Chapitre 19

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Cela faisait maintenant plus d'une heure qu'on tournait en rond dans la bibliothèque, à la recherche d'une idée. Laurie avait finit par s'endormir, quant à Hélios je crois qu'il avait déjà laissé tomber. Debout dans une allée, je triturais les page du livre. Toute la légende était vraie, les quatre pouvoirs, Hélios possédait l'un deux. Il fallait qu'on trouve les trois autres pour comprendre et surtout pour éviter que les livres tombent entre de mauvaises mains. Avec tout ça j'en avait totalement oublié l'objectif dans lequel j'étais venue, le rôle que Thésée m'avait donné. Mais je n'avais aucune intentions d'espionner le roi, et puis ma relation avec Hélios était loin de celle que Thésée me donnait à voir. Depuis le banquet, la télé n'avait fait que de parler de nous, puis ça s'était vite calmé jusqu'à devenir une vaste idéologie, ils avaient finit par comprendre que sa fiancé était Heaven de Porta.

– Il faudrait une distraction... quelque chose de plus important que notre départ, dis-je tout haut, de sorte à ce que Hélios qui était resté assis à la table puisse m'entendre.

Il y eut un moment de silence puis sa voix raisonna dans la bibliothèque.

– Il faudrait que cette distraction dure tout le temps de notre sortie... c'est impossible, ça nous prendra au minimum une semaine et on aura jamais quelque chose de solide pour nous justifier.

Instantanément je relevai le regard des pages du livre et chuchotai de façon presque inaudible :

– Un feu....

Me précipitant vers la table de Hélios, je frôlai la chute en me prenant les pieds dans ma robe. D'un geste tout sauf gracieux je me redressai, prenant l'air de rien. Pourtant le sourire moqueur de Hélios en disait déjà long sur ce qu'il avaient envie de me dire à propos de cette semi chute.

Ne le laissant pas le temps de dire quoi que ce soit je lui expliquai mon idée.

Si Hélios faisait un feu contrôlé dans sa chambre ainsi que les parties qui ne craignaient pas du château, on aurait le temps de sortir, pour la suite  il n'aurait qu'à informer son père qu'il ne se sentait pas en sécurité au château et qu'il préférait loger ailleurs, pour la suite de bons mensonges feront l'affaire.

Cette idée était surement dingue et totalement inconsciente, mais le fait que le prince de Caelfall puisse faire des flammes avec ses mains l'était tout autant.

A mon plus grand étonnement, Hélios acquiesça mon idée. Je me rappelai que de toute manière ce château n'étais pas le sien, il n'y avait pas passé sa vie alors il n'avait aucun attachement personnel. L'idée d'en bruler une partie semblait même le ravir. J'allais finir par penser qu'il avait une âme de pyromane.

– En revanche... Je doute du fait que le feu soit "contrôlé ", bien-sûr je ne veux blesser personne mais je ne contrôle pas du tout, je doute même de pouvoir faire une simple flamme au moment venu.

Il avait raison, il contrôlait à peine son pouvoir, mais c'était la seule idée qu'on avait. Et bien que dangereuse, elle tenait debout.

Posant ma main sur la sienne, je dis :

– Tu vas le contrôler, j'en suis sûre.

Me rendant compte que je venais de le tutoyer, mes joues prirent une couleur tomate et je retirai d'un geste brusque ma main. Le prince haussa un sourcil, gardant ce sourire que j'avais tant envie d'arracher.

– J'ai dû rêver mais je crois avoir entendu un tutoiement dans votre phrase.

– Vous avez raison, c'était juste un rêve.

Levant les yeux au ciel, il demanda :

– Et où comptez-vous aller une fois sortis d'ici ?

– A Eddilas ? C'est le royaume le plus simple à atteindre, et puis mon frère ne posera pas de question de ma présence.

Hélios secoua la tête.

– C'est trop dangereux, on devrait trouver celui de Démos d'abord, puis Nether, et pour finir Eddilas. Votre frère ne me laissera jamais rentrer à Eddilas.

Même si son plan divergeait légèrement du mien, je ne pus que confirmer ce qu'il disait. On commencerait donc par trouver celui de Démos.

– Vous êtes de plus en plus intelligent, je vais finir par croire que votre pouvoir ne fais pas que des flammes, ironisai-je.

Il rit doucement et se leva en époussetant son pantalon. Je ne pouvais pas détacher mon regard de son visage, observant chaque trait qui pouvait lui donner un air de ressemblance avec son père.

– Je vais y aller, je crois que Madame Muette m'attend, dit-il en relevant son regard vers moi.

Ses yeux bleus n'avaient aucun point commun avec ceux de son père qui étaient bien plus foncés, sa mère devait être sublime.

– Oh oui, je comprend.. mais avant, j'ai une question.

– Oui ?

Il s'adossa à la table en face de moi. Pour éviter son regard, je dû faire semblant de regarder un livre sur la table.

– Qu'est il arrivé a votre mère ?

Cette fois, le silence dura presque une minute. J'avais reposé mes yeux sur lui et il semblait fixer un point invisible par terre.

– Elle était malade.. et on n'avait pas assez d'argent pour un médecin, alors un jour elle s'est évanouie, et..

Je regrettai instantanément d'avoir posé une telle question. Il  avait perdu sa mère comme j'avais perdu la mienne, une simple maladie, mais ma famille avait l'argent pour les soins, la sienne non.

– Enfin... Je vais vraiment y aller cette fois, à plus tard, Acantha. Il passa une main dans ses cheveux, geste que je considérais maintenant comme un tic, puis il se dirigea vers la porte de la bibliothèque.

Je regrettais ce que je venais de lui dire. Je savais que sa vie en ville n'avait pas été facile mais ayant moi aussi vécu la perte de ma mère, j'avais de la peine pour lui, mais je savais qu'il ne voudrait pas de ma pitié, alors je ne dis rien.

– Hélios, attendez...

Il s'arrêta, dos à moi, sur le pas de la porte. Quand il était de dos je n'avais pas à fuir son regard.

– Hm ?

– Merci, murmurai-je en le regardant.

– Pourquoi me remerciez vous ? dit-il en tournant sa tête vers moi.

– Pour avoir rendu ma vie intéressante.

Je savais que je n'avais pas le droit, pas le droit de l'aimer, de lui dire à quel point il avait changer ma vie en quelques jours. J'étais devenue quelqu'un à ses yeux. Je n'étais pas la princesse inconnue de tous à ses yeux. Il connaissait déjà bien plus de choses que n'importe qui à Eddilas. Pourtant ça avait été un inconnu, puis maintenant l'ennemi de mon frère, l'ennemi de mon royaume. Même s'il ne voulait pas de ce rôle, il n'en restait pas moins le prince de Caelfall, et par conséquent il m'était inaccessible.

Un sourire illumina son visage, puis il secoua sa tête négativement avant de dire en passant la porte.

– Vous devriez faire plus attention à ceux à qui vous confiez vos sentiments.

𝑵𝒆𝒘 𝑹𝒐𝒚𝒂𝒍𝒕𝒚  - [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant