Chapitre 11

25 5 18
                                    


A l'entente du juron, Sofia parut sortir partiellement de sa transe. Du moins, elle releva la tête. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, comme si elle s'apprêtait à parler, mais aucun mot ne sortit.

- Dis-moi que c'est faux Sofia, la supplia le garçon. Dis-moi que tu n'as pas...

Sa phrase resta en suspens. Les larmes aux yeux, le cœur en miettes, il attendait sa réponse. Ce ne fut qu'un silence.

- Et tu n'aurais pas pu me le dire bordel ? Tu n'y a jamais pensé ? Peut-être que ça nous aurait évité toutes ces emmerdes ! Cracha-t-il.

- Je suis désolée... 

Sa voix se brisa. Sofia était assaillie d'émotions et tentait maladroitement de faire les bons choix. Elle ne supportait pas d'entendre ces mots de la bouche de son compagnon. Lui regrettait ses mots. Il ne servait à rien de faire des reproches maintenant. 

- Je suis désolé aussi, se radoucit-il.

Le regard doux qu'il lui lança donna la force à Sofia de continuer. Son regard alla se poser sur sa fille, à moitié endormie et elle sourit faiblement. Elle ne pouvait pas faire de mal à cet ange.  C'était inconcevable. Il devait rester une solution. Une solution que personne n'avait encore envisagé.

Il devait y avoir une échappatoire, un moyen de s'en sortir. Sa tête tournait de droite à gauche, elle examinait chaque coin de la pièce à la recherche d'un détail qui pourrait tout changer. 

Pedro coupa court à ce manège.

- Un minuto.       

Sofia s'angoissa. Elle devait le faire. Elle devait lui obéir. Elle n'avait pas le choix, pas d'autre alternative. C'était la fin.

Anthony prit une grande bouffée d'air, et de surcroît la plus grande décision de sa vie.

- Sofia, je t'aime, déclara-t-il.

Elle le regarda avec hésitation. Elle redoutait d'avoir compris son intention.

- Choisis-moi, lâcha-t-il.

- Quoi ?

- Choisis-moi, répéta-t-il.

Sofia eut un moment d'absence. Elle détailla son compagnon avec attention. Son visage était indéchiffrable, mais son corps ne mentait pas. Ses pupilles étaient dilatées et ses mains tremblaient. Il avait peur. La rousse secoua vivement la tête.

- Ne dis pas de conneries Antho.

- Sofia, écoute-moi bien. On peut plus rien. On a perdu.

Ces mots lui arrachaient la gorge. Ses yeux étaient plongés dans ceux de sa bien-aimée.

- Ce fou furieux n'arrêtera pas avant d'avoir ce qu'il veut. Et tu sais autant que moi qu'il n'y a qu'une seule solution possible.

Sa voix se brisa sur la dernière phrase. 

- Fais-le Sofia. Pour Lili, souffla-t-il.

Ses yeux toujours noyés dans ceux de son compagnon, la rousse prit l'arme en main. Son index effleura le cran de sécurité. Le corps du garçon frissonna. 

- Veinte, scanda Pedro.

Les pupilles des amoureux semblaient révéler à l'autre tous les mots qu'ils ne pouvaient pas formuler. Ils semblaient hors du temps. L'espagnol, quant à lui, souriait sincèrement. Il éprouvait un sentiment proche du bonheur. Il dirigea ses pensées vers sa fille. Justice aura enfin été faite.

- Diez, prononça-t-il.

Sofia désenclencha le cran de sécurité machinalement.

- Nueve.

Anthony ferma les yeux.

- Ocho. Siete.

Elle leva le revolver devant elle. Pedro sourit de plus belle.

- Cinco.

Sofia murmura le nom de sa fille.

- Cuatro.

Ses doigts appuyèrent sur la détente.

VenganzaWhere stories live. Discover now