12- All I want for c

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J-20 / Vendredi 5 décembre

Assise dans la salle à manger, je jette un regard désespéré à Michel : se replonger dans les cours, c'est tellement dur ! Depuis trois heures, j'essaie de me remettre dans mes fiches de l'année dernière, mais rien ne rentre dans ma fichue cervelle. Peu importe le nombre de fois que je relis les phrases, j'ai l'impression de les découvrir encore et encore. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir assisté à chacun de mes cours magistraux. Je pose ma joue contre mon poing et me mets à chantonner l'air emblématique des Aristochats : Tout le monde veut devenir un cat.

C'est fou ce que cette chanson peut rester en tête ! Et bien mieux que les cours, évidemment...

Mon téléphone vibre, probablement un message d'Elio, mais je le tourne face contre la table. Pas de distractions ! Je tente de me concentrer de nouveau, mais c'est peine perdue. Je ferme mon stylo ainsi que mon carnet de notes et laisse mon esprit divaguer. Depuis le début de la semaine - et notre dernière sortie par la même occasion -, nos échanges par textos se sont multipliés, si bien que je ne me souviens plus d'une journée où je n'aurais pas eu de ses nouvelles. La facilité avec laquelle il est entré dans ma vie et dans mon quotidien me déconcerte. Pourtant, je n'essaye pas de ralentir la cadence de notre relation, notre équilibre me convient. Lui tente par tous les moyens de me faire apprécier les fêtes de fin d'année, tandis que je trouve des excuses plus stupides les unes que les autres pour les esquiver. Honnêtement, je me prends de plus en plus au jeu et ça m'amuse vraiment, preuve qu'Elio est assez fort. Je mange même les chocolats de mon calendrier à présent !

Profondément plongée dans mes pensées, je suis interrompue par une sonnerie stridente qui retentit dans tout l'appartement. A contrecœur, je m'extirpe de ma position étrange en déplaçant la table dans un horrible grincement, ce qui ne manque pas de faire dresser une oreille à mon lapin, puis me traîne jusqu'à l'entrée. J'ai à peine le temps de tourner la poignée que le battant s'ouvre, me poussant avec une délicatesse imperceptible contre le mur. Elio entre sans me remarquer et appelle :

— Jaëlle ? T'es où ?

— Derrière toi, soufflé-je en refermant la porte pour me libérer du sandwich dans lequel il m'avait coincée.

Fais comme chez toi surtout ! Il pivote sur les talons et je vois ses yeux s'illuminer de malice.

— Oh, je t'avais pas vue, tu te fonds si bien dans le décor, rit-il.

— Tu devais pas garder Conan ? je l'interroge en ignorant délibérément sa pique.

— Marine et Samuel sont rentrés plus tôt, alors je me suis permis de passer... s'explique-t-il soudainement gêné.

Il referme la porte doucement, se balançant d'un pied à l'autre. Sa main triture ses cheveux et il me sourit timidement. Comprenant qu'il attend que je l'invite réellement à entrer, je me dirige vers la cuisine et lui propose de me suivre. Il s'exécute, puis s'avance vers Michel qui le regarde avec de grands yeux malicieux et lui gratouille le bout des oreilles pendant que je le surveille d'un œil. Il scrute mon salon comme s'il cherchait une faille, je hausse un sourcil.

— Tu cherches quelque chose ?

Il s'approche simplement de mon calendrier et vérifie soigneusement que les cinq cases ouvertes soient vides. Bien sûr, puisqu'il est là, autant en profiter pour s'assurer que je ne lui ai pas menti par message !

— Non c'est bon, me répond-il d'un air satisfait.

Il est fier de lui, le bougre.

— Tu veux un thé ? lui proposé-je

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Where stories live. Discover now