Chapitre 10

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Une heure plus tard nous étions en plein dans la ville de Caelfall, après quelque négociations à la frontière, ils avaient fini par appeler l'assistante du roi qui avait accepté de nous laisser rentrer. Le roi devait donc déjà être au courant de notre arrivée. On arrivait à l'improviste, j'en étais consciente, mais j'étais persuadée que ce changement d'air allait me faire du bien.

Je regardais dehors, Caelfall n'était pas si diffèrent d'Eddilas.

Arrivés au château, les gardes nous laissèrent entrer, cette fois la différence entre le palais d'Eddilas et celui de Caelfall était visible, le leur était sombre et bien moins chaleureux, le jardin était bordé d'une foret brumeuse malgré le temps qui semblait nous sourire. Une fois garés, un garde vint nous ouvrir. Il portait un uniforme d'un bleu nuit qui changeait de l'uniforme blanc des nôtres. Sur son torse, je pouvais lire son nom de famille, "Turner".

–  Merci beaucoup... quel est votre prénom ? demandai– je en sortant de la voiture.

Il parut hésité à me le dire puis il marmonna un vaste :

–  Wilson... je m'appelle Wilson.

L'homme aurait pu être beau, mais il me faisait un peu pensé à un requin, avec son nez et ses petits yeux. Ne cherchant pas à faire durer cette discussion vouée à l'échec, je rejoignis Laurie et Danaé à l'intérieur. L'entrée était tout aussi sombre que l'extérieur du palais, le peu de lumière qu'offraient les fenêtres nous permettait seulement de voir devant nous.

Malgré l'obscurité, je n'eus aucun mal à distinguer la personne qui arrivait vers nous. A côté de lui, une petite fille sautillait vers nous. Quand ils furent devant nous, je ne pus m'empêcher de sourire en observant la petite blonde qui nous regardait avec un grand sourire. Apparemment elle ne recevait pas souvent des visiteurs, je la plaignais un peu, mon enfance avait aussi été nourrie de solitude, bien que j'eusse la chance d'avoir Laurie et Thésée.

En revanche, je n'osai pas regarder le garçon à ses côtés.

–  Acantha ?

Relevant la tête vers la voix que je connaissais maintenant trop bien, je répondis :

–  Hélios.

–  Le rois aimerait savoir ce que vous venez faire ici, continua t– il en dirigeant son regard vers Laurie qui faisait coucou à la petite fille.

–  Mon frère voulait m'envoyer pour apaiser les tensions, mentis– je.

Hélios posa ses yeux bleus sur moi puis il dit en riant légèrement :

–  Avouez surtout que vous ne pouviez plus vous passez de moi ?

J'entendis Laurie pouffer et je bénis l'obscurité de l'entrée me permettant de cacher mes joues rouges. Croisant les bras sur ma poitrine, je ne répondis rien. Hélios demanda au garde de montrer à Laurie et Danaé leurs chambres, m'indiquant sans grand étonnement que la mienne ne se trouvait pas au même étage.

–  Vous désirez que je reste avec vous ? me demanda Danaé remarquant que j'allais me retrouver seule avec le prince.

–  Non, allez– vous installer, ne vous en faites pas.

Je sentais déjà le sourire d'Hélios quand Danaé rejoignit Laurie et le garde. Une fois à bonne distance, Hélios se pencha vers la petite blondinette.

–  Vas jouer avec Norton, je suis persuadé qu'il t'attend.

La petite fronça le nez avant d'hocher la tête et de partir en sautillant de nouveau.

–  C'est votre sœur ?

–  Ma demi– sœur, oui, et Norton mon frère, répondit– il en regardant la petite princesse s'en aller.

Je ne pouvais m'empêcher de détailler son profil, sa mâchoire était bien dessinée et son nez dessinait la courbe parfaite de son visage.

–  Acantha ?

Me faisant sursauter, je remarquai qu'il me regardait aussi.

–  Vu comme vous me reluquez, je doute que vous soyez vraiment venue pour "apaiser les tensions..."

–  Fermez– la... vous ne savez rien de mes objectifs.

–  Comme vous voulez, princesse. Mais sachez que suis trop borné pour laisser tomber.

–  Vous n'êtes pas borné... juste insupportable.

–  Je m'en excuse, je ne désire pas le moins du monde vous nuire, rigola– t– il.

–  Je n'ai pas besoin de vous pour cela.

Le silence remplaça son rire, j'étais déstabilisée par sa présence. Il fallait que je trouve quelque chose pour combler ce vide.

–  Avez– vous une bibliothèque ? demandai– je soudainement.

Il semblait légèrement surpris de ma demande mais il hocha la tête.

–  Vous pouvez me la montrer ?

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Je l'avais suivit dans les couloirs du château avant d'arriver à leur bibliothèque poussiéreuse.

–  Personne n'y va jamais.

–  Je vois ça.

Ignorant son regard sur moi, je traversai les grandes allées poussiéreuses, semant son regard.

–  Où est la reine ? demandai– je à travers l'allée.

–  Elle est partie en voyage... elle a du mal avec mon arrivé... me répondit– il en me rejoignant.

Posant mon regard sur lui, je dis en souriant :

–  Je suis de son avis.

Il fronça les sourcils et lâcha un rire.

–  La princesse se rebelle enfin.

–  Oh non, je donne juste mon avis sur vous. Vous n'êtes qu'un jeune homme égocentrique et imbu de lui– même.

Je vins vers lui et déposai dans ses bras une pile de livre poussiéreux que j'avais choisi.

–  Vous pouvez me tenir ça ? Merci, vous êtes un amour.

Ne le laissant même pas le temps de répondre, je lui tournai le dos pour aller dans une autre allée. Je trouvais un certain plaisir à retourner les rôles, il fallait que je fonctionne comme lui si je souhaitais me rapprocher. Le problème était que je craignais de trop me rapprocher. Il allait falloir éviter que je me brule les ailes.

–  Au faite, princesse !

–  Hm ?

Je lui jetai un regard en tenant un autre livre. Il s'était rapproché de moi plus rapidement que je l'aurais voulu.

–  J'aime beaucoup votre pantalon.

Légèrement surprise, je répondis :

–  J'aime votre chemise.

–  Vous l'apprécierez encore plus quand je la retirerais.

–  Sachez, Hélios, que je n'ai aucune envie de vous voir la retirer, murmurais– je en reposant mon regard sur mon livre, espérant que mes joues n'aient pas reprit leur couleur rouge.

Posant mon livre dans la pile qu'il tenait, je ne le regardai même pas. Je pris la direction de la petite table remplie de poussière comme le reste de la salle, m'asseyant sur la chaise, j'indiquai à Hélios de s'installer en face, puis il posa les livres sur la table.

–  Pourquoi vous appelez– vous Hélios ?

𝑵𝒆𝒘 𝑹𝒐𝒚𝒂𝒍𝒕𝒚  - [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant