte, elle a refusé les avances d'un homme dont elle ne voulait rien.

–Apollon était un dieu, pas un homme.

– Justement, elle montre qu'une femme peu dire non, répliquais-je.

–Elle y a laissé la vie.

– Apollon l'a simplement transformé en fleur qui a besoin de lumière. Il ne lui a  pas prit la vie.

–Acantha a donc besoin du soleil pour vivre, dit-il, un léger sourire au lèvre.

Bien-sûr, je savais très bien où il voulait en venir, mais je refusais de rentrer dans son petit jeu. En revanche je ne pouvais pas lui donner tord. Acantha a besoin de la lumière d'Apollon pour vivre... mais elle a aussi besoin du soleil de Hélios. Mais le Hélios en face de moins n'était pas un dieu, et j'étais encore moins une nymphe .

– Je n'ai pas besoin de vous pour vivre, Hélios.

Il me regarda dans les yeux, ce qui était plus que perturbant, et dit :

–Viviez-vous vraiment, avant ?

Prise au dépourvu, je fis tourner la question dans mon esprit. J'avais toujours vécu au palais, je n'avais jamais eu d'autres amis que Laurie. Les livres étaient devenus une sorte d'échappatoire. Je vivais, est-ce que je vivais vraiment... ça c'était une autre question.

Voyant que je ne comptais pas répondre, il lâcha un léger rire. Il savait qu'il avait raison et cela me rendais folle.

–Hélios ? demandai-je en relevant la tête de mon livre.

–Hm ?

– Apprenez-moi à vivre si cela est si important.

Il haussa un sourcil interrogateur. Je regrettais déjà ma phrase, mais j'étais là pour me rapprocher de lui. Alors autant prendre des risques.
Mais étonnamment, il ne reprit pas ma phrase et se contenta de me demander :

– Vous n'avez pas de téléphone ?

–Oh si, seulement il ne marche pas ici... le réseau n'est pas le même suivant les royaumes.

Mon téléphone ne m'avait jamais servi à grand chose, la plupart des habitants n'avait pas l'argent pour s'en procurer un.

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Une heure plus tard, j'avais directement rejoint ma chambre, ne voulant pas subir les interrogations de Laurie sur le moment tout sauf romantique que j'avais passé avec le prince. N'ayant pas manger avec les autres me privant en passant de ma rencontre avec le rois, Hélios avait demandé qu'on me ramène un peu du repas à ma chambre. J'avais été surprise de la taille de la chambre en y entrant, elle était presque plus grande que celle que je possédais à Eddilas, et malgré sa couleur sombre, j'y trouvais un côté chaleureux. Le lit à baldaquin était plutôt grand et la fenêtre donnait sur la forêt. En revanche j'étais triste de ne pas voir de télé. Sur la petite table avait été posé un plateau avec le repas, constitué de légumes et de viande. N'ayant pas vraiment faim, j'en laissai une partie. Après avoir demandé à ce qu'on ramène ce qui me restait en cuisine, j'enfilai mon pyjama en soie. Il faisait plutôt frais dans la chambre, je regrettais de ne pas avoir pris de gilet.

Cela faisait maintenant 2 heure que je regardais le mur, n'arrivant pas à trouver le sommeil. Sachant qu'il ne viendrait pas de si tôt, j'entrepris de sortir à la bibliothèque. Pieds nus, je sortis dans les couloirs où il y faisait nuit noire, m'armant de la lampe torche de mon téléphone, je me dirigeai d'un pas léger vers la bibliothèque, espérant ne réveiller personne.
Une fois atteinte je refermai la porte derrière moi, mais il ne me fallut que peu de temps pour me rendre compte que je n'étais pas seule, car les lumières tamisées étaient déjà allumées.
J'hésitai à repartir dans ma chambre, surtout si c'était le roi. Pourtant au lieu de faire machine arrière, je me dirigeai vers l'une des allée, espérant ne pas croiser la personne qui était là. La bibliothèque était bien assez grande, avec un peu de chance je n'aurais même pas à trouver d'excuse. Maudissant le sol froid, je regardai chaque tranche des livres remplis de poussière. La plupart se trouvaient déjà dans la bibliothèque du palais d'Eddilas, je les avaient donc déjà lus. Je me rendis compte que malgré la poussière, la bibliothéque était vraiment belle, les allées en bois et la lumière tamisée donnaient un certain charme.

Soudain une odeur de brûlé traversa mes narines. Fronçant les sourcils je me dirigeai vers l'odeur qui semblait de plus en plus présente. Tant pis si je tombais sur la personne qui était avec moi.
Cherchant l'allée ou l'odeur était la plus forte, je retins un petit cri en voyant Hélios tenant un livre qui était littéralement en train de brûler entre ses mains.

–Hélios ! Lâchez ça, vous allez vous brûler ! m'exclamai-je en allant vers lui, paniquée.

– Ce sont mes mains qui brûlent, pas le livre ! s'écria-t-il.

Il avait dit ça avec un regard presque apeuré, il avait peur. Je ne tardai pas à comprendre pourquoi, il avait entièrement raison, le livre ne brûlait pas ... c'était les mains d'Hélios qui brûlaient le livre.
Ne sachant pas quoi faire, je regardai ses mains qui produisaient de légères flammes pas plus grandes que ma main.
Il finit par lâcher le livre qui s'écroula au sol, à mon plus grand étonnement il était intact. Les mains d'Hélios étaient redevenues normales, il fixait ses paumes, surpris de ce qui venait de se passer.

–Comment avez-vous... articulai-je.

–Tout à l'heure j'ai remarqué ce livre... et quand je l'ai prit, mes mains ont... je ne sais pas....

Je remarquai qu'il portait toujours ses vêtements, contrairement à moi qui était en petite nuisette devant lui. Heureusement je n'étais pas le sujet principal.
Hésitant un instant je finis par prendre le livre au sol... rien. Sur la couverture apparaissait « Le deuxième royaume », écrit en lettre d'or. Il n'y avait pas d'auteur visible, en revanche l'intérieur était écrit à la main, ce qui était étonnant pour un livre de bibliothèque.
Je savais très bien que le deuxième royaume faisait référence aux quatre royaumes.

𝑵𝒆𝒘 𝑹𝒐𝒚𝒂𝒍𝒕𝒚  - [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant