La maison aux plaisirs

Chapitre 2

Hermione se regarda une dernière fois dans l'immense glace. En réalité, la maquilleuse, Victoria, avait fait un travail de professionnel et elle était ravissante, mais Hermione se faisait l'effet d'une immense poupée gonflable. Et, se rappela-t-elle non sans un soupir, c'est bien ce qu'elle était. Elle était bien contente d'avoir perdu sa virginité avec Ron Weasley peu avant la mort de celui-ci un an auparavant dans une embuscade. Mais pour autant, elle n'avait fait l'amour qu'une fois dans sa vie et savait pertinemment que le bordel dans lequel elle avait atterri était rempli de Mangemorts qui ne manqueraient pas de lui faire expier sa rébellion et son amitié avec le dernier des Potter.

Voldemort les avait torturé jour et nuit et quand il partait, ses fidèles venaient le faire à sa place. Aussi quand elle avait vu cette femme d'une quarantaine d'années, ravissante et un rien enfantine, devant sa cellule, elle avait espéré. Quoi, elle ne savait, car les Mangemorts n'allaient pas les laisser échapper, Ginny, Luna et elle, mais elle avait tant espéré. Finalement, elle ne savait ce qui était pire : être torturée en permanence dans les cachots du nouveau château de Voldemort, ou devenir une pute, condamnée en outre à satisfaire les fantasmes de ses pires ennemis, ceux qui avaient abattu son meilleur ami, son fiancé, ses parents et tant d'autres ?

Elle se regarda encore une fois. Elle portait une robe moulante, de couleur vert et argent-première honte- qui lui arrivait à mi-cuisses et dont ses seins, pourtant petits, débordaient littéralement. Ses cheveux, laissés libres, étaient parsemés de petits serpents en argent-seconde honte. Elle était joliment maquillé, mais du genre qui cachait les émotions, si on se contente de sourire et de se taire, cela convient et le client ne remarque pas de malaise.

Elle regarda Ginny, qui fixait son reflet dans la glace d'un œil profondément mauvais. Ginny était trop intègre pour se laisser faire et se taire. L'ennui étant qu'elle risquait de belles corrections avec son comportement, voire pire...elle avait été, à cause de sa beauté, mise en avant dans une réplique de cape de Mangemort, ce qui la mettait hors d'elle. En outre, elle avait été la petite amie du défunt Survivant...elle devait être très populaire.

Enfin, Luna, l'air pour une fois terre à terre, tremblait, n'osant pas affronter son reflet. Ses beaux cheveux d'un blond sale étaient remontés en queue de cheval et elle portait malgré elle une petite robe semblable à celle de Hermione, mais noire et portant sur le devant, le dos étant nu, la Marque des Ténèbres en argent. Elle capta le regard doux de Hermione qui dit,

-Ne vous en faites pas. On en a vu d'autres, non ?

-C'est humiliant, coupa Ginny. Je refuse de-

Des pas se firent entendre sur les dalles du couloir et Madame Rosépine fit son apparition, souriant de manière apaisante.

-Vous êtes très jolies, mesdemoiselles. Vous en aurez, du succès.

-Je préférerais être morte, railla Ginny. Je ressemble à un Mangemort.

-C'est le but, ma chérie, rétorqua la tenancière en mettant ses mains sur ses hanches.

-Ce n'est pas parce que vous, vous êtes une putain à assassins, que nous devons l'être, l'assaillit la rousse en se levant, hors d'elle.

Les yeux pervenche de la maquerelle étincelèrent dangereusement.

-Fais attention, ma chère. Moi, je passe sur ton comportement que je mets sur le compte de l'angoisse, mais les clients ne seront pas aussi cléments, eux. On y va, c'est l'heure.

Victoria, la maquilleuse-habilleuse, entra en coup de vent derrière Madame Rosépine.

-Bon courage, les filles, souffla-t-elle gentiment.