25- All I want for christmas is you

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J+1 / Jeudi 25 décembre

De multiples klaxons retentissent les uns après les autres et je ne peux m'empêcher de faire une grimace. Je saisis mon téléphone par réflexe, comme tous les matins. En l'allumant j'aperçois la date d'aujourd'hui, ce qui me rappelle que nous sommes le jour de Noël. Je me blottis dans ma couette pour retarder mon réveil. Les souvenirs de la veille sont encore très vifs, j'ai toujours mal aux yeux à force d'avoir pleuré. Cette nuit a été plus que courte, je me demande encore comment j'ai réussi à faire le vide dans mon esprit pour m'endormir. Durant mes réflexions nocturnes, je me suis aperçue d'une chose : je n'ai plus vraiment envie d'aller chez Abby. Il est même difficilement envisageable que je me lève de mon lit.

Il est tout juste huit heures et demie lorsque j'émerge, d'une humeur massacrante, m'accusant moi-même de ne pas me laisser hiberner en paix. Si seulement j'étais un ours, je pourrais dormir tout l'hiver. Sans que je ne bouge d'un iota, la rue qui se réveille, les familles qui sortent, les voitures qui vrombissent, me distraient un tant soit peu. Les cris de joie, sûrement parce qu'un gamin s'est vu offert une petite voiture en plastique, sont de plus en plus assourdissants à mesure que la matinée s'écoule. Les heures passent et je ne me lève toujours pas, du moins ce n'était pas dans mes intentions jusqu'à que j'entende un petit glapissement provenant du salon. Jetant aux oubliettes mon envie de rester cloîtrée dans ma chambre, je me précipite vers la cage de Michel, évitant de justesse de m'empêtrer dans la couette.

Il trépigne sur place et lorsqu'il m'aperçoit, le lapereau manque de se prendre la cage dans la tête. Attendrie par son enthousiasme, je vais chercher ses graines dans le placard, les pose dans sa gamelle puis lui ouvre la cage. Il saute d'un bond sur la nourriture pendant que je le regarde s'empiffrer. Au moins, il y en a un qui ne perd pas le Nord.

— Joyeux Noël Michel, soufflé-je en le caressant d'une main.

Ces mots m'ont échappé avec un naturel étrange. Comme si mes angoisses n'étaient plus aussi présentes qu'avant, malgré ma crise de la veille. Maintenant que je suis debout à cause de ce petit bout, une envie de repartir me cacher sous la couette me tient, mais je ne le fais pas. Une pensée ne quitte pas mon esprit : le Noël chez les parents d'Abby. J'ai une pensée pour Elio, avec qui j'avais promis de m'y rendre. Lui qui ne peut pas être avec sa famille en ce jour, le fêtera-t-il seul si je choisis de rester chez moi ? Moi qui étais presque motivée pour y aller avec lui, me voilà déprimée et sans aucune envie de mettre le nez dehors. Je ne peux pas l'abandonner comme ça.

En repensant une nouvelle fois au flash d'hier soir, le peu de nourriture encore présente dans mon estomac menace de sortir. La statuette, l'accident, Thomas... Comment pourrais-je passer les fêtes de Noël comme si de rien était ? Comme si je n'étais pas perturbée par tout ça ?

Je me dirige vers la salle de bain et observe mon reflet dans le miroir. Un soupir m'échappe à cette vue, dépitée. En emménageant à Grenoble, je voulais prendre un nouveau départ. Pas me rendre malade par mon passé. Décidée à faire quelque chose de ma journée, je prends une bonne douche puis farfouille dans mon armoire cherchant des affaires à me mettre. J'ai l'impression de ne plus savoir comment m'habiller pour ce genre d'événements...

Soudain, au fin fond de mon meuble, j'aperçois la robe rouge que ma mère m'avait achetée l'année dernière. Même si je déteste cette couleur, je veux bien faire un effort pour Elio, lui qui a toujours tout fait pour m'aider. Combattre mon dégoût serait peut-être le plus beau cadeau que je puisse lui faire. A défaut d'en avoir un. Je me force à l'enfiler, en grimaçant. Je laisse mes cheveux lâchés et mets mes bottines. Je saisis la porte de mon appartement, souffle un bon coup, la referme et marche en direction de chez Abby.

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant