Chapitre n°12 : 1942 :

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Chloé en avait assez d'être contente de sortir de toutes sortes de bâtiments, mais elle était heureuse d'enfin de retrouver l'air frais sur ses joues. Elle décida de retourner au Manoir, mais flâna quelques temps dans les rues de sa ville, sa nouvelle ville. A l'aller, elle n'avait pas eu le temps d'observer tout ce qui avait pu changer, mais elle fut surprise découvrit de nouveaux bâtiments et que la ville ressemblait de plus en plus à celle qu'elle connaissait depuis sa naissance. Sans trop qu'elle ne s'en rende compte, ses pas la portèrent en direction du Nord-Est, là où se trouvait la maison de Charles, bien des décennies plus tôt, l'endroit où elle avait vécu pendant toute une année. Elle marcha lentement le long du chemin menant à la porte d'entrée, et hésita longuement à entrer dans la bâtisse, étonnement encore debout, mais se ravisa. C'était une mauvaise idée. Mais Chloé décida de faire un rapide tour de l'endroit et découvrit, à l'orée des bois, une pierre tombale. Elle s'en approcha et y discerna quelques mots : « Ci-gît Charles Leclerc, Mort en Héro pour la France ».

C'en était trop. Les larmes que Chloé contenait depuis son arrivée se déversèrent sans un bruit le long de ses joues, coulant de son menton au tissu de sa robe bleu, couleur qui n'était pas de circonstance. Elle resta là, debout, inerte, pendant de longues minutes. Elle ne l'avait quitté que depuis deux jours, quelques misérables paires d'heures, mais il lui manquait atrocement. L'idée de ne plus revoir le Charles qu'elle avait si souvent côtoyé, le premier homme de sa vie d'adulte, cela lui brisait le cœur. Et puis il y avait Martial. Pourquoi lui ressemblait-il autant ! C'était injuste que son amour soit ainsi mis à l'épreuve. D'un rapide revers de la main, elle chassa les larmes de ses joues, et se retourna. Loin, coupant l'horizon, arrivaient d'imposants nuages gris foncé, obscurcissant le ciel. Il était temps pour la jeune femme de retourner au Manoir, la nuit allait être bruyante.

- Ah te voilà enfin !

Ce furent les premiers mots que Chloé entendit lorsqu'elle passa la porte d'entrée du Manoir de Martial. Dehors, quelques gouttelettes commençaient déjà à tomber des cieux, et leur roulement sur le toit, deux étages plus haut, s'entendait depuis l'entrée. C'était le propriétaire des lieux qui accueillis son invitée. Cependant, dans ses yeux se trouvait une nuance de peur et d'inquiétude.

- Je t'ai tant que ça manqué ? rétorqua Chloé, taquine.

- Eh bien, c'est-à-dire que...Euh, les rues ne sont pas sûres ! bégaya-t-il. J'ai eu peur qu'il ne te soit arrivé malheur dès ta première sortie.

- Ne t'en fais pas, je suis en grande fille. Je me suis juste...embrouillée avec René, et j'ai eu envie de me dégourdir les jambes, assura-t-elle en souriant.

- En effet, fit Martial en croisant les bras, il semblerait que tu ais fait forte impression à ton nouveau patron, je me trompe ?

- Il m'a énervée ! répliqua Chloé face à la mine accusatrice de Martial.

Le jeune homme fronça les sourcils, comme dans l'attente d'une explication rationnelle à son comportement.

- Il m'a...traitée comme une femme, voilà tout, s'expliqua la jeune femme, la mine boudeuse, croisant les bras à son tour.

Il y eu un silence tendu entre les deux interlocuteurs jusqu'à ce qu'un sourire vînt se ficher sur le visage de Martial.

- Tu veux bien me suivre ? fit-il en indiquant de sa main gauche le couloir menant au salon privé.

Chloé, ne comprenant pas les tenants et les aboutissants de ce retournement de situation, suivit la direction indiquée par Martial, mais quand elle posa la main sur la poignée de la pièce dans laquelle elle s'était retrouvée deux fois déjà, le jeune homme l'en empêcha.

L'avenir au passé, Tome 1Where stories live. Discover now