L'avenir au passé, Tome 1

Chapitre n°3 : 1914:

Chloé tomba à genoux. Ce fut à son tour d'exorbiter les yeux et d'avoir la mâchoire tombante. Elle n'en revenait pas. Soit cet homme mentait très bien, un comédien sans doute, bien que cela soit très peu probable, soit il disait la vérité et elle était bien en 1914. Ce fut plus clair dans sa tête. Charles avait dit que tout avait changé depuis le milieu de l'été. Les cours d'Histoire de la jeune femme lui revinrent en tête. Aout 1914, le début de la Première Guerre Mondiale. Son esprit était chamboulé. Elle avait envie d'être contente pour son père et son génie, mais comment allait-elle survivre ici ? Ou plutôt comment allait-elle rentrer ? Est-ce que seulement son père avait prévu le retour au présent ? C'était impossible, elle n'avait pas la moindre indication, pas le moindre mode d'emploi...C'était forcément une blague de son père, content de la revoir. Il avait compté sur sa curiosité, et avait mis le paquet, c'était cela, obligatoirement.

Charles, ou plutôt le comédien, s'était apparemment remit de ses émotions. Il s'appuyait désormais sur le rebord de la charrette, étant sous le choc. Il descendit de son transport, et vint se poster derrière Chloé, toujours les genoux dans la boue. Il passa ses avant-bras sous les aisselles de la jeune femme et l'aida à se remettre sur pieds. Elle finit rapidement par tenir seule debout avant de pivoter vers Charles.

- Jurez-moi que vous ne me mentez pas, le somma-t-elle.

Il y avait une telle force dans son ton, une telle crainte de la réponse que cela pouvait se lire sur son visage.

- Je vous le jure, lui dit-il. Sur l'honneur. Nous sommes en 1914. Comment pourriez-vous être née en 1996 ? Vous êtes une sorte de sorcière ? Une gitane ?

- Non, fit Chloé, quelque peu amusée et troublée dans le même temps. Je ne suis rien de tout cela. Je crois que je suis là grâce à une invention de mon père.

Dès qu'elle eut finit sa phrase, Chloé la regretta. Surtout quand elle vit le regard désapprobateur que lui lançait Charles.

- C'est vous qui mentez là, lui dit-il en la pointant du doigt.

- Non, non. Comme vous l'avez fait, je vous jure sur l'honneur que c'est la réalité. En tous cas, ce sont les apparences qui me sont parvenues.

Charles se décontracta légèrement, mais il regardait toujours l'étrangère avec une certaine appréhension, avec une certaine crainte.

- Je suis ici à la suite d'un incident avec la machine de mon père, précisa-t-elle. En partant de mon époque, en 2018 – Charles eut une lueur de peur dans le regard- je ne me suis pas concertée avec lui, mais je présume qu'il n'y a aucun moyen pour moi de revenir dans le présent, dans mon présent.

- Vous allez devoir rester ici ? s'enquit Charles après un instant de silence.

- Si tout se déroule comme dans les livres, oui, j'imagine que je vais devoir rester et vieillir à partir de cette date.

Chloé se questionna sur l'utilité de révéler la vérité à un homme qui pourrait la prendre pour une folle. Qu'allait-il donc bien pouvoir faire pour elle ? C'était un paysan, il pourrait l'héberger, la nourrir, et puis quoi ? Elle n'allait pas s'imposer dans la vie de quelqu'un comme ça. Dans le pire des cas, elle allait être internée pour folie. A cette idée, elle regretta d'avoir révélé toutes ces informations sur un coup de tête.

- Je veux bien vous aider, fit Charles à la grande surprise de Chloé.

- C'est vrai ? fit-elle, son visage s'illuminant.

- Oui, mon père m'a souvent appris à aider les autres, même lorsque l'on n'a pas beaucoup. Je ne suis pas certain de votre histoire, mais j'imagine que c'est plausible, lorsqu'on voit les progrès de maintenant.