Venganza

Chapitre 3

Un gémissement brisa le silence. Sofia tourna brusquement la tête vers son compagnon qui la fixait, terrorisé. Son regard était tour à tour posé sur elle et l'inconnu à ses côtés. Quand son bâillon lui fut arraché, il oublia complètement l'existence de l'homme derrière lui.

- Sofia, tu n'as rien ? S'écria-t-il.

Elle hocha faiblement la tête devant l'air effrayé du jeune homme.

- Et la petite ?

Elle regretta de ne pas avoir eu cette pensée immédiatement, elle aussi.

Avant de répondre, elle tourna la tête dans la direction de l'homme qui semblait se réjouir de leur panique. Il lui fit un brusque signe de tête vers Anthony. Elle exécuta cet ordre silencieux et répondit.

- Elle est au fond. Elle... (Elle eut un moment d'arrêt.) Elle va bien.

Sa voix s'était raffermie, elle ne tremblait plus. Le ton calme et rassurant qu'elle employait habituellement avait réapparu.

- Et lui, qui c'est Sofia ? Qu'est-ce qu'il nous veut ?

Lorsque le sujet de la question vit que les regards étaient tournés vers lui, il coupa court à la conversation. Les voir s'affoler était assez divertissant, mais il redoutait qu'ils montent un complot pour s'échapper. Il ne devait plus les laisser parler ainsi, c'était bien trop dangereux pour lui. Il ne pouvait pas les laisser filer. Plus maintenant.

Il revint se placer entre ses deux otages et fixa le jeune homme qui tremblait comme une feuille.

- A partir de ahora, soy el único que puede hablar aquí.

Les mots résonnèrent dans le hangar. Anthony ne les comprit pas (il n'avait que de faibles notions d'espagnol), mais il devina la consigne. Le regard noir qui lui fut lancé le lui confirma.

Le jeune homme remarque que ses mains s'étaient mis à trembler derrière la chaise. Il essaya de les contrôler, en vain. Il ne pouvait empêcher la peur de prendre possession de son corps. Il était terrorisé. Sa future femme et sa fille étaient en danger. Et pire, il ne pouvait rien faire pour changer la situation. Il était complètement impuissant.

C'était exactement ce que l'homme avait voulu. Car après tout, il n'avait pas fait tout ce trajet pour lui ou pour la petite.

Mais pour Sofia.